Malgré les photographies le montrant en train de porter sa petite sœur de quelques jours, Marcus ne gardait aucun souvenir de la naissance d'Octavia. Il avait à peine deux ans lorsqu'elle avait vu le jour et la mémoire de l'ancien Serpentard ne remontait plus à cette période de sa vie depuis bien longtemps. Octavia était un beau bébé, du moins c'était ce que disait souvent leur mère. Un beau bébé très calme et qui avait fait rapidement ses nuits contrairement à Marcus. Sa sœur avait toujours été plus précoce que lui, plus intelligente aussi. Elle avait le droit aux louanges de leurs professeurs particuliers et, à huit ans, suivait les mêmes cours que son frère aîné. L'enfant qu'il était à l'époque aurait pu ressentir de la jalousie à l'égard de cette petite sœur si parfaite et brillante mais seule la fierté inondait son cœur. Marcus adorait Octavia et quand elle avait été envoyée à Poudlard, deux ans après lui, il se rappelait avoir applaudi si fort qu'il s'en était fait mal aux mains. Oui, Marcus aimait sa sœur plus que tout et, pendant des années, elle le lui avait bien rendu. Toujours présente à ses matches de Quidditch, elle l'aidait sans hésiter quand il avait des difficultés à réaliser ses devoirs.
Pourtant, tout avait changé lorsque celle qui allait devenir la femme de Marcus était entrée dans la vie de ce dernier. Avalon Connelly était dans l'année juste au-dessus de celle d'Octavia, était à Serpentard, brillante elle aussi, même si sa matière de prédilection était les potions là où Octavia excellait en Métamorphose. Ambitieuse, Avalon avait l'esprit de la maison Serpentard et portait avec fierté ses couleurs. Toutefois, malgré tout ce qui aurait pu la rapprocher de ses camarades, la jeune femme était loin d'être acceptée. Pour la plupart des Serpentard, sa présence en leur sein était un camouflet, une injure à l'honneur de leur maison.
Après tout, son fondateur ne refusait-il donc pas les nés-Moldus ? Ce n'était tout de même pas une petite orpheline qui allait changer près de mille ans de tradition !
Toutefois, si ce n'était pas les coutumes de Serpentard, Avalon changea définitivement quelque chose et ce fut la relation entre Marcus et sa famille. A dix-neuf ans, le jeune homme fut renié, mit à la porte de la demeure parentale pour avoir osé s'accoquiner avec ce qu'ils considéraient être une Sang-de-Bourbe, une Impure.
Le lien fraternel qui unissait Marcus et Octavia avait déjà été mise à mal lorsque la jeune fille avait deviné l'attirance de son frère pour Avalon deux ans avant qu'il ne se passe réellement quelque chose entre eux. Cependant, le fait que son frère et l'objet de ses désirs aient commencé à entretenir une relation amoureuse officielle l'avait définitivement brisé.
La dernière fois que Marcus avait vu sa sœur, ils se trouvaient sur le quai 9 ¾ de la gare à King's Cross. Marcus et Avalon venaient de finir leur septième année et la jeune femme était en train de le présenter à son oncle et à sa tante. Les deux jeunes gens allaient loger chez eux le temps d'économiser quelques gallions.
Cette dernière rencontre entre le frère et la soeur remontait à trois ans. Trois ans ! Et voilà qu'il la revoyait à un gala de charité auquel l'équipe des Faucons de Falmouth avait été invitée. Octavia n'avait pas changé. Elle avait toujours le même port de tête altier, le même sourire avenant. Sa sœur savait charmer et Marcus devina sans mal que le garçon face à elle était conquis. A peine plus grand qu'Octavia, Kieran Parkinson la couvait du regard. Marcus le savait amoureux de sa sœur depuis Poudlard et n'était pas même étonné qu'ils éprouve encore des sentiments à son égard. Le garçon était connu pour être persévérant.
Marcus croisa le regard de sa sœur mais cette dernière fit mine de ne pas le voir. La guerre n'avait rien changé à leur relation.
— Ah Marcus, mon garçon ! s'exclama une voix masculine dans son dos.
L'ancien Serpentard se tourna vers l'homme qui lui avait adressé la parole. Il s'agissait d'Albert Jugson, un mangemort de haut-rang qui s'occupait du département des jeux et sports magiques depuis la prise de pouvoir du Seigneur des Ténèbres. Jugson était accompagné d'une jeune femme qui ne devait pas avoir plus de vingt ans. Ses cheveux blonds et lisses étaient coupés en un carré qui lui arrivait au niveau des épaules. La robe qu'elle portait était bleue et d'une grand simplicité, ce qui ne l'empêchait pas de mettre parfaitement sa silhouette en valeur.
