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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


L'Hypocrisie des Envolés par Catie

[48 Reviews]
Imprimante Chapitre ou Histoire
Table des matières

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Note de chapitre:

Je remercie très fort Omicronn pour sa review au chapitre précédent :hug:

Et j'espère que ce nouveau chapitre vous plaira ! Ici on clôt enfin la phase de qualification de la Coupe d'Europe, j'espère que ça vous plaira :)

 

Olivier émit un grognement audible lorsqu’il poussa la porte de la chambre de Katie. Il ne s’était pas attendu à voir deux intrus indésirables assis l’un sur le fauteuil près de la fenêtre, l’autre sur le bureau.

— Qu’est-ce qu’ils font ici ?

— Essaye de le dire de manière encore plus désagréable, Dubois, répondit Terence d’un ton sarcastique.

— Ils ont quelque chose d’important à nous transmettre, et je savais que tu ne viendrais pas si je t’avais dit qu’ils étaient là.

Katie tapota la place à côté d’elle sur la causeuse installée dans un coin de la chambre pour l’inciter à s’y asseoir. Olivier s’exécuta à contrecœur.

— Je vous rappelle qu’on joue dans à peine une heure et…

— On sait, le coupa Marcus avec son tact légendaire. Ça ne prendra qu’une minute, on voulait te dire…

— Qu’on sait qui est derrière tout ça, intervint Terence en quittant son fauteuil.

— Tout ça quoi ? demanda Katie.

— Vos tactiques de jeux vendues à vos adversaires.

Olivier croisa les bras, peu enclin à les croire. Ce n’était encore qu’une pauvre tentative pour détourner son attention d’eux, preuve s’il en avait besoin pour montrer qu’ils étaient les seuls et uniques coupables.

— Depuis combien de temps est-ce que vous le savez ? les interrogea Katie en se levant, les sourcils froncés.

— Une semaine, dix jours, répondit Terence. On n’a pas pu vous en parler plus tôt car nous avions besoin de preuves irréfutables, et la dernière nous a été transmise ce matin.

— Parce que vous avez des preuves, ironisa Olivier. Comme si on pouvait croire quoi que ce soit venant de vous.

— Tu vas rapidement perdre ce petit air suffisant, Dubois, crois-moi, rétorqua Marcus, qui se retenait de ne pas sourire avec jubilation.

— Je ne pense pas. Jamais je ne ferai confiance à quoi que ce soit que vous pourrez me présentez.

— Tu n’as pas le monopole de l’enquêteur du dimanche, répliqua Terence.

— Et vous vous êtes encore et toujours des Serpentard, qui ne reculeraient devant rien pour gagner, y compris ce genre de fourberies.

— Je pense que tu devrais les écouter, Olivier, intervint Katie d’une voix grave.

— Et tu devrais lâcher tes clichés d’adolescents, conseilla Terence. Ça ne ta va pas bien au teint.

Olivier se retint  de répondre sèchement et se leva, le visage fermé. Il en avait assez entendu. Il n’avait pas à se forcer à rester ici, à écouter ces sornettes, alors qu’il était mal à l’aise et irrité par la présence des deux personnes qu’il supportait le moins dans ce pays. Sans compter qu’il était convaincu qu’ils étaient les coupables, il était hors de question qu’il se laisse embobiner.

Il se dirigea vers la porte à grands pas, sans que personne ne l’arrête. Avec un soupir, Terence finit par tendre les photos à Katie. Ils avaient complété leurs trois clichés avec un plus récent, datant d’à peine deux jours, montrant Cory en compagnie de l’équipe du Yorkshire, les joueurs qu’allaient rencontrer le Club dans quelques dizaines de minutes, lors du dernier match de cette phase de qualification.

— Olivier.

La voix étouffée de Katie l’arrêta alors qu’il avait la main sur la poignée. Il se retourna et fut surpris de lui voir un teint de craie et les mains tremblantes. Il la rejoignit en quelques pas,  son cœur tambourinant dans sa poitrine. Il n’avait pas encore vu les photos qu’elle tenait qu’il essayait déjà d’expliquer mille scénarios dans sa tête, accusant encore et toujours les Serpentard. Ce ne pouvait être qu’eux, fourbes et retors comme ils l’étaient, rancuniers et…

Ses yeux se posèrent sur les quatre clichés et il ressentit comme un coup dans l’estomac. C’était comme si tout l’air de ses poumons s’était vidé, comme si il n’entendait plus rien, ne voyait plus rien d’autre que ce visage de traître. Tout n’était que sons vagues autour de lui. Il avait l’impression de chuter, d’avoir sauté du haut d’un gratte-ciel et de tomber dans le vide, de très haut.

