Il y a de cela trois cents ans, les loups-garous se sont révélés à la race humaine dans le but de sauver leur espèce qui dépérissait. La luna leur avait tourné le dos, disaient-ils, et pour dans ses bonnes grâces, la luna leur susurrait à chaque pleine lune de s’accoupler avec des êtres humains afin de rendre encore leur sang encore plus pur, perfectionnant ainsi leurs transformations. Il va sans dire que cela avait été très mal perçu par la nature humaine qui leur voua un mépris sans pareil.
S'ensuivit alors une guerre sans précédents, entre les hommes et les loups-garous. Elle dura près de cent cinquante ans. Pendant tout ce temps, la haine, le sang, et les morts, étaient le quotidien des habitants de la terre. Évidemment, les créatures l'emportèrent avec l’aide de leur luna, qui souhaitait ce changement et qui avait tout fait pour qu’il arrive.
Tous les êtres humains qui n’avaient pas été mis à mort furent contraints de procréer avec les loups-garous. Au fil des années, et au fil du processus de reproduction inter espèces, la race humaine et les loups-garous à proprement dit, disparurent, pour ne former aujourd’hui qu’une race hybride, communément nommée : les homoïys.
Les homoïys avaient toutes les caractéristiques des êtres humains, cependant, leur sens avaient été décuplés par mille grâce à la présence de l’ADN des loups-garous dans leurs gènes. Les homoïys étaient une race hermaphrodite, composée de différentes castes : les Alphas, les Bêtas et les Omégas.
Voici l’histoire, qui aujourd’hui fait partie intégrante du patrimoine révolutionnaire des homoïys, apprise à l’école et racontée de génération en génération chaque descendance dans l’optique de garder l’héritage promulgué par la luna.
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Harry était allongé sur son lit, les yeux fermés avec force, dans une volonté de se couper du monde. Aujourd’hui était son jour de déclaration. Il devait se rendre à l’office des Omégas où il serait mit en auction comme une vulgaire marchandise au plus offrant quelle que soit sa caste.
« Tu sais qu’on a tout fait, ton père et moi, pour te préserver du mieux qu’on le pouvait. » Il avait senti sa mère entrer dans sa chambre, s’assoir sur son lit à côté de lui, mais n’avait ouvert les yeux que quand celle-ci lui avait adressé la parole. Ses yeux s’embrumèrent de larmes en pensant à son auctionement et il tourna la tête, ne voulant pas que sa mère le voit dans cet état.
« Je sais, » murmura-t-il fébrilement.
Un soupir s’échappa de ses lèvres quand la main de sa mère se posa sur sa tête, elle lui caressa les cheveux avec attention, voulant lui montrer tout l’amour qu’elle avait pour lui pendant qu’elle le pouvait encore. Elle se pencha et lui déposa un baiser sur la tempe.
Le jour de la déclaration d’un Oméga devrait normalement suivre de deux années maximum le jour de la présentation de caste. Celle-ci avait alors lieux lors de la puberté. Pour Harry, elle avait eu lieu quand il avait quatorze ans, il y a de cela quatre ans.
Il était un Oméga. Ce jour-là, il avait ragé de toutes ses forces, il en avait voulu à la terre entière, à ses parents, à ses ancêtres pour s’être accouplés à des loups-garous et avoir fait rentrer cet ADN dans la famille, bien qu’il fût conscient qu’ils n’avaient pas vraiment eut le choix sur ce plan. Il en avait même voulu à la lune, mais s’était ravisé peu de temps après en comprenant que son comportement était puéril.
Les Omégas étaient les derniers de la chaîne alimentaire, les bons à faire des gosses et à entretenir le foyer. Ils n’avaient pas le droit d’avoir un travail à responsabilité, de passer le permis sans l’accord de leur ancré, ou d’avoir un compte bancaire. Il n’y avait pas si longtemps, ils n’avaient même pas le droit au vote ! Non, Harry arborait sa condition. Tout sauf ça. Il avait tellement prié pour être un Alpha comme son père, pour pouvoir devenir auror, enquêter et mettre des criminelles antirévolutionnaires en prison, s'ancrer à un joli petit Oméga ou Bêta et fonder sa famille. Mais non, le sort en avait voulu autrement.
« Je sais » répéta-t-il, cette fois-ci, avec plus de conviction.
