C'était une des premières fois depuis longtemps que Pétunia et Vernon Dursley se promenaient seuls tous les deux sur le marché de Noël. D'habitude, il y avait toujours leur petit Dudleychou avec eux. Non, se corrigea Pétunia mentalement, son fils était grand maintenant. Oui, son petit Dudley avait bien grandi et s'était marié il y avait quelque temps déjà. A vrai dire Pétunia était grand-mère depuis un peu plus de trois ans maintenant. Elle était tellement fière de son Dudley qui avait pris en main sa vie.
Vernon avait dû voir le sourire qui s'était dessiné sur son visage car il lui lança un regard interrogateur.
- Je pensais à notre grand Dudley et à notre petite Annabel, lui expliqua-t-elle.
Un sourire béat se peignit sur les lèvres de son mari. Il les adorait presque plus qu'elle. Pétunia glissa sa main dans la sienne. La chaleur qu'il dégageait contrastait avec le froid de ce mois de décembre. En effet, il avait neigé ces derniers jours et les toits des stands étaient recouverts de neige blanche. C'était en partie pour cela qu'ils avaient fait la route jusqu'à Londres pour aller au marché de Noël. Mais ils avaient aussi voulu profiter de leur promenade en amoureux. Dudley passait cette année ses vacances avec sa belle-famille. Certes, ils rejoindraient les Dursley le vingt-quatre au soir, mais ce n'était quand même pas la même chose que d'avoir toute la famille dans leur maison au Privet Drive.
- Regarde, mon cœur, tu as vu les belles décorations de Noël qu'ils vendent là, remarqua Vernon. Je les verrais bien dans le salon.
Pétunia sourit à cette remarque. Il y a encore quelques années, jamais Vernon ne se serait intéressé à la décoration de la maison. Devenir grand-père lui avait fait du bien. Les décorations dont il avait parlé étaient en fait des boules en forme de flocons de neige. Chacune était différente, il n'y en avait pas deux qui se ressemblaient. L’une d’entre elles attira le regard de Pétunia qui tendit la main pour s’en saisir. Elle luisait dans la faible lumière et dégageait une aura de bien-être. La femme serra la main de son mari en soulevant cette boule précise. Elle était vraiment belle et irait très bien dans leur cuisine.
Pétunia sentit un léger chatouillis mais n'y prêta pas attention, hypnotisée par la boule. Vernon la tira par le bras. Il devait avoir froid et voulait se chercher un vin chaud. Pétunia reposa à contrecœur la belle boule de Noël et adressa un sourire à la vendeuse.
- Passez une bonne soirée sur le marché de Noël, lui souhaita celle-ci.
Cela semblait presque absurde à Mme Dursley mais le marché lui paraissait encore plus beau et encore plus chaleureux qu'auparavant. Les petites huttes en bois dégageaient une chaleur agréable. Les lumières étaient brillantes et changeaient lentement de couleur, allant du jaune au bleu en passant par du rouge, du violet ou encore du vert, avant de recommencer. La neige semblait plus blanche, comme immaculée, alors qu'avant Pétunia avait cru voir des traces de boue. Les sapins dans chaque coin étaient décorés encore plus abondement, avec des fées et des cristaux de neige qui paraissaient tellement réels.
Son mari l'entraîna vers un autre stand où était vendu du vin chaud. Il n'avait pas un regard pour toute cette magie de Noël qui les entourait. C'était lors des instants comme celui-ci que Pétunia aurait apprécié la compagnie de sa petite sœur Lily. Elle lui aurait soufflé que c'était magique et que la magie existait. Ce n'était que plus tard qu'elles avaient appris que ce n'était pas qu'un rêve de petites filles mais que Lily était bien une sorcière. Mais Pétunia avait dépassé sa jalousie d'antan et elle apprécia ce souvenir de son enfance.
- Du vin d'elfe chaud ! Vin d'elfe chaud ! criait un vendeur.
Pétunia se fit la réflexion que les vins portaient des noms de plus en plus bizarres. Il ne manquait plus qu'il existe du whiskey de phénix ou du mousseux de fée. Vernon revint avec une tasse pleine, décorée de petits sapins de Noël étincelants. Pétunia eut la vague impression de les voir se mouvoir dans le vent mais à l'instant suivant la tasse était parfaitement normale.
Ils passèrent quelques minutes à se sourire avant de se remettre en marche. Sur une petite place, où devait se trouver une fontaine en été, un feu de bois lançait des petites étincelles enflammées. Le feu paraissait vivant, crépitant de bonheur et de joie. Pétunia ne pouvait pas dire pourquoi elle en avait l'impression, mais en se réchauffant près de la source de chaleur, elle se dit qu'elle serait bien dans les bras de Vernon. Elle lui lança un regard amoureux. Elle ne vit pas tous les autres couples qui s'étaient rassemblés autour du feu. Un feu d'amour. Un feu de vie.
