+++ CORNELIUS FUDGE +++
7h02
-Hrmpf … grogna Cornelius en se cachant la tête sous la couette.
Mais le réveil continuait désespérément de sonner.
-Oui, bon, ça va ! s'exclama-t-il en repoussant la couverture d'un geste brusque et en se dirigeant vers la salle de bain d'un pas trainant.
Il avait passé une bonne partie de la nuit à essayer d'expliquer à la presse comment dix Mangemorts avaient pu s'échapper du quartier de haute sécurité de la prison d'Azkaban, puis il avait dû annoncer la nouvelle au Premier Ministre moldu. Nul doute qu'ils avaient reçu une aide extérieure, certainement de la part du fugitif Sirius Black. Cela faisait deux ans et demi déjà que ce dernier s'était évadé sans que personne n'ait réussi à comprendre comment il s'y était pris, et sans que le Bureau des Aurors n'ait reussi à lui mettre la main dessus. Aux dernières nouvelles, il était sensé se trouver au Tibet. Au vu des évènements, il y avait de quoi en douter. Enfin, pour le moment, il avait d'autres hippogriffes à fouetter.
8h30 tapante
La ponctualité, c'était vraiment son point fort ! Et ce malgré son emploi du temps de Ministre ! À peine avait-il posé le pied dans le grand hall que son assistant personnel se précipita vers lui :
-Ah, bonjour Monsieur le Ministre ! J'espère que vous avez bien dormi.
-Malheureusement pas assez, mon cher Perceval, malheureusement pas assez, répondit Fudge en répondant d'un léger signe de son chapeau melon aux sourires et aux signes de main de ses employés.
-J'en suis navré, Monsieur le Ministre, s'excusa Percy.
-Rappelez-moi le programme, je vous prie ? demanda le Ministre pour couper court aux politesses de son secrétaire.
Ce Weasley était un personnage pour le moins singulier. D'un côté, Fudge était ravi de ses attentions que les mauvaises langues qualifiaient de „lèche-bottes“. Mais de l'autre, ses airs de „je-sais-tout“ l'agacaient au plus haut point.
-La séance de travail de 9h avec le Département de la Justice Magique a été annulée et remplacée par une réunion de crise avec les Aurors, récita le jeune homme roux en repoussant ses lunettes en écaille vers le haut de son nez.
-Évidemment, souffla Cornelius.
-Le rendez-vous avec le Syndicat des Éleveurs de Créatures de Magiques a cependant été maintenu.
-C'est bien ma veine, commenta le Ministre avec déception.
Il avait espéré que l'évasion massive d'Azkaban lui épargnerait d'avoir à négocier avec ces râleurs professionnels.
-Et c'est cet après-midi qu'arrivent les représentants du MACUSA, conclut Percy.
-Rhâ ! s'exclama Fudge plus fort qu'il ne l'aurait voulu. J'avais complètement oublié !
-C'est pour ça que je suis là, Monsieur, répondit le secrétaire en inclinant la tête avec respect.
Ils étaient arrivés devant la porte du bureau du Ministre.
-Ah, s'écria soudain Percy. Lucius Malefoy demande si votre déjeuner tient toujours. Quelle réponse dois-je lui donner ?
Cornelius réfléchit quelques secondes.
-Dites-lui que je me ferai une joie de le voir à 12h45. Qu'il passe me prendre à mon bureau.
Le jeune Weasley s'inclina à nouveau et pris la direction du Département des Transports Magiques.
8h57
Fudge était plongé dans la lecture de ses dossiers lorsqu'on frappa trois coups à la porte.
-Entrez, appela-t-il.
Un homme à la crinière de lion et aux sourcils brousailleux entra alors dans le bureau.
-Ah ! Scrimgeour ! s'exclama Cornelius en reconnaissant le nouveau venu.
-Monsieur le Ministre, salua l'Auror.
Il était accompagné de deux de ses collègues, Kingsley Shacklebolt et une jeune femme à la coiffure fantaisiste dont il avait oublié de nom.
-Des nouvelles ? demanda Cornelius sans autre préambule.
-Malheureusement non, Monsieur le Ministre, s'excusa Scrimgeour. Nous nous sommes rendus dès hier soir à Azkaban pour parler aux Détraqueurs mais ceux-ci affirment ne rien avoir remarqué d'anormal.
-Ils avaient déjà dit ça lors de l'évasion de Black, il me semble ? commenta Fudge avec sarcasme.
