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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


L'Hypocrisie des Envolés par Catie

[48 Reviews]
Imprimante Chapitre ou Histoire
Table des matières

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Note de chapitre:

Avec quelques petits jours de retard, voici le douzième chapitre ! On y retrouve l'équipe de Marcus, au repos pour quelques semaines en Bretagne, j'espère que ça vous plaira. :)

Pour le petit rappel habituel : Phoebe est la Gardienne ; Sara, Toby et Gabriel les Poursuiveurs ; Zeke et Justin les Batteurs ; et enfin Chuck l'Attrapeur

Les Canons de Chudley avaient littéralement écrasé l’équipe du Lancashire. Trois-cent-quarante à vingt. Un score qui aurait pu faire pitié si Marcus ne s’y était pas déjà attendu. Il nota soigneusement le résultat dans son carnet, sous ceux des semaines précédentes. L’équipe d’Ilkley n’avait réussi à marquer que deux buts face aux Flèches d’Appleby, les Busards de Heidelberg avaient battu de peu les Tabasseurs de Banchory et les Chauves-Souris de Fichucastel n’avaient fait qu’une bouchée de Cork. Il espérait pouvoir rentrer à temps pour voir le match des Vautours de Vratsa contre les Bombardiers de Bigonville. Les bulgares étaient dans une forme olympique et il n’avait jamais vu les luxembourgeois jouer aussi bien. Ça promettait d’être intéressant.

— Encore le nez dans le journal ? Tu sais que les stades n’auront pas disparu quand on retournera là-bas ?

Marcus jeta un regard noir à Zeke par-dessus son exemplaire de Quidditch Magazine. Cependant, il évita de le rabrouer. Depuis le petit incident avec Sara, il marchait sur des oeufs près de son capitaine. S’il démissionnait, il ne donnait pas cher de leur avenir dans la compétition. Et il devait avouer, bien qu’il ne le dira jamais à voix haute, qu’il avait fait une erreur en demandant à la jeune femme d’espionner pour lui. Rentrer dans les petits jeux de Dubois était stupide et immature. Ils n’étaient plus à Poudlard.

— Je m’informe juste, répondit-il avec raideur. Vous sortez ?

— On part se promener en bord de mer. Et tu viens avec nous.

Il ne lui laissa pas le choix et lui expédia manteau et écharpe d’un coup de baguette. Marcus se leva en grommelant et s’exécuta avec une grimace sur la figure, peu disposé à affronter le vent qui hurlait contre les carreaux.

Au lieu de repartir en Angleterre pour profiter de leurs quelques semaines de répit, Zeke les avait tous inscrits à un voyage organisé par le Ministère sur les côtes bretonnes. Il avait insisté en disant que cela ne ferait que renforcer leurs liens et qu’avoir un esprit d’équipe soudé était essentiel pour la suite de la compétition. Marcus avait été le seul à y aller en traînant les pieds. Les autres étaient trop heureux de repousser les soucis de leur quotidien à une date ultérieure.

Depuis qu’ils étaient ici, ils n’avaient cessé de bouger, de visiter, de courir d’un endroit à l’autre, chacun ignorant soigneusement la mauvaise humeur de leur entraîneur. Sara, en particulier, l’évitait comme la peste, toujours en colère après lui. Il faut dire qu’il n’avait pas l’effort de même tenter de s’excuser. Reconnaître devant tout le monde qu’il s’était trompé n’était pas dans ses habitudes.

Alors qu’il traversait le hall d’un pas rapide derrière Zeke, Marcus se heurta à une jeune femme qu’il n’avait pas vue. Par réflexe, il la rattrapa par le coude, l’empêchant de s’étaler de tout son long sur le sol.

— Merci, dit-elle aussitôt, mortifiée. Je suis désolée, je ne vous avais pas vu.

— Pas de soucis, grommela l’ancien Serpentard - comme si ce n’était pas lui qui l’avait renversée.

Il allait poursuivre son chemin lorsqu’il s’arrêta net. L’information venait enfin d’atteindre son cerveau.

— Qu’est-ce que vous faites ici ? demanda-t-il abruptement à la jeune Mélody, qui rougit jusqu’à la racine de ses cheveux.

