Une histoire d'insigne et de fierté mal placée
Chapitre 1 : Préfète ? Moi ? Jamais !
- Moi, ce que j'aime par-dessus tout c'est le contact humain, tu vois ? Le fait de s'occuper des gens, de taper sur les petits chieurs de Première Année, aussi, mais surtout...
- Arrête Anthéa, la coupa Wellina Devon en lançant un regard noir à la Serdaigle par-dessus les verres de ses lunettes, Maisie ne te refilera pas l'insigne, tu n'effectueras pas les rondes à sa place, et elle va assumer son rôle de Préfète. N'est-ce pas Maisie ?
Mailisiana Womel, ou plutôt Maisie, cessa de mâchonner l'extrémité de son crayon de papier devant l'insistance du regard de sa meilleur amie, Wellie Devon. Elle hocha simplement la tête, le regard fuyant.
Maisie Womel se demandait depuis son arrivée dans le Poudlard Express - soit approximativement dix minutes - la raison pour laquelle elle avait parlé à ses amies de sa nomination de Préfète. Entre Anthéa qui ne cessait de répéter à quel point elle avait de la chance d'avoir eu accès à cette nomination - que Maisie voyait plutôt comme une calamité - et Wellina qui essayait de lui faire comprendre qu'elle devait prendre ses responsabilités en main, elle n'était pas sortie du Chaudron Baveur ! Elle, elle n'avait jamais demandé à recevoir cet insigne. C'était même tout le contraire ! La jeune Poufsouffle était de nature calme et conciliante, toujours polie, incapable de s'emporter même lorsqu'on l'insultait ou qu'on la traitait comme une Elfe de Maison. Elle détestait se faire remarquer. Sa timidité maladive n'allait pas lui être d'une très grande aide durant le reste de l'année scolaire... Tout ça à cause d'un insigne de malheur !
La sorcière dodelina de la tête, l'air atterré. Pour la première fois depuis son entrée à Poudlard, elle aurait souhaité rester chez elle, à Londres, dans sa famille de moldus ignares qui n'en avaient strictement rien à faire d'elle ou de ses histoires de sorcellerie. Ses parents ne savaient même pas qu'elle passait ses BUSEs à la fin de l'année. Elle ne s'était pas donné la peine de le leur expliquer, cela ne les intéressait pas.
Maisie tournait et retournait des phrases d'excuses dans sa tête, décidée à les servir sur un plateau d'argent à la Directrice de Poudlard, le professeur Minerva MacGonagall, dès son arrivée au château. Il était hors de question qu'elle vive un enfer pendant toute l'année et les deux suivantes.
- Maisie ? Il faut que tu te rendes dans le compartiment des Préfets, je crois, déclara doucement Wellie en dardant sur elle un regard réconfortant.
- Non ! bégaya Maisie en secouant la tête comme une enfant, je... ne peux pas y aller ! J'ai trop peur ! Il va falloir que je prenne la parole, que je me présente devant des gens que je ne connais pas...
- C'est tout le principe de la présentation, la coupa Anthéa Diggle, sarcastique, en ignorant le regard noir de la petite Poufsouffle. Mais va-y ! Ils ne vont pas te manger !
- Pour une fois, je suis d'accord avec Anthéa, appuya Wellie en faisant la moue. Tu as quinze ans, il est temps de faire preuve d'un peu de courage !
- C'est toi la Gryffondor, protesta faiblement Maisie, moi je ne suis qu'une simple Poufsouffle !
- Ne dis pas de bêtises, regarde Anthéa, elle est à Serdaigle mais elle n'en a pas moins la langue dans sa poche ou l'esprit audacieux ! Allez, file, tu vas être en retard !
Résignée à vivre l'un des pires moments de sa vie, Maisie s'élança dans le couloir étroit du train après avoir passé sa main dans sa courte chevelure châtaine pour s'assurer que sa tignasse ne s'était pas transformée en serpillère à cause de la pluie qu'elle avait endurée à l'extérieur. « Un temps pourri pour une rentrée pourrie », pensa Maisie en grimaçant intérieurement. Elle glissa sa main droite dans sa poche de robe de sorcière et en retira l'insigne de préfète qu'elle agrafa maladroitement sur sa poitrine.
La sorcière poussa un profond soupir avant d'ouvrir la porte du compartiment réservé aux Préfets, et balbutia un vague « bonjour » à l'intention des élèves présents. Avisant un fauteuil jaune et noir où se poser, elle se précipita dessus mais trébucha malheureusement sur l'un des sacs posés sur le sol et se retrouva par terre, légèrement sonnée et rouge de honte. « Ça commence bien, je vais laisser une super impression de mon arrivée » maugréa-t-elle. Heureusement, aucun des élèves ne releva le comique de sa situation. Son homologue, John Finch-Fletchey, l'aida même à se relever avant de s'installer à côté d'elle.
- Salut Womel ! T'as passé de bonnes vacances ? s'enquit-il d'une voix débordant d'enthousiasme.
- Heu... Oui, pas mal et toi ? bredouilla-t-elle en concentrant son regard sur ses chaussures.
Le Poufsouffle se lança dans le palpitant récit de ses vacances à la mer mais, fort heureusement pour les oreilles de Maisie, il fut bien vite coupé par l'arrivée des deux Préfets-en-Chefs : Victoire Weasley (qui était à Serdaigle) et Eddie Wampus (de Gryffondor). Tous deux s'installèrent et la réunion commença.
- Bon, nous allons commencer par nous présenter les uns après les autres pour apprendre à se connaître, déclara Victoire en rejetant une mèche blonde derrière son oreille. Ensuite, Eddie et moi vous distribuerons vos tours de rondes. Je commence : Je m'appelle Victoire Weasley, je suis en Septième Année à Serdaigle.
