Maugrey n’était pas venu à Poudlard depuis des années, grand bien lui fasse. Mais le château avait à peine changé en 20 ans.
Il grimace un peu avant d’avancer en boitant dans le couloir menant au bureau du directeur. Albus Dumbledore était un grand homme, que Maugrey connaissait bien et s’il était convoqué aujourd’hui ici par le Bureau des Aurors il devait s’agir d’une affaire sérieuse.
Il s’arrête devant la porte un instant, devait-il attendre sa jeune apprentie ? Il grommele quelques instants en espérant que sa maladroite coéquipière arrivera bientôt, simplifiant son choix.
Mais il devait se rendre à l’évidence, comme d’ordinaire, Nymphadora Tonks devait avoir par quelques maladresses un retard plus que conséquent.
Tant pis pour elle, cette enquête promettait pourtant d’être fort passionnante et enrichissante pour une jeune recrue comme elle, sortant tout juste de sa formation. Il monte enfin en soupirant contre les marches de l’escalier. Bon sang, que sa blessure à la jambe lui faisait encore mal, peut-être, avec un peu de chance que cela s’arrangerait avec le temps, sinon il s’y habituerait, comme il s’était habitué à son œil magique.
Lorsqu’il pénétre enfin dans le grand bureau rempli d’objets magiques en tout genre, Maugrey voit tout de suite que le directeur n’est pas seul. Un jeune homme attendait calmement. Il avait un visage rieur pleins de taches de rousseur et semblait revenir d’un voyage au soleil avec son coup de soleil sur le nez.
Maugrey grimace en zoomant avec son œil magique, non…ce jeune homme ne revenait pas de vacances, il avait des griffures sur les bras et des brûlures au bout des doigts, les vêtements reprisés à la va vite et tout élimés.
Il ne semblait pas pauvre, non, seulement en habits de travail, le genre qu’une personne travaillant à l’extérieur dans des conditions difficiles porterait.
« Alastor je te présente…
- Un Weasley ? les cheveux vous trahissent, coupe celui-ci s’adressant directement à Charlie »
- Celui-ci accepte la poignée de main que lui tendait l’auror sans hésiter mais un regard légèrement étonné et inquiet sur son visage.
« Je m’appelle Charlie monsieur, je suis là pour l’enquête moi aussi »
Alastor ne répond rien, ses yeux scrutant attentivement les deux personnes se trouvant dans la pièce.
Il sort une bourse de sa poche et pioche dedans une étrange friandise verte avant de tendre la bourse à Charlie.
« Tu en veux ? »
Charlie semble peu confiant envers la curieuse et peu alléchante chose que lui présente Maugrey mais il tend tout le même la main et en prend une, n’osant pas refuser.
« Donc, Albus ? Que me vaut le plaisir de retourner ici ?
- Nous avons un problème au niveau de l’école, certains élèves se plaignent de perturbations.
- De quel genre ?
- Et bien il y a eu des disparitions d’objets au départ, puis de petites blagues innocentes, mais depuis quelques temps on remarque des disparitions d’animaux, des élèves qui s’écroulent dans les couloirs.
- Un ou deux de vos élèves doivent être de petits rigolos, inutile de faire appel à nous pour ça Dumbledore !
- Non vous ne comprenez pas, il s’agit d’une créature, certains élèves l’ont vu, dans les dortoirs.
- Oui bien sûr les monstres sous leur lit, ils n’ont plus trois ans vos élèves Albus, faudrait songer à leur rappeler.
- Alastor pourrais-tu seulement m’écouter ! A propos des élèves endormis dans les couloirs on a retrouvé sur eux des écailles de reptiles et surtout, le plus grave, une disparition temporaire de leurs souvenirs. Ils avaient tous au niveau du cou une morsure triangulaire. Il s’agit d’une créature cela ne fait aucun doute, le peu de témoignages que nous avons concordent là-dessus mais pour le moment pas moyen de mettre la main sur là où elle se cachent ni sur qui l’a amenée ici.
- Comment ça ? Elle ne vient pas de la forêt ? »
Charlie toussote un peu, afin de rappeler aux deux hommes sa présence dans la pièce.
« C’est impossible, ce genre de créature ne vient pas de cette région, les écailles sont semblables à celles que l’on peut trouver dans des pays bien plus chauds. Et jamais ce genre de créature n’aurait pu survivre à notre hiver écossais en vivant dehors. »
Il termine sa phrase en croquant dans la friandise toujours dans sa main.
Cela ne devait pas avoir un goût attendu puisqu’il manque de s’étouffer et que son visage devient subitement jaunâtre. Charlie, écœuré par le goût âcre de cette friandise ne peut s’empêcher de grimacer.
« Vigilance constante mon garçon, lui hurle Maugrey en lui donnant une tape dans le dos, l’empêchant de s’étouffer, n’accepte jamais ce qu’un inconnu t’offre, tu pourrais en mourir tu sais, empoisonné ou pire encore… »
Le garçon désarçonné recrache dans le mouchoir que lui tend Dumbledore le morceau vert désormais en bouillie.
« Mais qu'est-ce que c’est que ce truc ? c’est immonde ! »
Alastor hausse les épaules.
« Tu es le seul à avoir été attaché à l’enquête Maugrey ? demande subitement le directeur.
