5 juin 1991.
7h51.
Les paupières de Drago Malefoy commencèrent à frémir. C'était le genre de moment où l'on est encore endormie mais qu'un rien pourrait nous faire sortir du sommeil. Généralement encore plongé dans un rêve, on commence alors tout juste à s'en extraire.
7h54.
Il s'agitait, il remuait, il n'en aavait plus pour longtemps avant de sortir de son rêve, ou de son cauchemar d'ailleurs. À quoi pourrait bien rêver un garçon comme Drago Malefoy, alors seulement agé de 11 ans à peine en ce jour précis ? À sa vie future ? Qu'il imaginait en tant que Ministre de la magie et vivant dans un somptueux château ? Ou comme star de quidditch peut-être, dont on scanderait le nom à chaque match. Impossible de savoir, surtout à cet âge là.
7h58.
On l'avait vu ouvrir les yeux mais les refermer aussitôt. Il n'était plus qu'à un cheveux du réveil. Quelques instants, quelques secondes...
8h00.
L'horloge qui se trouvait sur sa table de chevet, se mit à sonner. Il s'anima et sauta de la table de chevet pour attérir sur Drago
« Bonjour, Drago Malefoy. Il est 8h00 du matin. Il est l'heure de se réveiller. Nous sommes le 5 juin. La température extérieure est actuellement de 18 degrés, celle-ci montera jusqu'à 25 degrés, ne vous couvrez pas trop !
Drago tapota le réveil en baillant et ce dernier retourna sur la table de chevet immobile. Le jeune garçon se redressa alors avec un petit sourire en coin.
« C'est mon anniversaire », murmura-t-il pour lui même.
Drago sauta hors de son lit sans prendre la peine de le refaire, après tout, les elfes s'en occuperaient. Il fonça sur son bureau, et observa le calendrier qui se trouvait au-dessus. La chambre de Drago était très sobre. Une décoration quasi-inexistante. Pas de posters de ses joueurs préférés ou autre, son père n'aimait pas vraiment ça et dans la vie il fallait toujours faire comme son père disait. Le calendrier était l'une des seules choses qui ornait la chambre, hormis la photo de famille qui trônait au dessus du lit du jeune. Il cocha une case sur le calendrier à l'aide d'une plume. Celle du jour j car, aujourd'hui était ce fameux jour j. 5 juin 1991. Drago Malefoy avait à présent 11 ans. Et dans le monde des sorciers, 11 ans ce n'est pas un âge anodin. C'était l'âge auquel on a enfin l'immense honneur d'intégrer Poudlard, l'école de magie. Et c'est à cet âge-là précisément que l'on reçoit sa fameuse lettre pour intégrer cette école. Bon, il fallait être honnête, d'habitude, la lettre de Poudlard arrivait un peu avant l'anniversaire de la personne concernée, trois jours tout au plus. Drago n'avait cependant rien reçu mais il était convaincu d'une chose. Aujourd'hui était le jour où il recevrait sa lettre. Peut-être que le directeur, en personne sur conseil de son père avait attendu l'anniversaire du jeune homme pour que ce soit une sorte de présent pour le futur meilleur élève que l'école n'a jamais connu !
Drago se dirigea dans sa salle de bain personnelle. Lorsqu'il ferma la porte derrière lui, il enleva son pyjama et un gant de toilette se trouvant sur l'évier papillonna dans les airs. L'eau du robinet se déclencha et le gant passa en dessous. Il se frotta alors au savon couleur lavande qui se trouvait également sur l'évier et frotta alors les joues du garçon avec énergie. Ce dernier grimaça légèrement mais surtout lorsque le gant commença le chatouiller dans le cou et sous les bras. Le gant s’affaira ensuite à le rincer et une fois que le jeune homme fut propre il retomba avec légèreté sur le lavabo. Drago enfila les vêtements qui se trouvait près de sa baignoire. Une chemise blanche, pantalon noir et un pull de la même couleur. Ce fut alors au tour d'un peigne au motif marbre de s'agiter. Il vint plaquer les cheveux de Drago en arrière, comme à son habitude. Une touche d'eau de Cologne, et oui même à son âge le jeune garçon était plutôt coquet et ce fut bon. Drago rajusta comme il fallait sa chemise dans son pantalon et se regarda dans la glace pour être sûr d'être bien irréprochable devant ses parents, et surtout son père qu'il admirait plus que tout.