Il ne voulait pas faire culpabiliser ses parents. Car oui, ils avaient tout fait pour retarder l’échéance de sa déclaration. Ils ne l’avaient pas envoyé à l’ENEO, l’école nationale d’éducation des Omégas, là où allaient tous les Omégas après leur présentation pour être formés sur les principes et le comportement que devait tenir ceux-ci pendant trois ans, avant d’être ensuite auctionnés dès qu’ils atteignaient leur dix-sept ans, l’âge légal pour s’ancrer.
Il avait supplié, imploré, résisté, rechigné, et ses parents avaient accepté de le scolariser à domicile avec un tuteur personnel, Monsieur Zqovish, un Bulgare, qui lui avait appris plus que ce que le cursus ne le demandait. ‘Tu es issu d’une ancienne famille aristocratique’ aimait-il dire avec son accent bien prononcé, ‘tu dois apprendre à te comporter comme tel’. Mais il y avait deux semaines de ça, l’office des Omégas, plus communément connue sous le nom de l’ODO, avait remarqué l’entourloupe et l’avait convoqué pour la prochaine session de déclaration. Il n’y couperait pas.
« Il faut y aller, sinon on va être en retard », toutefois, malgré sa déclaration, sa mère plongea son visage dans son cou, voulant s’imprégner de son odeur, comme pour se rassurer. Bientôt il n’aurait plus la même odeur. Une fois ancré, il prendrait l’odeur de son nid, de son Alpha. Il n’aurait plus cette odeur rassurante qui criait le nid familial pour ses parents.
Harry la serra fort dans ses bras et renifla, ne retenant pas les larmes qui coulaient à flots.
Une fois un couple ancré, il y avait une certaine période d’adaptation où il ne pourrait pas sortir, pour se familiariser avec son ancré et son nouveau nid familial, son propre nid où il y fondera sa famille. Et cela le terrorisait. Il était très famille, il avait besoin de ses parents, de ses repères. Lily se mit à fredonner doucement pour le calmer tout en continuant de lui caresser délicatement les cheveux.
« Ahem… »
« Nous sommes prêts James, laisse-moi juste faire mes derniers adieux à mon bébé » murmura Lily, le nez toujours enfoui dans son cou, sur la glande senteur de son fils, là où ses phéromones d’Oméga étaient le plus concentrées. Elle y passa un coup de langue, souhaitant qu’il porte son odeur sur lui. ‘Cela lui sera utile’ rationalisa-t-elle, ‘Ça atténuera momentanément son odeur et limitera les dérives d’Alphas peu consciencieux.’ Cette pensée sema une pointe de joie dans son cœur, et elle se releva, le sourire aux lèvres. Elle tendit la main à son fils pour l’aider à se relever.
« Je ne veux vraiment pas vous presser », James s’approcha d’Harry, et posa sa main sur son épaule « Fiston, je sais que c’est dur pour toi, mais si on ne se grouille pas, on va être en retard, et tu dois être préparé par les officiers de l’ODO. » Sa main effleura la joue de son fils, avant de venir se poser derrière son cou, ayant le même désir que son épouse. Il lâcha un soupir attristé et cligna rapidement et consécutivement des paupières, retenant ses larmes. Mais sa tristesse se sentit dans son odeur, ne faisant que faire grandir la détresse de l’Oméga.
Harry repoussa gentiment la main de son père d’un geste d’épaule, les yeux rivés vers le sol, et sortit de sa chambre en empruntant le chemin qui menait à la voiture, ses parents lui emboitant le pas. S’il restait encore une minute de plus dans cette chambre à supporter l’odeur acide de ses parents, signe de leur tristesse et de leur amertume, il allait craquer.
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L’ODO était situé en plein cœur de Londres, au boulevard de la sixième rue, juste en face de la grande cloche Big Ben. De l’extérieur, le bâtiment avait un air vieillot, à la limite du délabré. La façade de l’office était grisâtre, sans aucunes fenêtres apparentes, et Harry eut un sentiment d’étouffement rien qu’en regardant la bâtisse. Le logo « Ω » suivi d’une livre sterling « £ », figurait au-dessus de la porte d’entrée, en grosses lettres avec des effets néons.
L’Oméga réprima un frisson. Le logo à lui seul rendait réelle sa condition.
