La première fois que j'ai remarqué Sirius Black, il avait seize ans et j'ai pensé que ce n'était rien de plus qu'un fils à papa qui tentait de faire sa petite crise de rébellion adolescente. Il avait cette lueur provocatrice dans le regard, cette allure nonchalante qui lui donnait des airs de jeune rebelle sorti tout droit des maisons de disques moldues.
La clope au bec, des cheveux longs et bruns qui lui tombaient négligemment sur le front, une main sur sa guitare, et les yeux fermés tandis qu'il caressait les cordes aussi lentement et sensuellement qu'il l'aurait fait pour une femme.
A l'époque, j'étais une jeune serveuse de dix-neuf ans engagée par Mrs Rosmerta et j'avais tout le loisir entre deux tournées de verre d'observer mes clients. Il fallait dire que, pendant ces deux mois d'été, j'en avais vu passer du monde dans ce pub. J'avais eu affaire à un gobelin allergique à l'argent qui se mettait à gonfler sitôt qu'il touchait une seule mornille, un lutin épileptique qui m'avait collé une belle frayeur, un vampire qui enchaînait les verres de sang avec une descente déconcertante si bien que je m'en tenais éloignée le plus possible, et un ogre végétarien qui m'avait raconté sa vie durant des heures sans lésiner sur les détails à mourir d'ennui.
Mais je crois que ce garçon m'a tout de suite tapé dans l’œil. Vous me direz que c'est assez normal, qu'il en est de même pour la plupart des filles qu'il côtoyait, mais ce n'était pas pour son physique ni pour ce que ce type représentait pour la gent féminine. S'il n'avait pas relevé les yeux et que son regard n'avait pas croisé le mien, il serait sorti de mes pensées aussi vite qu'il y était entré. Parce qu'au delà de ce comportement provocateur qu'il voulait bien se donner, Sirius Black était l'adolescent le plus torturé que j'ai eu l'occasion de rencontrer.
Cet été là, il venait souvent aux Trois-Balais. Je ne sais pas vraiment ce qu'il faisait là mais il restait assis des heures dans le fond du pub, un verre de whisky posé devant lui et sa guitare sur les genoux. Il pouvait passer une bonne demi-heure les yeux fermés, à chantonner un air dont je ne pouvais pas définir les paroles mais qui était si sombre qu'il m'en donnait des frissons chaque fois que je passais près de lui. Ce fut sans doute ce qui me fit changer d'avis sur Sirius Black. Ou peut-être que ce fut ce soir-là...
A vrai dire, je n'en ai aucune idée mais je suis certaine d'une chose, une seule : il n'était pas quelqu'un qu'on pouvait oublier facilement.
Détrompez-vous, cette histoire n'a rien d'une histoire d'amour à sens unique ni d'une amourette d'été, elle ne reflète que le souvenir d'un adolescent torturé, elle ne relate que ses confessions autour d'un verre de whisky pur-feu alors que je venais de terminer mon service. Vous ne saurez pas qui je suis, hormis que j'ai travaillé un jour dans ce pub sorcier pendant l'été mille neuf cent soixante-quinze.
Après tout, qui se soucie d'une simple serveuse ? Je ne suis rien de plus qu'une anonyme dans cette foule de sorciers plus ou moins célèbres qui ont connu Sirius Black. Une fille d'une vingtaine d'années, pas particulièrement jolie ni laide, qui a pris le temps de l'écouter parler. Appelez-moi Maddie. Juste Maddie.
Fiction courte qui comptera quatre chapitres (en comptant le prologue). Je tiens à préciser que ce ne sera pas une romance à proprement parler, plutôt une histoire qui aurait pu être.
Bonsoir !
Cette fois, je vous poste une fiction courte sur Sirius Black. Je vous laisse la découvrir et vous souhaite une bonne lecture !
A bientôt !
Lyssa7