Le Petit Prince,
Prologue.
Il était stupide, celui qui croyait que les quatres maisons de Poudlard n’en étaient en réalité qu’une seule, divisée par simple principe ou pour une question de gestion. Mais il était lucide, celui qui comprenait qu’elles ne limitaient pas une attitude ou un caractère. Appartenir à une maison n’est pas appartenir à une secte, il n’y a pas de doctrine relative aux Gryffondor, Pouffsouffle, Serdaigle ou Serpentard. Si deux d’entre elles se detestaient, ce n’était pas parce que c’était écrit, mais plus pour une question de tradition. De la même façon, rien n’était dicté : Les rouge et or abandonnent parfois, les vert et argent ne sont pas forcément méchants, les bleu et bronze ont quelquefois de mauvaises notes et il arrive aux jaune et noir d’être impulsifs.
En effet, il est facile de les comparer, d’énumerer les différences entre elles, mais l’erreur de rester focalisé dessus ne doit pas être faite. Car, si on regardait bien, si on allait en profondeur, on pouvait voir les ressemblances entre elles. En outre, les élèves de toutes les maisons veulent obtenir leur BUSEs et leurs ASPICs, remporter la coupe de Quidditch, ou s’amuser avec leurs amis.
Et s’il y avait bien quelque chose de commun aux quatres maisons, c’était cet instant après le dîner, avant de s’endormir, quand ils parlaient de choses dont on ne parle pas le jour, quand ils riaient silencieusement pour ne pas faire venir les prefets, quand ils révélaient des secrets ou montaient des plans pour attirer l’oeil d’une jolie fille ou d’un beau garçon.
“Il est pas là Neville ?” résonna une voix étouffée dans le dortoir encore silencieux des Gryffondor. Après un instant où il tenta d’attribuer le chuchotement à quelqu’un, Harry Potter reconnu la voix de Seamus Finnigan. Il éteignit sa baguette illuminée d’un faible Lumos par un Nox et sortit de sous sa couverture où il lisait son livre de potions annoté des mots du Prince de Sang-mêlé.
“Non, il est pas encore rentré, répondit Ron. Je crois qu’il est en retenue.”
“Tant mieu.” reprit Seamus. Harry entendit des bruits de couverture agitée, comme si Finnigan s’asseyait en la dégageant, et finalement les bougies de la pièce s’allumèrent en arrachant des exclamations aux garçons qui essayaient de dormir.
“Il faut qu’on parle de l’anniversaire de Neville.” exposa Seamus, beaucoup trop sérieux pour que cela puisse annoncer quoi que ce soit de légal.
“Mais… Neville est né en décembre…remarqua Harry qui s’était assis sur son lit lui aussi. On est en octobre, de quoi tu nous parles ?” Il y eut un silence durant lequel Seamus se tourna vers son camarade Dean Thomas avec un air sournois sur le visage.
“Justement, répondit-il. C’est dans deux mois. Avec Dean on a eu une idée. Ca vous dit pas de lui offrir un cadeau mémorable pour ses 17 ans ?”
Tous les garçons qui logeaient dans cette partie du dortoir se redressèrent, intrigués par son affaire. Outre la proposition de son camarade, Harry s’étonna. 17 ans, déjà ? Lui ne les aurait que durant les prochaines grandes vacances, pensa le brun. Mais Hermione les avait eu en septembre, remarqua-t-il finalement. Soit. Cette histoire aurait le don de le sortir de son obsession pour les cachotteries de Malefoy.
“Et donc, vous avez prévu quelque chose ? demanda-t-il. Vu qu’on a deux mois, ça nous laisse le temps de prévoir quelque chose de bien.
- Et tu sais ce qui se prépare en deux mois Harry ?” demanda Dean, satisfait de la direction que prenait la discussion.
Harry ne répondit pas tout de suite, craignant de connaître la réponse. Et au vu du regard anxieux que lui lançait Ron, il comprit qu’il ne s’était pas trompé. Tout mais pas ça, Merlin !
“Du Polynectar !” répondit Seamus, complice, ses sourcils bougeant d’un air pervers. Harry pinça ses lèvres pour se retenir de grogner. Ne savaient-ils pas à quel point cette potion était longue et dure à préparer ?