En franchissant les portes de l’ODO, il ne serait plus Harry Potter, fils aimé de Lily et James Potter. Non. Il serait Oméga numéro x, avec un âge de maturité d’un an de plus que les autres Omégas présents. Le fait qu’il avait été scolarisé à la maison pendant quatre ans au lieu des trois réglementaires risquerait de lui porter préjudice. Cela pourrait influencer sa déclaration, et il serait alors auctionné au moins offrant, ce qui pouvait se révéler à terme un mauvais choix, à en croire les témoignages des Omégas qui étaient passés par ce cas de figure.
« Bonjour et bienvenue à l’office des Omégas, je suis Charlène, votre assistante d’accueil. Comment puis-je vous aider ?
- Nous sommes venus pour la déclaration de notre fils, dit James en posant sa main sur l’épaule de Harry en précisant implicitement qui était l’Oméga en question. On nous avait demandé de venir une heure en avance pour qu’il puisse être préparé.
- Effectivement. L’assistante d’accueil se tourna vers Harry et le détailla du regard. Oméga ?
- …
- Oméga ? » reprit-elle d’une voix une peu plus forte et assertive.
Harry ne prêtait pas attention à ce qui se passait autours de lui, fasciné par l’intérieur de l’office. Il était en parfait opposition avec la façade du bâtiment. En effet, l’office était décoré avec finesse. Les murs étaient revêtus d’une peinture couleur châtaigne, et ornés de plusieurs tableaux d’œuvres d’art qui faisaient ressortir le côté oligarchique de la société.
Sur le mur face à l’entrée, il y avait une tapisserie qui représentait toutes les familles nobles de la ville de Londres. Il fut néanmoins tiré de sa contemplation par Lily qui lui donna un gentil coup de coude dans ses cotes. Il leva ses yeux perplexes vers sa mère puis tourna sa tête vers l’assistante d’accueil quand sa mère pointa son doigt vers elle.
Charlène était assez grande de taille, dans les un mètres soixante-dix environ, et paraissait assez âgée. Elle abordait une queue-de-cheval, et ses cheveux poivrés avaient été nattés en une tresse en épi de blé, qui mettait en avant la rondeur de son visage et qui faisait ressortir ses yeux bleus cobalt. Son visage était parsemé de tâches de lui donnaient un air espiègle quand elle souriait.
« Veuillez m’excuser, je ne prêtais pas attention.
- Ce n’est rien, je vais laisser vos parents remplir les formulaires de votre déclaration, quant à nous, nous allons commencer votre préparation. Suivez-moi. » Elle se détourna et ouvrit une porte, qui avait la même couleur que les murs au style d’effet trompe l’œil, et d’un geste de la main, lui fit signe d’entrer.
Le chemin se fit en silence, Charlène n’avait pas précisé où elle l’emmenait exactement, et il n’osa pas poser la question. Ses yeux se baladaient un peu partout, observant son entourage quand ils se posèrent sur un texte de loi, qui avait été bordé dans un cadre doré et qui dominait les autres décorations présentes.
Il s’arrêta devant le tableau pour l’observer avec plus d’attention. Celui-ci indiquait en grandes lettres grasses :
Loi n° 1980-1563 du 16 décembre 1980 relative à la position des Omégas dans la société.
Vu le code des Homoïys du 6 mars 1774
Vu la loi n°1790-0413 du 4 février 1790 relative à l’ancrage des Omégas
Vu l’ordonnance du 3 mai 1874 relative aux droits et obligations des Omégas
Vu le décret d’application du 15 janvier 1877 relatif aux droits et obligations des Omégas
Article 1
Sans l’accord express de leurs ancrés, que cela soit un alpha ou béta, les omégas n’ont pas le droit d’exercer une activité salariale, ou indépendante, de passer des tests et examens découlant sur l’octroiement d’un diplôme, notamment l’examen lié au code de la route, et d’accéder à la propriété bâtie ou non bâtie.
Article 2
En adéquation avec le référendum du 6 Avril 1973, les Omégas, ont désormais le droit de vote, le droit de s’exprimer publiquement via tous les moyens de communication existants, et le droit de posséder un véhicule à deux roues, sans moteur, pour se déplacer.