— Comme vous, je suppose, répondit-elle nerveusement. Je me suis inscrite à l’excursion organisée par le Ministère et…

— Vous me suivez, c’est ça ?

— Mais non, pas du tout ! se récria-t-elle, outrée.

Marcus plissa des yeux, peu convaincu. Cette fan des Pies se retrouvait un peu trop souvent sur son chemin pour que cela soit une coïncidence. Il jeta un coup d’oeil circulaire, s’attendant presque à trouver Justin mort de rire dans un coin. Son Batteur était un peu trop taquin, et même s’il lui avait demandé d’arrêter avec ces stratagèmes stupides, il ne serait pas étonné de le voir recommencer.

— Écoutez, soupira Mélody, je suis juste venue là pour visiter le coin et prendre quelques semaines de vacances loin de la folie des matchs, ce n’est pas bien compliqué à comprendre. Je rentre tout juste et j’allais me boire une tasse de thé, vous voulez vous joindre à moi ?

Marcus l’évalua avec suspicion. La proposition semblait totalement innocente, et l’idée était bien plus attrayante que de partir se les cailler en bord de mer, le sable dans les yeux et le vent qui lui fouettait le visage. Cependant, il ne voulait ni lui donner de faux espoirs, ni devenir la risée de sa propre équipe.

— Flint ? Tu te dépêches ? s’éleva la voix impatiente de Zeke depuis la porte d’entrée.

— Partez sans moi, je reste là, répondit-il après un court instant de réflexion.

Son capitaine haussa un sourcil, prêt à répliquer, avant d’aviser la jeune femme qui se tenait à côté de son entraîneur. Un fin sourire aux lèvres, il quitta les lieux sous un grognement de la part de Marcus. Il ne manquerait pas d’informer toute l’équipe pour ce qui venait de se passer, autant pour la discrétion.

— Alors, ce thé ? insista Mélody.

L’ancien Serpentard l’évalua une fois de plus du regard. Sa question avait l’air totalement banale et innocente, il n’y avait aucune lueur d’espoir ou quoi que ce soit dans ses yeux. Elle semblait tout au plus intimidée par sa présence. Si jamais il s’agissait d’une journaliste sous couverture, comme il y avait pensé plusieurs fois, il n’avait qu’à faire attention à ses propos. Peut-être qu’avec un peu de chance et quelques répliques bien placées, il arriverait à obtenir un article plein d’éloges sur les Pies de Montrose et leurs chances de succès. Avoir le public de leur côté ne pourrait être que bénéfique pour le moral de l’équipe.

— Juste une tasse, finit-il par accepter.

Mélody eut un large sourire qui révéla ses dents du bonheur avant de le précéder vers la salle à manger de l’auberge. Marcus la suivit avec un temps de retard, se demandant s’il avait pris la bonne décision ou s’il était tout simplement stupide.

Pendant ce temps-là, Zeke avait rejoint ses coéquipiers dans la navette qui patientait sur le trottoir d’en face. Le ciel était chargé de nuages sombres mais il ne pleuvait pas pour le moment et ils comptaient bien profiter de chaque seconde à l’extérieur autant que possible.

— Marcus ne vient pas ? demanda Gabriel lorsque son ami s’assit à côté de lui.

— Il a croisé Mélody.

— Haha, je le savais ! s’exclama Justin, assis quelques sièges derrière. Tu crois qu’il l’a fait exprès ?

— Qu’elle l’a fait exprès, plutôt.

— Peu importe, intervint Sara avec humeur. On sera mieux sans lui, ça faisait des jours qu’il faisait la gueule.

Elle se leva pour aller signaler au chauffeur qu’ils étaient tous là, les yeux des garçons collés sur son dos.

— Je ne sais pas ce qu’elle a ces derniers temps, mais elle a l’air plutôt remontée contre Marcus, dit pensivement Gabriel.

— Ils se sont disputés, dit Toby.

— Comment est-ce que tu le sais ?

Le regard de Zeke, interrogateur, se tourna vers le Poursuiveur assis à côté de Phoebe.

— C’est évident, répondit cette dernière sans décrocher les yeux du bouquin posé sur ses genoux. Inutile d’être Legilimens pour le savoir.

— D’accord, mais pourquoi ils se sont disputés ? insista Justin.

