Callidora se pressait dans les couloirs de Poudlard tandis que la cloche venait d'annoncer le début du déjeuner. La préfète-en-chef de Serpentard avait été convoquée par son directeur de maison, Horace Slughorn. La raison lui étant inconnue, la jeune femme essayait d'en trouver une alors qu'elle descendait les escaliers menant au bureau du professeur de Potions. Elle avait bien autorisé une soirée à se poursuivre jusqu'à tard dans la nuit le samedi précédent, mais ce genre d'événement avait lieu plus ou moins régulièrement dans la salle commune de Serpentard sans que cela n’ait jamais posé le moindre problème par le passé.
Enfin, Callidora s'arrêta devant le bureau du professeur Slughorn. Elle vérifia que le ruban qui ornait ses cheveux bruns, formait toujours deux boucles symétriques et arrangea la jupe de son uniforme ainsi que le col de sa robe de sorcier avant de frapper à la porte.
— Entrez ! s'exclama la voix du professeur Slughorn. Ah ! Miss Black ! lança-t-il en la voyant.
La jeune femme pénétra dans la pièce, étonnée d'être aussi bien reçue par son directeur de maison. Il ne lui avait visiblement pas demandé de venir pour la réprimander. Le regard de Callidora se posa sur le professeur Dumbledore qui lui offrit un léger sourire tandis qu'elle lui faisait un signe de tête poli.
— Vous avez demandé à me voir, Professeur ? questionna-t-elle en reportant son attention sur son directeur de maison.
— En effet, Miss Black. Le professeur Dumbledore et moi avons une faveur à vous demander... commença-t-il.
Au même instant, on frappa deux coups à la porte et la personne fut invitée à entrer. Callidora ne put cacher son étonnement en voyant son homologue de Gryffondor pénétrer dans la pièce. Harfang Londubat était, comme elle, en septième année et faisait partie de l'équipe de Quidditch de sa maison. Il était considéré par beaucoup de jeunes filles comme le plus beau garçon de tout Poudlard. Callidora devait d'ailleurs avouer qu'elle n'était pas la dernière à lui jeter des regards quand elle le croisait dans les couloirs ou qu'elle partageait un de ses cours.
— Ah, Mr Londubat ! Nous n'attendions plus que vous, déclara Dumbledore en souriant.
— Professeur Slughorn ! Professeur Dumbledore ! les salua respectueusement Harfang. Miss Black, ajouta-t-il en se tournant vers elle.
La jeune femme le salua poliment tandis que les questions continuaient à se bousculer dans sa tête. Pourquoi Harfang avait-il été convoqué en même temps qu'elle ? Que se passait-il ?
— Miss Black, comme j'ai commencé à vous l'expliquer il y a quelques minutes, nous vous avons conviée le professeur Dumbledore et moi-même car nous avons une faveur à vous demander. Mr Londubat, ici présent, éprouve des difficultés dans son apprentissage d'Histoire de la Magie.
Callidora jeta un coup d’œil dans la direction de Harfang qui continuait à fixer le professeur Slughorn. La jeune femme ne put manquer la légère teinte rosée que ses joues avaient prise et devina à cet instant l’état très certainement désespéré de la requête.
— D'après le professeur Binns, vous êtes sa plus brillante étudiante et nous pensons que vous pourriez aider votre camarade à obtenir ses A.S.P.I.C. dans cette matière. Après en avoir discuté avec le professeur Dumbledore, nous avons convenu que vous serez gratifiée de cinq points à chaque fois que Mr Londubat et vous, vous rencontrerez pour travailler. Qu'en pensez-vous ?
Le silence s'installa dans la pièce tandis que Callidora cherchait une réponse adéquate à leur donner. Elle croulait sous les devoirs depuis le début de l'année et avait à peine le temps d'honorer ses obligations en tant que présidente du journal de Poudlard et de préfète-en-chef. La jeune femme tourna la tête vers Harfang et constata qu'il n'osait pas la regarder. Demander de l'aide avait dû lui coûter. La Serpentard ne put s'empêcher d'imaginer la tête de ses deux meilleures amies quand elles la verraient aux côtés du beau capitaine de Gryffondor.
— J'ai très peu de disponibilités, déclara-t-elle finalement, mais je serai ravie de pouvoir aider un de mes camarades.
Du coin de l’œil, elle vit Harfang lui jeter un regard surpris.