— Mr Jugson ! rétorqua Marcus en souriant largement au mangemort.
— Marcus ! Je voudrais vous présenter ma fille, Scarlett. Elle est une fan inconditionnée des Faucons de Falmouth et de vous particulièrement !
— Papa, souffla-t-elle, gênée.
— Ravie de faire votre connaissance, Miss Jugson, déclara Marcus.
Délicatement, il prit la main qu'elle lui tendait et lui fit un baisemain dans les règles de l'art. Du coin de l’œil, il vit les joues de Scarlett se teinter de rouge et devina que son petit jeu était en train de porter ses fruits. Duncan, son veaudelune de cousin, lui avait demandé d’infiltrer les rangs des partisans du Seigneur des Ténèbres. Marcus devait en apprendre le plus possible sur eux. Et quoi de mieux que de séduire une jeune fille innocente pour connaître tous les secrets de son père ?
— Cette robe vous va à ravir, Mademoiselle, ajouta-t-il.
— Vous me flattez, Monsieur, répliqua-t-elle faussement modeste.
Le sourire de Marcus s'élargit tandis qu'il reportait son attention sur Albert Jugson.
— Souhaitiez-vous vous entretenir avec moi, Mr Jugson ?
— Oh non ! Simplement vous présentez Scarlett ! Maintenant que cela est fait, je vais vous laisser faire connaissance.
— Désirez-vous boire quelque chose, Miss Jugson ? proposa-t-il alors que son père s'éloignait.
— Euh... Un verre d'hydromel, s'il vous plaît, Mr Flint.
— Vous pouvez m'appeler Marcus, vous savez.
— Et moi Scarlett, déclara la jeune femme en souriant.
— Je reviens, dit-il avant de se diriger vers le bar.
L'ancien Serpentard fit mine de ne pas remarquer le regard que lui lançaient les gens sur son passage. La plupart des grandes familles savaient qu'il n'était toujours pas dans les bonnes grâces des Flint.
— Un verre d'hydromel et de l'eau avec du jus de raisin, s'il vous plaît, commanda Marcus.
Si le barman fut surpris par sa demande, il ne le montra pas.
— Tu as un sacré culot de venir ici, déclara une voix à sa gauche.
— J'ai été invité, rétorqua-t-il sans même jeter un coup d'œil dans la direction de sa sœur.
C'étaient les premiers mots qu'elle lui adressait depuis le jour où il l'avait giflée devant tous leurs camarades de Serpentard après qu'elle eut agressé Avalon.
— Et tu t'es dit que c'était une bonne idée de venir ? Tu es encore plus stupide que je le pensais, cracha Octavia.
— Je ne pouvais tout de même pas refuser l'invitation du directeur du département des jeux et des sports magiques, répliqua-t-il après avoir enfin tourné son regard vers elle.
— Le directeur... J'imagine que ce veaudelune et son écervelée de fille croient à ta stupide histoire de philtre d'amour.
— Ils n'ont rien besoin de croire c'est juste la simple vérité, répondit-il d'un ton qu'il voulait sincère.
— Marcus, Marcus, Marcus... Ces idiots sont peut-être tous tombés dans ton piège mais sache que je ne suis pas dupe. Tu n'as jamais été sous l'emprise d'un quelconque philtre, tu étais juste trop faible pour surmonter ton attirance pour une Sang-de-Bourbe. D'ailleurs, cela me fait penser... Où est ta femme, Marcus ? L'as-tu abandonnée ? Trop peureux pour rester à ses côtés ! Comme toujours, quoi que tu fasses, tu fais honte au nom que tu portes.
Tout au long de sa tirade, les mains de Marcus s'étaient serrées sur les bords du comptoir et cela jusqu'à ce que les jointures de ses doigts virent au blanc. Le jeune homme prit une grand inspiration. Il devait rester calme. Il ne pouvait pas s'énerver devant tous ces personnages haut placés.
— Je regrette la manière dont nous nous sommes quittés, Octavia, déclara-t-il finalement.