Zeke ne répondit pas et laissa Toby se débrouiller avec le Batteur trop curieux. Néanmoins, leur conversation cessa dès que Sara les rejoignit. Elle s’assit à côté de Chuck, déjà plongé dans un profond sommeil. Devant, le chauffeur actionna quelques manettes, et une poignée de secondes plus tard, ils disparaissaient en un discret pop, pour réapparaître sur la route qui menait à la côte la plus proche. Ils seraient arrivés dans quelques minutes tout au plus.

— Tout va bien ?

Gabriel s’était penché vers lui pour lui poser discrètement la question, le faisant sursauter. Zeke acquiesça mais évita son regard. Lorsqu’ils arrivèrent à destination, il fut le premier à s’échapper de la navette, accueillant l’air frais avec un soulagement non feint.

Le petit village touristique dans lequel ils se trouvaient avait tout d’une carte postale : les maisons colorées ; les restaurants d’où s’échappaient de délicieuses odeurs de poissons et fruits de mer ; les devantures des boutiques où s’étalaient des bols en céramique ou des biscuits au beurre ; les touristes qui se baladaient en frissonnant sous leurs cirés. À quelques dizaines de mètres s’étirait la promenade pavée qui surplombait la plage déserte.

— C’est magnifique, murmura Sara, debout à ses côtés.

— Tu veux qu’on aille voir de plus près ?

Elle hésita un instant, puis hocha le menton. Ils donnèrent rendez-vous aux autres dans trois heures pour le retour à l’hôtel, puis ils s’éloignèrent vers la mer. Chuck les suivit sur une courte distance avant de bifurquer vers des escaliers qui serpentaient en direction l’étendue sableuse. Dans leurs dos, leurs coéquipiers se séparaient pour visiter le village. Quant à eux, ils marchèrent en silence de longs instants, mais ce n’était pas pour autant inconfortable. Après une quinzaine de minutes, ils s’assirent sur un banc qui faisait face à l’immensité bleue. Sous leurs yeux, les vagues écrasaient sans relâche leurs rouleaux sur la plage vide.

— Marcus n’aurait pas dû te demander ça, lâcha abruptement Zeke. C’était vraiment…

— Déplacé, compléta Sara. Je pense qu’il le sait. Il refuse juste de l’admettre.

— Il s’est excusé au moins ?

— Bien sûr que non.

Le visage de Zeke s’assombrit. Ses mains se mirent à trembler plus fort encore et il les glissa dans les poches de son manteau pour dissimuler sa faiblesse.

— Je n’ai pas besoin de ses excuses, poursuivit Sara sans s’en apercevoir. Je m’en fiche. Il n’est qu’une toute petite portion de mes soucis, de toute façon.

— Qu’est-ce que veux dire ?

Le jeune homme tourna franchement sa tête vers elle, la sondant de ses yeux verts. Il le regretta en la voyant se mettre aussitôt à rougir. Sara avait toujours été intimidée en sa présence, sans qu’il comprenne bien pourquoi. Il n’avait toujours été que gentil et prévenant avec elle, et il avait à peine quatre ans de plus. Il pensait que sa gêne avait disparu ces dernières semaines, mais il s’était apparemment trompé. Pourtant, contrairement à d’habitude, elle ne se ferma pas comme une huître, elle ne bredouilla pas. Elle finit par prendre la parole après quelques instants de silence.

— Être en vacances ici me rappelle que je devrais être en Angleterre chez mes parents, soupira-t-elle.

— Oh, dit Zeke, un peu bêtement, ne s’étant pas attendu à cette réponse. Ils te manquent ?

— Pas vraiment.

— Je ne comprends pas, avoua-t-il après un instant de silence.

— Je ne suis pas sûre non plus de bien comprendre ce que je ressens, répondit Sara avec une moue irritée, fâchée contre elle-même. J’aime mes parents, mais je ne supporte plus d’être chez eux. Ils ont été si marqués par la guerre, si irrémédiablement, ça a tout contaminé dans leur quotidien. Et d’un côté je les déteste pour ça, pour m’avoir fait vivre la guerre par intermédiaire, sans le vouloir. Je devrais être chez eux maintenant, et penser à eux m’agace. Je le supportais bien avant, mais depuis que Gus est parti j’ai l’impression que c’est de plus en plus dur.