— Je savais que vous sauriez faire preuve de camaraderie, Miss Black ! s'exclama le professeur Slughorn visiblement ravi. Nous vous laissons voir ensemble vos disponibilités. Je pense que deux séances d'une heure à une heure et demie par semaine devraient parfaitement convenir. Nous ne vous retenons pas plus longtemps ! Allez profiter du déjeuner !
Callidora hocha la tête tout en saluant les deux professeurs poliment. Elle se dirigea vers la porte et tendit la main pour l'ouvrir mais Harfang fut plus rapide et l'invita à passer avant lui.
— Merci, souffla-t-elle en sortant.
Harfang la suivit à l'extérieur et la jeune femme ne put empêcher une vague de soulagement la submerger lorsqu'elle entendit la porte se fermer derrière eux.
— Merci d'avoir accepté, lâcha finalement Harfang après quelques instants de silence.
— Je t'en prie. Cela est tout à fait normal, rétorqua-t-elle sans oser le regarder. Il faudra que tu me donnes tes disponibilités que je puisse voir si elles coïncident avec les miennes.
— J'essayerai de faire cela pendant le déjeuner.
Le silence s'installa de nouveau entre eux avant que Callidora ne le brise et pose une question qui lui brûlait les lèvres :
— Tu... Pourquoi as-tu semblé si surpris que j'accepte ?
— C'est juste que je sais que tu as toujours beaucoup de choses à faire avec le journal, tes révisions... Je suis capitaine de l'équipe de Quidditch de ma maison, je sais ce que c’est d'être responsable d'un club. Quoi ? Pourquoi me regardes-tu comme ça ? questionna-t-il en souriant.
Callidora le fixait, en effet, étonnée par ce qu'il venait de dire.
— Il est rare d'entendre les joueurs de Quidditch donner autant de crédits aux clubs qui ne sont pas sportifs.
La Serpentard plissa le nez en se rappelant la fois où elle avait été moquée par le capitaine de l'équipe de sa maison lorsqu'elle avait laissé entendre que le journal demandait beaucoup de travail et d'efforts.
— Je ne peux malheureusement pas dire le contraire, rétorqua Harfang alors qu'ils arrivaient près des escaliers menant au hall. Enfin, tu es vraiment sûre que cela ne te pose pas de problèmes ? Je ne voudrais pas... Je ne voudrais pas empiéter sur tes cours ou quoi que ce soit d'autre.
— Je n'aurais certainement pas accepté si cela était le cas, ne t'en fais pas, mentit-elle à moitié.
Elle savait qu'elle trouverait le temps mais que cela risquait d'être difficile certaines semaines. Harfang s'arrêta sur le seuil de la Grande Salle et Callidora se demanda si certains de leurs camarades se questionnaient sur la présence d'un beau garçon tel que Harfang aux côtés d'un laideron comme elle. La Serpentard n'avait jamais été dupe et savait que selon les critères de beauté, elle était loin d'être belle. Une pointe de jalousie s'invita dans son cœur lorsqu'elle songea au joli minois de Cedrella, sa sœur cadette. Des trois sœurs Black, Cedrella, la sœur du milieu, était certainement la plus ravissante. Pas que Charis soit laide mais elle n'égalait certainement pas Cedrella en terme de beauté.
— Je te donne mon emploi du temps dès que j'ai pu le recopier, dit-il. Encore merci Callidora et profite bien de ce bon repas.
Harfang lui offrit un gentil sourire et Callidora sentit ses joues virer au rouge alors qu'elle lui souhaitait une bonne après-midi. Elle se dirigea d'un pas précipité vers la table de Serpentard et s'installa à côté de Marcia Parkinson et en face de Rosalia Selwyn. Du fait de l'amitié qui unissait les mères des trois jeunes femmes, Callidora les avait connues bien avant son entrée à Poudlard et était amie avec elles depuis.
— Nous avions bien cru que tu t'étais perdue dans les couloirs mais je devine, vu la personne qui t'accompagnait, que cela était voulu, remarqua Marcia en lui souriant.
— Vous aviez une réunion de préfets-en-chef ? questionna Rosalia plus réaliste.
— En effet. Il fallait que l’on se voie concernant les prochaines rondes, mentit-elle.
Elle ne savait pas si Harfang préférait garder ses difficultés en Histoire de la Magie secrètes.
— Je t'envie, souffla Marcia en fixant la table de Gryffondor.
