Au cas où on se poserait la question, nous avons sagement attendu que le couple rentre dans la salle pour s’y glisser à notre tour sans qu’on nous remarque et sans rien dire… Non, vous y avez vraiment cru ? Evidemment, que je leur ai sauté dessus, en hurlant comme une folle, avant de les entrainer dans la Salle Commune pour ne pas se faire choper dehors à faire du bruit. D’ailleurs, c’est quoi cette manie de se mettre en couple dans le couloir du septième étage, juste à côté du portrait de la Grosse Dame ?
Quentin est revenu à la charge presque tous les jours et j’ai fini par céder. On s’est donné rendez-vous le vendredi soir, sous la statue de la sorcière bossue à 20h. Je ne veux quand même pas passer outre le couvre-feu pour lui ! Jane et Hugo sont les seuls au courant. Et malheureusement, le moment est arrivé.
Je laisse mes amis qui vont manger, en prétextant une lettre urgente à envoyer. Lorsque j’arrive, avec seulement cinq minutes de retard, il est déjà là.
-J’ai cru que tu allais me poser un lapin.
-Bien sûr que non ! Je n’ai qu’une parole. Tu voulais parler, alors vas-y, je t’écoute.
Il prend une grande inspiration en se passant la main dans les cheveux. S’il ne m’embêtait pas autant, j’avouerai qu’il est plutôt mignon, il arrive même à porter des lunettes sans que ça lui donne trop un côté intello, le comble pour un Serdaigle. Ses cheveux châtain sont séparer par une raie sur la gauche et … bon d’accord, il a un petit côté intello, mais pas comme dans les films que m’a montré Tante Hermione.
-D’abord, je veux dire que je suis désolé. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je ne peux pas dire que quoi que ce soit m’ait influencé pour agir comme ça, mais… Par Merlin ! Je t’aime bien Lily. J’aime bien me disputer avec toi, te titiller, et que tu me flanques des gifles. Enfin, seulement quand elles ne sont pas physiques, les intellectuelles me suffisent. Je sais que tu ne me vois pas comme moi je te vois. Mais est-ce que tu veux bien y réfléchir ?
Je le regarde avec de gros yeux. J’avoue que je n’avais jamais imaginé ça. Pour tout dire, j’étais presque persuadé qu’il m’avait embrassé pour un pari. Pas parce que … parce qu’il m’aime bien ? Mais même en sachant ça, je sais que ça ne fonctionnera pas entre nous. Parce qu’il est … Quentin Willow. J’ai presque l’impression qu’il lit mon raisonnement sur ma tête parce qu’il met ses mains dans ses poches et reprend.
-Tu n’es pas obligé de répondre tout de suite. Seulement, recommence à me parler, tu veux bien ? Même si ce n’est que pour m’engueuler.
Et sur ces mots, il m’abandonne dans l’allée. Si je pouvais appeler quelqu’un à la rescousse, je crois que j’irais voir Louis. Il a toujours été doué dans les affaires de cœurs. Sauf les siennes, il court toujours après Sirine sans réussir à la rattraper. Le pire dans tout ça, c’est que je ne sais pas quoi répondre. Il ne m’a pas demandé de sortir avec lui (auquel cas, je lui aurais dit non) ; il m’a demandé de réfléchir à … si je pouvais probablement un jour l’aimer. Même si ma tête me crie non, principalement parce que je ne me vois aimer personne pour l’instant, je ne peux pas, en toute sincérité répondre à ça !
-Oh et puis bouse de dragon !
Je cours dans la Salle Commune, prendre du papier et ma plume et j’écris à Louis. Comme ça je n’aurais même pas mentis à mes amis ! Je lui expose rapidement la situation, ferme la lettre, et cours à la volière. Contrairement à James, je n’ai pas de chouette, vu que j’ai choisis un chien, ce qui m’oblige à emprunter un hibou de l’école. J’en prends un au hasard et je lui tends mon message. Alors que je le regarde s’envoler, la porte de la volière s’ouvre et je tombe sur Hugo.
-T’étais pas censée envoyer une lettre fictive ?
-Si, mais suite à une conversation, je me suis dit que les conseils de Louis me serait utile.