Vernon l'entoura de ses bras forts et l'attira vers lui. Lui aussi ressentait le besoin de serrer sa bien-aimée. Il la trouvait plus belle encore que jamais. Il retombait follement amoureux d'elle. Il voulait l'embrasser. Une branche de gui. Etait-elle déjà là il y a quelques instants ? Mais c'était une branche de gui. Et sous une branche de gui, il pouvait embrasser sa Pétunia. Il n'allait pas se gêner à le faire.
La branche de gui s'est déjà éloignée et arrêtée au-dessus d'un autre couple. Les Dursley ne s'en aperçurent pas. Le gui continua sa tournée. Il s'arrêta au-dessus d'une petite fille. Elle avait peut-être un peu plus de trois ans, peut-être un peu moins. Peut-être était-elle un peu plus petite que la moyenne, peut-être un peu plus fine. Mais elle avait de grands yeux bleus innocents et rêveurs. Des cheveux longs aussi, peut-être bruns, peut-être blonds. On ne pouvait pas distinguer clairement leur couleur dans cette soirée de décembre. Elle portait une chaude cape sur ses épaules et des bottes fourrées. Elle regardait les flammes crépiter et le feu consommer les bûches.
Lorsque le gui s'était arrêté au-dessus d'elle, la petite fille ne l'avait même pas remarqué. Elle ne voyait pas non plus l'étrange personnage qui pointait sa baguette sur le gui. Elle n'entendit pas la lame fendre l'air. Elle n'avait d’yeux que pour le feu dans la fontaine éteinte. La petite fille s'effondra dans un silence profond, le regard fixé sur les flammes.
Pétunia se sentit perdre l'équilibre et s'agrippa à la barrière de sécurité qui avait été érigée autour du feu. En face, de l'autre côté du feu, volait une branche de gui, sans ficelle, sans accroche. Elle était simplement suspendue dans le vide comme par magie. Il n'y avait rien ni personne en dessous et Pétunia eut la pensée que le gui était devenu fou. Puis ses yeux, tellement habitués à relever les moindres secrets des voisins, se fixèrent sur un point plus bas. Au niveau du sol à vrai dire. Là où elle ne se serait pas attendue à voir quelqu'un.
Oubliées ses pensées sur le comportement bizarre du gui, oubliés la chaleur et l'amour que propageaient le feu, oublié son mari qui ne la lâchait pas. Pétunia se précipita auprès du feu. Personne n'avait encore rien remarqué. Elle manqua de trébucher. Elle courut. Elle s'agenouilla à côté du corps de la petite fille. Un corps sans vie.
Pétunia sentit ses yeux s'embuer, elle ne voyait plus la petite fille inconnue. Pétunia voyait le corps de sa chère Annabel, morte. Elle se força à reprendre contact avec la réalité. Annabel était loin d'ici avec sa famille qui la protégeait. Pétunia vit alors le corps de sa sœur Lily, morte. Elle se força à se souvenir. Lily était déjà morte il y a longtemps. Pétunia vit ensuite le corps de son amie Mary, morte. Elle se força à ignorer. Mary ne lui parlait plus depuis son mariage. Pétunia voyait toutes les petites filles qu'elle avait aimées défiler devant ses yeux. Elle cria. Elle cria son malheur, sa tristesse. Elle cria à l'aide pour la petite fille qui s'était fait tuer sur le marché de Noël.
Vernon restait à distance. Il vit le désespoir dans les yeux de sa femme. Il sentit le courant d'air de gens qui arrivaient. Il ne quittait pas des yeux la petite silhouette de la fille qui aurait pu être Annabel. Il ne quittait pas des yeux la grande silhouette qui était Pétunia.
C'étaient des sorciers qui se précipitaient vers la petite fille. Vernon les reconnaissait à leurs capes, à leurs baguettes, à leurs réactions. Il ne voulait pas être encore et encore mêlé à la magie. Pourquoi les sorciers entraient-ils toujours dans sa vie?
Pétunia fut écartée de la petite fille. Elle dût laisser la place à des sorciers, à des sorciers policiers, à des Aurors si elle se souvenait bien. Elle retrouva Vernon et ensemble ils observèrent la dizaine de sorciers s'affairer autour du corps. Ils prenaient des photos, ils observaient et retournaient le corps. Une flaque de sang s'était formée. Le liquide rouge coulait vers les flammes, lentement, inévitablement.
Et puis les sorciers s'arrêtèrent. Tous. Sans exception. Ils se figèrent dans leurs mouvements et se retournèrent vers un homme qui devait avoir une trentaine d'années. Un homme qui avait des cheveux noirs désordonnés et des yeux verts cachés derrière des lunettes. Un homme que Pétunia connaissait.
- Que se passe-t-il ? demanda Harry Potter.