Le jeune garçon sortit de sa chambre et parcourra le long couloir du manoir menant aux escaliers principaux. Il fallait avouer que Drago Malefoy avait beaucoup de chance de vivre dans une demeure pareille. Elle était même considérée comme le plus beau manoir de Wilteshire. Un héritage situé dans la famille Malefoy depuis très longtemps. Drago était d'ailleurs encore plus heureux d'être l'unique enfant de ses parents. Non seulement il aavait tout cet espace pour lui, mais en plus il n'aurait pas à partager au moment de la succession. Et oui il fallait voir loin parfois. De toute façon, depuis quelques générations, il était important pour une famille de sang-pur de ne pas avoir trop d'enfants. Pour ne pas ressembler aux familles poisseuses, qui faisaient des enfants comme un travail à la chaine à l'usine. Drago descendit les escaliers et arriva dans le hall. Il mit ses bras derrière son dos et avança la tête haute dans le large couloir du rez-de-chaussé. C'était sûrement son endroit préféré du manoir. En effet tout au long du couloir étaient disposés de grands tableaux de ses ancêtres. Du côté de sa mère comme de celui de son père en robe de sorcier de Serpentard. Bientôt il aurait droit au sien bien sûr, en étant vêtue de la même façon.
Drago arriva enfin dans la salle à manger où une immense table d'ébène trônait au milieu. Ses parents, Narcissa et Lucius Malefoy s'y trouvaient déjà et prenaient leur petit-déjeuner.
« Père, mère. Bonjour à vous, déclara respectueusement Drago.
-Bonjour Drago », lui répondirent ses parents.
Sa mère se leva et fit le tour de la table. Elle embrassa alors son fils sur la joue. Narcissa Malefoy était une mère très aimante, bien que peu bavarde. Tout l'amour qu'elle pouvait donner sur cette terre était accordé à son fils et à personne d'autre. Pas même à son mari.
« Joyeux anniversaire mon garçon, dit-elle d'une voix douce.
-Joyeux anniversaire, Drago, ajouta à son tour Lucius Malefoy. Il semblerait que tu deviennes un homme plus vite que prévu ».
Drago esquissa un sourire. Venant de son père, c'était un compliment, et une marque d'affection. Rien n'était plus important à ses yeux que de rendre son père fier de lui sur tous les plans. Cet anniversaire commençait plutôt bien. Les elfes de maison, apportèrent pour l'occasion un petit-déjeuner bien garni. Aucune possibilité de se plaindre. Des œufs brouillé, du thé, des fruits, du bacon, quelques muffins. Il faisait vraiment bon vivre chez les Malefoy. Drago soupira de bonheur à la vu de ce repas copieux puis regarda ses parents avec insistance, sans toucher son assiette. Son père était plongé dans son journal et sa mère portait une attention tout particulière à sa marmelade aux fruits rouges. Le garçon attendit quelques instants puis fut alors obligé de tousser un peu fort pour attirer enfin le regard de ses géniteurs.
« Je m'attendais...à quelque chose en plus, confia Drago les mains croisées.
-Quoi, ton petit-déjeuner n'est pas à la hauteur ? Tu voudrais de la nourriture en plus ? demanda sa mère soucieuse de l'appétit de son fils.
-Non, c'est parfait, mais je ne parlais pas de nourriture, à vrai dire », continua Drago.
Un éclair de génie sembla alors passer sur le visage de Lucius Malefoy. Il posa alors son journal et croisa les bras devant lui avec un petit sourire.
« Ne t'en fait pas mon garçon, tu iras chercher tes cadeaux d'anniversaire avec ta mère dès cet après-midi au chemin de Traverse ! Comme chaque année, le rassura Lucius.
-Je crois que je vais devoir me montrer plus clair, trancha Drago en tentant de ne pas montrer son agacement.
Le ton de leur fils interpella aussitôt les parents Malefoy. Une telle animosité à peine dissimulé, ça ne lui ressemblait définitivement pas.
« Où est...ma lettre de Poudlard ? interrogea-t-il son père et sa mère en les regardant à tour de rôle.
Cette fois le garçon avait mis fin à tous les doutes possibles. Voilà ce qui le préoccupait réellement. Les parents de Drago se regardèrent alors un peu gêné. Quelque chose clochait et cela ne plaisait pas du tout à Drago qui plissa les yeux automatiquement.
« Désolé mon garçon mais il n'y a pas de courrier. Aucun hiboux. Rien, avoua sa mère confuse.
-Mais comment est-ce possible ? Crabbe, Goyle même Pansy Parkinson, tous mes amis l'ont eu et même avant leur anniversaire ! fit remarquer Drago dépité. Que se passe-t-il pour que je sois le seul laissé pour compte ? Je suis un Malefoy après tout.
-Oui et sois en fier mon garçon. Tu n'es pas un laissé pour compte. Il doit y avoir un peu de retard c'est tout. Il y a beaucoup d'enfant né en juin alors ça doit un peu boucher, tenta alors d'expliquer son père ?
