Mandy Brocklehurst marchait depuis des heures dans les rues de Londres, son parapluie rouge manquant de s'envoler à chaque bourrasque de vent. Elle s'y accrochait tout en avançant, laissant ses larmes dévaler ses joues librement.
Sean venait de lui annoncer qu'il la quittait pour une autre, une fille plus vivante, moins cynique et déprimante. Après tout, elle ne pouvait décemment pas lui donner tort, se disait-elle en parcourant les rues sans réel but.
Mandy ne savait même plus pourquoi elle pleurait, elle n'était pas forcément très attachée à Sean mais elle avait espéré qu'il serait une sorte de pillier pour elle, un homme stable avec qui elle aurait pu se reconstruire. Mais il n'en était rien, Sean avait fui et elle se retrouvait là, accrochée à son parapluie rouge au beau milieu d'une avenue qu'elle ne connaissait pas.
Des années auparavant, Mandy aurait observé, curieuse à l'idée de découvrir un nouveau lieu ; mais à présent, elle ne pouvait qu'observer les alentours d'un œil vide. Pire, elle se sentait oppressée dans cet endroit qu'elle n'avait jamais vu et elle n'avait qu'une hâte : s'en aller et retrouver la douce chaleur d'un foyer aux effluves familières.
Que dirait sa mère si elle atterrissait devant chez elle en transplanant ? Mandy entendait déjà ses paroles, dites sur un ton réconfortant mais si dérangeantes quand elle lui murmurerait qu'elle l'avait prévenue, qu'elle savait depuis le début que Mandy serait déçue, que les hommes étaient toujours ainsi. Décevants. Comme son père, un sorcier qu'elle n'avait jamais connu et dont sa mère refusait de parler.
Pourtant, Mandy avait tenté de croire au grand amour, de prouver à sa mère et à tous ceux qui lui disaient qu'elle vivait sur un nuage qu'elle n'inventait pas, qu'il était là, pas très loin et qu'elle finirait par le trouver. Il suffisait juste d'y croire...
Elle avait attendu longtemps finalement et la guerre avait balayé ses espoirs, emporté ses rêves d'enfant, volé son innocence. Et le verdict était tombé tel un couperet. Naïve. Fragile. Idiote. A quoi pensait-elle alors que dehors, les sorciers se battaient pour la paix et que, même à l'intérieur, même à Poudlard, la résistance s'organisait ?
Mandy n'avait pas eu le droit de faiblir. Elle avait relégué ses espoirs au placard et elle avait combattu aussi bien qu'elle avait pu, perdant son âme au détour d'un couloir, quelque part entre une retenue avec Amycus Carrow et la bataille de Poudlard. Entre les douleurs abominables que lui procurait le sortilège du doloris et la mort de sa meilleure amie.
Mandy s'arrêta au milieu de la rue. Ses sanglots s'étaient interrompus, ne lui laissant qu'un vide abyssale dans la poitrine.
Si elle transplanait chez sa mère, elle savait ce qui l'attendait. Tasse de thé, reproches, sermons sur les hommes. La jeune femme secoua la tête, ses doigts s'agrippant machinalement au parapluie rouge. Elle n'avait pas besoin de ça, elle n'avait pas envie qu'on lui répète à quel point elle était naïve, fragile, idiote. Elle voulait juste une épaule compatissante, une oreille complaisante.
Et pour ça, elle ne connaissait qu'une seule personne.