Les sorciers se pressaient à lui expliquer. Pétunia et Vernon les observaient, plus réservés que jamais. Mais l'Auror Potter ne les voyait pas. Il donna des consignes, organisa. L'enquête avait commencé. Pétunia était impressionnée par le garçon autrefois maigrichon qu'elle avait élevé et qui était maintenant cet homme que tous écoutaient.
Elle pouvait lire une détresse profonde dans ses yeux. La mort de la petite fille ne le laissait pas de marbre. Pétunia sentait encore des larmes couler sur ses joues et Vernon se mouchait avec plus de force.
Un sorcier blond emmitouflé dans une écharpe rouge et or, la même que portait Lily parfois, les rejoignit quelque temps après.
- Seamus Finnigan, Auror, se présenta-t-il avant de s'adresser à Pétunia. Madame, je crois que vous avez découvert le corps ?
Pétunia acquiesça en n'essayant même pas de cacher ses larmes. Elle observait attentivement le visage du sorcier. Il devait avoir le même âge que Dudley. Ses yeux étaient rougis comme s'il avait pleuré. Non, se corrigea-t-elle mentalement, il pleurait encore.
- Avez-vous remarqué quelque chose de particulier avant ? questionna l'Auror en essayant de garder un air professionnel.
- Le gui, lâcha Pétunia. Il était au-dessus d'elle. Et il bougeait, il passait d’une personne à l'autre. Deux minutes plus tôt, il était au-dessus de nos têtes.
L'Auror avait un bloc-notes en main et une plume écrivait tout ce que disait Pétunia. Elle était encore trop choquée pour s'en étonner.
- Seamus !
Pétunia vit, à son grand effroi, son neveu se diriger droit sur eux.
- Oui, chef Harry ?
- Je t'ai dit de rentrer chez toi et de t'occuper de Lavande, de toi.
Pétunia ne suivit pas le court dialogue entre les deux sorciers. Elle était tout simplement trop fatiguée, trop choquée, trop triste pour écouter. Le sorcier blond restait.
- Je suis désolé, Madame, Monsieur... Tante Pétunia ? Oncle Vernon ?
Pétunia leva les yeux vers son neveu. Il semblait surtout surpris de les voir ici. Elle ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Elle aurait préféré ne jamais mettre les pieds sur ce marché de Noël. Ne jamais avoir vu les sorciers. Ne jamais trouver la petite fille. Mais elle ne pouvait pas revenir en arrière et elle devait savoir. C'était dans sa nature d'être curieuse.
- Que s'est-il passé ? demanda-t-elle d'un ton plus sec qu’elle ne l’aurait voulu à son neveu. Celui-ci la regardait bizarrement, son camarade était plutôt méfiant.
- Violet Finnigan a été assassinée, lâcha l'homme avec un regard désolé sur son ami. Il y a un peu moins de dix minutes. Par une lame sous une branche de gui. Elle n’avait aucune chance de s'en sortir.
Seamus Finnigan, le père apparemment, renifla bruyamment. Son regard s'était fait lointain. Pétunia eut pour la première fois de sa vie l'impression que les sorciers étaient des hommes comme les autres. Et elle pensa que Seamus Finnigan n'était pas un policier en service en ce moment, qu'il n'était pas un chasseur de meurtrier à cet instant, qu'il était tout simplement un père qui cherchait à ce qu'on lui rende sa fille.
- C'est le septième enfant que l'on retrouve mort ce mois-ci, expliqua Harry.
Pétunia pouvait lire sur son visage qu'il ne savait pas pourquoi il lui racontait cela.
- Ils ont tous entre deux et cinq ans. Ils ont tous au moins un parent qui est considéré comme héros chez les sorciers. On pense tous à un ancien Mangemort qui cherche à venger son maître. Il y a une certaine logique derrière les meurtres mais on arrive toujours trop tard. Le premier était Ellen Crivey, deux ans, fille de Dennis Crivey et nièce de Colin. Le second, Olivier Thomas, cinq ans, fils de Dean Thomas. Le troisième, Pandora Goldstein, trois ans...
Pétunia se demandait vraiment pourquoi il lui parlait de cela. Ça la concernait à peine, elle n'était pas policière et elle ne voulait surtout pas l'entendre. Peut-être estimait-il qu'il devait se rappeler tous les noms des victimes, des circonstances.
- ... Hestia Boot, quatre ans, fille de Terry Boot. Lydia Scamander, deux ans, fille de Luna Lovegood. Remus Potter, quatre ans, mon fils et celui de Ginny. Et maintenant Violet Finnigan, trois ans, fille de Seamus...
Sa voix se perdit dans l'air. Il semblait refouler à tout prix un sanglot. Pétunia avait à nouveau les larmes aux yeux. Harry les avait tous connus et elle n'entendait que leur nom maintenant. Mme Dursley admira le courage de son neveu.