-Père, vous êtes en train de me dire que le service de lettres de la meilleure école de sorcellerie du monde doit être “ un peu bouché“ et ça ne vous inquiète pas de me laisser y aller ? Je veux ma lettre aujourd'hui », s'emporta légèrement Drago.
Lucius Malefoy bondit alors de sa chaise d'un coup. Il se dirigea a grandes enjambées sur son fils et mis sa main sur son épaule délicatement, mais avec force.
« Drago Malefoy. Je ne me rappelle pas t'avoir un jour enseigné de parler ainsi à ton père, s'agaça Lucius.
-Pardonnez-moi, répondit Drago en baissant les yeux.
-Tu as néanmoins raison sur certains points, admit son père. Tu es un Malefoy. Un Malefoy mérite le respect. Que vont penser tes futurs camarades si tu arrives en étant celui que le service de hibou de l'école a négligé. Je vais aller aujourd'hui au ministère clarifier la situation avec le ministre en personne. Cette histoire sera vite réglée.
-Merci père, déclara Drago avec un petit sourire.
Drago relativisa alors et commença à manger son petit-déjeuner d'anniversaire. L'angoisse que le jeune garçon éprouvait se répercuta alors aussitôt sur son père. En effet Lucius irait parler au Ministre de la magie en personne s'il le fallait mais comment être sur qu'il réglerait ce quiproquo dans la journée ? Lorsque Drago reviendrait de son cours d'initiation au quidditch, si ce dernier ne voyait pas de lettre, comment réagirait-il ? Il lui faudrait étouffer cette polémique au plus vite.
Après le petit-déjeuner, Lucius Malefoy se rendit au Ministère. Il n'avait pas de poste à proprement parlé dans aucun département. Même pas du tout d'ailleurs. Comment expliquer cette facilité à se balader ainsi dans les couloirs, comme si cet endroit lui appartenait ? Comme s'il avait posé la première pierre de cet antre ? L'argent et la renommée du nom bien sûr. Les dons des Malefoy au ministère depuis des générations avaient énormément contribué à son développement. C'était donc une sorte de redevance de leur accorder parfois quelques faveurs. Ajoutons à cela une prestance et une force de caractère incomparable et tout s'explique. Lucius Malefoy salua plusieurs personnes qu'il connaissait bien et qu'il avait évidemment à sa botte. Il n'avait pas de poste ici mais disposait d'une influence que beaucoup travaillant au ministère pouvait lui envier. Autrement dit, c'était un peu comme si il y travaillait quand même.
Il se rendit au département des accidents et catastrophes magiques situé au niveau 3. Pas sûr que cela convienne à la situation mais ça ferait l'affaire. Il arriva alors enfin devant le bureau d'Éric Munch. Il s'agissait d'un sorcier assez bien placé dans ce département que Lucius avait totalement à sa botte. Malefoy entra sans frapper, pourquoi tant de cérémonie après tout.
Son bureau était une vaste pièce assez sombre, mais pas imposante. Il en fallait plus néanmoins pour le déstabiliser.
La surprise de Munch s'accompagna d'un hoquet de...terreur. Oui de terreur. Voir Lucius Malefoy débarquer ici de bon matin ne présageait rien de bon. Ce dernier tira une chaise et s'assit en calant sa canne contre le bureau. Un long silence s'installa agrémenté par un sourire crispé de sa part.
« Malefoy, asseyez-vous...dit Munch à voix basse.
Ouais...il n'avait pas vraiment attendu la permission pour le faire.
« Que puis-je...repris Munch.
-Nous avons un problème, le coupa aussitôt Lucius.
-C'est-à-dire ?
-Mon fils Drago n'a toujours pas reçu sa lettre de Poudlard ».
Les yeux d'Éric Munch s'écarquillèrent. Il s'agissait donc “seulement“ de cela ? Difficile pour lui de masquer son soulagement.
« Vous savez Malefoy, la rentrée n'a lieu que dans plusieurs mois alors...précisa Munch en levant une main.
-Vous savez, mon fils est le seul de son groupe d'amis à ne pas l'avoir reçu. Cela complique les choses, précise à son tour Lucius.
C'était un vrai duel qui s'installait alors entre les deux hommes. Chacun ayant le besoin viscéral de dominer.
« Pour moi deux hypothèses s'envisagent. Soit il y a un problème au niveau de l'envoi des lettres...Soit quelqu'un quelque part cherche délibérément à causer du tord à mon fils ainsi qu'à ma famille », suggère Malefoy en fronçant les yeux.
La dureté du ton de Malefoy fit alors tomber toute opportunité de s'en sortir pour Munch. Que répondre à cela ? La vérité tout simplement.