“Et vous voulez en faire quoi ?” demanda Ron, la réticence palpable dans sa voix.
Le duo de cachotier se mit à glousser, les yeux exorbités, prêts à balancer ce qu’ils considèrent certainement comme “le plus intéressant dans cette histoire”.
“Si vous voulez lui donner l’apparence de Rogue, c’est vraiment pas sympa, vous savez comme il a peur de lui ! C’est phobique ! s’exclama Harry.
- Remarque, ça pourrait être drôle, le contredit Ron en riant. Imagine on le verse à la place de son eau dans la nuit, et-et le matin il-il se réveille avec…av...” Il s’interrompit pour partir dans un fou-rire silencieux, tentant de ne pas réveiller toute la tour de Gryffondor.
“Je dois vraiment te rappeler le goût que ça a ? demanda Harry. Il s’en rendrait compte avant même de l’avaler ! Vous pourrez pas lui en faire boire par accident les gars, ajouta-t-il en se tournant vers Dean et Seamus. Croyez-moi, je sais de quoi je parle.
- On a pas prévu de lui en faire boire ! Ce sera l’un de nous !”
Harry plissa les yeux, suspicieux. Comment-ça “l’un de nous” ?
“Et ce serait pour prendre l’apparence de… ? Vraiment, je me répète, mais me répondez pas Rogue, je crois que je ne survivrais pas de le voir dans une robe de Gryffondor.
- Mais non mais t’es malade ! s’écria Dean, la frayeur marquée sur son visage. Et je me risquerais pas à lui arracher un cheveux, imagine je me fais choper ! Je finirais en ingrédient à potion !
- Ce serais justifié, en l'occurrence. Donc du coup, ce serait pour faire qui ? demanda Ron.
- Luna Lovegood !”
Harry recracha l’eau qu’il était en train de boire. “Quoi ?! Mais qu’est-ce qu’elle vient faire là ?”
La totalité des garçons réveillés se tournèrent vers lui, tout aussi choqués. “Me dis pas que t’as pas remarqué ? demanda Seamus.
- Remarqué quoi ? Et me regardez pas comme ça !
- Laisse, Seamus, c’est pas sa faute s’il est un peu limité… excusa Ron avant de se tourner vers Harry. Mon vieux, pendant que tu faisais ta fixette sur les plans diaboliques de Malefoy et ton Prince là, nous, on a espionné Neville, et figure toi que môsieur Longdubat en pince pour Luna !
- Et l’objectif ce serait de prendre son apparence pendant une journée et le chauffer un peu tu vois…” expliqua Dean sans prêter attention à l’expression ébahie d’Harry.
Ron inspira bruyamment, les yeux brillants. “Merlin mais c’est une idée de génie !
- Mais c’est super Serpentard ça ! s’exclama Harry, pas trop emballé à l’idée de faire ça à un ami.
- Harry, quel est l'intérêt d’être un Gryffondor si on ne peut pas être un Serpentard quelquefois ? souligna le rouquin. Et puis si tu suis pas, je balance à tout le monde que tu triches avec ton livre de potion griffonné !” ajouta-t-il plus bas.
Le sorcier à lunettes se tourna vivement vers son ami, comme s’il venait de lui annoncer qu’il était Voldemort en personne. Haaan !!! Tu n’oserais pas ! articula-t-il sans émettre un son. Et vu le sourire de Ron, si, il oserait.
“Bon, j’en suis.” soupira Harry, vaincu. Dean et Seamus relachèrent leurs épaules, comme s’ils étaient rassurés ou apaisés. “Tant mieu, parce qu’on a besoin de quelqu’un de doué en potion pour faire le Polynectar !”
Et c’est ainsi que pendant deux mois, entre quelques voyages dans la pensine de et avec Dumbledore, Harry se retrouva à aller régulièrement dans les toilettes des filles hantés par Mimi Geignarde, accompagné de son cher livre des Potions pour brasser la solution du métamorphe.