Un sorcier accourut vers Harry Potter. Le nouvel arrivant irradiait un bonheur presque honteux. Pétunia regarda son mari. Il semblait apeuré entre tous ces sorciers et dépassé par les évènements.
- On l'a !
Pétunia n’en crut pas ses oreilles. Ce n'était pas possible. Les sorciers n'avaient-ils pas le pouvoir de disparaître d'un endroit sans laisser de trace ? Le meurtrier ne pouvait-il pas partir comme ça ? Pourquoi était-il resté sur le marché de Noël ? C'était une merveilleuse nouvelle qu'il soit en état d'arrestation maintenant, mais Pétunia ne comprenait pas bien pourquoi et comment. Elle se contenta de lâcher un soupir de soulagement. Décidément, elle ne comprenait rien au monde sorcier et n'avait pas l'intention de se l'approprier. Au contraire, elle allait l'éviter comme la peste. Et ce n’était pas Vernon qui allait la contredire.
D'autres Aurors amenaient l'horrible personnage. Malgré le fait que sa capuche avait été rabaissée, Pétunia ne pouvait pas distinguer le regard du meurtrier. Ses cheveux bruns et gras tombaient dans son visage et semblaient ne pas avoir été soignés depuis fort longtemps. Son manteau certes propre laissait entrapercevoir des vêtements Moldus déchirés. Son apparence dégoûtait la femme. Ce qui la frappa le plus fut le rictus qui naquit sur les lèvres du sorcier lorsqu'il l'aperçut.
- Mme Dursley. J'ai eu le plaisir du reste de la famille aujourd'hui.
Etonnée, Pétunia haussa les sourcils. Comment connaissait-il son nom ? Qu'avait fait cette ignoble créature à sa chère famille? Elle hoqueta. Annabel. Elle vit devant ses yeux le corps sans vie de sa chère petite fille.
- Qu'avez-vous fait à ma chérie ? rugit Vernon à cet instant. Il était rouge de colère et ses yeux étincelaient dans la lumière.
- Oh, ne vous inquiétez pas, je ne l'ai pas tuée. La surprise qui vous attend est bien meilleure.
- Peterson, vous n'êtes pas en état de vous vanter. Vous venez avec nous. Maintenant, asséna un des Aurors qui l'escortaient.
Pétunia ne sentait plus rien. Cela ne pouvait pas être vrai. Annabel... Et Dudley certainement... Ses petits chéris... Ses pauvres petits amours... Elle devait y aller. Une surprise avait dit le meurtrier, elle devait la voir. Vérifier que ce n'était que des mensonges. Car quel intérêt aurait ce sorcier à tuer sa petite fille extraordinaire et pas du tout monstrueuse ?
Le plus vite possible, Mme Dursley se précipita hors du marché de Noël. Bizarrement, elle n'eut aucun mal à retrouver la sortie et le monde Moldu, mais elle n'y prêtait aucune attention. Elle entraînait Vernon.
Jamais la voiture ne lui avait semblé tellement lente, le chemin tellement long. Trois mots tambourinaient à l'intérieur de sa tête : ils sont morts, ils sont morts.
Vernon était tendu. Il se concentrait sur la route et roulait plus vite qu'il n’aurait dû. Le paysage nocturne défilait devant la fenêtre. L'Angleterre céda la place à l'Ecosse devant les vitres de la voiture. Cinq heures après, il arrêta la voiture devant un accueillant immeuble à Edinburgh. L'immeuble où vivaient Amy et Fred Peterson.
Pétunia remarqua le nom mais n'y pensa pas. Peterson était un nom courant, n'est-ce pas ? Elle se précipita vers l'appartement de la belle-famille de son fils. Elle prit les escaliers pour le troisième étage car l'ascenseur était trop long à attendre.
La porte s'ouvrit juste au moment où elle s'apprêtait à sonner. Amy lui fonça presque dedans, en cape de sorcier et une baguette à la main.
- Oh, bonsoir, Pétunia. Que nous vaut ta visite si tardive ?
- Où sont Annabel et Dudley ? demanda la femme sans ménagement.
Amy afficha un air surpris :
- Dans le salon, pourquoi ? Entre donc. Vernon arrive ?
Pétunia se précipita dans l'appartement et s'arrêta net à la porte du salon. Ce ne pouvait pas être possible. Non ce ne pouvait pas être. Elle refusait de voir la vie de sa petite fille devenir monstrueuse. Elle ne voulait pas. C'est à cet instant que la petite Annabel aperçut sa mamie.
- Mamie ! Regarde ce que je peux faire ! s'écria-t-elle en se jetant dans les bras de sa grand-mère.
En effet, la petite fille illuminait une étoile en paille dans sa main.
- Oui, maman, fit doucement Dudley. Mes deux chéries sont des sorcières.