Assise sur le vieux divan en velours, Helena était plongée dans un de ses manuels scolaires. Le livre des Sorts et enchantements, niveau 1, de Miranda Fauconnette. Ses petits doigts glissaient sous les pages pour les faire tourner tandis que ses grands yeux bleu marine disséquaient la moindre information au sujet de ces sortilèges. Elle espérait tout retenir en une seule lecture. Histoire d’être certaine de réussir les premiers exercices lorsque le professeur les leur demanderait. Elle voulait être la meilleure… elle devait être la meilleure. Son père le lui avait assez répété.
A ses côtés, Bellatrix Black, l’aînée de ses cousines, de par la relation sororale de leurs mères, trônait fièrement sur son fauteuil. Elle était occupée à rédiger une lettre, ses longs cheveux bouclés, d’un noir ébène, caressaient le parchemin qui s’agitait sous ses doigts. Sa plume argentée grattait férocement le papier, et Helena sentit le regard intense de sa cousine balayer, à plusieurs reprises, son visage enfantin.
- A quoi bon lire ce torchon ?! s’offusqua Bellatix de sa voie doucereuse. Tu connais déjà tous ces sorts, Helena. Il n’y a que les Sang-de-Bourbes pour lire leur manuel scolaire avec autant de dévotion, je te l’ai déjà dit, s’impatienta la jeune fille en arrachant le livre des mains de sa jeune cousine.
Helena sursauta mais ne broncha pas. Elle était habituée aux crises autoritaires de Bellatrix. Au loin, le livre tomba sur le parquet en un bruit sourd et l’aînée des Black aboya sur l’elfe de maison pour qu’il vienne le ramasser pour le ranger dans le sac d’Helena. Cette dernière observa la scène avec un détachement si prononcé qu’une personne extérieure à la scène n’aurait jamais cru que cette fillette aux cheveux coupés en carré et aux hautes pommettes n’avait que onze ans. Elle se tenait aussi droite que Bellatrix sur son fauteuil et ses mains étaient croisées sur ses genoux lui conférant le même air royal que Narcissa, la plus jeune de ses cousines.
La porte du salon claqua délicatement et Helena entendit des pas légers avancer vers le centre de la pièce puis s’arrêter brusquement lorsque Bellatrix se leva du fauteuil dans lequel elle était recroquevillée.
- Bella ! s’exclama Andromeda, la main tremblante, collée sur sa poitrine. Quelle frayeur tu m’as faite ! Je ne savais pas que tu étais ici…
- Vraiment ? répondit sa sœur, un sourcil arqué. Et toi, d’où viens-tu exactement ?
Restée assise sur le divan, Helena pivota légèrement la tête et ses grands yeux rencontrèrent ceux d’Andromeda. Ils étaient fuyants et ses mains tiraient nerveusement sur sa longue robe émeraude qu’elle avait, visiblement, revêtit à la hâte.
- Helena, salua Andromeda, un tendre sourire sur son doux visage. Je ne t’avais pas vue… Comment se passent ces lectures, alors ? demanda-t-elle en s’approchant de sa jeune cousine avant que la main de Bellatrix ne s’agrippe à son poignet, forçant sa cadette à se retourner face à elle.
- Je répète ma question au cas où elle t’aurait échappée… où étais-tu ? articula distinctement Bellatrix, de sa voix doucereuse. Tu as disparu une bonne partie de l’après-midi.
- Serait-ce interdit d’aller prendre l’air dans un parc, Bellatrix ? questionna Andromeda de toute sa grandeur.
- Toutes les semaines ? Le même jour, la même heure ? En parfaite concordance avec l’absence de père et mère ?
- Je n’y peux rien si l’ambiance au manoir est étouffante !
Les deux sœurs s’envoyèrent un regard noir, et Andromeda s’approcha d’Helena pour s’asseoir près d’elle, et se plonger dans un de ses propres manuels scolaires de septième année.
Bellatrix, elle, n’avait toujours pas bougé. Son regard glacial détaillait chaque trait de sa jeune sœur, scrutant attentivement son visage et ses mains. Elle empestait le mensonge. Le mensonge et la déloyauté. Et Bellatrix abhorrait ça.
Que lui cachait Andromeda ? Depuis quand avaient-elles des secrets l’une pour l’autre ? Il fallait qu’elle découvre la vérité… coûte que coûte.