Tu ne l’as pas regardée de la réunion, pas même un bonsoir ou un sourire. Tu es entré si tendu que tu as laissé la porte claquer pour aussitôt te prendre des réprimandes par Gideon. Tu as un don pour insupporter ceux qui t’entourent quand l’envie t’en prend.
James, tu sais que Lily n’aime pas la brutalité mais ça ne t’empêche pas de continuer tes mouvements brusques, de tirer ta chaise dans un raclement sonore et de répondre sèchement. Tous autour de cette table savent que tu as encore de la peine, tu ne t’en caches pas et ils ne te le reprochent pas non plus. Mais tu avais promis que tu avancerais, que tu saurais basculer du bon côté le moment venu. Et elle, elle attend que ça arrive.
Même pendant les gardes que tu partages, tu arrives à intérioriser et tu t’emmures alors dans le silence. Des grommèlements. Un autre James que celui qu’ils ont connu. Cependant, dans l’intimité de votre maison, au creux de vos draps, cette brutalité ne peut continuer. Tu lui tournes le dos tous les soirs et tu en attends toujours davantage. Parfois, tu oublies de l’embrasser avant de vous séparer, chacun pour vos études.
Depuis quand n’as-tu pas vu les autres ? Depuis quand rejettes-tu leurs demandes ? Veux-tu vraiment laisser de si solides amitiés se déliter ? Tu en as pris le chemin, tu y avances sans te retourner. Sans regrets, on dirait.
Personne ne te reconnait, tu es si fermé, si renfrogné, si brut. Où sont enfouies les plaisanteries que tu fomentais avec Sirius pour détendre l’atmosphère des réunions si sérieuses de l’Ordre ?
Ce soir, tu transplanes sans attendre Lily qui discute avec Remus. La journée a été si fatigante que tes épaules sont crispées. Tu sens le nœud au creux de ton dos qui appuie. Alors tu laisses tout ça derrière toi pour prendre cette douche chaude que tu attendais impatiemment.
L’eau coule le long de tes muscles et, doucement, elle les détend. Tu aimerais pleurer, encore. Mais pleurer aussi sur cette journée éprouvante, comme toutes les autres. Le manque de sommeil, les surveillances pour l’Ordre, l’entrainement pour être Auror, et ta famille qui n’est plus là.
Tu sors de la salle de bain et tu t’arrêtes sur le pas de la porte. Lily est assise sur le lit, immobile. Elle te regarde de ses grands yeux verts, un regard si profond qu’il te touche au plus profond de ton être. Comment pourrais-tu ignorer les sentiments qui vous lient pour la vie ? Comment peux-tu laisser la colère te ronger alors que tu as le plus doux des baumes à tes côtés ?
Tu as tellement envie de pleurer sur le désespoir que tu communiques aux personnes que tu aimes, et que pourtant tu as mis de côté. Alors tu l’entoures de tes bras et tu caresses cette peau délicate, tu inspires le parfum qui a souvent hanté tes nuits.
Profite du bonheur que tu peux avoir, te murmures-tu.
Désolée de ne pas avoir posté dans la foulée... voici le 2e drabble sur la contrainte du texte à la deuxième personne.
Merci d'avoir lu !
Il en reste encore deux et je pense les publier dans les deux semaines qui viennent.