Callidora osa jeter un coup d’œil dans la direction de son homologue et constata qu'il était installé avec ses amis. La jeune femme plissa le nez en voyant Maximus Weasley. Ce dernier l'avait pris en grippe dès sa première année et ne manquait jamais une occasion de lui faire savoir que le grain de beauté au-dessus de sa lèvre et son nez crochu lui donnaient un air de sorcière moldue.
— Il est tellement beau que j'ai les yeux qui piquent, rien qu'à le regarder, soupira Marcia, rêveuse.
Tout en mangeant, Harfang semblait être en train d'écrire quelque chose sur un rouleau de parchemin. De temps en temps, il relevait la tête pour intervenir dans la conversation que ses amis avaient avant de se replonger dans ses papiers. En face de Callidora et Marcia, Rosalia leva les yeux au ciel avant de passer sa main devant le visage de la dernière. Marcia n'avait jamais été très discrète quant à ses inclinations.
— Hé oh ! Le loup-garou hurle à la lune, déclara doucement la jeune femme. Marcia ! S'écria subitement Rosalia.
Bien qu'elle ait tourné son regard vers elle dès le premier appel, Callidora ne put s'empêcher de sursauter face au soudain éclat de voix de son amie. Plusieurs personnes tournèrent leur visage vers elles dont Harfang. Ce dernier avait relevé les yeux de son parchemin et lançait un coup d’œil surpris dans leur direction.
— Quoi ? demanda Marcia de mauvaise grâce.
— Quoi quoi ?
— Qu'est-ce que tu voulais nous dire ?
— Ah oui ! commença Rosalia dont les joues avaient pris une légère teinte rosée. J'ai reçu un hibou de Titus ce matin...
— Tu reçois des hiboux de mon frère presque tous les matins, remarqua Marcia d'une voix lasse.
— Peut-être, rétorqua Rosalia visiblement piquée au vif. Mais c'est la première fois qu'il laisse entendre que nous allons nous marier.
— Vous marier ? Il t'a demandée en mariage ? questionna Marcia d'une voix suraiguë.
Une fois de plus, Callidora sentit tous les regards se tourner vers elles et fit mine de ne pas s'en préoccuper.
— Il l'a sous-entendu. Il a dit que nous pourrions nous installer en Cornouailles lorsque nous serons mariés, expliqua Rosalia, les joues rouges.
— Nous allons êtres sœurs ! s'exclama Marcia en attrapant ses mains. Toi et moi, nous allons enfin devenir de vraies sœurs !
Callidora esquissa un sourire. Rosalia et Titus Parkinson, le frère de Marcia, se fréquentaient depuis la cinquième année de cette dernière. Ce mariage entre les deux jeunes gens, qui devrait resserrer les liens entre les Parkinson et les Selwyn, serait certainement vu d'un très bon œil par les familles des deux intéressés.
Toutefois, malgré la joie qu'elle éprouvait pour son amie, Callidora ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine jalousie face à la nouvelle. Elle-même avait dix-sept ans et n'avait toujours pas le moindre prétendant à l'horizon bien que la réputation de sa famille ne soit plus à prouver. Marcia, pour sa part, fréquentait Aulus Flint ; le frère cadet de Julius Flint, un joueur de Quidditch, attrapeur du Club de Flaquemare et qui avait participé - en mille neuf cent trente - à la dernière Coupe du Monde. L'année passée, Marcia avait dansé avec Aulus durant toute la durée du bal du nouvel an chez les Potter tandis que Callidora s'était contentée d'une danse avec son père, Arcturus, et d'une autre avec Fleamont Potter, le fils du vieux Henry, qui courtisait Euphemia Shafiq depuis qu'elle avait quitté Poudlard l'année précédente ; il l’avait même demandée en mariage deux semaines plus tôt.
— Te sentirais-tu mal, Callidora ? questionna Rosalia, inquiète.
— Non, non, je vais bien, ne vous en faites pas ! Je suis vraiment contente pour vous, voilà tout ! rétorqua-t-elle.
La jeune femme retint difficilement une grimace alors que, malgré tous ses efforts, sa voix sonnait peu sincère à ses oreilles. Marcia et Rosalia échangèrent un regard avant de reporter leur attention sur leur amie.
— Ton tour viendra, Callidora, n'en doute pas ! Tout le monde aimerait pouvoir se lier avec une fille aînée des Black.
— Une fille aînée des Black, oui. Mais pas d’une branche cadette de la famille, marmonna Callidora avant de reporter son attention sur son assiette.
