Louis Weasley, du haut de ses douze ans, monta cette fois-ci dans le Poudlard Express en vue d'accomplir sa seconde année dans la plus grande école de sorcellerie de Grande Bretagne. Après un agréable trajet en train durant lequel Scorpius Malefoy (qui entrait pour sa part en Troisième Année) l'avait rejoint pour disputer une partie de bataille explosive et discuter de choses et d'autres, Louis avait assisté à la répartition des nouveaux élèves et discutait à présent avec ses camarades de Serdaigle de leurs vacances respectives.
- J'ai visité la Colombie au mois de juillet puis nous sommes allés à New York rejoindre ma tante Delphine, se vanta Eunomie Williams en se servant des patates.
- La chance ! s'extasia Henry Robert en dardant sur elle son regard vert moucheté.
- N'est-ce pas ? Nous avons appris beaucoup de choses sur les civilisations sorcières de Colombie et nous avons visité le MACUSA à New York parce que ma tante y travaille...
Les babillages continuèrent ainsi pendant toute la soirée et Louis, coincé entre Eunomie et Henry, se vit obligé de supporter la narration des formidables vacances de la jeune fille et les regards envieux de son camarade de chambre en silence. Lui n'avait rien fait d'exceptionnel durant l'été, songeait-il avec amertume, il avait joué dans le jardin du Terrier avec ses cousins, lu une bonne dizaine de romans moldus que lui avait prêté Tante Hermione et avait profité de la plage située en contrebas de la Chaumière aux Coquillages. Le seul évènement notable de ses vacances était la découverte que James, Albus, Dominique, Lily, Vic' et lui-même avaient fait lors d'une journée qu'ils avaient passée ensemble, en bord de mer.
Ils s'étaient réunis tous les six et avaient résolu de passer une nuit à la belle étoile, les pieds dans le sable et le bruit des vagues pour seule berceuse lorsque Lily avait décrété qu'il leur fallait un endroit à l'abri du vent pour dormir car les bourrasques d'air marin s'étaient faites plus violentes que d'accoutumée. Albus et Louis étaient allés chercher des couvertures et des provisions en grognant pendant que Victoire, James, Dom' et Lily fouillaient les falaises à la recherche d'un recoin agréable. A leur retour, Dominique avait clamé avoir trouvé une cavité sympathique où ils pourraient dormir. La grotte avait aussitôt été prise d'assaut et les six cousins, le sourire aux lèvres et leur baguette magique en main, avaient passé une superbe soirée au coin du feu.
- Louis ?
La voix de Molly Weasley, élève de Serdaigle elle aussi, sortit son cousin de ses pensées. Le regard du jeune homme glissa sur la robe flambant neuve de la rouquine sur laquelle reluisait un badge de Préfète-en-Chef aux couleurs de leur maison.
- Tu as eu l'insigne ! s'écria Louis, très fier de sa cousine.
- Eh oui, répondit Molly en souriant de toutes ses dents. Bon, tu viens, le banquet est terminé.
Louis hocha la tête d'un air joyeux et suivit le flot des élèves jusque dans la Tour où se trouvaient les appartements des Aigles. Il monta quatre à quatre les marches menant à son dortoir après avoir passé l'étape de l'énigme sur laquelle planchaient encore les nouveaux élèves, se mit en pyjama et se glissa dans ses draps tandis que résonnaient encore à ses oreilles le récit du voyage incroyable d'Eunomie Williams.
*.*.*
Louis Weasley se réveilla en sursaut en plein milieu d'un rêve étrange. Ses cheveux blonds cendré étaient collés à son front humide et sa respiration haletante témoignait de son malaise. Il plissa les yeux, tentant vainement de se souvenir du songe qui avait eu le malheur de troubler sa nuit à la veille d'un examen important de Sortilèges mais ne parvint à aucun résultat concluant.
- Par Merlin, Morgane et Dumbledore, jura-t-il à mi-voix, pourquoi cette nuit ?!
Louis sauta de son lit, jeta un coup d'œil à sa montre qui indiquait minuit et quart et décida d'aller faire un tour avant de se recoucher, de toute manière son cerveau était trop en ébullition pour qu'il réussisse à replonger dans un sommeil profond.
Après avoir enfilé un pantalon et un t-shirt propre, Louis sortit de la Tour de Serdaigle en ignorant le regard acéré du heurtoir parlant et du portrait de Rowena qui était accroché à l'entrée et se promena dans les couloirs.
