Until the end
Chapitre 1
LILY
Lily se réveilla en sursaut, ne sachant plus très bien où elle était. Dans la pénombre, elle distinguait un bureau et des étagères remplies de livres, cela ne ressemblait en rien à la chambre qu’elle partageait avec ses amies à Poudlard. Soudain tout lui revint. Poudlard était derrière elle, elle avait franchi hier, pour la dernière fois le seuil de cette école prestigieuse et elle n’y retournerait plus… plus jamais. Aussi tout ce qu’elle y avait vécu lui semblait complètement irréel, une chose en particulier ; JAMES POTTER. Après s’être disputés pendant cinq ans, elle ne savait pas expliquer comment elle en était arrivée à… elle n’osait même pas formuler sa pensée, comment elle avait pu tomber amoureuse de lui. Et lui, après l’avoir fait enrager avec ses blagues immatures, puis l’avoir harcelé pour qu’elle sorte avec lui, était-il réellement tombé amoureux ou bien était ce juste une passade afin d’enrichir son tableau de chasse ? Elle l’imaginait se pavaner en arguant à qui voulait l’entendre « qu’il l’avait eu ! » Enfin, il n’y avait pas de quoi se venter, après avoir passé des mois à se chercher du regard, à se frôler pendant leurs séances de révisions communes, il n’y avait eu qu’un baiser, chastement échangé à l’ombre d’un platane dans le parc à la sortie de leur tout dernier examen. Il l’avait retrouvé en larmes appuyée contre l’arbre centenaire, pleurs dus à la tension nerveuse qui avait gagné tous les septièmes années en cette fin juin. Elle était au bord de l’hystérie.
- — Lily ?
Ses pleurs redoublèrent.
- — Lily, çà va aller ? Que t’arrive-t-il ? parle -moi, dit-il de cette voix douce et chaude qui la faisait chavirer.
- — Tout est fini…
- — Oui et on va pouvoir se détendre enfin.
- — Non tu ne comprends pas… je parlais de Poudlard, pas des ASPICS. Dans un avenir très proche, nous partirons d’ici et n’y remettrons jamais les pieds.
- — Oui mais de belles expériences nous attendent dehors…
- — La guerre !!! tu appelles çà une belle expérience? James tu recommences à faire tes plaisanteries de mauvais goût.
Et elle se remit à pleurer. James eut un moment d’hésitation, il passa une main dans ses cheveux ébouriffés puis il enlaça Lily par la taille, elle laissa alors tomber toute la retenue qu’elle affichait d’habitude et se jeta dans ses bras en sanglotant, elle inonda sa chemisette en lin, mais il ne sembla pas s’en soucier, et quand elle leva son regard menthe à l’eau, elle lut dans ses yeux une telle émotion qu’il ne pouvait feindre, elle voyait dans tous ses traits une infinie sincérité, alors elle combla l’espace entre eux et bouleversée, posa ses lèvres sur les siennes, il tressaillît de surprise puis se ressaisit et répondit tendrement à son baiser, les lèvres de Lily s’étirèrent en un fin sourire. James Potter pouvait être content, il avait effectivement gagné, il avait réussi à faire sourire Lily Evans.
Lily fut tirée de sa rêverie par sa mère qui toqua à la porte, d’ailleurs légèrement entre ouverte.
— Alors la belle au bois dormant est réveillée ?
— Oui maman tu peux entrer.
— Je voulais juste t’avertir que le petit déjeuner est prêt.
— Merci maman je descends.
Lily sortit de son lit et en repoussant ses couvertures, elle tenta de repousser l’image de James et de son sourire en coin. Quand elle arriva dans la cuisine, elle fut surprise de voir la table mise pour une seule personne, elle savait que son père était sorti mais où était Pétunia ? En descendant du train hier, Mary, sa meilleure amie avait insisté pour qu’elle participe à la petite fête que ses parents organisaient pour son retour, elle était rentrée tard et avait trouvé naturel de ne pas croiser sa sœur, ce qui l’avait soulagé entre parenthèse vu leurs rapports tendus.
— Pétunia ne déjeune pas aujourd’hui ?
Sa mère rougit et bafouilla quelques mots que Lily ne saisit pas. Puis Daisy Evans fit volte- face et dévisagea sa fille cadette.
— Pétunia n’habite plus ici.
Lily resta bouche bée.
— Où vit- elle ?
— Chez Vernon.
— Mais le mariage… je veux dire ils ne sont pas encore mariés… ?
— Non mais…
— Mais le sens des convenances si chers à ma sœur adorée… çà va jaser dans le quartier, dit- elle un sourire goguenard sur le visage.
— Oh tu connais Vernon, le quand dira-t-on avant tout, il a une chambre d’amis.
— Et on peut savoir ce qui a précipité son déménagement ?
— Ton retour.
Lily devint livide.
— Ecoute ma chérie, tu connais ta sœur, elle n’a jamais digéré ton statut de sorcière alors comme elle se marie dans un mois… elle voulait éviter les tensions qui se seraient inévitablement installées avec votre cohabitation.
— Je sais faire des efforts quand il le faut.
— Mais pas elle, tu sais comment est Pétunia.
Lily sentit les larmes affleurer sous ses paupières mais se reprit.
— C’est dommage, en plus je ne pense pas être souvent là, je vais passer une semaine chez Mary et puis début Aout je commence mon stage au ministère de la magie.
— Tu crois qu’ils t’embaucheront de manière pérenne à l’issue de cette période ?
— Certainement, si j’ai réussi mes ASPICS.
— Je n’ai pas de doutes là-dessus.