-Effectivement, Monsieur le Ministre, acquiesa l'Auror. Il semblerait que Black ait trouvé un moyen de se rendre indétectable pour les Détraqueurs.
-Ou alors, intervint le dénommé Shackelbolt, les Détraqueurs nous mentent.
-Shacklebolt, ne soyez pas ridicule ! gronda son supérieur hiérarchique. Qu'auraient-ils à y gagner ?
Kingsley échangea un regard à peine perceptible avec la jeune femme aux cheveux violets.
-Rufus, je vous en prie, coupa Fudge, qui affichait soudain un vilain un rictus. Laissez-le s'exprimer.
-Je veux simplement dire qu'ils ont peut-être remarqué qu'il se passait quelque chose mais qu'ils n'ont pas réussi à l'empêcher et qu'ils ont peur qu'on les en tienne responsables, expliqua lentement Shacklebolt, en pensant chacun de ses mots.
-Hum …, marmonna Cornelius, qui semblait réfléchir. Peut-être … En tout cas, vous m'avez fichu la frousse : j'ai cru pendant un instant que vous souteniez la position ridicule de Dumbledore !
Le Ministre éclata de rire, et les trois Aurors s'efforcèrent de rire avec lui.
10h41
Ces satanés syndicalistes ! Jamais à l'heure ! Et tout ça pour quoi ? Pour se donner l'impression d'être en position de force. La seule chose qu'ils atteignaient avec cette attitude, c'était de rendre le Ministre encore moins disposé à écouter leurs simagrées.
-Ah bah tout de même ! s'écria Cornelius de mauvaise humeur lorsque les cinq représentants du SECM entrèrent dans son bureau.
-Bon, commença Oreste Burl, le patron du syndicat. On ne va pas y passer la journée …
-À la bonne heure ! s'exclama le Ministre d'un ton furieux.
-Nous voulons que la loi de régulation sur l'importation des Manticores soit abrogée.
-Rien que ça ? ricana Fudge. Et on peut savoir ce que vous en voulez en faire ?
-Il se trouve qu'il y a une niche sur le marché de l'habillement magique concernant la peau de Manticore et que la position du Ministère provoque un manque à gagner dans notre corps de métier.
-Si je comprends bien, résuma le Ministre, vous voulez élever des Manticores seulement pour les dépecer ensuite ?
-Comme les dragons, acquiesça le représentant syndical.
-Les dragons, c'est autre chose. On ne les tue pas uniquement pour leur cuir, rectifia le Ministre, qui connaissait son sujet.
-Vous chipotez, insista Burl.
-Non mais vous vous entendez parler ? rugit le Ministre en tapant du poing sur la table. Comme si nous n'avions déjà pas assez de problèmes avec dix dangereux Mangemorts dans la nature, il faut que vous en rajoutiez une couche en voulant importer l'une des créatures les plus redoutables du monde ?
Puis, se retournant brusquement vers le directeur du Département de Contrôle et de Régulation des Créatures Magiques, il tempêta :
-Et vous, Diggory, vous n'avez rien à ajouter ?
Amos Diggory releva la tête vers le Ministre. Il n'était plus le même depuis la mort de son fils, lors de la dernière épreuve du Tournoi des Trois Sorciers, l'été précédent.
-Ça m'est égal, répondit Diggory en haussant les épaules.
Oreste Burl affichait à présent un sourire victorieux. La discussion s'envenima mais Fudge ne céda pas une once de terrain. Après plus de deux heures de débat stérile, les délégués du SECM quittèrent le bureau ministériel d'un pas furieux.
13h04
-Désolé Lucius, je suis en retard, s'excusa Fudge.
-Il n'y a pas de mal, Cornelius, affirma Malefoy d'un ton guindé. J'ai aperçu Burl et ses acolytes sortir de votre bureau, j'imagine que la matinée a été plutôt désagréable.
-Vous n'avez pas idée !
Les deux hommes allèrent déjeuner dans le restaurant le plus huppé du Chemin de Traverse, où le Ministre disposait d'un salon privé. La conversation s'orienta bien vite vers l'évasion d'Azkaban.
-Je suis entièrement d'accord avec vous, Cornelius, déclara Malefoy d'un ton impérieux. Ça ne peut être que le fait de Sirius Black.
-Enfin quelqu'un qui me comprend ! s'exclama Fudge, ravi d'avoir finalement trouvé un interlocuteur coopératif.
Il lui exposa la théorie de Kingsley Shacklebolt sur faute des Détraqueurs.
-Il y a effectivement matière à se poser des questions sur sa loyauté, approuva Malefoy d'un ton méprisant.