— Gus ?

— Mon meilleur ami. Il a été embauché au MACUSA l’année dernière. Il avait toujours été là pour moi, comme un rayon de soleil dans mon existence. Depuis qu’il n’est plus là, je me sens…

— Seule, compléta Zeke.

Sara hocha le menton et enveloppa ses bras autour de son corps. Si Zeke ne se sentait pas autant hors de contrôle, il aurait sûrement passé un bras autour de ses épaules pour la rassurer.

— Bref, tu vois, finit-elle par soupirer. Marcus n’est qu’un paramètre de l’équation. J’ai d’autres soucis que lui. Disons que tout accumulé…

— Je lui parlerai si tu veux. À Marcus. Je lui dirai que…

— Non, ne t’en fais pas pour ça. Tu en as déjà fait assez. Merci d’ailleurs, pour la dernière fois. J’ai entendu ce que tu lui as dit après que je sois partie. Le menacer de démissionner pour moi, c’était vraiment… vraiment gentil.

Elle lui adressa un sourire timide qui l’apaisa plus qu’il n’aurait cru cela possible. Ses mains arrêtèrent presque de trembler.

— C’est normal, répondit-il d’une voix douce. On est une équipe.

— Et je suis un membre important de cette équipe, je sais. Je vais me ressaisir, ne t’en fais pas.

Ce n’était pas exactement ce qu’il avait voulu dire par là, mais il ne répliqua pas. Ils se turent, s’abîmant dans la contemplation des flots agités sous les rafales de vent. Zeke fut presque tenté de se confier lui aussi. De lui dire tout de ses problèmes de drogues, qu’il était en manque et qu’il aurait donné n’importe quoi pour une pilule, qu’il essayait de se sevrer mais qu’il savait qu’il ne réussirait pas, pas en pleine compétition. Qu’il allait certainement perdre Althea à force de jouer avec le feu, mais que plus il avait peur de la voir partir, plus il avait besoin de substances illicites pour oublier.

Non, il ne pouvait pas lui dire tout ça. Même Gabriel, celui dont il était le plus proche, ne savait rien. Et que pourrait-elle faire ? Rien du tout. Ça ne ferait que rajouter un poids sur ses épaules déjà lésées.

Alors il laissa le silence s’éterniser. Son esprit s’envolant vers la dernière boîte de gélules qu’il planquait dans sa table de nuit. Un seul petit cachet en rentrant, ça ne pouvait pas faire de mal, pas vrai ? Il ne pouvait pas jouer les mains tremblantes de toute façon. Oui, rien qu’un cachet, et ça irait mieux.

Loin des préoccupations de son meilleur ami, Gabriel collait un timbre sur la carte postale qu’il venait d’acheter pour sa soeur. Il écrivit l’adresse soigneusement et glissa le tout dans la boîte jaune, un sourire aux lèvres. Il n’avait pas beaucoup l’occasion d’écrire à Daisy sur les lieux de la compétition, les seuls courriers autorisés étant ceux venant par hibou postal. Sa cadette ayant une peur phobique des volatiles, il n’avait jamais eu ne serait-ce que l’idée d’essayer de correspondre avec elle de cette façon.

— C’est marrant comme manière de communiquer, je trouve, lança Toby.

Il examinait avec curiosité une affiche expliquant comment récupérer un colis, sous les regards suspicieux des locaux. Gabriel leva les yeux au ciel et le tira dehors avant qu’il ne dise une bêtise.

— Tu sais que tu es entouré de Moldus ?

— Oh, ça va, la moitié ne doit pas comprendre ce que je dis.

— Et l’autre moitié ?

Toby haussa une épaule et le suivit de l’autre côté de la rue, vers une boutique qui vendait des souvenirs typiques, où Gabriel pensait acheter quelques petits trucs pour sa famille.

— Je voulais prendre un sac pour Olivia, mais ma soeur n’est pas fan des imprimés immobiles, lança Toby en se saisissant d’un cabas en toile.

— Parle moins fort, soupira Gabriel.

— Désolé, s’excusa-t-il après un instant de silence. Je suis juste un peu nerveux.

— À propos de quoi ?