Il avait soupçonné à peu près tout le monde et n’importe qui - bon, d’accord, en particulier Flint -, mais jamais lui. La douleur de la trahison lui chauffait les entrailles à blanc, c’était comme un coup de poignard qui laissait une blessure à vif.

— Cory, murmura-t-il, sonné. Je lui ai accordé ma confiance et… Comment ? Pourquoi ?

Il releva la tête vers Katie, qui paraissait tout aussi choquée que lui. Ils n’avaient jamais été proches de l’assistant, pas comme des amis en tout cas, mais ils le connaissaient depuis des années. Il était certes un peu embarrassant, maladroit, mais gentil et attachant. Aucun des deux ne comprenait la raison de cette déloyauté. Ils auraient aimé pouvoir lui donner le bénéfice du doute, mais ce qu’ils avaient sous les yeux ne laissait pas de place à l’incertitude.

— Tu as raison, marmonna Marcus à son ami, c’est beaucoup moins drôle que ce que je pensais.

À ces mots, Olivier darda sur lui un regard noir. Sa peine se mêlait à la colère et à la honte. Toutes ces semaines, tous ces mois, il avait dirigé un ressentiment injuste contre Flint, tout ça pour une rivalité vieille de vingt ans. Avoir sous le nez la preuve qu’il s’était trompé depuis le début lui faisait réaliser à quel point il avait été coincé dans ses enfantillages et sa haine d’adolescent.

Il n’avait pas arrêté de dire qu’un Serpentard restait toujours un Serpentard, qu’ils étaient rancuniers et Merlin savait quoi d’autre, alors qu’en réalité, ça avait surtout été lui le plus gamin des quatre. Plus entêté qu’un Gryffondor sûr de son bon droit. Avec un soupir, il passa une main dans ses cheveux, les mots coincés dans sa gorge, butant sur sa langue. Il ne pensait pas qu’il serait si difficile de reconnaître ses torts.

— Je… Je dois dire que vos preuves sont pour le moins percutantes. Cependant…

— Accouche, Olivier, l’interrompit Katie d’une voix dure qui le surprit. Excuse-toi une bonne fois pour toute, mais vite. Je te rappelle que tu as bientôt un match, et que Cory est en ce moment avec tes joueurs.

Ces mots lui firent l’effet d’une claque. Elle avait raison, il n’avait pas beaucoup de temps devant lui, encore moins celui de ménager son ego. Sans compter que les photos étaient assez parlantes d’elles-mêmes. Une rencontre avec un autre entraîneur aurait pu être une coïncidence, deux devenait suspect, quatre était un véritable aveu.

— Je suis désolé, lâcha-t-il brusquement. Vous n’êtes pas coupables, ni l’un ni l’autre, je le reconnais maintenant, et je m’excuse de mon comportement.

Marcus eut un immense sourire, comme s’il s’agissait du meilleur jour de sa vie. Il ouvrit la bouche pour parler, mais Terence l’arrêta avant qu’il ne dise quelque chose de regrettable.

— Pas de soucis, c’est normal, au vu de notre passé.

— Pardon ? s’insurgea son ami.

— Allez Marcus, arrête toi aussi. Tu n’as pas été un enfant de choeur non plus de ton côté. Il est temps de déposer les armes, non ?

Les deux entraîneurs se toisèrent du regard, toujours aussi méfiants et réfractaires à l’idée de faire la paix.

— De toute façon, il faut bien qu’on parvienne à s’entendre, grommela Olivier. Si ces deux-là choisissent de passer du temps ensemble, on n’a pas le choix si on veut encore les voir.

Il désigna d’un geste Katie et Terence, qui échangèrent un bref sourire, presque heureux de leur victoire. Presque, car la trahison de Cory assombrissait nettement le tableau.

— Peut-être, consentit Marcus. Mais ne compte pas sur moi pour être tendre avec toi, Dubois. Mon équipe gagnera cette compétition.

— Tant que c’est avec fair-play, je n’y vois aucun souci, répliqua l’autre d’un ton froid. Par contre, je ne me ferais pas d’idées à ta place, ce sera mon équipe qui remportera la coupe.

— Que le meilleur gagne, conclut l’ancien Serpentard.

Il lui tendit une main que Dubois saisit brièvement. Un geste qui n’avait rien à voir avec celui effectué lors de leurs études avant leurs matchs. C’était une poignée de mains franche et honnête, dans laquelle ils s’engagèrent tacitement à respecter l’autre tel un adversaire de taille : pas de coups foireux, pas de ruses ou de tromperies. Celui qui gagnerait le ferait à la loyale.