La jeune femme n'était pas dupe et savait que toutes les familles de Sang-Pur souhaitaient avant tout s’unir matrimonialement avec la branche aînée de sa famille.
— Callie.... commença Rosalia.
— Capitaine de Gryffondor droit devant, souffla Marcia soudainement.
Callidora releva le nez de ses pommes de terre et constata, qu'en effet, Harfang Londubat venait dans leur direction.
— Bonjour, dit-il en offrant à Rosalia et Marcia un grand sourire. J'ai recopié mon emploi de temps avec les horaires des entraînements et ceux de mes rondes, tu me diras ce qui te convient le mieux, continua-t-il en se tournant vers Callidora. Je veux dire... Si les horaires ne te vont pas, je me débrouillerais pour déplacer un ou deux entraînements, ajouta-t-il voyant qu'elle ne réagissait pas.
La jeune femme attrapa le parchemin qu'il lui tendait.
— Je regarde ça dès que possible et je te tiens informé.
— Parfait ! Merci beaucoup Callidora ! A bientôt, lança-t-il avant de s'éloigner.
— Que... commença Marcia, éberluée. Pourquoi tu aurais besoin de son emploi du temps ?
— Nous devons nous voir pour organiser quelque chose.
— Quelque chose en rapport avec vos fonctions de préfets-en-chef ?
Callidora hocha la tête avant de finir son dernier morceau de pomme de terre. Dès qu'elle eut terminé son plat, la jeune femme s'excusa et quitta la table. Elle passa devant sa sœur cadette qui, assise en bout de table et un peu à l'écart des autres élèves, était en train de lire un livre sur la fabrication des balais. Cela avait toujours été sa grande passion et la cinquième année faisait même partie de l'équipe de Quidditch de Serpentard depuis deux ans.
Callidora se dirigea d'un pas rapide vers son cours d'Arithmancie. La salle était encore vide et la leçon ne commencerait pas avant une bonne demi-heure, mais la jeune femme savait qu'elle pouvait pénétrer à l'intérieur et y être tranquille pendant qu'elle réfléchissait à son propre emploi du temps. Elle sortit le rouleau de parchemin de son sac et l'étala devant elle. L'écriture de Harfang était comme elle l'avait imaginée, petite et précipitée. Elle ajouta ses propres cours dans le tableau, l'Arithmancie et l'Astronomie. Le Gryffondor et elle suivaient presque les mêmes matières sauf pour ceux de Soins aux Créatures Magiques, pour l'une, et d'Astronomie, pour l'autre, qu'ils avaient arrêté en sixième année et celui d'Arthmancie que lui n'avait jamais pris.
La porte de la salle s'ouvrit et grinça sur ses gonds tandis que Maximus Weasley et Olivier Dubois, deux camarades et amis de Harfang, pénétrèrent dans la pièce.
— Un troll dans le château ! s'exclama Maximus, moqueur en la voyant.
Olivier éclata de rire alors que Callidora faisait mine de ne pas l'avoir entendu. Maximus Weasley ne perdait jamais une occasion de pouvoir s'en prendre à elle et à son physique. Elle entendit des pas venir dans sa direction et, avant qu'elle n'ait pu faire quoi que ce soit, le Gryffondor lui arracha son parchemin des mains.
— Alors c'est sur ça que Harfang travaillait pendant l'heure du déjeuner, marmonna-t-il, pensif. Pourquoi tu as besoin de ça, la moche ? Tu as prévu de le coincer dans une alcôve ?
— Rends-moi mon parchemin, Weasley ! rétorqua-t-elle d'une voix neutre.
— Et si j'ai pas envie ?
— Rends-le moi !
— Viens le chercher ! répliqua-t-il en le mettant sous son nez.
Callidora poussa un soupir, exaspérée, et tendit la main pour le récupérer mais Maximus le mit hors de portée avant qu'elle ait pu l'attraper.
— Raté ! s'exclama-t-il visiblement fier de lui.
La main sur sa baguette, elle se rapprocha de lui pour récupérer son feuillet, mais une fois de plus le Gryffondor le tint trop haut pour qu'elle réussisse à l'atteindre.
— Dis ! C'est complètement fou ! Je pensais pas que tu pouvais être encore plus moche mais c'était avant de te voir d'aussi près.
— Accio parchemin, lança-t-elle en pointant sa baguette sur le rouleau.