C'était bien la chose la plus sincère qu'il ait dit depuis le début de la soirée. Octavia avait été la personne la plus importante dans sa vie pendant des années, et s'il pouvait revenir en arrière et faire en sorte que leur séparation soit moins douloureuse, il le ferait. Mais Marcus savait qu'il ne pouvait pas changer ce qui avait été. Octavia avait frappé Avalon jusqu'à ce qu'elle perde conscience ! Qu'est-ce que cela était face à une gifle et des cheveux roses ?
— La seule chose que je regrette pour ma part, c'est de t'avoir un jour appelé mon frère, répondit Octavia d'une voix neutre.
Il n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit qu'elle était déjà partie.
— Votre verre d'hydromel et votre jus de raisin.
— Merci ! Gardez la monnaie ! lança Marcus en plaçant un gallion sur le comptoir.
Les deux verres en main, il retourna auprès de Scarlett Jugson. Cette dernière lui offrit son plus beau sourire et le remercia.
— Qu'avez-vous pris ? demanda-t-elle.
— Du vin étincelant, répliqua-t-il en levant son verre. Je propose que l'on porte un toast.
— Un toast ? Mais à quoi donc ?
— Au Seigneur des Ténèbres bien entendu ! rétorqua-t-il. Et puis aussi, à votre beauté, ajouta-t-il dans un murmure.
Les joues de la jeune femme se colorèrent de gêne tandis qu'elle levait les yeux vers lui pour trinquer.
— Est-ce vrai que vous êtes une fan inconditionnée des Faucons ? demanda-t-il après quelques secondes de silence.
Comme le lui avait conseillé Duncan, Marcus décida de commencer par lui poser des questions sur elle. Le Quidditch était le premier sujet qui lui était venu à l’esprit et il savait qu’il pourrait donner le change en cas de problème. Il fut satisfait en voyant qu’elle hochait vivement la tête tout en souriant largement.
— Je les suis depuis ma plus tendre enfance. Les Faucons ont toujours été mon équipe de cœur et vous ne pouvez pas savoir à quel point cela me fait plaisir de vous rencontrer. Je dois tout de même avouer que je suis déçue de ne pas avoir pu saluer Amélie Dupin. Mon père m’a dit qu’elle était malade. Rien de grave, j’espère ?
— Elle devrait aller mieux la semaine prochaine, mentit-il.
Amélie, sa coéquipière et attrapeuse de l’équipe, avait refusé de se rendre à ce gala de charité organisé par le régime en place. La femme était Française et bien qu’elle ne l’ait pas dit à Marcus – elle ne lui faisait plus confiance – ce dernier se doutait qu’elle comptait retourner en France dès que possible. Son compagnon était né-Moldu et malgré le fait qu’il n’ait pas encore été ennuyé grâce son statut d’étranger, chacun se doutait que cette faible protection tomberait un jour ou l’autre.
— Oh ! Je suis pressée de la voir au prochain match contre les Canons !
— Vous y assisterez ?
— Bien sûr ! Depuis que mon père est devenu directeur du département des jeux et des sports magiques, je n’ai manqué aucun match de la saison.
Le silence s’installa entre eux quelques instants avant que Marcus ne recommence à lui poser des questions concernant ses centres d’intérêt. Scarlett ne semblait pas être une grande bavarde au premier abord mais l'ancien Serpentard constata rapidement qu'il y avait certains sujets qui la passionnaient tant qu'elle ne pouvait pas s'arrêter de parler. Le Quidditch, tout d’abord, qu’elle adorait regarder mais qu’elle ne pratiquait pas mais aussi la botanique et la randonnée.
— Vous êtes bien plus charmant que Père me l'avait laissé entendre, remarqua-t-elle finalement alors que le gala allait toucher à sa fin.
— Votre père vous a parlé de moi ?
— Il m'a raconté ce que cette affreuse Sang-de-Bourbe vous a fait, répondit-elle en posant sa main au-dessus de la sienne.
Marcus ne put empêcher sa mâchoire de se contracter légèrement lorsqu'il l'entendit insulter ainsi Avalon.
— Je suis désolée, murmura-t-elle. Je ne souhaitais pas vous rappeler de mauvais souvenirs.
— Ce... Ce n'est rien, mentit-il. C'est juste que... J'ai encore du mal à me rendre compte de ce que j'ai vécu.
Scarlett lui offrit un sourire triste et Marcus s'en voulut presque de se servir d'elle. Presque seulement car, comme son père, elle cautionnait ce que le régime en place faisait subir aux nés-Moldus. Presque car elle était l'une des nombreuses pièces d'une machine qui cherchait à faire du mal à sa femme et qui devait être détruite, comme le disait si bien Duncan.
