D’un éclairage grésillant, coloré d’un vieux rose qui m’esquintait les yeux, Le Zephyr représentait tout ce que je détestais dans un bar. La musique trop forte, les gens qui transpiraient comme des âmes solitaires sur la piste, de l’alcool coupée aux jus à peine frais – pour une somme astronomiquement scandaleuse, évidemment – et une multitude de testostérone à la recherche d’un pic accru d’ocytocine. Avec une traduction, le Zephyr était un pub en pleine expansion à Chelsea, où gars et nanas venaient se trémousser et se frotter sans la moindre pudeur. Une piscine pornographique dans laquelle on pouvait se jeter la tête la première et être certain de rencontrer une bouche à dévorer. Quand ce n’était pas un nez, une oreille ou un sein pour les plus chanceux…
Fût un temps, traîner au Zéphyr ne m’aurait pas déplu… Boire de l’alcool dégueulasse entouré de moldus aurait été une ode à ma rébellion, synonyme de mon adolescence. M’agglutiner contre ces filles aux jupes scandaleusement courtes n’aurait été qu’un vague moment de détente. Et profiter de la musique perçante plus de deux heures consécutives, un exploit qui aurait cloué le bec de mes amis.
Mais tout ceci, toute ces idioties, je les avais délaissées longtemps auparavant, sans même un regard de regret ou de nostalgie. Mes dix-neuf ans se profilaient au loin comme une terre incertaine. Une terre incertaine après une virée de plusieurs années dans un navire confortable, et quelques semaines à devoir nager pour en récupérer un second, bien plus petit, mais tout aussi confortable. La septième année à Poudlard venait de se terminer, et chacun d’entre nous avions pris son samedi soir pour vaquer à nos petites occupations, pour regoûter à cette liberté, à cette intimité qui nous avait été sucrées pendant sept longues années. J’aimais la liberté, plus que tout, mais cette inimité me manquait déjà… et ce que je sentais autour de moi me donnait encore plus l’impression de ne pas être à ma place. Trop de bruit, trop d’odeurs, trop de gens. Alors… qu’est ce que moi, Sirius Black, pouvait bien foutre dans un bar moldu à Chelsea ? La réponse tenait en deux mots :
Cassiopée Parker.
Il n’y avait que cette fille, ma petite amie depuis presque un an, pour m’amadouer de ses grands yeux, et me traîner dans un bar qu’elle avait choisi au hasard sur un vieux plan de métro. Tout ça parce que Le Zephyr lui rappelait le vent de chez elle, ce vent doux et chaud qui venait de l’ouest de la Grèce et qui soufflait sa tiédeur sur les nuits estivales de Lesbos, l’île dont elle est native. Cette île qui la renvoie sans cesse à ses devoirs de princesse royale, héritière directe du clan des Amazones de la Mer Noire. Cette île, véritable continent, qui s’insurge entre elle et moi à chaque esquisse de notre destinée. Cette île qui me rappelle inévitablement qu’aimer la princesse Kassiopeia de Lesbos, n’a rien avoir avec le fait d’aimer Cassiopée Parker. A croire que ces deux femmes coexistent dans cet unique corps qui se déhanche avec fièvre et ardeur sur la piste de danse, au point d’esquiver toutes les autres filles qui tentent d’arracher le regard de leurs propres copains des hanches de ma copine.