« Les droits des omégas ont beaucoup évolués durant ces dernières années. Certains pensent que nous sommes dans une société d’injustice, mais il y a de cela 50 ans, les Omégas n’avaient pas tous ces droits. Beaucoup me disent que je ne peux pas comprendre car je ne suis qu’une Bêta, mais je suis ancré à une Oméga, » dit Charlène. Quand elle avait remarqué que Harry ne la suivait plus, elle avait fait demi-tour.
Elle regarda la cadre avec un regard intense qu’Harry ne sut déchiffrer, et il lui emboita le pas quand elle le pressa de la suivre.
« Nous sommes en retard dans le planning, » lâcha-t-elle en prenant de grandes enjambées. Ils passaient des portes, tournaient au bout des couloirs, traversaient de longues allées, en silence, dont seul le bruit de talons rencontrant le sol prédominait.
Il faillit bousculer Charlène, n’ayant pas remarqué qu’elle s’était arrêtée devant une porte rouge ornée d’une pancarte qui possédait le signe des Omégas, le « Ω ».
« Nous y sommes, » dit-elle. Elle tourna légèrement la tête vers lui, et le regarda avec bienveillance. « Je préfère te prévenir, ajouta-t-elle, que tous les Omégas doivent passer par là, je sais que cela risque de te sembler impersonnel, mais les Omégas qui rentrent dans l’office doivent être auscultés avant d’être auctionnés. » Elle plissa légèrement les yeux et pinça les lèvres, comme si elle se retenait d’ajouter quelque chose, puis sans plus de préambules, elle ouvrit la porte et le fit entrer.
La première chose qu’Harry remarqua fut la table d’auscultation qui dominait la pièce, il ne remarqua la personne présente que quelques instants après, quand son odeur lui chatouilla le nez. Bêta, pensa-t-il. Ladite Bêta se racla la gorge avant de se rapprocher lentement de lui, d’un pas incertain, comme si on s’avançait face à un animal sauvage, à pas feutrés, de peur d’être attaqué soudainement. Harry trouva cette attitude tellement ridicule qui leva discrètement les yeux au ciel.
« Bonjour Oméga Potter, je suis le docteur McLaren, en charge de ton auscultation. Nous allons procéder à l’examen, je te prie de bien vouloir te dévêtir et de t’installer sur la table, nous allons procéder.
- Hm, ici, devant vous ? » demanda-t-il timidement, le rouge lui montant aux joues.
Il leva rapidement les yeux vers Charlène qui s’était installée au fond de la salle, et qui le regardait d’un air las, comme si elle était confrontée à ce genre de remarques à chaque fois qu'elle emmenait un Oméga en ce lieu. Il baissa rapidement la tête, se sentant honteux, et prit son courage à deux mains. Il se déshabilla sous le regard des deux personnes présentes dans la pièce. Charlène vint prendre les affaires qu’il avait posé sur une chaise à côté de lui, et avec une grande pince, les mit dans un sachet imperméable, transparent.
Fronçons légèrement les sourcils, il s’installa sans piper un mot sur la table et reposa ses pieds dans les emplacements prévus à cet effet, lui faisant indirectement écarter les jambes. Le docteur McLaren vint s’assoir sur un petit tabouret, la faisant se placer entre ses jambes. Elle mit ses gants et commença l’examen. Harry ferma les yeux et essaya de s’imaginer qu’il était à Grimmauld Place en train de jouer à « sorts et sortilèges » avec Patmol et Lunard.
Mais cela fut vain quand il sentit les doigts du docteur palper son entrée, ce qui faisait de lui un Oméga, et lui permettant d’avoir des enfants.
L’entrance était située entre le sexe et l’anus des homoïys. Pour les Alphas et les Bêtas, elle ne s’ouvrait pas lors de la présentation, tandis que pour les Omégas, elle se manifestait, accompagnée de grandes douleurs pendant trois jours. Ses rougissements s’étendirent sur tout son corps, signe manifeste de sa gêne.
« Vierge. » déclara-t-elle, à l’attention de personne en particulier. « As-tu déjà eu tes premières chaleurs Oméga Potter ?
- Non, répondit-il la mâchoire serrée. Il déglutit puis ajouta : je suis sous répresseurs depuis l’ouverture de mon entrance.
- Humm, tu devras passer par une phase de désintoxication avant ton ancrage alors. Charlène, ajoute ceci à son dossier, pour que son futur Alpha en soit informé.