Hugo pose un bras sur mon épaule.
-Alors il t’as donné matière à réflexion ? Il t’a montré ses progrès et tu es tombé sous le charme de ses baisers langoureux ?
Je lui mets un coup de coude dans les côtes. Des fois, mon cousin est un crétin !
-N’importe quoi ! C’est juste que je ne sais pas quoi penser. Et il ne m’a pas ré-embrassé.
-Mais t’aurais bien aimé ?
Je ne réponds pas tout de suite. J’essaye désespérément de savoir ce que je veux. Et c’est beaucoup plus compliqué que je ne le pensais.
-Désolé Pouca, j’arrête de t’embêter. Je sais que tu as besoin de réfléchir. Je sais que tu ne l’aimes pas mais que tu ne sais pas quoi en penser. Alors on n’a qu’à l’oublier pour le moment. Qui sait, tu rencontreras peut être un beau blond ténébreux aux Etats-Unis !
Je souris malgré moi. Pourquoi un beau blond ténébreux ? Pourquoi pas un gars aux cheveux … vert ! Hé, c’est l’Amérique, là-bas, ils ne sont pas aussi strict que chez nous.
-La vie est faite de surprise, Babou, on verra bien !
Ça y est, un mois est passé et c’est le Jour J. les profs n’ont pas voulu nous dire comment on allait y aller, alors on a passé notre temps à faire des suppositions. Cynthia pense qu’on va passer par un porte-au-loin. Emma, elle, pari qu’on va transplaner… et que Poudlard va venir avec nous. Elle aime bien perdre son argent. Moi, j’ai dit que j’attendais de voir, quant à Jane, elle a décidé de remporter l’argent des paris si on perdait. En gros, elle a tout compris et est gagnante sur tous les points.
-Lils, bouge-toi et aidez-moi !
Jane essaye désespérément de fermer sa valise. Je souris et viens sauter dessus, ce qui lui permet de boucler la fermeture éclair. Elle s’essuie le front comme si elle venait de courir un cent mètre.
-Tu sais, si tu avais utilisé ta baguette, ça aurait été plus rapide.
Jane secoue la tête, l’air exaspérée.
-Tout ne se résume pas à la magie, Lily. Il faut savoir se servir de ses bras.
-Et de mes fesses surtout !
Elle lève les yeux au ciel, avec un petit sourire en coin.
-Si tu veux bien les bouger de ma valise maintenant, ça serait sympa.
Je me lève en lui tirant la langue. Cela fait une heure que ma valise est prête et depuis, je m’amuse à regarder les autres se débattre avec les leurs, en donnant des coups de mains (ou de fesses) de temps en temps. Et à midi, ça y est, on est toutes prête et on descend avec le flot d’élèves. On attend encore une demi-heure, et à midi et demi, heure fixé par notre directrice bien aimée, nous sommes tous dehors. Nous suivons les professeurs en se rendant vers Pré-au-Lard.
-Tu vois, c’est un Porte-au-Loin ! s’exclame Cynthia. On ne peut pas en utiliser dans l’enceinte de Poudlard, c’est pour ça qu’on va à Pré-au…
-N’importe quoi, la coupe Emma. C’est transplaner qu’on ne peut pas.
-Arrêtez de vous disputer pour des bêtises.
Quand Jane nous coupe comme ça (ce qu’elle fait régulièrement) on est obligé d’obéir. Je souris pendant qu’Hugo passe un bras sur les épaules de Cynthia en se moquant.
-Pourtant, les filles, vous savez bien qu’on va y aller en balais ! C’est évident.
Cynthia lui donne un coup de coude en essayant de le repousser mais il l’attire à lui et l’embrasse sur la joue. A côté de lui, je vois Quentin qui me regarde. Je détourne les yeux.
-N’importe quoi, commence Frank. On va y aller avec …
-Le Poudlard Express, je m’exclame.
-Bah bien sûr, soupire Jane. Tu réfléchis à ce que tu dis, Lils ?
-Non, je voulais dire, le Poudlard Express est là.
Ils lèvent tous les yeux pour regarder ce qui se tient devant nous. Leurs mâchoires se décrochent tranquillement et, étonnamment (ou pas), Jane est la première à se reprendre.