Mes doigts se resserrent sur mon verre de Whiksy, et je craque doucement ma nuque d’un mouvement sec de la tête. Je n’ai toujours pas bougé du tabouret sur lequel je suis assis depuis une heure, accoudé au bar, à observer Cass profiter de sa soirée, profiter de ses derniers instants d’insouciance avant son grand départ. Demain, à cette heure, elle ne sera plus mienne… Demain à cette heure, Cassiopée se sera effacé au profit de la princesse Kassiopeia, et son odeur huilée à la vanille ne sera plus qu’un souvenir. Dans combien de temps la reverrai-je ? Cette question, je la lui ai posé une dizaine de fois, et à chaque fois j’avais obtenu la même réponse : un haussement d’épaule timide, et cette phrase… Cette putain de phrase qui voulait tout et rien dire en même temps. « Je reviendrais, quand ça sera le moment pour moi de revenir. »
J’étais censé me contenter de cette belle expression, me satisfaire de cette unique réponse obsolète alors que j’avais mis mon âme à nu pour cette amazone qui avait débarqué dans ma vie en effaçant toutes mes anciennes conquêtes de ma vie d’ado rebelle aux mœurs intarissables. Gagné par le challenge de séduire une sorcière-amazone – la dix-huitième de l’Histoire, pour être exact – et de la ramener dans mon lit, j’avais vite réalisé que le jeu avait été inversé. C’était moi qui représentais le challenge. Moi qu’elle s’était amusée à séduire et à traîner dans son lit, mon lit, un soir d’été alors que James était partie chez Lily et que Mary gérait les crises identitaires de Remus. Et c’était encore moi qui l’avais suppliée de repenser à sa condition, l’obligeant presque à devoir choisir entre son côté sorcier et son côte amazone. Mais hormis sa grande phrase, ma demande était restée en suspension, loin de toute ce qu’on vivait tous les deux, cachés dans un écrin insouciant que seul Poudlard arrivait à créer.
A présent, je n’avais d’autre choix que d’accepter son départ, et d’accepter son retour qui se ferait le plus rapidement possible, je l'espérais de tout cœur. Je n’avais jamais rien ressenti de tel pour une fille auparavant, et j’avais mis des semaines à comprendre que c’était ça que James appelait l’Amour avec un grand A. Et aujourd’hui, alors que je l’avais trouvé, je devais la partager avec un millier d’autres Amazones. J’en étais jaloux, malade. Mais je ne pouvais rien faire d’autre. Rien faire d’autre que la laisser partir, assumer ses devoirs; et profiter de cette soirée, profiter de la voir belle, épanouie et insouciante. Au moins pour la dernière fois…
Je bois une nouvelle gorgée de mon Whisky, repose mon verre sur le vieux comptoir collant où je suis accoudé, et mon regard croise le sien. Cass a les yeux les plus incroyables qu’il m'est été donné de voir. Ils ont la couleur de la mer. De la vraie mer. Celle que l’on voit sur les cartes postales des îles paradisiaques. Un bleu turquoise. Gris les jours de pluie, mais bleu étincelant quand le soleil se fait présent. Son regard azuré me met en émoi à chaque fois qu’il daigne se poser sur moi, chien galeux face à la princesse que je devine dans ses grands yeux surmontés de longs cils clairs. On dit que les yeux de Lily, sa sœur de cœur, ma meilleure amie, sont d’un vert impénétrable, mais ceux de Cass sont d’un bleu envoûtant. En particulier lorsque ses pupilles, aussi noir que mon nom, étincèlent et semble m’attirer irrémédiablement à eux pour tenter de me noyer dans cette mer sans fond.
Mais son regard n’est pas le seul atout de la Sulfureuse Kassiopeia, baptisé de ce surnom par ses aînées. Il y a aussi cette bouche, en forme de cœur, qui s’étire en sourire moqueur, parée à la moindre petite joute verbale qu’elle et moi adorons pratiquer sur notre temps libre. Sa méprise de la normalité, véritable écho à mon insolence légendaire. Cette peau, hâlée, métissée presque, soyeuse et douce qui s’étire sur ses muscles saillants. Il y aussi sa longue chevelure d’un blond presque argentée, constamment nattée d’une longue tresse indienne dont la pointe effleure sa poitrine à chacun de ses mouvements avant de chatouiller le creux de ses reins. Ses reins qui me font me damner à chaque fois que mes yeux métallisés se posent dessus. Elle a une chute de rein digne des plus grandes princesses, même si c’est la seule que je connaisse. Mais surtout, ce qui me plait le plus chez elle, ce qui m’a le plus attiré, ce sont ses tatouages… Sa flèche royale d’une couleur dorée qui souligne sa clavicule gauche, rappel de son appartenance à la royauté des Amazones, et ses anneaux de pureté, de loyauté et de force, qui lui encerclent les cuisses sont à la fois une touche érotique qu’un rappel de distance entre elle et moi.