Le Ministre hôcha la tête et sortit sa montre à gousset de sa poche.
-Oh, par Merlin ! Vous avez vu l'heure ? Il faut que je rentre au bureau, les représentants du MACUSA ne vont pas tarder à débarquer. Je les déteste, ces Sammy.
14h55
-Ah, heureusement vous êtes là, Monsieur le Ministre ! s'exclama Percy en voyant son patron arriver dans la clairière qui avait été choisie spécialement pour l'occasion, hors de vue des Moldus.
-Eh bien oui, vous croyez quoi, Weasley ? s'impatienta Cornelius.
Il jeta un nouveau regard nerveux à sa montre. À vrai dire, il avait cru qu'il serait en retard. Mais son assistant n'avait pas à le lui faire remarquer. Les jeunes d'aujourd'hui, quelle bande d'insolents, franchement ! Le jeune Perceval n'était pas seul, le nouveau chef du Département de la Coopération Magique Internationale, un certain Gavin Stanfield, se trouvait à ses côtés. Quelques minutes plus tard, un aigle géant, qui ressemblait étrangement à un griffon, apparut dans le ciel nuageux et vint se poser à quelques mètres du comité d'accueil. Accrochée par magie sur son dos, se trouvait une maison en bois. Un marchepied se déplia de lui-même, permettant à la délégation américaine de retrouver le plancher des trolls.
-Monsieur le Président, salua poliment Fudge.
-Monsieur le Ministre, s'inclina son homologue.
Louis Legstrong était un homme grand, svelte et d'origine afro-américaine. Il avait la réputation d'un grand orateur à l'humour décapant. Bref, le genre de personnages que Fudge ne supportait pas.
-J'espère que vous avez fait bon voyage, demanda Cornelius dans prêter attention à la réponse que lui donnait son interlocuteur. Fort bien, fort bien …
Puis il se retourna vers Percy et lui fit signe de s'approcher.
-Le Portoloin partira dans dix minutes, Monsieur le Ministre.
-Ah, fit Fudge d'un air contrarié.
Cela signifiait dix minutes à parler de la pluie et du beau temps. Chouette !
15h38
Le Ministre et ses invités atterrirent sans encombre dans le hall du Département des Transports Magiques, puis se dirigèrent vers les ascenseurs.
-Je vais vous faire la visite, annonça Cornelius sans enthousiasme. Vous n'êtes encore jamais venu, n'est-ce pas ?
-C'est exact, acquiesça le Président. Je devais faire partie de la délégation en tant qu'assistant du Sous-Secrétaire d'État au Commerce Extérieur – c'était en 1988, si ma mémoire est bonne …
-Ah oui, à l'époque de Millicent Bagnold, précisa Fudge.
-Tout à fait, approuva Legstrong. Mais j'étais atteint de dragoncelle et fut donc contraint de rester sous la couette au lieu de participer à ce fascinant voyage.
-Comme c'est fâcheux, ironisa le Britannique.
Ils arrivèrent bientôt dans le prestigieux Hall du Ministère de la Magie. En premier lieu, Cornelius voulait montrer à son homologue la magnifique fontaine qui ornait le centre de la pièce.
-Mais qu'est-ce … ? s'écria-t-il en fronçant les sourcils.
À la place de l'imposante statue se trouvait un énorme agglomérat verdâtre et malodorant.
-Ah, Monsieur le Ministre ! s'exclama une employée en accourant à sa rencontre.
-Qu'est-ce que c'est que ce chantier ? demanda Fudge, furieux de ne pas être en mesure d'impressionner son hôte comme il l'aurait souhaité.
-De la bouse de dragon, marmonna la femme.
-De la … ? répéta le Ministre, incrédule.
Il n'y avait qu'une seule explication possible : ces misérables de la SECM venaient de se venger du refus qu'ils avaient essuyé le matin même.
-Il faut tout faire soi-même, ou bien ? s'énerva Fudge. Où se trouve la Brigade de Réparation des Accidents Magiques ? Rhâ, et puis zut à la fin !
Le Ministre leva sa baguette et prononça la formule :
-Evanesco !
Le tas de bouse de dragon disparut instantanément.
-Désolé, maugréa-t-il à l'attention du Président américain.
-Au moins, sourit celui-ci, les Britanniques peuvent se vanter d'avoir un Ministre de la Magie qui sait se salir les mains lorsque c'est nécessaire.
-Très drôle, grogna Cornelius, qui avait de plus en plus de mal à contenir sa colère.