« Je ne sais pas si vous avez réellement remarqué mais le courrier se faire rare chez la plupart des gens ces derniers temps, expliqua maladroitement Munch. Nous n'en avons pas parlé dans les journaux pour n'alerter personne... »
Munch marqua alors une pause, comme pour avoir le temps d'examiner les réactions de son interlocuteur. Perdu, le visage de Lucius Malefoy était aussi fermé que Gringott's à la tombé de la nuit. Autant y aller franchement, il savait très bien ce qui l'attendait à la fin de cette entrevue improvisée.
« Nous sommes actuellement en pleine grève des hiboux. Le service est bloqué depuis quelques jours par les fauconniers...nous essayons de trouver une...solution. Le dialogue s'engage mais...soupira Munch en essayant d'essuyait les quelques gouttes de sueur qui commençaient à apparaître sur son front.
-Est-ce que vous vous fichez de moi ? demanda alors Lucius sur un ton bien trop calme qui ne présageait rien de bon.
-Je suis très sérieux, ça nous inquiète beaucoup d'ailleurs. Nous négocions au maximum...
-Vous négociez avec des hiboux ? Il y a clairement une volonté de m'humilier, je rêve.
-Je vous assure que c'est la vérité ! Nous négocions avec les fauconniers, se sont eux qui sont à l'initiative de tout cela. Je n'aurais aucun intérêt à vous mentir... ».
Les yeux de Lucius Malefoy semblent injecté d'une haine indescriptible. C'est le genre de regard qui vous donne envie de vous réfugier dans un trou de souris.
« Fudge...je veux voir Fudge. IMMÉDIATEMENT.
~*~
Aujourd'hui, contrairement à d'habitude, Drago ne prenait aucun plaisir à son cours d'initiation au quidditch. Pour un jour d'anniversaire en plus, c'était bien dommage. Après tout, à quoi bon s'entrainer au quidditch hein ? Il se pouvait qu'il ne reçoive jamais sa lettre pour Poudlard et qu'il n'aille jamais dans cette école dont il a tant rêvé. Il n'irait jamais à Serpentard, ne serait jamais nommé préfet ou capitaine de l'équipe de quidditch. Il finirait par aller dans une de ces écoles pitoyables des pays voisins, Beauxbâtons par exemple. Il frissonna sur son balais rien que d'y songer. Le coup de sifflet de son entraineur le sortie de ses pensés.
« Drago ! Un peu de concentration s'il te plait. Cinq lancés de souafle s'il te plait.
Drago mit ses craintes de côté un instant et s'exécuta. Son entraineur souligna que la puissance de ses tirs était bonne mais que sa précision laissait à désirer. Et entre force et précision le choix était vite fait. Cette remarque le chagrina un peu plus. Il n'était donc même pas si bon que ça au Quidditch. Comment vivre en sachant qu'on est pas le meilleur sur tous les plans ? Cet entrainement commençait sérieusement à l'agacer. Tout l'agaçait en fait. Avoir autant de pression à seulement 11 ans, ça ne devrait pas être possible.
Après l'entrainement, il n'avait qu'une hâte, aller au Chemin de Traverse choisir ses cadeaux d'anniversaire pour se consoler. Il ne s'intéressa pas vraiment à ses camarades et se changea en vitesse. Il sortit d'un pas trainant des vestiaires le tête baissée.
« Eh ! Drago ! Attends-nous ! », s'exclama une voix derrière lui.
Deux gros balourds se précipitèrent vers lui. Il s'agissait de Crabbe et Goyle. Drago s'arrêta alors pour les attendre. Il n'avait rien contre ses deux garçons mais le moment n'était pas opportun pour écouter les idioties qu'ils avaient pour habitudes de lâcher.
« Avec Crabbe on pensait aller au chemin de Traverse demain pour faire nos courses d'école avec son père, tu veux venir avec nous ? », lui proposa alors Goyle.
La gorge de Drago se noua aussitôt. Que répondre à cela ? Vite, il fallait trouver une bonne excuse.
« Impossible, mon père...m'emmène rencontrer le ministre de la magie Cornelius Fudge. Histoire que je commence à avoir des contacts », répondit Drago en haussant les épaules.
Ce gros mensonge allait-il réellement passer ? Crabbe et Goyle se regardèrent...émerveillés.
« Wow, bah ça alors, tu en as de la chance, dit Crabbe en le regardant avec admiration.
-Tu seras sans doute l'un des élèves les plus influent de Poudlard l'année prochaine, affirma Goyle.
-Ouais c'est possible, enfin pour moi ça n'a rien d'extraordinaire. Papa a pour habitude de côtoyer des personnes haut placées toute façon », surenchéris Drago d'une voix trainante.
Drago avait comme l'impression d'avoir envouté ses deux compères. Le mensonge n'était pas une de ses pratiques favorites mais il se devait de sauver les apparences.