- Non mon apprentie était censée venir, mais elle a dû encore oublier, cette maladroite !
- Peut-être s’est-elle perdue si elle n’est jamais venue ici, modére Dumbledore en souriant sous ses lunettes en demie lune.
- Impossible Nymphadora a passé sa scolarité à Poudlard, j’ai vérifié auprès d’elle, je la connais bien maintenant », réplique l’auror en soupirant d’un air las. Charlie reste silencieux et seul Maugrey semble percevoir le léger trouble affectant le visage du jeune garçon.
Il le fixe un long moment avant que celui-ci n’ouvre finalement la bouche :
« Tonks…elle n’a pas pu se perdre…elle doit avoir oublié » précise Charlie hésitant.
Finalement Maugrey ne releve pas, préférant lui faire signe de suivre. Il était temps pour lui de s’occuper de l’enquête, il avait beau déplorer la maladresse de Nymphadora il reconnaissait en elle de grande qualités et la savait capable de se gérer toute seule.
Ensemble, lui et Charlie partentt à la recherche des témoins ayant vu la prétendue créature ou ayant été retrouvés endormis dans les couloirs de l’école.
Dans l’infirmerie une fillette au visage pâle veillait sur son ami aux cheveux noirs, allongé sur le lit. Maugrey fronce les sourcils et son œil scrute et tourne alternant entre eux et Charlie qui surprit s’est posté brusquement en avant, vers les deux victimes. La fille esquisse un sourire inexpressif et les poils de Charlie se dressent sur ses bras. Elle semble se mouvoir lentement, comme épuisée et s’adresse à Maugrey qui demeure immobile.
« Il était sous le lit, c’était immonde, je n’ai pas bien vu vous savez mais il était sous le lit, avec son corps immonde qui glissait vers moi. »
Charlie cligne des yeux, elle et le garçon sont malades, vidés, ils ressemblent à deux coquilles vides.
La fille glisse un regard vers son amis et poursuit son explication sommaire.
« Il est parti en rampant et j’ai tout perdu, je ne sentais rien. Il était sous le lit, j’ai peur maintenant, vous savez, du monstre sous le lit et des autres qui y sont encore là bas. »
Elle pointe tour à tour chaque lit de l’hôpital.
« Ils sont en nous tu vois, ils viennent et ils prennent mais ils viennent en nous et on ne sert plus à rien »
Elle tremble soudain, son petit corps comme épuisé d’avoir tant parlé.
Elle s’écroule soudainement sur le lit et Maugrey et Charlie sont poussés dehors de force.
Les différents témoignages récoltés au long de l’après-midi se ressemblent tous. Et la situation semble de plus en plus troublante et inquiète fortement les deux hommes.
Remontant les étages en fin d’après-midi ils sont perdus dans les pensées et images troublantes que tous ces récits de monstres sous le lit . Il en s’en faut de peu pour que Charlie entend un bruit sourd provenant du bout du couloir .
Un battement sourd qui résonne un peu et qui semble ralentir peu à peu, comme s’épuisant.
Maugrey lui s’est arrêté et fixe intensément un mur au fond. Son œil bleu est éclatant et il pousse Charlie du bras l’empêchant d’avancer plus.
Il veut d’abord vérifier que rien de dangereux ne les attend.
Il fronce les sourcils, il ne peut pas voir de là, les murs de l’école sont trop épais.
« Reste là toi » ordonne-t-il.
Il s’avance doucement le long du couloir jusqu’à ce qui semble être une porte pour les toilettes des filles.
« Qui est là ? »
Pas de réponse.
La porte semble verrouillée, par un simple sort il déverrouille le tout, sa baguette pointée en avant en cas de danger.
« Nymph ? »
« Oh bon sang, Maugrey on m’a volé ma baguette, je n’ai rien compris je me suis réveillée ici, j’étais…seulement…venue voir…je ne sais plus »
Alastor fronce les sourcils que se passe-t-il ? Nymphadora aurait-elle passé tout l’après midi coincée dans les toilettes de Mimi Geignarde ?
Il ne comprend pas l’état dans lequel la jeune fille se trouve.
Ne remarque que son air perdu et les larmes qui coulent le long de ses joues.
Elle semble perdue, à vrai dire, plus il y pense plus il se dit qu’elle ressemble aux élèves qu’il a interrogé tout l’après midi, perdue comme ça, seule sans sa baguette.
Il la ramène dans le couloir en la tenant par le bras. Elle le suit hébétée, presque shootée.
Charlie est là, toujours posté au bout du couloir et l’aperçoit.
Maugrey le regarde courir vers elle, alarmé.
Charlie la serre dans ses bras, et c’est là sur le cou de Nymphadora que Maugrey remarque quelque chose qui lui prédit presque ce qu’il va se passer.
Nymphadora s’écarte un peu de Charlie.
« Pardon…mais…On se connait ? »
Le visage de Charlie s’effondre et la trace triangulaire sur le cou de Tonks est sans aucun doute ce que craignait Maugrey.
Avec regret il constate que l’enquête s’annonce plus difficile que prévue.
Le monstre à écaille n’attaque plus seulement la nuit, et tous semblent en danger.
Il sort sa gourde, boit un coup, il lui faut au moins ça.