La porte de la chambre de Lily Evans claqua timidement, puis, dans le silence de cette fin d’après-midi d’été, le bruit d’une valise que la jeune fille traînait derrière elle résonna dans le petit salon de ses parents. A chaque marche descendue, sa grosse malle semblait grincer de son vieux cuir limé, identique à une petite grand-mère en pleine crise d’arthrose. Une fois arrivée dans le hall d’entrée, la jeune fille soupira brièvement avant de rejeter sa chevelure rousse vers l’arrière d’un coup d’épaule. Elle attrapa sa veste en jeans, enfonça ses pieds dans une paire de vieilles baskets avant de sentir le parfum à base de romarin de sa mère envahir la pièce.
- Tu as tout ce qu’il te faut ma chérie ? demanda Daisy Evans en caressant l’épaisse chevelure bouclée de sa fille.
Elle glissa ses doigts bagués dans les mèches rebelles de sa fille pour les lui arranger derrière l’oreille, afin de dégager son visage d’ange et ses grands yeux en amande. Le regard vert de Lily se perdit dans celui bleu clair de sa mère.
- Oui, maman, répondit-elle en souriant. Mais tu sais, je ne pars que pour une semaine… je serais rentrée dimanche prochain.
- Tu pars une semaine à l’autre bout du monde, rappela Mrs Evans, les sourcils froncés. Je suis ta mère, c’est… mon travail de m’inquiéter pour toi.
- Maman… je pars juste en Grèce. Je vais quelques jours sur une île peuplée de femmes guerrières. Alors… vraiment je ne risque rien. Pas d’homme, pas de boite de nuit, pas d’alcool, pas de cigarette et… enfin, tu vois, acheva Lily, les joues rouges. Je ne suis pas une ado de 17 ans comme toutes les autres filles, murmura-t-elle en plissant son petit nez. Je suis… une sorcière et ma meilleure amie est une amazone. Alors…
- Je sais, ma chérie, coupa Mrs Evans en souriant à sa cadette. Je sais tout ça…
Daisy Evans enlaça tendrement sa fille, bien consciente des différences entre Lily et son aînée, Pétunia. Si cette dernière était encore dans ses jupons pour lui quémander bon nombre de conseils sur ses études, sur sa relation avec ce Vernon Dursley, ou sur la tenue à porter à un entretien professionnel, Lily, elle, ne lui demandait plus rien depuis quelques années déjà. Sa cadette avait déjà pris sa vie en main le jour où elle était partie pour étudier la magie à Poudlard. A présent… elle avait la triste impression de n’être qu’une maman à mi-temps pour sa dernière.
- Allez, file ! lui dit-elle en embrassant Lily sur le front.
- Tu embrasseras papa pour moi et… Pétunia aussi.
Lily sourit timidement avant d’attraper sa valise, adressa un signe de la main à sa mère, puis, dans un pop léger, elle transplana jusqu’à Londres, là où le portoloin pour Lesbos l’attendait. Il lui tardait déjà de retrouver Cassiopée après six longues semaines de séparation. Sa meilleure amie lui manquait. Terriblement.