-Par ici la monnaie !
Les filles la regardent, désespérées.
-Jane, on n’a pas parié avec toi !
-Si, j’ai parié que vous auriez faux. Allez, je veux mes sous.
Je m’éloigne du petit groupe qui commence à crier en souriant, pour rejoindre Florent. Il est en train d’impressionner une petite blonde en utilisant des produits d’Oncle George. Vu la tête qu’elle fait, elle doit venir d’une famille moldue.
-Tadaaaaaam ! fait-il en montrant sa main.
-Qu’est-ce que c’est ?
Il s’empresse de cacher ce qu’il tient derrière son dos et me sourit d’un air qui pourrait passer pour innocent, si je ne connaissais pas aussi bien sa sœur.
-Lily ! Alors, tu vas te présenter au tournoi ?
Sincèrement, ce gamin est trop intelligent pour son propre bien. Je pourrais presque oublier qu’il essaye de me cacher quelque chose. Presque.
-Je ne sais pas, ça dépend de ce que tu as derrière le dos.
-Qu’est ce qui dépend, exactement ? Si je te dis pas, tu ne te présente pas ?
-Tout à fait.
-Quel dommage, sans toi pour concourir, Poudlard n’a aucune chance !
Mais quel flatteur, si sa sœur savait… bon, c’est vrai que je n’étais pas mieux à son âge. Et que parfois je ne le suis toujours pas. Je lui ébouriffe les cheveux en souriant.
-T’as gagné ! Ne fait pas trop de bêtises quand même.
-Promis !
Il sourit à pleine dents avant de se retourner vers son amie pour continuer ce qu’il faisait. Hugo me rejoint et pose son bras sur mon épaule.
-Je suis sûr que les paris ont déjà été lancés.
Je glisse mon bras dans son dos et me dis que, si je n’avais pas été la cousine de mon Babou, Cynthia aurait été verte de jalousie.
-Sur comment on y va ? Oui, Jane a touché le gros lot en disant qu’elle ramassait l’argent de ceux qui se seraient trompé dans leur pari.
-Non, je parle du champion de Poudlard. Et de notre famille. Je te paris qu’Oncle Georges à organisé les paris pour savoir si c’est toi ou moi qui allons être choisi.
Je ris. C’est sûr que c’est tout lui. Je pose ma tête sur son épaule.
-Alors tu comptes vraiment t’inscrire ?
-Evidemment. Et toi aussi d’ailleurs.
Je secoue la tête.
-Nope, pas sûr.
-Lils, je te connais suffisamment pour savoir que tu le feras. Parce que tu aimes les défis. Tu te caches derrière ce qui est arrivé à ton père pour ne pas avoir à affronter ça, mais tu verras qu’au dernier moment, tu craqueras et tu mettras ton nom.
Je ne lui réponds pas. Le problème avec Hugo, c’est que justement, il me connait bien, peut être mieux que moi, des fois.
-A ton avis, on va passer comment l’océan ?
Je souris.
-Bah en Poudlard express voyons ! Tu ne savais pas que les trains voguent sur l’eau, maintenant ?
-A d’autres ! Allez, viens, on a un océan à survoler en train magique.
Je le suis jusque devant le train et on attend tous ensemble que McGo nous explique ce que l’on va faire. Lorsqu’elle arrive enfin à se frayer un chemin jusque sur le quai, le silence s’installe. Tout le monde est impatient de savoir ce qu’elle va nous annoncer.
-Bonjour à tous. Comme vous avez pu le remarquer, le Poudlard Express est à quai. Nous nous rendrons à Henmills grâce à lui. Et pour ceux qui s’inquiètent de savoir si le Poudlard Express peut voler, sachez que, non, il ne le peut pas. En revanche, nous l’avons modifié pour qu’il puisse passer dans l’eau. Depuis que le tournoi a été décidé, une voie de chemin de fer a été construite pour permettre au Poudlard Express de se rendre en Amérique sans être aperçu par les moldus. Maintenant, je vais vous demander de monter dans les wagons, sans vous bousculer.