Il se souvenait vaguement que son rêve se déroulait dans les couloirs du château plongés dans l'obscurité. Il avait eu peur et s'était mis à courir. Quelque chose l'avait surpris, mais quoi ? Louis ne parvenait pas à s'en souvenir et ça l'agaçait.
Louis descendit les marches de l'un des nombreux escaliers de Poudlard toujours plongé dans ses pensées, parcourut plusieurs couloirs en silence et en s'éclairant grâce au faible faisceau de lumière que produisait sa baguette magique lorsqu'il entendit un bruit de frottement derrière lui.
Louis sursauta, effrayé, et se retourna. Il n'y avait personne dans le couloir. Pas même la vieille chatte de Rusard qui d'habitude ne manquait pas une occasion pour coincer les élèves dans des situations délicates. Juste lui et la lumière produite par sa baguette.
Le Serdaigle haussa donc les épaules et continua son chemin, ses pieds décidant seuls de sa direction. Quelques minutes plus tard, il entendit de nouveau un bruit qui ressemblait beaucoup plus à un sifflement derrière lui. Il fit volte-face, dégainant sa baguette magique en serrant les dents et eut à peine le temps d'apercevoir une ombre se faufiler dans le couloir suivant. Louis se lança à la poursuite de l'inconnu mais perdit vite sa trace, peu habitué qu'il était à courir.
Avisant un tableau où un vieil homme à la longue barbe argentée et aux lunettes en forme de demi-lune était peint dans un fauteuil en osier, les yeux ouverts et un sourire aux lèvres, Louis décida de l'interroger.
- Excusez-moi monsieur, est-ce que heu... vous auriez vu passer quelqu'un ici, quelques instants plus tôt ?
- Bien sûr mon jeune ami, répliqua joyeusement le vieillard. Il est allé tout droit, il me semble.
- Merci monsieur, souffla Louis avant de reprendre son chemin.
Sauf que le couloir n'était relié à aucun escalier. C'était un cul-de-sac et il semblait désert.
Soudain, Louis observa que la tapisserie recouvrant le mur à sa gauche remuait et s'en approcha à petits pas.
Il allait soulever un pan du lourd tissu lorsqu'une silhouette masculine en sortit, les cheveux en bataille et les yeux brillant de malice.
- Salut Louis !
Un Scorpius Malefoy échevelé se tenait face à lui et Louis ne réussit qu'à produire un cri étouffé tant il était surpris.
- Bah alors, se moqua Scorpius, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Le sage et timide Louis Weasley se balade dans les couloirs à une heure avancée de la nuit ?
- Te moque pas, répondit Louis en fronçant les sourcils, tu es en train de faire exactement la même chose, Malefoy.
Scorpius sourit, amusé et passa une main dans ses cheveux d'un blond presque blanc. Louis et lui étaient proches sans l'être trop. Une drôle d'amitié liait les deux garçons. D'une part il y avait Scorpius, toujours prêt à faire sortir le Serdaigle de ses gonds, un brin provocateur et mauvais élève, et d'autre part il y avait Louis, de tempérament calme et réfléchi, qui avait une certaine admiration pour son aîné mais se gardait bien de le lui révéler. Il tentait quant à lui de canaliser Scorpius mais n'avait jamais réussi à aboutir à quoi que ce soit. Scorpius ne pouvait pas passer plus de dix minutes sans parler ou le taquiner et Louis finissait toujours par s'enfuir en bougonnant, préférant les tendres bras de « Mère Solitude ».
- J'ai fait un cauchemar, se justifia Louis en regardant les pieds nus de Scorpius. Et toi ?
- J'attendais une fille mais elle n'est pas venue, répondit le Troisième Année en haussant les épaules d'un air contrit.
- Ah.
Louis ne savait pas quoi dire. Contrairement à son ami, il n'avait jamais eu de petite-copine et ne savait pas ce que l'on devait dire dans ces moments-là.
- C'est pas si grave, compléta Scorpius d'une voix joyeuse. Y'en aura d'autres !
- Certainement...
- Je te raccompagne ? ça fait longtemps qu'on n'a pas discuté toi et moi...
Et c'est ainsi que Louis regagna son dortoir à trois heures du matin après avoir discuté durant de longues heures avec son ami, assis dans les couloirs de Poudlard où la lune projetait ses maigres rayons sans plus penser à son cauchemar.
Les ombres avaient définitivement disparues de sa vue, laissant place à un Serpentard haut en couleur après une aventure nocturne dont Louis se serait bien passé.