Dans cette robe bleu ciel, d’un classicisme si foudroyant qu’elle en devient quasi virginale, ses hanches roulent au rythme de la musique tonitruante qui éclate dans le bar grâce à deux énormes enceintes métallisées. Ses longs doigts effleurent sa taille et ses avant-bras lorsqu’elles les montent langoureusement au-dessus de sa tête, tête qu’elle relâche vers l’arrière, happée par la musique décadente, par ce tempo qui rend tout le monde euphorique.
Du coin de l’œil, je repère quelques gars qui la polluent de leur regard malsain, obscènes, et c’est à peine si un filet de bave ne s’échappe pas de leur bouche cramée de désir. J’esquisse un sourire satisfait. A la différence de mon meilleur ami, ce genre de jalousie m’est totalement inconnue. Je peux regarder ma petite amie se faire mater toute une soirée sans broncher… du moins jusqu’au moment où je me lève pour l’embrasser sauvagement avant d’adresser un regard victorieux à ceux qui avaient passé la soirée à la convoiter.
Cassiopée Parker m’appartient… elle m’appartient depuis le soir où j’ai fait sauter les boutons de sa robe, et abattu ses frontières de l’innocence à coup de reins désorganisés tant l’euphorie était grande, palpable. Je frissonne, toujours surpris par ce que ce souvenir unique peut me faire ressentir, même après tout ce temps, et je termine mon verre cul sec, avant de descendre de mon tabouret – enfin ! – et d’aller me coller à cette créature de rêve qui est mienne.
Lorsque mon torse se colle à son dos, et que mes mains se posent fermement sur ses hanches roulantes, j’entends des sifflements d’agacements et d’irritation derrière moi mais je ne me retourne même pas pour adresser un regard victorieux à mes homologues en rut. Non pas ce soir… Ce soir, seule Cass compte.
- Fatigué de rester dans ton coin ? me susurre-t-elle avec insolence alors que son bassin roule contre le mien. Ou fatigué de me laisser seule à gérer ces animaux en rut de la gente masculine ?
- Fatigué de lutter pour ne pas te baiser à même le sol miteux de ce bar, répondis-je d’une voix amusée à son oreille.
Sa peau, légèrement transpirante, frissonne entre mes doigts, et pour preuve de ce que j’avance, je pose ma paume de main contre l’intérieur de son genou, et je la remonte jusqu’au sommet de sa cuisse, mon pouce frôlant la galbe de ses fesses dévoilées par une lingerie bien trop fine pour mes ardeurs de rustre. Elle hoquète de surprise mais ne me chasse pas. Au contraire, je la sens se cambrer pour m’inviter à remonter encore plus haut sur cette contrée exotique. Je souris, ma bouche contre sa chevelure nattée, m’enivrant de son parfum vanillé au relent de bières citronnées et de vodka orangées. Autour de nous, plus rien n’existe.
- Tu sais ce qu’on dit sur le vent du Zephyr ? me murmure-t-elle en se tournant enfin vers moi, sa bouche à peine pressée contre la mienne, mes doigts prisonniers de l’élastique de sa culotte.
- Non, répondis-je en frôlant son intimité de mon indexe.
Elle est brûlante et je suis à deux doigts de plonger au cœur de ce volcan aux multiples promesses quand le rythme de la musique s’apaise et devient plus plus langoureux, plus suffocant. Je me tourne vers les enceintes métallisées, surpris, lorsque je sens la main de Cassiopée me dégager de sous sa robe pour se refermer autour de mon poignet. Elle se love dans mes bras, et se frotte avec suggestion contre moi.
- Chez moi, à Lesbos, on dit que Zéphyr, et son frère Borée, viennent du Royaume où se lève l'étoile du soir, et où le soleil éteint ses derniers feux…, me précise-t-elle, ses lèvres remuant contre les miennes, son genou remontant vers mon entre-jambe de manière alléchante.