- Moi c'est Eddie Wampus, continua son homologue de Gryffondor. Si vous avez un problème, n'hésitez pas à venir m'en parler, conclue-t-il avec un sourire bienveillant.
Après Eddie et Victoire, Maisie dut encore supporter les présentations de Martin Thomas et Edlewin Bones préfets de Sixième Année à Poufsouffle, Luc Finnigan et Electra Edgecombe à Gryffondor, Gillian Moore et Astemis Nott à Serpentard, Alice Londubat et Fenwick Chang à Serdaigle puis les nouveaux préfets se présentèrent, légèrement intimidés.
Maisie découvrit que Lucy Weasley et Amicus Goyle étaient préfets de Gryffondor, Reya Zabini et Deosius Rosier s'occupaient des Serpentard, Louis Weasley et Lysander Dragonneau des Serdaigle et, enfin, vint son tour.
- Bonjour, dit-elle d'une voix tremblante en sentant le sang affluer sous sa peau et colorer ses joues, je m'appelle Mailisiana Womel et je suis à Poufsouffle mais tout le monde m'appelle Maisie.
- Bienvenue, Maisie, souffla tout le monde d'une voix monocorde (ce qui la mit encore plus mal à l'aise).
Pour un peu, on aurait cru une réunion des alcooliques anonymes. Bien entendu, Maisie garda cette réflexion pour elle.
- Et moi c'est John Finch-Fletchey, Préfet de Poufsouffle pour vous servir, termina le garçon en lançant un clin d'œil à la ronde.
Une fois ce laborieux échange terminé, Maisie se vit attribuer des rondes le lundi, jeudi et dimanche soir, seule ou avec John, et s'empressa de débarrasser le plancher avant qu'un imbécile ne propose de continuer les festivités.
*.*.*
Maisie disputait une partie de bataille explosive avec Anthéa pendant que Wellie effectuait des mots croisés dans son magazine SorcièreEffect pendant les deux heures de trajet qui restaient.
- BAAAAM ! J'ai encore gagné ! se réjouit Anthéa en voyant son paquet de cartes exploser à la figure de Maisie. Tu me dois trois chocogrenouilles et un paquet de Bertie Crochues, Womel !
Maisie bougonna pour la forme, attrapa sa baguette magique et sa bourse sorcière qu'elle glissa dans sa poche et sortit du compartiment, à la recherche de la Sorcière Aux Friandises. Le chariot n'étant pas encore passé de leur côté du train, elle résolut d'aller faire un tour à l'avant pour le trouver. Arrivée devant le chariot, Maisie s'empressa de passer sa commande.
- Bonjour Madame, je voudrais trois chocogrenouilles et un paquet de Bertie Crochues s'il-vous-plaît.
- Ce sera tout, jeune fille ?
- Hum... Je vais vous prendre des patacitrouilles en plus, merci.
- Cela fera un gallion et deux noises, déclara la vieille dame.
Maisie paya et remercia une dernière fois la sorcière avant de s'emparer avidement de son butin. Elle allait revenir dans son compartiment lorsqu'elle fut interpellée par des cris. Inspirant profondément pour puiser les quelques miettes de courage qu'elle avait en elle, elle décida d'aller voir ce qui se passait.
La Poufsouffle ouvrit de grands yeux en découvrant le spectacle qui s'offrait à elle : James Potter, un Gryffondor de son année peu connu pour ses bonnes manières, était à la limite d'embrocher Varey Rosier (qui était lui aussi en Cinquième Année, mais à Serpentard) en compagnie de son acolyte de toujours, Fred Weasle,y sous les acclamations de quelques élèves qui passaient par là.
La jeune fille s'interposa entre les deux assaillants d'un geste timide, mais fut bien vite écartée de Varey par Potter, qui semblait déterminé à en découdre.
- Dégage, fit-il en la poussant rageusement.
Outrée par son impolitesse, Maisie saisit sa baguette magique. D'un geste incertain (n'oublions pas sa timidité), sépara les deux adversaires qui se retrouvèrent projetés d'un côté et de l'autre de la jeune fille.
- Ça suffit, déclara Maisie d'une voix qu'elle espérait ferme. Je retire cinq points à Gryffondor et cinq points à Serpentard pour raffut dans le couloir du Poudlard Express.
Un silence atterré accueillit sa déclaration. Rosier et Potter se relevèrent, se fusillant mutuellement du regard, sans accorder plus d'attention que ça à la jeune fille mortifiée. Tous ces regards qui convergeaient vers elle lui donnaient le tournis. Maisie essuya discrètement ses paumes moites sur le tissu de sa jupe.
- T'es préfète, Womel ? demanda Fred Weasley en rompant le silence pesant par la même occasion. Je ne pensais pas que tu serais choisie.
Maisie ne savait pas trop comment elle devait prendre sa remarque et décida donc de passer au-dessus.
- Chacun dans son compartiment, continua-t-elle d'une voix plus douce. Et, oui, je suis préfète de Poufsouffle, Weasley.
A ces mots, Varey Rosier disparut dans un compartiment, et James Potter leva la tête vers elle, un sourire narquois plaqué sur le visage.
- T'en as pas la carrure, Womel, dit-il en laissant son regard glisser sur l'insigne flambant neuve de la jeune fille.
Et Weasley et lui disparurent à leur tour, laissant Maisie plantée au beau milieu du couloir comme une idiote, maudissant une fois de plus MacGonagall et ce fichu hibou qui avait retrouvé son adresse pour lui remettre son insigne.