— Moi non plus… réplique Lily de manière évasive.
Cela interpela sa mère, Lily qui ne doutait pas d’elle-même, elle la dévisagea, elle avait changé, elle s’était allongée, ses cheveux avaient poussé, ses traits s’étaient affirmés mais autre chose s’était passée, elle en était sure. Lily mastiquait sa tartine, les yeux perdus dans le vide. Pour une fois ses études n’étaient pas au centre de ses préoccupations. Elle se demandait quand elle reverrait James. Leur dernier moment ensemble avait été teinté d’un certain embarras. Ils s’étaient retrouvés dans le même compartiment lors de leur ultime retour de Poudlard. Ils étaient nombreux entassés les uns contre les autres, Remus, Sirius, Peter, Mary, Alice, Franck et évidemment James, elle s’était retrouvée coincée entre lui et Mary. Ils étaient proches, trop proches et elle avait rougi de sentir sa cuisse nue découverte par une jupe d’été collée à celle de James. Lui tentait tellement de l’ignorer que çà n’était pas naturel. Il lui avait promis qu’il resterait discret sur le frémissement de leur relation, mais elle risquait du coup de ne pas pouvoir lui dire au revoir. De plus la semaine écoulée n’avait pas été de tout repos, entre les bagages à faire, les petites fêtes improvisées fleurissant çà et là, ils n’avaient eu aucun moment d’intimité. Le voyage se passa dans un relatif calme, seul Sirius lançait ses plaisanteries habituelles, qui tombaient à l’eau car Peter n’ouvrait la bouche que pour ingurgiter une nouvelle choco-grenouille, Mary et Remus tenaient des conciliabules si bas que personne ne les entendaient, Alice s’était endormie sur l’épaule de Franck qui pensait à dieu sait quoi, les yeux perdus dans le vague et James rétorquait distraitement comme si il avait perdu sa vivacité d’esprit.
— Vous n’êtes pas drôles, s’exclama Sirius tout en se rencognant dans un coin.
Puis ce fut l’arrivée, le tintamarre des valises qui s’entrechoquent, les exclamations de bonheur quand les élèves retrouvaient leurs familles sur le quai de la gare, il y avait tellement d’agitation que cela en donnait le tournis. Lily savait que ses parents l’attendaient à l’extérieur car né moldus, ils ne pouvaient accéder au quai 9 :3/4. Elle étreignit Alice une dernière fois et tout en essayant de localiser James au milieu de cette dense foule, elle se faufila comme elle put, jusqu’à la sortie, au moment de franchir le mur, elle se retourna encore, elle siffla de découragement, pas de Potter en vue, elle aurait tant voulu qu’ils se fixent un prochain rendez-vous. Elle s’élança alors pour franchir le mur quand elle fut doucement tiré en arrière et se retrouva cachée à demi derrière un des pilier de l’édifice.
— Mais…
James lui vola un baiser puis murmura à son oreille :
— Tout ne s’arrête pas aux portes de Poudlard…
Avant qu’elle ait pu réagir, il s’était précipité vers sa mère qui semblait être prête à lancer un appel général pour retrouver son fils. Elle était flanquée de Sirius qui chuchota quelque chose à James tout en la dévisageant, il n’était pas dupe. Elle ne put s’empêcher de rougir, puis elle franchit enfin la limite entre le monde des sorciers et celui des mortels.
Lily revint au moment présent quand l’eau chaude vint caresser son corps, une bonne douche, rien de tel pour revenir sur terre. Alors que la buée envahit la salle de bain, elle entendit vaguement la voix de sa mère qui parlait à quelqu’un, mais l’autre interlocuteur lui était inconnu, le bruit de l’eau rendait indistinct cette nouvelle sonorité, c’était une voix masculine, c’était la seule chose dont elle était sûre. Elle sortit de la salle de bain, une serviette nouée autour de la poitrine, ses cheveux dégoulinant sur le parquet… Elle les attacha en une tresse rapide, puis passa une robe bain de soleil blanche et commença à descendre les escaliers, prête à saluer le visiteur. Enfin c’est ce qu’elle croyait, elle faillit rater la dernière marche quand elle aperçut James Potter assis nonchalamment dans sa cuisine en train de rire avec Daisy.
— Ma chérie, que ton ami est charmant et d’agréable compagnie, tu ne m’avais pas dit que tu attendais de la visite.
Une Lily, rouge comme une crête de coq lui répondit:
— Maman je te présente James Potter, nous étions ensemble en septième année, mais…
— J’avoue que je me suis invité un peu tout seul Madame Evans, Lily ne m’attendait pas…"
Il y a eu alors un silence, le regard de Daisy Evans naviguait de l’un à l’autre d’un air interrogateur, et si c’était lui qui avait fait changer sa fille ?
Elle brisa le silence.
— Lily et si tu allais acheter du pain, tu montreras à Monsieur Potter notre charmant village.
Lily toujours pas remise du choc, croisa le regard de James puis celui de sa mère sans trouver quoi dire, alors James prit la parole.
— Avec plaisir.
Ils se retrouvèrent dans la rue par ce beau matin de juillet ensoleillé ;
— Je ne m’attendais pas à te voir.
— Çà ne te fait pas plaisir?
— Si bien sûr mais…
— Après toutes ces années où nous nous sommes côtoyés quotidiennement , ce matin à mon réveil c’est comme si je manquais d’air, tu me manquais déjà.
Lily rougit jusqu’à la racine des cheveux.
— J’avoue que le réveil était difficile pour moi aussi… prononça- t-elle de manière presqu’inaudible.
— Je voulais te proposer de venir passer quelques jours chez moi…