Dans ses yeux, il n’existe aucune hésitation ; et je n’ai pas besoin d’avoir étudié la Mythologie Grecque ou d’avoir reçu un Optimal en Astronomie pour analyser son sous-entendu, pour comprendre ce qu’elle attend de moi. Cette étoile du soir qui se lève, c’est l’étoile de Sirius, – moi – et le soleil qui éteint ses derniers feux, c’est la constellation Cassiopée – elle – qui se couche, veillant sur la partie nord de l’hémisphère. En d’autres termes, la guerre des étoiles va bientôt cesser. Et elle ne peut cesser que dans une explosion simultanée, unique. Une explosion mémorable.
Ses dents mordillent sa lèvre inférieure et son regard devient suppliant alors que je me penche vers elle pour l’embrasser avec passion, avec cette envie de la posséder de nouveau. Quelques secondes après nous quittons ce bar dont le nom n’est plus qu’un vague souvenir pour moi, et remontons la grande avenue vers Victoria Road, là où mon modeste chez moi se trouve. Celui que j’ai acheté aux parents de James avec une petite partie de mon héritage, au début de l’été. Les six étages à gravir dans un ascenseur bancal sont un réel supplice pour moi. Dans cette prison d’acier, les minutes s’étirent douloureusement, et nos regards d’un bleu différents s’affrontent dans un silence assourdissant. Nous sommes campés chacun d’un côté de l’ascenseur, bras croisés, le dos appuyé sur les murs glacés, attendant impatiemment que les portes s’ouvrent pour exploser.
Elle se lèche les lèvres, suggestive, et je déglutis difficilement laissant traîner mon regard sur ses longues jambes fuselées et ses baskets grises, autrefois d’une blancheur parfaite. J’esquisse un sourire. Sourire qui s’agrandit lorsque je l’entends respirer avec difficulté. Sa poitrine se soulève au rythme douloureux d’une nouvelle musique, d’un nouveau rythme, celui de notre respiration.
- Ah, Cassiopée Parker, que vais-je bien pouvoir faire de vous ? chuchoté-je en braquant mon regard sur son visage faussement angélique.
Elle arque un sourcil. Son esprit de guerrière, de dominatrice accomplie, exècre ce genre de phrase machiste, mais je les lui répète rien que pour avoir le plaisir de la voir s’enflammer. D’un œil présomptueux, un brin autoritaire, je la vois faire remonter ses mains sur ses cuisses, glisser ses doigts sous sa robe, pour en faire redescendre sa petite culotte, aussi fine que je me l’étais imaginée, le long de ses jambes. Elle la retire d’une lenteur inhumaine, me faisant entrapercevoir ses anneaux tatoués sur les hauts de ses cuisses, et une toison foncée où je rêve de me terrer pour toujours. Je lève les yeux au ciel, et grimace légèrement. Je suis en train de perdre la partie, là… je le sens.
Pourtant, lorsqu’elle s’approche de moi, je suis surpris de la voir glisser le tissu en dentelle déjà humide dans la poche arrière de mon blue jeans.
- Si je te manque trop pendant que je serais à Lesbos…, me dit-elle en un souffle contre ma bouche, avant de faire demi-tour pour s’appuyer de nouveau au mur du fond de l’ascenseur, croisant ses bras sur sa poitrine ronde et menue.
J’ai à peine le temps de cligner des yeux, que les portes de la prison d’acier s’ouvrent et que Cassiopée sort dans le couloir à l’éclairage faible, ses hanches roulant comme celles d’une lionne se préparant à dévorer une gazelle pour le repas du soir. Sauf qu’à cet instant présent, la gazelle, c’est moi.
Essayant de me concentrer, de ne pas céder trop vite à la tentation, je glisse la clef dans la serrure, et j’ouvre la porte alors que je sens les doigts de Cass quitter ma taille pour repasser devant mes yeux une demi-seconde plus tard. Devant mon regard voilé de désir, son soutien-gorge bleu poudre tombe en un chuchotement délicat sur le sol et dans mes oreilles seules nos respirations frémissent dans ce silence presque religieux.
Lorsque je me retourne vers elle, et que je la vois appuyée contre le mur de mon appartement, la tête inclinée sur le côté, la bouche entrouverte, entièrement nue sous sa robe ridiculement petite. Je sens la passion me dévorer littéralement, et d’un coup de pied je claque la porte, nous laissant seul face à nos désirs inassouvis.