- Ce sera fait. »
Les chaleurs était la période la plus fertile pour les Omégas, le moment où l’accouplement était le plus préconisé pour la procréation. En période de chaleur, l’oméga était souvent malade : fièvre, vomissements, maux de tête, cela représentait les signes avant-coureurs. Pendant les chaleurs, l’Oméga avait des compulsions de procréation, et faisait tout pour favoriser cela : manger plus sainement, éviter les activités physiques, multiplier les galipettes sous la couette et autres cas de figure. La durée des chaleurs dépendait du cycle de l’Oméga, toutefois, le cycle des chaleurs d’un Oméga lambda était de quatre jours tous les soixante jours.
L’auscultation continua en silence, et quand ce fut terminé et il se rhabilla avec les habits que le docteur lui tendit. C’était un ensemble en flanelle gris, dénué de toute odeur, qui avait donc dû être acheté puis lavé avec un neutralisateur d’odeur. Le haut et le bas couvraient majoritairement toutes les parties de son corps. Cependant, ses pieds avaient été laissés nus.
Charlène le conduisit dans une salle de « pouponnage », mais pour Harry, ce fut plus une salle de torture qu’autre chose. Ça avait bien commencé pourtant. Des Omégas esthéticiennes l’avaient tout d’abord conduit dans une pièce annexe, où on lui avait fait faire un bain avec des huiles de fleurs de Sakura, cela avait servi à atténuer largement l’odeur liée à l’émission de ses phéromones, rendant ainsi caduc l’acte de ses parents.
Il avait ensuite été massé, les fourches de ses cheveux avaient été coupées et on lui avait fait une manucure et une pédicure. Mais cela s’était corsé quand on l’avait installé sur une table d’épilation, et qu’on lui avait arraché tous ses poils corporels, à l’exception de ses cils et sourcils. Sa voix à présent rauque était l’un des signes qui démontraient à quel point il avait souffert.
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« Attendez ici avec les autres, Oméga Potter, et quand ce sera le début de la déclaration, nous viendrons vous chercher. » Charlène lui asséna un dernier coup d’œil et tourna les talons.
Harry regarda autour de lui : ils étaient douze au total dans la pièce. Il fut intimidé. Le principe de l’auction était d’être mis à prix et sélectionné soit à cause de sa beauté, de ses talents ou soit par rapport à l’éducation que l’Oméga avait reçu.
Et à part sa virginité, chose que plus de quatre-vingt-dix pourcents des Omégas non ancrés possédaient, il n’avait rien de spécial. Si ce n’est son horrible cicatrice qui ornait son front, dépassant de sa frange. Il l’avait eu lors d’une partie de sorts et sortilèges. Au début, il la trouvait abracadabrante. C’était une cicatrice de guerre, aimait-il dire, car elle était la preuve du seul jour où il avait gagné une partie de sorts et sortilèges.
Mais à force d’être brimé, de voir ses camarades se moquer de lui et le critiquer durant l’enfance, avant sa présentation, cela avait impacté sa manière de se voir aujourd’hui. Il avait perdu toute confiance en lui. Qui voudrait bien de lui ? Aurait-il un ancrage heureux ? Aurait-il--
« Salut, c’est ton jour de déclaration aujourd’hui ? Moi aussi ! Je m’appelle Hermione Granger. Tu sais qu’il y a que vingt pourcents d’omégas dans la société ? Et que la majorité des ancrages sont composés seulement d’un Bêta et d’un Alpha ? Hermione le regarda, ses yeux pétillants, signe de son enthousiasme, continuant à débiter paroles sur paroles, posant questions sur questions, ne laissant aucun temps mort pour permettre à Harry de répondre.
« Oh, excuse-moi, dit-elle quand elle sembla avoir terminé son monologue. Où sont mes manières, je me suis présentée sans te laisser l’occasion de faire de même. Elle lui fit un sourire et lui tendit sa main. Hermione, Hermione Granger. Elle plissa les yeux puis ajouta doucement, paysanne ».