16h13
Fudge et Legstrong avaient pris place dans les fauteuils du bureau ministériel et la presse venait d'arriver. Cornelius détestait cet exercice, qui consistait à faire croire à l'opinion publique que tout était tout beau, tout rose, avant même de pouvoir aborder les sujets qui fâchent en privé avec son homologue.
-Monsieur le Ministre, l'interpela hâtivement Betty Braithwaite, y-a-t-il du nouveau concernant l'évasion massive d'Azkaban hier soir ?
-Rufus Scrimgeour, le directeur du Bureau des Aurors, se chargera lui-même de donner une conférence de presse lorsqu'il aura de plus amples informations à vous fournir, répondit Cornelius d'un ton agacé.
-Président Legstrong, reprit la journaliste en ignorant Fudge, comment voit-on cette situation aux États-Unis d'Amérique ?
-Nous avons appris la nouvelle en partant, répondit Louis, et je n'ai pas encore eu le temps de prendre connaissance de tous les détails de cette affaire. Mais je suis persuadé que le Ministère de la Magie britannique ne tardera pas à attraper ces fugitifs.
19h26
Il existait une salle à manger richement décorée au Ministère de la Magie, qui servait pour les réceptions officielles. Le dîner de ce soir-là était plutôt intimiste, puisque les deux chefs d'État voulaient enfin parler politique.
-Dites-moi, mon cher Cornelius, commença Legstrong, que se passe-t-il exactement avec Albus Dumbledore ? J'ai entendu dire qu'il affirme que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom est de retour, mais vous semblez être en désaccord.
-Albus Dumbledore, répondit Fudge d'un rire sarcastique, n'est plus de sa première jeunesse, voyez-vous ? Son état de santé semble se dégrader rapidement ces derniers temps, en particulier ses facultés mentales. Bref, il voit des chimères là où il n'y en a pas.
-Mais si j'ai bien compris, insista le Président, ce serait le jeune Harry Potter qui aurait le premier avancé ces propos, et que Dumbledore les aurait seulement repris.
-J'ai rencontré Harry Potter à de nombreuses reprises, s'impatienta le Ministre. Ce garçon souffre d'un manque d'affection évident, certainement dû à la perte tragique de ses parents lorsqu'il n'était encore qu'un petit enfant. C'est bien simple : depuis qu'il est entré à Poudlard, il ne se passe pas une année scolaire sans que ce garçon ne trouve un moyen quelconque de faire parler de lui.
-Je vois, acquiesça Louis. D'un autre côté, la prison d'Azkaban est un modèle de centre de rétention dans le monde entier. Il est fort inquiétant que dix apprentis mages noirs – sans compter le cas Black – aient réussi à s'en évader, vous ne trouvez pas ?
Le butler entra à ce moment-là dans la pièce et apporta les hors-d'œuvres.
-Ah, voilà la Kidney Pie ! s'exclama Fudge pour avoir à éviter de répondre à la question de son interlocuteur. Vous allez voir, c'est un régal !
Le maître d'hôtel posa une belle assiette devant chacun des deux hommes.
-Mangez ! ajouta Cornelius avec enthousiasme. Mangez pendant que c'est chaud !
Le rosbif au Yorkshire pudding suivit l'entrée, puis le serveur apporta un délicieux cheesecake à la fraise. Pendant les presque deux heures que dura le repas, le Ministre avait réussi à esquiver chacune des questions gênantes du Président du MACUSA.
21h29
-Un petit digestif ? demanda Cornelius d'un ton sans appel.
-Si vous insistez, accepta Louis, trop poli pour refuser.
-J'ai un petit faible pour le rhum groseille, confessa le Ministre en débouchant une bouteille.
Il versa généreusement le liquide brun-rouge dans de petits verres, puis en tendit un à Legstrong.
-À l'amitié américano-britannique ! lança Fudge en levant son verre.
-Cheers, répondit Legstrong en l'imitant.
Les deux hommes vidèrent leurs verres cul-sec, puis Cornelius claqua la langue et se frotta le ventre avec contentement. Il sembla hésiter un instant, puis se servit un second verre.
-Il est peut-être temps que je vous montre vos quartiers ? s'exclama soudain le Ministre.
Le Président approuva d'un signe de tête. Fudge se leva et ouvrit la porte de la salle à manger :
-Weasley ? appela-t-il d'une voix forte.
22h03
De retour dans son bureau avec son assistant, mais enfin débarrassé du Président américain, le Ministre devait encore faire le bilan de sa journée et donner des instructions pour ses employés.