Mes doigts vont pour lui toucher les cheveux, lorsqu’elle m’arrête d’un regard sombre. Sur ses lèvres, je peine encore à comprendre ce qu’elle me dit.
- Je ne sais pas si je reviendrais de Lesbos, Sirius alors… ne sois pas doux !
Sa phrase termine de piétiner mon cœur sans la moindre gène, et je sens une boule imperméable se loger au fond de ma gorge, pourtant je ne cède pas à la panique. Je hoche la tête, et lui ordonne de se retourner. Pour la première fois de sa vie, Cassiopée obéit à un ordre, à un de mes ordres. Et cette nouveauté aurait pu me rendre fier, j’aurais pu la taquiner indéfiniment sur sa docilité mais les mots restent coincés dans ma gorge, barrés par cette étrange oppression qui grossit. Mes doigts glissent sous sa fermeture éclair et d’un mouvement sec je déchire sa robe, dévoilant son dos musclé, et ses épaules carrées à mon regard paralysé par la peur de la perdre, mais euphorique à l’idée de faire d’elle ce que bon me semble. Les lambeaux du tissu clair rejoignent son soutien gorge sur le parquet.
- Déshabille-moi ! ordonné-je à nouveau.
Je recule pour m’asseoir sur le canapé du salon, et je la vois s’agenouiller docilement entre mes cuisses qu’elle écarte d’un mouvement souple du poignet. Je sens ses doigts glisser sur ma peau, caresser le moindre de mes muscles tendus d’excitation et d’agacement aussi, déboutonner ma chemise, puis ma braguette. Elle est consciencieuse et douce. Tellement loin de la sauvage têtue et bordélique qu’elle est habituellement que je ne peux que m’interroger sur ce qui se passe. Ce n’est que lorsque je sens le dernier tissu effleurer mon corps et sa voix me murmurer une nouvelle question, que je réalise ce qu’elle est vraiment en train de faire.
- Que veux-tu que je fasse, maintenant ? me demande-t-elle en plongeant ses grands yeux azur, innocents, dans les miens.
Ma respiration tremble dans ma gorge, au moins autant que ses mots sont hésitants dans sa bouche. Si Cass est aussi douce en cet instant présent c’est qu’elle sait que son retour en Angleterre n’est pas prévu au programme… du moins, pas avant un long moment. Un très long moment. Et ce ton calme et réservé, innocent, qu’elle prend, c’est sa façon à elle de se faire pardonner, de se faire aimer une dernière fois. Elle sait que j’aime le contrôle, que j’aime tout contrôler. Dominer, conquérir, diriger et triompher. Tout ceci fait partie intégrante de ma vie. Ce qu’elle fait, ce qu’elle me donne, c’est son cadeau d’adieu.
- Embrasse-moi, lui dis-je avec toute l’assurance que je peux malgré la tristesse qui me bouffe de l’intérieur.
- Sur la bouche ? me demande-t-elle, un sourire malicieux sur les lèvres.
Je fais non de la tête, les yeux brûlants de désir, et son sourire s’agrandit alors qu’elle s’agenouille de nouveau entre mes cuisses. La dernière chose que je vois de son visage, c’est son regard bleu azur qui me détaille de manière appréciative et ma tête roule sur le côté. Son souffle chaud me brûle le bas ventre, et lorsque sa langue m’effleure, je suis déjà tendu, prêt à satisfaire son désir de brutalité. Mais je n’ose pas bouger, me délectant de sa sublime bouche occupée à me chérir. Mes yeux la regardent se démener pour me plaire, pour apaiser les tensions qu’elle sent croitre dans mon cœur et dans mon corps depuis ces dernières semaines. Mais d’un mouvement imaginaire j’enferme toute cette douleur, toute cette tristesse, cette impuissance au fond de mon esprit, désireux de me concentrer uniquement sur l’instant présent. Il y a un temps pour chaque chose… et celui-ci doit être uniquement voué à notre envie l’un de l’autre, à cette envie d’investir le royaume étrange où l’étoile du soir se lève lorsque le soleil éteint ses derniers feux.
Car ce soir rien d’autre que Cassiopée n’existe. Car rien d’autre qu’elle n’existe.