« Mais sinon on peut décaler la sortie à Pré-Aux-Lards à après-demain ! Ce serait vraiment cool que tu sois là, proposa gentiment Crabbe.
-En plus la liste de fournitures est tellement longue ! Tu n'es pas d'accord ? demanda Goyle en riant bêtement.
-Euh, ouais, il faut que je vois dans...mon agenda. Et...c'est vrai qu'elle est longue mais chaque élément est indispensable...si on veut devenir un grand sorcier c'est certain, lâcha Drago.
-Même une balance en cuivre ? » insista Goyle.
Drago resta interdit. Une balance en cuivre ? Vraiment ? Il secoua la tête comme pour éviter le sujet mais il fut alors très vite rattrapé par les évènements.
« Moi, pourtant, j'ai entendu dire que tu n'avais toujours pas reçu ta lettre pour Poudlard, Drago. Pourtant tu as eu 11 ans aujourd'hui. C'est bien étrange ! » s'exclama une voix fluette non loin d'eux.
Drago tourna la tête et croisa alors le regard de Pansy Parkinson. Sa petite tête, sa frange ainsi que son petit sourire lui donnait réellement un air inoffensif. Ce qui est totalement faux étant donné que Pansy Parkinson du haut de ses 11 ans depuis quelques semaines à peine avait toujours le don de mettre quiconque mal à l'aise. Elle aurait définitivement sa place parmi les Serpentards. Drago tenta de lui adresser un regard noir auquel elle ne prêta pas une seconde d'attention.
« Je me trompe peut-être, mais en tout cas c'est ce que j'ai entendu dire. Alors ? » insista-t-elle en se postant face à lui.
En cet instant, Drago ressentit quelque chose qui lui était insupportable ; la vulnérabilité. C'est un sentiment qu'un Malefoy ne devrait pas connaître. Son père lui disait toujours. Un Malefoy a toujours le dessus. Il ne laisse jamais des sentiments d'une infime bassesse altérer son jugement, son éthique et sa force. Drago ne comprenait pas toujours où son père voulait en venir mais c'était ainsi. Il n'y avait pas matière à discuter. Il valait mieux blesser son interlocuteur plutôt que de s'avouer vaincu.
« Ma chère Pansy...sache que nous sommes deux à entendre beaucoup de choses. Comment vas ton père depuis sa quasi-déchéance d'honneur ? Suite aux déclarations de la Gazette du sorcier sur son penchant pour la dissimulation d'argent douteux...liste de fourniture pour Poudlard ou pas, si tu as besoin d'aide pour financer quoi que ce soit n'hésite pas à demander », déclara Drago avec une suffisance démesurément gênante.
Pansy eut un sursaut ainsi qu'un mouvement de recul quasi-automatique. Crabbe et Goyle ne semblèrent pas vraiment comprendre, ce qui n'était pas étonnant mais l'essentiel était qu'elle avait bien reçu le message. “Attaque-moi une fois, je me vengerais trois fois“. Pansy rajusta son balai sous son épaule et s'en alla sans répondre à grandes enjambées. Au moins les choses étaient claires. Il valait mieux s'attirer la sympathie de Drago Malefoy que ses foudres, surtout lorsqu'ils seraient à Poudlard. Si Poudlard il y avait...
~*~
« Vous n'allez tout de même pas me dire qu'il n'y a aucuns hiboux dans ce pays capable d'envoyer la lettre de Poudlard à mon fils avant la fin de la journée tout de même, s'énerva Lucius en croisant les bras.
Lucius se trouvait en présence de Munch et de Cornelius Fudge au sommet de la volière du ministère. Les piaillements des oiseaux qui se trouvaient derrière la porte l'agaçait fortement mais il fallait trouver une solution. Fudge témoignait beaucoup de respect à Lucius Malefoy excepté lorsqu'il interférait de façon trop insistante dans ses affaires sérieuses.
« Les fauconniers sont clairs, aucun hiboux ne partira tant que leurs réclamations ne seront pas prises en compte ! Ils sont retenu aux quatre coins du pays, explique désespérément Fudge.
-Mais vous ! Vous, vous avez bien un hiboux non ? souleva Lucius exaspéré.
-Non ! Ils ont tous été rapatriés ! Et le vôtre aussi, c'est une évidence. Cela fait plusieurs jours que vous ne l'avez pas aperçu n'est-ce pas ? fit remarquer Fudge en tapant du pied.
Lucius Malefoy, se renfrogna, forcé de constater qu'en effet il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas vu son cet animal.
« Cette situation nous agace bien plus que vous, s'il y avait une solution nous l'aurions déjà trouvé ! -Quelles sont leurs recommandations ? demanda Lucius en croisant les bras.
-Plus de moyens pour la formation des fauconniers, une pension de retraite plus importante et plus d'indemnités en cas de morsure de volatile, répondit Fudge.