Je crois qu’un jour, il faudrait nous donner un cours de compréhension orale, parce que tout le monde s’avance en même temps et je ne sais pas comment je vais faire pour ne pas me retrouver écrasée contre le train. Miraculeusement, j’arrive indemne jusque dans un wagon et mes amis me rejoignent. On se sert pour tenir tous les huit, ce qui n’est pas facile parce que les garçons n’arrêtent pas de gesticuler tellement ils sont excités.
-Je prends les paris pour le champion de Poudlard.
Evidemment, il n’y a que Jane pour penser à ça dans un moment pareil. Mais cette fois, on se prête tous au jeu.
-A condition que tu paries aussi.
Jane me fusille du regard, avant de poser un gallion dans sa sacoche ou elle garde les gains.
-Je parie sur Lily.
Je regarde mon amie, surprise. Ça me touche que, pour une fois qu’elle parie, elle compte sur moi. Jane ne parie jamais, c’est sa règle. Ne parier que lorsqu’on est sûr de gagner. Et là, en l’occurrence, elle ne peut pas être sûre. Benjy est le premier à se reprendre.
-Je parie, moi que ce sera un gryffondor.
Mon amie grogne mais récolte la pièce sans rien dire. C’est trop vague pour elle, mais elle n’a pas le droit de refuser.
-Moi je parie sur Hugo, commente Cynthia.
En même temps, ce n’est pas comme si elle avait le choix.
-Désolé, Lils, mais Hugo est mon meilleur ami, alors …
Franck me regarde avec des yeux de merles en frie, comme pour me demander pardon. J’explose de rire.
-Je sais pas si je vais te pardonner.
Il me fait un clin d’œil et c’est à Emma de parier.
-Je dirais Quentin.
-Traitresse, s’exclame Jane en prenant la pièce.
Ernie met sa pièce dans la sacoche sans rien dire. La jeune chinoise secoue la tête, exaspérée. Ernie est trop gentil, c’est une vraie crème, et on a presque l’impression qu’il fait toujours exprès de perdre.
-Tu parie quoi ?
-Que ce sera un sixième année.
-Tu sais, on ne t’en voudra pas si tu gagnes un pari, Ernie. Tu peux parier sérieusement.
-Non, ça me va, je garde mon pari.
Il ne reste plus qu’Hugo et moi. Les deux sujets des paris qui n’ont pas encore donné leur avis. Hugo me sourit et attend quelques secondes avant de voir que je ne compte pas passer la première, pour donner son pari.
-Lils.
Il y a un moment de battement, ou les autres ne savent pas s’il vient de me demander de parler la première ou s’il a décidé qu’il misait sur moi.
-Je vote Lily.
-Très bien, rebondit Jane. Maintenant, arrête de nous faire languir, Ariel et donne nous ton choix.
Je souris. C’est le premier surnom que m’a donné Jane, à cause d’un dessin animé moldu, ou le personnage principal est une sirène rousse qui s’appelle comme ça.
-Je paris que sur tous les élus de chaque école, ils n’auront pas tous le même âge.
-Désolé Lily, ça ne compte pas. On parie sur Poudlard pas sur l’ensemble.
Je soupire. Très bien, s’il le faut.
-Je paris que c’est lui ou elle qui gagnera le trophée.
Je les vois peser le pour et le contre. Je n’ai pas envie de me prononcer. A cause d’eux (et un peu de moi quand même) je me sens obligé de participer. Mais je ne sais pas si je veux vraiment être choisit. C’est un peu le genre de rêve inaccessible, comme être élu la fille la plus populaire de Poudlard alors qu’on n’est qu’en première année. C’est le genre d’événement qui donne envie et en même temps fait peur. Et puis je ne veux pas voter pour moi, ça fait prétentieux. Hugo ne meurt pas d’envie d’être sous les feux des projecteurs, mais il veut participer, parce que s’il ne le fait pas, la famille le bassinera avec ça pendant des années. De toute façon, c’est une coupe qui décide, on ne peut pas savoir ce qui lui passe par la tête. Surtout qu’elle n’en a pas.
-Très bien, on le prend en compte.
Et sur ces mots, le Poudlard express démarre.