— Ça va aller, je vous promets, dit-elle en couvrant sa main de la sienne.
Du pouce, elle lui caressa le poignet et Marcus dut prendre sur lui pour ne pas avoir un mouvement de recul.
— Vous êtes fort, Marcus. Vous êtes un Sang Pur et je suis certaine que votre famille finira par vous pardonner cet événement.
— Ma famille ?
— Je vous ai vu parler avec Octavia, expliqua-t-elle. Je ne l'ai que très peu côtoyée mais au vu de sa réaction, j'ai pu deviner que vous vous ne parliez toujours pas.
Marcus tenta de garder son calme alors qu’il réfléchissait à la réponse qu’il pouvait lui donner. Pour gagner du temps, le jeune homme détacha sa main de la sienne et lui tourna le dos, la tête basse. Qui aurait pu croire avant aujourd’hui qu’il était si bon comédien ?
— Octavia pense que je mens concernant le philtre d’amour. Elle croit que j’ai sali volontairement notre famille.
— Oh !
Marcus sentit Scarlett lui tapoter gentiment le dos. Il fallait qu’elle le croie sincère. Elle devait penser qu’il regrettait ces dernières années aux côtés d’Avalon. Résolu, le jeune homme décida de tout donner et posa sa tête au creux du cou de l’ancienne Serdaigle. Elle faisait au moins vingt centimètres de plus qu’Avalon ce qui ne l’obligea pas à se courber comme il le faisait avec son épouse. Toutefois, la position ne sembla pas du tout naturelle au joueur de Quidditch.
— Cela va aller, Marcus. Je suis sûre que votre famille finira par voir la vérité comme je l’ai vue moi-même.
— Je l’espère, souffla-t-il en se détachant d’elle.
Scarlett lui sourit gentiment avant de lever la main et de toucher sa joue. Une nouvelle fois, Marcus dut prendre sur lui pour ne pas se tendre trop longtemps. Le sourire de la jeune femme s’agrandit quand il sembla se détendre sous ses caresses. L’ancien Serpentard la vit se mettre sur la pointe des pieds et se laissa faire alors qu’elle déposait un baiser au coin de ses lèvres. Voyant qu’il ne la repoussait pas, elle l’embrassa une nouvelle fois plus franchement sur les lèvres. Marcus dut prendre une décision très vite et posa sa main sur la hanche de Scarlett tandis que l’autre allait retrouver ses cheveux au niveau de sa nuque.
Le baiser n’était pas désagréable mais le jeune homme ne ressentit rien alors qu’il commençait à y répondre. Derrière ses paupières closes, il s’imaginait en train d’embrasser Avalon et il ne pouvait empêcher la culpabilité de monter en lui. Il était dans les bras d’une autre femme que la sienne. Une autre femme dont il avait partagé les idéaux bien des années plus tôt. Une autre femme qui approuvait la persécution des nés-Moldus à laquelle sa famille prenait activement part.
Alors qu’il approfondissait le baiser, Marcus dut prendre sur lui pour ne pas montrer ses véritables sentiments. Il ne pouvait plus reculer. C’était le moyen le plus simple et le plus sûr car il était inconcevable que les membres de l’Ordre aient recours à de telles méthodes.
Et pourtant, si Marcus était sûr d’une chose c’était qu’il était prêt à tout, si cela pouvait donner une chance à l’Ordre du Phénix de mettre un terme à la guerre et de libérer son épouse de sa prison protectrice.
Tout l'univers de Harry Potter appartient à JK Rowling. Je ne touche donc pas une noise pour mes écrits.
Ce recueil a été écrit dans le cadre du projet "Et si c'était eux ?" organisé par Lyssa, Ella C et DameLicorne.
Tous les OS présents dans ce recueil seront liés les uns aux autres mais ne seront peut-être pas postés dans l'ordre chronologique de l'histoire.
Bonjour tout le monde !
Comme son nom l'indique le premier personnage à apparaître dans ce recueil est Marcus Flint.
J'espère que le texte vous plaira ! ♥
Alors qu'avez-vous pensé de cet OS ? Marcus revoit enfin sa sœur mais la rencontre ne se passe pas forcément dans les conditions qu'il aurait souhaité. :(
Pour ceux qui ne connaissent pas mon Marcus Flint, vous pouvez le retrouvez dans la série : Dans la famille Connelly-Flint !