Ce dernier s'échappa de la main de Maximus sans qu'il puisse intervenir et atterrit dans celle de la Serpentard. Cette dernière ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire satisfait. Irrité et vexé, son condisciple attrapa son poignet et le serra avec force. Callidora dut prendre sur elle pour ne pas montrer sa surprise et surtout la douleur qu'elle ressentait. C'était la première fois qu'il la touchait. Par le passé, il s'était toujours contenté de l'humilier.
— Tu sais, Weasley, ce n'est pas en continuant de m'insulter et en répétant sans cesse je suis laide que ton attirance pour moi va finir par s'évanouir. Mais bon, je sais que tu es désespéré, ce n'est pas comme si on avait déjà vu une Black épouser un Weasley, déclara-t-elle du ton le plus méprisant possible.
Sans doute choqué par ses paroles, Maximus fit un pas en arrière et libéra son poignet.
— Je... Je... Je ne suis pas attiré par toi, la moche ! rétorqua-t-il.
— C'est ce qu'on dit, déclara Callidora, un sourire mesquin étirant ses lèvres.
Maximus s'avança vers elle et la Serpentard dut se retenir de partir en courant. Il semblait vraiment en colère, comme si Callidora lui avait craché dessus rien qu'en laissant entendre qu'il pouvait la trouver séduisante.
— Un problème, Miss Black ? Mr Weasley ?
— Non, aucun, Professeur Spinnet, rétorqua Callidora en souriant à l’enseignante.
Le professeur Spinnet était une femme d’une cinquantaine d’années qui travaillait à Poudlard depuis près de trente ans. Malgré ses origines moldues, il s’agissait de l'enseignante préférée de la Serpentard. Bien entendu, ce n’était pas le genre de confidence qu'elle ferait à sa famille, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir déjà déclarer lors d'un repas dominical qu'elle trouvait le professeur d’Arithmancie tout à fait compétente. Cette affirmation avait d’ailleurs eu don d’agacer sa tante Hesper qui avait tendance à se donner des grands airs depuis que son époux était devenu chef de famille à la suite du décès de la grand-tante Elladora, et que personne, mis à part son époux et peut-être ses enfants, n'appréciait.
Sans attendre que le professeur Spinnet lui demande, Callidora alla s’asseoir à sa place habituelle. La cloche sonna à peine moins de cinq minutes plus tard et le reste des étudiants pénétra dans la pièce. Il n’était qu’une petite quinzaine à suivre le cours d’Arithmancie en septième année, dont Maximus Weasley et son comparse Olivier Dubois. En troisième année, Harfang Londubat avait préféré prendre comme option Soins aux Créatures Magiques et la divination. Il ne suivait d’ailleurs plus cette dernière après avoir reçu des résultats catastrophiques à ses B.U.S.E.
— Bonjour Callidora, déclara sa voisine de table, Eudoxia Shafiq.
Cette dernière était à Serdaigle et, bien qu’on ne puisse pas dire qu’elles soient véritablement amies, Callidora et elle avaient pris l’habitude de s’asseoir ensemble durant cette matière.
— Bonjour Eudoxia, rétorqua la Serpentard, polie. Félicitations pour les fiançailles de ta sœur, lança-t-elle d’un ton faussement enjoué.
— Merci, je suis bien contente que Fleamont ait enfin pris son courage à deux mains et l’ait demandée en mariage. Euphemia n’attendait plus que cela, répliqua Eudoxia sincèrement heureuse pour sa sœur.
— Miss Shafiq ! Miss Black ! Le cours a commencé, les coupa le professeur Spinnet alors que la Serpentard allait répondre.
— Excusez-nous, Professeur Spinnet, déclara Callidora en reportant son attention sur la leçon.
*
* *
*
— Quoi ? s’écria Maximus Weasley visiblement outré.
— Tu m’as très bien entendu. Callidora Black va me donner des cours de soutien en Histoire de la Magie, répéta Harfang patiemment.
— Pourquoi ? Je veux dire, ce n’est pas comme s’il s’agissait d’une matière principale. Tu peux avoir tes A.S.P.I.C. sans l’obtenir.
— Il est important de savoir l’histoire de son pays, si l’on veut pouvoir aller de l’avant, rétorqua mécaniquement le Capitaine de l’équipe de Quidditch.
Cette phrase, son père la lui répétait depuis son plus jeune âge. Philemon Londubat avait fait la guerre et avait toujours estimé que ses enfants devaient avoir une connaissance parfaite de l’Histoire mais aussi des actes héroïques de leur paternel. Son nom se trouvait dans les livres après tout.