Elle leva légèrement la tête, elle le regarda avec un air de défi. Les paysans et les aristocrates ne se mélangeaient pas. Sauf les Omégas, lors de l’auction. La probabilité qu’un Oméga paysan tombe avec un Alpha ou Bêta aristocrate était très faible. Toutefois, quand cela était le cas, les Omégas étaient souvent maltraités ou violentés, et souvent utilisés comme de simple incubateur vivant, bons qu’à produire des bébés, et rien d’autre.
Mais personne ne s’intéressait vraiment à leur sort. Personne sauf Harry, qui prenait la condition d’un Oméga quel que soit sa classe sociale très au sérieux. Et lorsque Hermione retira sa main et voulut se lever, un air de rejet et de lassitude sur le visage, Harry la retint par le bras, le sourire aux lèvres.
« Harry Potter, aristocrate. »
« Oh... » dit-elle, étonné qu’il lui ait répondu. Tous les Omégas aristocrates présents dans la pièce n’avaient même pas pris la peine de lui répondre, la traitant comme une peste, un insecte qu’il suffisait d’ignorer pour qu’il s’en aille. « Ravie de faire ta connaissance Harry, savais-tu que seul le régent chef du pays a le droit d’avoir trois personnes, Bêtas ou Omégas, dans son ancrage tandis que les autres n’ont le droit d'en avoir qu’une seule ? »
Harry arqua un sourcil, son visage affichant un léger sourire. Cette fille passait vraiment du coq à l’âne dans ses propos. « Heu, oui, je sais. Tout le monde le sait, je pense.
- Non pas tout le monde, interjeta-t-elle, il faut avoir lu « Changement terrestre : la vie des homoïys » pour le savoir.
- Pas vraiment besoin de lire le livre, on l’apprend à l’école secondaire, » ajouta Harry.
Elle fronça les sourcils d’un air buté : « Oui, mais le livre détient plus d’explications que ce qui est dit en cours. »
« Je l’avoue, » rigola-t-il. Hermione rit avec lui, et à cet instant, Harry su que ce serait le début d’une grande amitié. ‘J’espère pouvoir garder le contact avec elle’, pensa-t-il très fort en croisant les doigts.
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« Placez-vous devant vos noms respectifs, ils seront indiqués sur le sol avec du sparadrap blanc. Ne marchez pas dessus, placez-vous devant pour que votre nom soit apparent, » dit une assistante d’accueil qui s’était présenté comme Matilda Rogers, une bêta. « Une fois placé, ne bougez plus, ne dites pas un mot tant qu’on ne vous a pas adressé la parole. »
Ils étaient restés dans la salle d’attente pendant un bon moment, et cela avait permis à Harry d’en apprendre plus sur Hermione. Elle aussi, prenait la condition des Omégas à cœur, et avait même pour désir de fonder une œuvre caritative pour militer et faire évoluer la société actuelle. ‘Sauf qu’une fois ancrée, je pourrais dire adieu à ces rêves’ avait-elle ajouté avec un air de déjection.
Elle habitait à Bath avec ses parents mais était rattachée à l’ODO de Londres au lieu de celle de sa ville d’habitation. Ses parents étaient dentistes, tous les deux des Bêtas. Et elle était une mademoiselle je-sais-tout d’après Harry, mais il n’oserait jamais le lui dire en face.
Matilda les avait pris de court, interrompant leurs discussions et leur demandant de la suivre. C’était l’heure, et la majorité des acheteurs potentiels étaient arrivés.
Harry s’installa devant son nom « Ω Potter », croisa ses mains derrière son dos, et riva ses yeux vers le sol. C’était ce que Monsieur Zqovish lui avait appris. ‘Surtout, ne regarde pas un Alpha dans les yeux. Un Bêta, ça peut passer à la rigueur, mais un Alpha, surtout pas. Cela serait vu comme un signe de chalenge envers son autorité.’ Répétait son professeur à chaque fin de leçon. Certes il n’y avait pas que des Alphas dans la salle mais Harry ne voulait pas tenter le sort.
Il leva brièvement les yeux quand le maître de cérémonie prit la parole, le détaillant rapidement du regard, puis les baissa. Celui-ci était élancé de taille et avait les cheveux blonds et ondulés. Il possédait des dents particulièrement brillantes visibles quand il souriait.
« Bonjour et bienvenue pour la déclaration de douze Omégas. Ce soir je serais votre hôte. Je me présente, Gilderoy Lockhart. Je sais que c’est une joie pour vous de me voir, mais malheureusement, nous ne sommes pas là pour ça » il rigola de sa propre blague puis se racla discrètement la gorge quand sa déclaration fut accompagnée d’un silence glacial dans la salle.