Sans réellement prêter attention à son coéquipier, Gabriel examinait les bols en céramique, tournant les présentoirs pour trouver le nom de son frère.

— Ça va faire deux mois qu’on attend, finit par grommeler Toby.

Les sourcils froncés, maussade, il jouait avec un porte-clé d’un geste fébrile, le regard perdu de l’autre côté de la vitrine. La vendeuse Moldue au comptoir l’épiait avec attention, comme persuadée qu’il n’attendait que son départ pour voler ce qu’il avait dans les mains.

— C’est normal que ce soit un peu long, finit par dire Gabriel d’une voix douce.

Son attention toute entière concentrée sur son ami, il dédaignait totalement les présentoirs devant lui à présent. Toby poussa un soupir, ferma les yeux et détendit peu à peu ses traits crispés.

— Je sais bien, finit-il par dire. C’est juste que… L’attente me rend dingue. Je n’arrête pas de me dire qu’ils vont refuser notre demande. Je ne suis pas souvent à la maison et on ne peut pas dire que ma situation familiale soit idéale avec ma mère qui refuse toujours de me parler.

— Ce sont des idiots s’ils vous disent non pour ces raisons, répliqua fermement Gabriel. Tu traverses la période la plus difficile. C’est frustrant d’être dans le flou, mais dès que vous aurez reçu ce hibou, Kay et toi pourrez vous préparer à accueillir un petit bébé chez vous. Ça ne devrait plus tarder, j’en suis sûr.

Toby lui offrit un sourire en biais et reposa lentement le porte-clé qu’il serrait dans ses poings noués. Son coéquipier avait raison. Ils ne devraient pas attendre encore bien longtemps pour savoir si le Ministère acceptait leur demande d’adoption. C’était juste tellement difficile d’être loin de son compagnon dans ce genre de moments. Kay avait toujours su l’apaiser quand il était stressé, et ces derniers temps il l’était plus que jamais. Il ne pouvait s’empêcher de se dire que ce n’était pas normal. Heureusement, Gabriel venait d’éteindre quelques-uns de ses doutes de sa voix douce, et il se sentait bien plus apaisé qu’il ne l’avait été pendant des semaines.

De l’autre côté de la rue, Phoebe s’était enfoncée dans une minuscule échoppe, une vieille boutique d’apothicaire, aux longs comptoirs de bois recouverts de plantes et d’onguents. L’endroit sentait le renfermé et le terreau, le vendeur avait tout du bonhomme sinistre et les moisissures apparentes au plafond ne donnait pas réellement envie de s’y aventurer, mais Phoebe était presque sûre d’y trouver ce qu’elle cherchait. Le coeur battant, elle parcourut les étagères avec attention, examinant quelques herbes séchées avant de les reposer ou reniflant certaines fleurs fanées.

Cela faisait des semaines, des mois même, qu’elle bloquait sur cette satanée potion. Elle aurait pu aller voir un spécialiste, ou même demander conseil à Arnold, qui avait toujours été meilleur qu’elle sur ce terrain, mais elle ne voulait avoir affaire à personne pour ce qu’elle voulait faire. C’était son jardin secret, inviolable et soigneusement caché. Elle avait réussi à rassembler quelques ingrédients, notamment la valériane et le mucus de Veracrasse, dont elle avait eu l’idée par la potion du sommeil. Cependant, elle était encore loin d’arriver au but. Et comme aucune combinaison sorcière n’avait réellement fait l’affaire, peut-être que cette boutique Moldue allait répondre à son besoin.

Phoebe rassembla avec soin quelques racines de Silene Capensis, quelques feuilles séchées de Celastrus Paniculatus, des fleurs de Lotus bleu et des graines d’Entada rheedii. Elle avait déjà hâte de rentrer en Angleterre pour essayer tout ça. Elle se dirigea vers le comptoir en se maudissant pour ne pas avoir pensé à ça plus tôt, et s’immobilisa net en voyant Justin accoudé sur le bois usé, parlant d’un ton affable au vendeur sinistre.

— Qu’est-ce que fais ici ? lui lança-t-elle avec raideur. Je croyais que tu étais allé boire une bière ?

— C’est fait ! Je t’ai vue entrer ici et j’ai commencé à bavarder avec ce brave monsieur.