Malgré le temps écoulé, le Gryffondor n’était pas sûr de vouloir faire une telle chose à son ami. C’était vraiment… cruel. Les autres ne semblaient pas le réaliser, entraînés par l'élan du groupe, mais Harry ne se sentait pas capable d’être complice de ça. Surtout qu’il savait certaines choses sur son ami, comme ce qui était arrivé à ses parents par exemple, et que depuis, il était épris d’une certaine tendresse à son égard.
Il soupira : Il n’y avait pas trente-six solutions à son problème. Il se porterait volontaire pour boire la potion, et ainsi il pourrait y aller molo avec Neville sans que personne n’ait besoin de le savoir. Et depuis le temps qu’il voulait savoir ce que ça faisait de porter une jupe !
Lorsqu’il annonça sa décision au reste du groupe, tous acceptèrent directement. Visiblement aucun d’entre eux n’avait vraiment envie de prendre l’apparence de Luna ou même de devoir interagir de cette manière avec Neville… Alors qu’Harry soit volontaire était une aubaine pour eux.
Quelques jours avant le jour-j, la potion était prête, et le sorcier à lunettes n’avait plus qu’à y ajouter un des cheveux blancs de Luna pour parfaire la solution. En attendant de l’avoir, il plaça le contenu du chaudron dans des fioles afin de les conserver, et débarrassa les toilettes de ses outils. Les flacons en main, il en leva un face à un mur blanc dans une pièce bien éclairée afin de juger la qualité de son travail. C’était à n’en pas douter : la potion était tout bonnement parfaite, il pourrait parfaitement tenir la journée avec sans avoir besoin d’en boire plusieurs fois, comme prévu.
Lorsque la veille de l’anniversaire de Neville, durant les vacances de Noël, Harry arriva dans la salle commune des rouge et or, il fut littéralement agressé par les deux organisateurs de cette supercherie. “On l’a ! On a le cheveu ! s’exclama Dean à voix basse.
- Vous l’avez eu comment ? demanda Potter, impressionné.
- On voulait pas l’arracher, parce que bon, elle l’aurait senti… Du coup on l’a prit sur sa robe !”
Harry se mit tout d’un coup à dévisager le cheveux qui pendait de la main de Seamus. “Vous savez les gars, je le sens pas trop là. La dernière fois qu’on a pas pris directement un cheveux de la tête de quelqu’un, Hermione a fini en chat.
- Tu connais un chat qui a des poils aussi longs toi ?” demanda Dean d’une voix moqueuse en étirant le cheveux sur toute sa longueur.
“Oui bon, okay. Passez le moi, que je le mette dans ma fiole.”
D’un doigt, il fit sauter le bouchon en liège de la fiole et fit passer dans l’embouchure le long fil blanc qui se déposa dans la solution. Immédiatement, la potion changea d’aspect pour devenir une sorte de lait azuré pétillant. D’une certaine manière, Harry pensa que cette nouvelle forme correspondait très bien à Luna : un sérum bleu, délicat mais allié d’une folie douce. Il le referma et n’y toucha pas avant le lendemain.
Chaques choses avaient été prévues dans les moindres détails : Tout le monde devait avoir quitté le dortoir avant que Neville se réveille, et Harry devait attendre ce moment précis pour boire le polynectar, afin qu’il dure le plus longtemps possible. Dean lui avait ramené des vêtements piqués à Ginny, et ils avaient emprunté une robe bleu et bronze à un Serdaigle rentré chez lui pour les vacances.
Alors après avoir galéré pendant 10 minutes avec un soutien-gorge (qui, Merlin merci, était le fruit d’une métamorphose et non celui de Ginny ), Harry attendait comme un idiot, prêt à boire la potion, assis sur son lit en jupe et en débardeur, sa robe de Serdaigle sur les genoux, à attendre que Neville se réveille.
Alors qu’il s’était à nouveau plongé dans la lecture de son livre de potions, assis en tailleur dans tout ce qu’il y avait de plus masculin (et ravissant vu sa tenue), Harry entendit la respiration de Neville s’agiter. Le moment était venu : Il cacha son ouvrage, ouvrit la fiole et s’enfila le lait azuré d’une traite, priant pour que le Gryffondor endormi n’ouvre pas les yeux avant la fin de la transformation... et sans imaginer une seule seconde que son apparence ne serait pas celle de Luna Lovegood.