« Bien, sans plus tarder, commençons !» Il se tourna vers le prompteur et commença à lire avec fluidité. « Sur votre gauche, en début de file, nous avons l’Oméga Abbot, vierge et sous répresseur de chaleur. Une phase de désintoxication sera donc nécessaire. Elle est issue de deux parents Bêtas, l’un paysan, l’autre aristocrate. »
Des murmures de mécontentement se firent entendre dans l'assemblée. Cela était très mal vu d’avoir un mélange des classes sociales. Chacun devait rester à sa place. Cependant, certains étaient progressifs et ne faisaient pas cas des classes - mais cela ne concernait qu’une minorité - comme les parents de l’oméga Abbot, ou comme les parents d’Harry. Lily était fille de paysans tandis que James était issu d’une ancienne lignée d'aristocrates, qui avait une importance dans la société. Cependant après leur mariage, le nom des Potter avait perdu un peu de sa valeur à cause de cela. Et malgré que son père soit un auror haut gradé, cela ne changeait pas le fait que la paysannerie avait ‘dilué’ l’aristocratie des Potter.
« Ahem, reprit Lockhart, âgée de 17 ans, elle a validé sa formation à l’ENEO avec un médiocre pour appréciation. Les auctions commencent à cent livres sterling. » S'ensuivit une mise aux enchères, dont l’offre la plus élevée fut deux cent cinquante-cinq livres sterling. Elle émanait d’un Bêta dénommé Marcus Flint.
L’auction des omégas continua, mais Harry ne prêta attention que quand ce fut le tour d’Hermione. Il y avait quatre personnes entre elle et lui. Gilderoy annonça, son nom, son âge et sa virginité. « Elle a validé sa formation à l’ENOE première de sa promotion avec les félicitations du jury, » dit-il avec étonnement.
« C’est dommage qu’elle soit une paysanne, » rajouta-t-il. Et à cet instant, Harry eut envie de le frapper, de lui faire mal. Car sa simple phrase venait d’effacer le fait qu’elle avait eu des résultats excellents. Tout ce qui restait était que c’était une paysanne. Et cela se refléta sur le montant des auctions. Il monta à cinquante livres, personne n’avait voulu auctionner à cent livres.
« Félicitation Alpha Lestrange Rabastan, vous venez d’acquérir l’Oméga Granger pour un prix de cinquante livres. Je vous souhaite un ancrage très fertile,» dit Gilderoy d’une voix joyeuse.
Harry tourna discrètement la tête vers son amie, et remarqua que celle-ci pinçait ses lèvres, retenant ses larmes.
Rabastan Lestrange était issu d’une ancienne famille d'aristocrates. Il était membre de la cour intime du régent chef du pays, l’Alpha Tom Riddle. Après la guerre, quand le peuple homoïys avait vu le jour, la nécessité d’un dirigeant était fortement présente. Au début, ce fut l’Alpha Grindelwald Gellert, qui transforma un pays mutilé par la guerre en un pays florissant. Son slogan ‘acculons les homoïys au bonheur avec une main de fer’ justifiait le régime dictatorial qu’il abordait.
Il fut renversé par un putsch, mené par Tom Riddle et ses partisans, il y a quinze ans de cela. Certes, la dictature continua, mais le régent chef s’attarda à octroyer plus de droits aux Omégas, tout en renforçant le pouvoir que les Alphas avaient sur eux dans le but d’augmenter sa cote de popularité et de limiter les révoltes. Donner de la main droite pour reprendre subtilement de la main gauche, telle était sa politique.
« Et enfin, Oméga Potter, vierge, sous répresseur de chaleur, donc une phase de désintoxication sera nécessaire. Il a un an de maturité de plus que les précédents omégas, scolarisé à domicile et de parenté paysanne et aristocrate. »
Harry se mit à gigoter sur place. Sa déclaration n’était pas très flatteuse. « Les auctions commencent à cent livres sterlings » commença Gilderoy.
« J’en offre cinquante mille livres, » déclara une voix bariton, assertive. Le montant de l’auction dépassa toutes les autres offres qui avaient été faites pour ledit Oméga.