La Théorie du Bon Goût
Fleur, de nature pédante et mijaurée, élevée dans une bonne famille de sorciers français selon les règles de bienséance française, a une grand-mère Vélane. Elle a donc toujours plu à tout le monde bien plus qu’elle ne l’aurait voulu et pour se faire de l’air, a développé une forte tendance à dénigrer les gens en fonction de leur apparence.
Voyez plutôt :
Elle est arrivée à Poudlard avec les autres élèves de Beauxbâtons. Elle a rencontré en premier lieu le professeur Dumbledore. Malgré sa réputation de puissant sorcier et sa condition de directeur de l’une des écoles de Magie les plus prestigieux au monde, elle l’a regardé et l’a tout de suite détesté.
Pourquoi ?
Parce qu’il est habillé comme un vieux fou, mal coiffé et ses lunettes en demi-lune lui confèrent l’air stupide d’un homme qui a toujours la tête dans les nuages.
Elle a ensuite fait la connaissance de Minerva McGonagall, la directrice adjointe et l’une des rares Animagis connus. Pourtant, elle a un air revêche et horriblement strict et vieux jeu qui n’a pas plu à Fleur. Elle l’a donc aussitôt rangée dans la catégorie « A mépriser ou à éviter », sans tenir compte des éloges de Mme Maxime qu’elle estime pourtant beaucoup.
Elle a rencontré l’ensemble des élèves de Poudlard : leurs uniformes sont atroces, leurs cravates sont laides. Ils n’ont aucun style ! A croire que celui qui a conçu ces uniformes hideux n’avait aucun sens du bon goût.
Bilan : elle méprise l’ensemble des jeunes sorciers, et leur sale manie de boire du thé l’a conduite à mépriser… l’ensemble des anglais !
Elle est comme ça Fleur, mais on l’aime bien quand même.
Lors de la sélection des Champions, elle a trouvé à Krum un air brutal. Avec ses groupies qui le suivaient à la trace et surtout en tant que joueur mondial de Quidditch, elle a considéré qu’il ne pouvait qu’avoir pris la grosse tête. Aussitôt pensé, aussitôt rangé : à mépriser ou à éviter.
Cedric Diggory était trop populaire pour que cela soit réaliste. Il a donc été étiqueté « menteur ou cachant sa véritable personnalité ».
Quant au petit Harry Potter ! elle avait bien entendu parler de lui, et sa réputation d’élu le précédant, elle avait considéré à l’avance qu’elle jugerait par elle-même de ce que ce garçon avait comme valeur. Et cela n’a pas traîné : sélectionné comme quatrième champion bien que cela soit contraire aux règles, il est devenu un menteur, un tricheur et un horrible gamin souffrant d’un insupportable complexe d’infériorité.
Un gros problème s’est pourtant posé à Fleur à l’issue de la seconde épreuve : ce gamin avait sauvé la vie de sa petite sœur et son tout autant insupportable ami roux l’avait aidée sans qu’ils ne cherchent à avoir quoi que ce soit en retour, sans même qu’ils ne considèrent ses remerciements comme mérités. Selon ces deux garçons et leur amie – le rat de bibliothèque ne sachant pas se coiffer et ayant fait boire à Krum un philtre d’amour – ce geste était normal. Elle avait donc mal considéré ces trois petits buveurs de thé.
C’est à ce même Tournoi des Trois Sorciers, avant les premières épreuves, que Fleur a rencontré William Weasley, dit Bill. Ils vont se marier et avoir trois enfants, ce n’est un secret pour personne ! Mais comme la plupart des gens qu’elle a rencontrés, Fleur l’a méprisé. Ne vous méprenez pas, elle s’en est toujours voulu, mais ce n’est pas le sujet.
Voyez plutôt.
Il est arrivé bras dessus bras dessous avec une femme qui pourrait être sa mère !
Première méprise Fleur : c’est sa mère. Mais passons : on l’a dit, Fleur juge les gens trop vite. Vous aussi, vous l’avez vite jugée ! Apprenez plutôt à la connaître, et vous découvrirez que si elle avait été à Poudlard, elle aurait été répartie, sans la moindre hésitation, à Poufsouffle, la maison des loyaux, des justes et des gentils.
Bref.
Bill est arrivé avec cette femme – sa mère, mais elle ne le sait pas encore – pour voir, tenez vous bien : Harry Potter. Encore des admirateurs, ou pire, des manipulateurs !
Seconde méprise Fleur : ils sont sa famille. Mais passons.
Fleur a vite constaté que Bill, cette femme, et Harry, étaient très proches, et que son insupportable ami roux, ressemblait beaucoup aux deux. Elle est donc revenue sur sa seconde méprise : ils sont de la même famille, ou au moins amis.
Bill a appelé cette femme Maman ! Fleur a rougi de honte : cette femme n’était pas son amante, mais sa mère. La première méprise est donc levée. Cependant, il faut admettre qu’il n’a absolument aucun goût : il ressemble à un drogué des années 70 avec ses cheveux longs et ses vêtements légèrement élimés, dignes d’un concert de rock. Des chaussures en peau de dragon et une boucle d’oreille !
C’est tellement de mauvais goût que Fleur a une grimace de dégoût. Il faut bien admettre malgré tout, qu’il est très beau. Mais ses cheveux ne ressemblent à rien, c’est horrible. Et il est roux !
Mais leurs regards se croisent, les méprises de Fleur tombent les unes après les autres.
Il est tant d’aimer.