À côté d’eux, Terence et Katie paraissaient soulagés et vaguement inquiets. Ils espéraient tous deux que cette trêve allait durer.

— C’est super tout ça, dit d’ailleurs la journaliste,  mais je vous rappelle que le match commence dans… trente minutes. Il faut qu’on se décide sur la marche à suivre.

— Je vais aller parler à Cory, dit aussitôt Olivier, la mine sombre. Je pense qu’il me doit quelques explications.

— Mais ensuite ? insista son amie. Est-ce que tu mets l’équipe au courant ? Est-ce que tu vas le dénoncer auprès du comité ?

Un silence méditatif accueillit ses paroles. Olivier devait avouer qu’il n’avait pas réfléchi à tous les tenants et aboutissants  de cette affaire. Il se mit à faire les cent pas, les sourcils froncés, réfléchissant à voix haute.

— Je ne pense pas leur dire avant le match, je ne veux pas les déstabiliser plus qu’ils ne le sont déjà par leurs soucis personnels. Je vais attendre qu’ils décollent pour confronter Cory. Et je lui dirai… De faire ses bagages et de partir.

— C’est tout ? releva Terence, un poil déçu.

— Tu devrais balancer ce rat à la Ligue, gronda Marcus. Il ne mérite pas de travailler dans ce sport, dans quelque équipe que ce soit.

— Malgré ce qu’il a fait, je n’ai aucune envie de lui gâcher sa vie ou de lui pourrir sa carrière.

À ces mots, Marcus marmonna quelques gentillesses à voix basse contre les Gryffondor et leur saleté de sens moral. Olivier et Katie prirent soin de l’ignorer.

— Sans compter que cela remettrait en cause la compétition, releva alors la journaliste.

— Elle marque un point, concéda Terence. Si le comité d’organisation vient à apprendre que les dés étaient pipés…

— Ils vont sûrement disqualifier les tricheurs, approuva Olivier d’une voix lente. Ce qui veut dire…

— Qu’ils seraient contraints de tout annuler, compléta Katie. Si les quatre équipes de ton groupe sont éliminées, il n’y a plus personne pour les remplacer, ils ne changeront pas les règles pour ça.

— La meilleure solution reste que Cory parte sans faire de vagues. Je lui parlerai dès que le match aura commencé.

— Ce qui ne devrait pas tarder. Plus que vingt minutes.

Ces paroles semblèrent secouer Olivier. Sans rien ajouter de plus, ils quittèrent tous les quatre la chambre de Katie située au dernier étage et s’empressèrent de sortir de la large bâtisse. À l’extérieur, ils furent aussitôt happés par une vague de chaleur, presque étouffante ici, au creux de la vallée. Heureusement, sur les hauteurs soufflait un vent agréable, qui rendait les températures estivales plus supportables, surtout en vol.

Pourtant loin de ces préoccupations climatologiques, pour une fois, Olivier réfléchissait à comment aborder le sujet, le regard sombre. La colère finissait peu à peu par prendre le pas sur la tristesse et l’incompréhension. S’il y avait bien une chose qu’il ne supportait pas, c’était la déloyauté et l’injustice, surtout venant de quelqu’un à qui il avait accordé sa confiance.

***

Dans les vestiaires, Cory regardait sa montre d’un air apparemment anxieux. Olivier n’était toujours pas là, et il paraissait de plus en plus probable que ce serait à lui de prononcer le discours d’encouragement précédant le match à leurs joueurs. Comme s’il n’avait que ça à faire, de remonter le moral de ces sportifs égocentriques.

Il fit mine de s’absorber dans les tableaux de chiffres qu’il avait sous les yeux. Les matchs récents n’avaient pas été passionnants, c’était le moins qu’on pouvait dire. Les Tapesouafles français n’avaient fait qu’une bouchée de l’équipe du Lancashire et les Frelons de Wimbourne avait écrasé les Harpies galloises. Tout le monde s’était attendu à en match qui les tiendrait en haleine, entre ces deux équipes mythiques, mais le Vif d’or avait été attrapé en moins de quinze minutes, mettant un terme à un match des plus ennuyant.

Et aujourd’hui se jouait le dernier match des phases de qualification, le Club de Flaquemare contre la petite équipe du Yorkshire. Même si l’entraîneur adverse possédait toutes les tactiques de jeux que Cory avait pu lui transmettre, il était difficilement concevable qu’il puisse remporter la partie. Le seul moyen serait qu’ils déclarent forfait.