-Eh bien accordez leur ! s'énerva alors réellement Lucius.
-Mais c'est impossible...enfin, nous faisons déjà tout notre possible ! Allez leur parler si vous le souhaitez mais cela m'étonnerait beaucoup que vous en tiriez quoi que ce soit. Nous avons déjà essayé ».
Malefoy poussa alors l'immense porte en bois en soupirant. Les piaillements s'intensifièrent. Quel bruit abominable ! Il constata avec mépris qu'un nombre infini de hiboux se trouvaient enfermer dans cages à double tours. Cependant, il lui fallait garder son calme pour réussir à ouvrir le dialogue avec le Fauconnier en chef, responsable de cette insurrection. Il se trouvait assis paisiblement devant les cages fermés à double tours des hiboux. Il avait un dos assez voûté des habits miteux et une toux incessante.
« Bonjour, je m'appelle Lucius Malefoy, dit-il en tendant la main à son interlocuteur.
-Vous voulez quoi ? répondit-il avec méfiance.
Lucius rangea sa main dans sa poche sans relever ce terrible affront.
« Il serait à présent temps de libérer ces pauvres bêtes. Les conditions dans lesquelles vous les retenez sont tout à fait inacceptables, suggéra Lucius les sourcils froncés.
-J'me rappelais pas que les gens de vot' trempe défendaient la cause animale, c'est nouveau ça, se défendit le Fauconnier avant d'être pris une crise de toux.
-Oui mais vous bloquez tout le service postale du pays, en avez vous conscience ?
-Il m'semble bien que c'est l'effet recherché ouais », déclara-t-il avec ironie une fois sa toux calmé.
De toute évidence, le dialogue était à peine envisageable. Heureusement, dans la vie et plus particulièrement, dans le monde de Lucius Malefoy, tout avait un prix.
« Vous voulez combien exactement pour cesser cette grève ridicule ? Je suis prêt à mettre le prix. L'argent n'est pas un souci, confia Lucius avec condescendance.
-Hum... « l'argent n'est pas un souci ». Vous vous entendez ? Ce n'est pas une grève ridicule et c'est justement parce que les gens ne nous prennent pas au sérieux, qu'elle va continuer. Remballez vot' bourse et vos cheveux bien trop lisses. Ça ne nous intéresse pas », se renfrogna le Fauconnier en agitant la main.
Par la barbe de Merlin. Lucius Malefoy n'avait jamais été traité de la sorte. Surtout pas par une personne aussi bas placé dans l'échelle sociale.
« Mon fils n'a toujours pas reçu sa lettre pour Poudlard, comme beaucoup d'autres enfants d'ailleurs. Cela ne vous pose aucun problème d'interférer dans l'avenir éducatif de la futur élite du monde magique ? Dit Lucius en tentant de prendre le Fauconnier par les sentiments.
-Oh vous savez, l'élite, je m'en contre-fiche, lâcha le Fauconnier aussitôt. J'en fais pas partie et j'en ferais jamais partit je suppose. Si ce n'est que ça le problème, demandez au grand barbu de déposer sa lettre à votre môme en personne, ça lui fera une histoire sympa à raconter ».
Lucius s'apprêta à répondre avec force puis se ravisa aussitôt. Après il n'avait pas tord. C'était même une idée brillante. Il voyait déjà les gros titres. “En pleine grève des fauconniers et des hiboux, Drago Malefoy se voit remettre sa lettre pour Poudlard en personne par le directeur de l'école“. Quoi de mieux pour témoigner une fois de plus de la grandeur de leur famille ? Il n'allait sûrement remercier cet énergumène de lui avoir soufflé l'idée mais il fallait admettre que ça avait une douce saveur de victoire.
~*~
Une fois rentrée du Chemin de Traverse avec tous ses cadeaux, Drago ne décrocha pas un mot bien trop énervé par la situation. Il pensait que cela le détendrait mais au contraire, il n'a fait que bouillir du début à la fin. Sa mère tenta bien de le réconforter mais en vain. Il n'était pas prêt à faire du social avec elle, ni avec quiconque tant qu'il n'aurait pas sa lettre entre les mains. Cette journée d'anniversaire était de pire en pire. Toujours aucune nouvelle de son père. Des cadeaux qui finalement ne l'intéressaient guère et leur elfe Dobby avait placé deux sucres dans son chocolat chaud du gouter au lieu de trois. Ce manoir partait à vau l'eau. Jamais ô grand jamais, Drago, ce garçon si attentionné, bien éduqué, et toujours humble n'aurait imaginer être dénigré à ce point.