-Je veux voir Diggory dans mon bureau demain matin à la première heure, déclara Fudge d'un ton sec. J'ai essayé d'être patient mais cette fois, c'en est assez ! S'il n'est pas capable de se reprendre en main, il va falloir lui fixer un ultimatum. Pendant ce temps-là, Perceval, je vous demanderai de me présenter une liste des successeurs potentiels à Diggory.
-Ce sera fait, Monsieur le Ministre, se dépêcha de répondre Percy.
-Et dites à Scrimgeour qu'il a intérêt à faire arrêter ces casse-pieds du SECM. Je ne peux pas laisser passer leur comportement injurieux sans prendre de mesures.
-Oui, Monsieur, approuva encore le secrétaire.
-Oh, et bien sûr, n'oubliez pas de vérifier l'édition de la Gazette de demain, avant qu'elle ne parte pour l'imprimerie.
-Comme d'habitude, Monsieur.
Il y eut un instant de silence, pendant lequel Fudge réfléchissait à d'autres ordres à donner.
-Ce sera tout, Weasley, conclut-il enfin.
-Bien, Monsieur le Ministre.
Percy prit congé, laissant Cornelius seul dans son bureau.
23h17
-Merlin, ce que ça fait du bien de rentrer chez soi ! s'exclama Fudge à voix haute en entrant dans ses appartements privés.
Il se servit un whisky Pur-Feu puis s'installa devant la cheminée. Il lui restait une chose à faire avant d'en avoir fini avec cette journée interminable.
-Bureau de Dolores Ombrage, Poudlard ! déclara-t-il après avoir jeté une poignée de poudre de Cheminette dans l'âtre.
-Mon cher Cornelius, s'exclama la sorcière à tête de crapaud en voyant le visage du Ministre apparaître dans les flammes vertes de sa cheminée. Je vous rejoins tout de suite !
Fudge retourna confortablement s'asseoir dans son fauteuil, tandis que la femme ne tardait pas à le rejoindre. Nul doute que si quelqu'un comme Rita Skeeter apprenait que le Ministre recevait secrètement son ancienne sous-secrétaire dans sa résidence privée, cela ferait couler beaucoup d'encre. Mais ce n'était pas à des fins romantiques qu'il la faisait venir chez lui.
-Ma chère Dolores ! la salua cordialement Cornelius. Un petit whisky Pur-Feu ?
-Ce n'est pas de refus, répondit Ombrage dans un affreux sourire.
Elle portait sur la tête l'un de ses insupportables nœuds rose. Le Ministre essaya de l'ignorer, mais c'était chose ardue.
-Alors ? demanda Fudge en lui tendant un verre. Comment ça se passe ?
-Pas trop mal, commenta Ombrage en s'installant elle aussi dans un fauteuil. J'ai mis ce misérable de Hagrid et cette bonne à rien de Trelawney à l'épreuve et je vous le donne en scoop, il y a peu de chance pour qu'ils réussissent à remonter dans mon estime.
Elle laissa échapper un gloussement sadique.
-Et Potter et Dumbledore ?
-Ils ne semblent avoir aucun contact depuis la fois où Dumbledore a fait partir Potter de l'école avant Noël avec toute la famille Weasley, répondit-elle d'un ton méprisant. Je suis sûre que l'un comme l'autre trament quelque chose mais étant donné que Potter passe beaucoup de temps en rattrapage de Potions ces derniers temps, cela l'empêche de gaspiller son énergie à préparer des mauvais coups.
-Et est-ce qu'il continue à clamer que Vous-Savez-Qui est de retour ? interrogea encore le Ministre.
-Il s'est un peu calmé, annonça Dolores. Bien sûr, je continue de veiller personnellement à ce que le message rentre lorsque l'un de ses mensonges lui échappe.
Elle adressa à Fudge un sourire entendu.
-Bien ! s'exclama Cornelius en s'étirant. Je vous remercie Dolores. Continuez à me tenir au courant de toute ce qu'il se passe à Poudlard.
-Évidemment, s'inclina Ombrage avant de repartir par la cheminée.
00h04
Enfin seul ! Fudge enfila son pyjama à carreau, s'assit dans son lit et tira la couverture par-dessus ses jambes. Il saisit le livre qui gisait sur sa table de nuit et l'ouvrit à l'endroit qu'indiquait le marque-page. Un nouveau chapitre des Rencontres enchantées, par Fifi LaFolle, il n'y avait rien de tel pour faire oublier à Cornelius une pénible journée.