Perdue dans ses pensées, Pansy suivait le flot d’élèves qui sortaient de la Grande Salle pour se rendre dans leurs salles communes respectives. Elle repensait à la violente dispute qui avait opposé Goyle à Brown – tous deux avaient terminé à l’infirmerie. Ce genre de bagarres dans les couloirs la laissait pensive. La guerre s’était insinuée au sein même du château.
Le début de cette année avait été bien différent de toutes les précédentes. Si les élèves de Serpentard avaient été de retour au complet à Poudlard, les absents se comptaient en grand nombre dans les autres maisons. Tous les Né-Moldus, traqués par le Ministère, manquaient à l’appel. Elle ne savait trop quoi tout penser de tout cela. Au fond, une petite voix lui disait qu’elle était bien contente que l’école soit débarrassée de toute cette vermine. N’était-ce pas ce qu’elle avait toujours voulu ?
Pourtant, elle sans qu’elle puisse expliquer pourquoi, cela la mettait mal à l’aise. Ces autres élèves, même si elle s’était plu à les rabaisser, les avait même détesté pour certains, lui manquaient, à leur manière. Depuis sa première année, elle avait finalement grandi avec eux. Leur absence changeait drastiquement la face du château. Elle se disait que cela devait être pour le mieux. C’était ce qu’on lui avait toujours appris, après tout.
Distraite, elle se surprit à être soudain arrêtée en plein milieu du couloir. Etonnée, elle releva la tête. Les élèves s’entassaient tous, bloquant le passage.
— Qu’est ce qui se passe encore ? demanda Theodore d’un ton dédaigneux.
— Regardez le mur, siffla Crabbe en le désignant de la tête.
Pansy obtempéra. Des lettres rouges avaient été tracées sur la pierre blanche, là même où, quelques années auparavant, l’héritier de Serpentard leur avait laissé son funeste avertissement. Cependant, la tonalité était bien différente. Le message n’avait lui non plus rien de rassurant. Mais pas pour les mêmes personnes, cette fois-ci.
L’AD RECRUTE, LA RESISTANCE EST DE RETOUR
Pansy déglutit avec difficulté. L’AD. L’armée de Dumbledore. Elle se souvenait de ce groupe, mené par Potter alors qu’elle était en cinquième année. Une rébellion contre Dolores Ombrage, contre le Ministère qui refusait d’accepter le retour du Seigneur des Ténèbres.
— Qu’est ce que ça veut dire ? chuchota Daphnée, troublée.
Personne ne prit la peine de lui répondre. Tous le savaient très bien, au fond. Pansy s’était fait la remarque quelques instants plus tôt – la guerre s’était insinuée dans les entrailles de l’école. Et avec Rogue nommé directeur et les Carrow présents pour l’épauler, il était assez évident de voir quel camp dominait. La résistance s’était reformée. Et cela ne présageait rien de bon pour eux.
L’armée de Dumbledore. Non, définitivement, Pansy n’aimait vraiment pas ça. L’ambiance était déjà suffisamment tendue entre les différents élèves sans qu’il soit nécessaire d’en rajouter. Avec cette association clandestine, ils risquaient simplement d’empirer les conflits. Elle voyait encore le visage déformé par la haine de Lavande Brown, son nez cassé et l’arcade ensanglantée de Gregory quand il avait fallu les envoyer à l’infirmerie. Ces combats de couloirs allaient-ils devenir leur quotidien ? Etait-ce ce qu’ils recherchaient en les provoquant ainsi ?
Les Carrow ne les laisseraient pas faire. Ils les traqueraient, ils monteraient encore davantage les élèves les uns contre les autres. Avaient-ils réellement besoin de cela ? Ils étaient des élèves, encore des enfants – pas des soldats. Partagée entre sa colère et une forme d’angoisse qui montait en elle, elle regarda tout autour d’elle, guettant la réaction des autres élèves. Beaucoup semblaient surpris, choqués. Plusieurs élèves de sa maison fronçaient les sourcils, désapprobateurs. Les autres semblaient ne pas savoir quoi en penser.
Ses yeux croisèrent finalement le regard de Ginny Weasley. Cette dernière affichait un petit sourire en coin et un air satisfait. Evidemment, songea Pansy. Qui d’autre aurait pu avoir une pareille idée ? Cette sale petite Weasley avait soigné le détail jusqu’au choix du mur. Elle semblait jubiler. Pansy sentait sa colère monter. Ne réalisait-elle donc pas la portée de ses actes ? Qui était-elle pour se croire ainsi supérieure à eux ? Croyait-elle réellement pouvoir mener sa petite rébellion ainsi ?
Ginny, elle, sourit de plus belle quand elle vit le visage de Parkinson se décomposer. La jeune fille au visage de pékinois semblait perdue depuis le début de l’année, son Drago chéri disparu, elle n’avait plus personne à suivre. La meneuse de Gyffondor se réjouissait de la peur et de la colère qu’elle lisait dans les expressions des élèves de Serpentard. Ils avaient bien compris son avertissement. Elle ne les laisserait pas imposer leur loi ainsi. À Poudlard, ils ne seraient jamais en terrain conquis.
La guerre commençait. À leurs risques et périls à tous.