Il tourna en rond dans le manoir. Allant de bas en haut, de gauche à droite en essayant de relativiser, de trouver un plan pour intégrer Poudlard clandestinement...et puis non ! Drago Malefoy n'avait pas à intégrer Poudlard clandestinement. Poudlard était déjà sa maison à lui et le corps enseignant avait tout intérêt à lui réserver l'accueil qu'il méritait. “Drago Malefoy le laissé pour compte“, jamais...non ça n'arriverait jamais ! Plutôt mourir.
Il s'allongea sur son lit et observa le plafond. S'il n'avait pas reçu de lettre...C'était peut-être parce qu'il n'avait pas de pouvoirs magiques. Par la barbe de Merlin ! Ça ne pouvait quand même pas être ça ! Ce serait-il fait voler ses pouvoirs récemment par un moldu comme cela arrivait si souvent ? Non, non, non. Il ne pouvait pas y croire. Il avait déjà eu des manifestations de magie. Il est vrai que cela n'arrivait pas tous les jours, mais c'était arrivé ! Il ne l'avait pas rêvé ! Il n'était pas un cracmol ! Il était un Malefoy enfin. Cracmol et Malefoy n'étaient pas deux choses associables, même pas du tout. Son père ne le regarderait plus jamais de la même façon si c'était le cas. Autant rassembler toutes ses affaires pour s'enfuir aussitôt.
Cracmol...Drago Cracmol Malefoy...Non. Mais quelle horreur. Rien que d'y penser lui donnait l'envie de vomir.
Drago était au bord de l'évanouissement lorsu'il entendit alors la porte d'entrée claquer et des voix s'élever. Son père ! Enfin ! Il dévala les escaliers en hâte avec détermination sans nom. Il parcouru les longs couloirs qui le menèrent bientôt jusqu'au salon.
« Drago ? l'appela son père.
-Père ! s'exclama Drago. J'espère que le problème est résolu, je veux bien faire preuve de patience mais n'abusons pas trop non plus ! Je suis un Malefoy et un Malefoy... »
Drago se tut aussitôt. Un homme d'une grandeur presque infini se tenait aux côtés de son père. Il était vêtu d'une longue robe de sorcier anthracite et coiffé d'un chapeau de la même couleur. Il avait de longs cheveux et une longue barbe d'un blanc éclatant qui l'éblouirent à moitié. Cet homme si imposant le regardant au dessus de ses lunettes en forme de demi-lunes en mettant ses mains derrière son dos avait quelque chose de...féérique. Drago n'arrivait pas à savoir s'il le regardait avec bienveillance, dédain, crainte, ou ignorance. C'était très déstabilisant. Il ne pouvait s'empêcher de ressentir de l'angoisse face à lui. S'il n'avait pas été sûr de la grandeur de son nom il aurait pu se prosterner devant lui, mais c'était évidemment inconcevable. Drago avança légèrement et s'assit dans le plus grand des silences sur le canapé en velours noir du salon pour calmer les tremblements de ses jambes sans pour autant détourner le regard. Il fallait l'admettre, il était paniqué face à lui. Ce personnage au combien admiré. Il n'y avait plus aucun doute, il était paniqué en effet. C'était Albus Dumbledore, le directeur de Poudlard. Drago aurait pu lui donner 60 ans comme 127. En cet instant, impossible de faire preuve de rationalité. Il jeta alors un regard discret à son père qui observait la scène avec une satisfaction à peine voilée.
Dumbledore s'avança et déposa sur les genoux du jeune homme une enveloppe avec son nom écrit ainsi que son adresse. Drago retourna l'enveloppe avec délicatesse et pu voir le sceaux de Poudlard qui la cachetait. C'était un réel frisson d'excitation, de plaisir et de bonheur qui parcouru le jeune garçon. Après l'avoir tant attendue elle était là. Sa lettre, pour lui, rien que pour lui. Sa lettre de Poudlard, son rêve, son destin...son héritage. Il effleura le papier du bout des doigts comme pour se rassurer de la réalité de cette vision.
« Voici, M. Malefoy, votre lettre, pour Poudlard tant attendue, lui dit Dumbledore.
-Ouvre la Drago. Vas-y » , l'encouragea son père.
Drago n'avait pas pour habitude de faire transparaitre de trop vives émotions mais là, c'était particulier. Il avait des étoiles dans les yeux. Poudlard, ce n'était pas juste...Poudlard. Pas juste là, où il passerait les sept prochaines années. C'était la consécration de ce qu'on lui enseignait depuis son plus jeune âge. Être un sorcier, au sang pur qui plus est, c'était devoir se montrer digne d'un héritage lourd. Ses aïeuls, ses ancêtres, ils y étaient tous passés. Ils y avaient tous brillé. C'était enfin à son tour. Il avait enfin l'opportunité prouver à son père qu'il avait la capacité de devenir un grand sorcier et de représenter au mieux le nom qu'il lui avait transmis. La considération et le respect de son père c'était ce qu'il avait de plus cher. Ce qui était le plus important. Chacune de ses paroles, de ses actes étaient calculés afin de le rendre fière. En tant qu'enfant mâle et unique il savait le poids qui reposait sur ses épaules.