Il adressa un sourire éblouissant au vendeur, qui resta totalement impassible. Phoebe lui tendit ses emplettes, dont il tapa le prix sur son antique machine.

— Et que lui disais-tu donc ? demanda-t-elle d’un air pincé.

— Je venais dans le coin tous les étés avec mes parents et pourtant je n’ai jamais réussi à apprendre le français ! C’est dingue, hein ?

— Complètement dingue, grinça-t-elle.

Le vendeur lui annonça le prix d’une voix gutturale et elle lui tendit quelques billets Moldus, avant d’entraîner Justin au-dehors.

— Le Somerset c’est la France maintenant ? dit-elle avec humeur.

— Oh ça va, c’était juste un petit mensonge de rien du tout. Ça m’amuse.

Exaspérée par son petit sourire en coin, Phoebe s’éloigna à grands pas, le sac contenant ses précieux ingrédients serrés contre son ventre. Être aussi agressive avait au moins empêché Justin de lui poser des questions sur ses achats. Ce n’était pas quelque chose qu’elle avait envie de partager. Avec personne.

Le petit dernier de l’équipe, Chuck, s’était quant à lui posé sur la plage. Assis dans le sable, ses cheveux bruns ébouriffés par le vent et les yeux plissés pour se protéger des embruns, il se laissait enfin aller au mélange de colère et de mélancolie qu’il ressentait. Habituellement, il faisait semblant, pour Sara. Il mettait un masque, il souriait, il riait, il prétendait. Parce qu’il détestait que Sara soit triste, et il fallait qu’il soit fort pour elle. Maintenant qu’il était seul, il pouvait laisser tomber les apparences.

Sa meilleure amie lui manquait. Plus les semaines passaient, et plus il mourait d’envie de la voir. Serena était la seule à savoir. À le comprendre. Même à Sara il n’avait rien dit. La lettre envoyée par ses parents ne cessait de creuser un trou dans son estomac, de lui brûler l’esprit et de se rappeler à lui à chaque instant de la journée. Il avait besoin d’en parler à quelqu’un, de lâcher tout ce qu’il avait sur le coeur. D’entendre des réponses rassurantes, des “tout ira bien”, qu’on lui dise que tout dans cette missive était faux. Il était en colère contre son père, sa mère, lui-même pour se laisser atteindre par leurs mots. Il ne devrait plus se soucier de ce qu’ils pensaient à présent.

Cela faisait des années qu’il était parti de chez lui. Peu après ses quinze ans, il avait fait son sac et était parti habiter chez Serena sans un regard derrière lui. Il n’éprouvait que mépris pour cette famille qui prônait la Divination telle une religion. Soi-disant descendants de grands voyants, ses parents n’avaient eu de cesse de lui prédire des horreurs toute son enfance. Il avait grandi dans une peur constante, devenant un adolescent maladif et craintif qui voyait des menaces de mort partout. Ce n’était qu’une fois arrivé à Poudlard qu’il avait compris à quel point tout ceci n’était que mensonges.

Le regard perdu dans le vide, Chuck glissa sa main au fond de sa poche, où se trouvait la lettre qu’il avait reçu quelques semaines plus tôt, si froissée qu’elle en était illisible. À chaque fois qu’il y repensait, il était aveuglé par la colère et le ressentiment. Plus de contacts pendant des années, et voilà qu’ils revenaient le hanter pour lui annoncer qu’une prophétie le concernant venait de voir le jour.

Une prophétie présageant sa mort.

— Chuck !

La voix se perdit presque dans les rafales de vent qui l’entourait. Il se retourna et avisa Sara, debout sur la promenade, agitant les bras vers la navette qui les attendait. Avec un grognement, l’Attrapeur se remit debout. Il était temps de rentrer. Et de laisser derrière lui toutes ces idioties. Il ne pouvait pas se laisser atteindre par les stupidités de ses parents.

Ils avaient une compétition à remporter.

Note de fin de chapitre :

Merci beaucoup pour votre lecture ! N'hésitez pas à laisser un petit mot, ça fait toujours super plaisir. <3 On se retrouve dès jeudi pour le prochain chapitre sur Olivier. En attendant je vous souhaite à tous un très bon week-end :hug:

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