— Tu nous dis ça à chaque fois et pourtant ça ne t’empêche pas de te planter, remarqua Maximus.
— Fiche-lui la paix, Weasley ! S’il a envie de prendre des cours de soutien avec Black, c’est lui que ça regarde, intervint Alvin Prewett.
D’aussi loin qu’il se souvenait, Alvin et lui avaient toujours été amis. Leurs pères se côtoyaient depuis Poudlard et les dîners chez l’une ou l’autre des familles avaient été habituels durant leur enfance. Alvin était aussi le seul de ses amis à connaître la véritable raison derrière l’envie de Harfang de réussir dans cette matière.
— Je m’inquiète simplement pour lui ! Tu imagines, toi, passer deux à trois heures par semaine en tête à tête avec Callitrolla ! Elle finirait par croire que tu es amoureux d’elle !
— Ne l’appelle pas comme ça, Maximus ! rétorqua Harfang, irrité.
— Quoi ? Callitrolla ? Je trouvais pourtant que ça sonnait bien, répliqua Maximus en haussant les épaules.
Harfang n’avait jamais compris la haine presque viscérale que vouait son ami à Callidora Black. Certes, cette dernière était loin d’être la plus jolie fille de Poudlard mais rien ne justifiait les éternels quolibets et vexations que pouvait lui faire subir Maximus.
— C'est juste méchant et bas, Max, déclara Harfang. Ce n'est pas sa faute, après tout, si elle n'est pas très belle.
Objectivement, Callidora était même plutôt vilaine mais cela n'avait pas empêcher Harfang d'avoir depuis toujours de l'estime pour elle. Malgré les moqueries, elle ne baissait jamais la tête et faisait toujours son travail de préfète et désormais de préfète-en-chef correctement, en plus de tenir le journal de Poudlard d'une main de maître.
— Méfie-toi ! Si tu lui parles trop, elle va finir par croire que tu es amoureux d'elle, répéta simplement Maximus.
Harfang lança un regard interrogatif dans la direction d'Alvin qui haussa les épaules ne sachant visiblement pas de quoi il retournait. Le jeune homme tourna sa tête dans la direction d'Olivier qui paraissait à la fois amusé et mal à l'aise, ce qui donnait à son visage une expression extrêmement étrange.
— Black a laissé....
— Olivier ! le coupa Maximus d'une voix menaçante.
— Quoi ? Si ce n'est pas vrai, pas de quoi avoir honte, non ? rétorqua-t-il.
Maximus ne trouva rien à répondre mais parut plus contrarié que jamais.
— Black a laissé entendre que si Maximus s'en prenait autant à elle, c'est parce qu'il éprouvait une attirance inavouée pour elle.
Alvin éclata de rire tandis que Harfang demandait si c'était le cas.
— Non ! Bien sûr que non ! Tu me vois avoir envie de coucher avec ça ! s'écria Maximus d'un ton véhément.
— Pourtant on pourrait se poser la question vu toute la passion que tu mets à la détester, plaisanta Alvin.
Harfang eut du mal à se retenir de rire alors que le visage de son ami devenait aussi rouge que ses cheveux. Des sept frères Weasley, Maximus faisait partie des trois seuls à avoir hérité des cheveux roux de leur père.
— Je ne l'ai pas désirée, je ne la désire pas et je ne la désirerai jamais ! J'ai assez de cette face de troll et de ses remarques sorties tout droit de son imagination dérangée, sans que mes amis s'y mettent aussi ! s'irrita Maximus avant de sortir du dortoir en claquant la porte.
Harfang et Alvin échangèrent un regard amusé.
— T'en penses quoi ? questionna Alvin.
— J'en pense qu'il s'énerve bien trop pour pas grand-chose, rétorqua Harfang.
— Tu veux dire que tu ne le prendrais pas mal si on sous-entendait que tu pouvais être attiré par une fille comme Callidora Black ? demanda Olivier, surpris.
— Si ce n'est pas vrai, je ne vois pas l'intérêt de m'énerver. Cela ne ferait que nourrir la rumeur, répliqua-t-il en souriant. Bon ! Bonne nuit les gars ! Cet entraînement m'a épuisé, déclara-t-il avant de se glisser sous ses draps.
Il ferma ses rideaux d'un coup de baguette et eut à peine le temps de poser la tête sur son oreiller avant de s'endormir.