Si son père avait réussi à faire venir Dumbledore en personne avec cette lettre c'était également pour lui rappeler qui il était. Un Malefoy. Un sang-pur. Un sorcier qui ne pouvait être considéré comme n'importe quel autre. Le sourire qu'il affichait, confirmait bien cela.
Les gens ne savaient pas ce que c'était que d'être le fils de Lucius Malefoy. D'avoir ce père si extraordinaire pour modèle et de tout faire pour espérer un jour lui arriver à la cheville. Ce père si respecté, si envié de beaucoup. La pression était grande, même pour un enfant de 11 ans.
Drago se décida alors enfin à ouvrir l'enveloppe en déchirant le sceau rouge de l'école. Il tira son contenu et déplia la lettre avec une délicatesse sans nom. Il commença à la lire dans sa tête, en tentant au maximum de canaliser la joie qui se propageait en lui.
« COLLÈGE DE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE
Directeur : Albus Dumbledore
Commandeur du Grand-Ordre de Merlin
Docteur ès Sorcellerie, Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers
Cher Mr Malefoy,
Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.
La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendrons votre hibou le 31 juillet au plus tard.
Veuillez croire, cher Mr Malefoy, en l'expression de nos sentiments distingués.
Directrice-adjointe ».
C'était réel. C'était très réel. Surtout lorsque c'était lu à haute voix. Drago lu la liste de fourniture et ne pu retenir un rictus en voyant la balance en cuivre. Sacré Crabbe. Il adressa un sourire à son père ainsi qu'à Dumbledore qui n'avait pas commenté la scène. Il se leva s'avança et vers eux.
« Dobby ! DOBBY ! L'appareil photo ! » scanda Drago les yeux plissés
L'elfe de maison qui se trouvait non loin s'empressa d'aller chercher tout l’attirail. Drago se plaça entre son père et Dumbledore et mis la lettre en évidence devant lui. L'elfe pris la photo et s'en alla aussitôt. Drago alors encore une fois la lettre...la liste de fournitures et perdit alors son sourire rapidement.
« Quelque chose ne va pas...fils ? demanda Lucius inquiet.
-“Il est rappelé aux parents que les élèves de premières années ne sont pas autorisés à posséder leur propre balai“. Il doit y avoir méprise. N'est-ce pas ?
-Eh bien non, c'est une règle d'or, expliqua Dumbledore en haussant les épaules. Le but étant de mettre tous les nouveaux sur le même pied d'égalité. Chaque sorcier a la même valeur que les autres, pas vrai ? »
Le regard perçant de Dumbledore n'échappa pas à Drago. Il aurait voulu répondre, exprimait clairement le fond de sa pensée. Le même pied d'égalité ? Mais quelle idiotie, quelle foutaise. De toute évidence, Dumbledore était un aimant des sangs souillés qui se retrouvaient à Poudlard par on ne sait quel miracle. Néanmoins, les batailles se mènent en temps et en heures. Drago hocha simplement la tête et replia la lettre. Il adressa un regard à son père que ce dernier comprit bien vite.
« Nous sommes heureux de vous accueillir au sein de notre école en Septembre prochain, Mr Malefoy. Je dois à présent disposer. D'ici là, je vous conseille beaucoup de repos. Bonne soirée ! »
Dobby raccompagna Dumbledore jusqu'à l'entrée. Drago l'observa descendre l'allé du jardin jusqu'au portail et transplaner une fois dehors. Le jeune homme se tourna alors vers son père et le regarda dans les yeux.
« Père, je veux avoir mon propre balai. Et je veux aller à Serpentard. Je veux également une place dans l'équipe de quidditch, ça doit forcément être possible, tu peux arranger ça n'est-ce pas ? Ah oui, et nous irons à Ollivander demain. Je veux une baguette digne de mon nom et de mon rang. On dit souvent que la baguette choisis son sorcier, c'est ce que l'on verra. Je veux la plus puissante, déclara Drago à une vitesse folle.
-Allons, allons, Drago, nous verrons cela. En attendant, maintenant que tu as officiellement ta lettre pour Poudlard, il serait temps que nous ayons une petite discussion sérieuse toi et moi, ajouta son père
-Je vous écoute père, répondit docilement Drago.
-T'ai-je déjà parlé d'Harry Potter ? ».
Les yeux de Drago se plissèrent. Un petit sourire se dessina sur son visage. Il voyait très bien ce qu'allait lui dire son père. Évidemment.