Pensif, Cory releva la tête, ses yeux cerclés de lunettes parcourant les joueurs maussades devant lui. Non, un accident, quel qu’il soit, serait bien trop suspicieux. Il allait juste devoir redoubler d’adresse et de ruses pour arriver à ses fins avant les quarts de finale, vu que leur place en huitièmes semblait déjà sûre.

Inconscients des pensées malintentionnées de l’assistant de leur coach, les joueurs du Club se préparaient, certains l’esprit plus léger que d’autres.

Aiden, debout dos à son casier, regardait dans le vide d’un air absent en jouant avec une balle de la taille de son poing. Il pensait à Jade. De manière totalement inattendue, elle l’avait recontacté, lui avait dit qu’elle avait fait une erreur, qu’elle regrettait. Une part de lui avait du mal à croire en sa  chance, l’autre lui soufflait de ne pas retomber dans ce piège. Il ne pouvait s’empêcher de songer à Sara, à tout ce qu’elle lui avait dit. Qu’elle ne le méritait pas, qu’il ferait mieux d’avancer. Il se sentait déchiré entre deux extrêmes, tourmenté, à mille lieux du match et de ce qui était pourtant l’enjeu majeur de sa carrière aujourd’hui.

— Tu as l’air plus joyeuse que d’habitude.

— Toi aussi.

Millie sourit à Drew, qui venait de s’approcher d’elle pour tenter de dissiper les tensions et le trac qui précédaient toujours les matchs. Les autres discutaient entre eux, Aiden avait l’air trop tourmenté pour être dérangé, et Millie paraissait pour une fois de bonne composition, alors Drew s’était décidé à entamer la conversation.

— Le juge a rendu sa décision hier, lui avoua la Poursuiveuse, sans cesser de sourire, les yeux brillants. Il m’a accordé la garde pleine et entière de Robb. Lynn va sans aucun doute faire appel, mais mon avocate est confiante et pense que cela ne devrait pas poser de problèmes. Je vais enfin pouvoir être tranquille.

— Et te concentrer sur le Souafle ?

— Exactement !

Il réalisa que c’était sûrement la première fois en un an et demi qu’il la voyait rire. Cette bonne nouvelle la rendait plus avenante que n’importe laquelle de leurs victoires, comme si un poids invisible s’était soulevé de ses épaules.

— Je me mettais la pression, avant, lui avoua-t-elle. Je me disais que je n’étais pas une assez bonne figure maternelle pour Robb, que je n’étais pas assez présente. C’est bête qu’il ait fallu un  tel évènement pour balayer mes doutes.

— Il est chanceux de t’avoir, approuva Drew, en pensant chaque mot.

— Et toi alors ? Pourquoi une telle bonne humeur ? Ta grand-mère va mieux ?

— Non, à vrai dire, je l’ai enterrée il y a déjà plusieurs semaines. Mais c’était pour le mieux, s’empressa-t-il d’ajouter devant son expression gênée et affligée. Elle était très malade et… C’est vraiment mieux pour elle. Et pour moi. Pendant des années, j’étais partagé entre lui dire la vérité et être là pour elle, elle a fini par prendre la décision à ma place. Je suis libre.

— Alors je suis contente pour toi, je suppose, dit-elle d’une voix douce.

Ils échangèrent des sourires incertains, étonnés d’avoir pu discuter aussi simplement et à cœur ouvert. Tous deux se confiaient rarement aux autres sur leurs problèmes personnels. C’était certainement pour cette raison que cela paraissait plus facile de le faire l’un avec l’autre.

De l’autre côté du vestiaire, Roseann s’approcha timidement de son Capitaine. Elle avait une boule dans le ventre et se détestait d’être si angoissée. Elle qui parvenait à manier sa batte comme personne sur le terrain se sentait minuscule, insignifiante et enfantine lorsqu’elle était près de Jonathan. Cette attirance idiote l’agaçait autant qu’elle la transportait.

— Tout va bien ? demanda-t-elle d’un ton timide.

— On ne peut mieux ! lui dit Jonathan avec un immense sourire. J’ai reçu une lettre de Mélissa ce matin, ma sœur a accepté mon offre.

— Tu as fini par céder ?

— Oui, j’en ai assez de ces bagarres inutiles. Elle aura sa part de l’héritage et un point c’est tout. Tu voulais me dire quelque chose ?

— Oui, avoua-t-elle. C’est à propos de ce que je t’ai dit avant qu’on ne parte en vacances.

— Tu étais saoule, Rosie, ne t’en fais pas.

La jeune femme sentit ses joues brûler devant son ton paternaliste. Elle avait honte. Elle se sentait comme une gamine, qu’il écartait d’un revers de main sans considération. Elle aurait pu appuyer ce qu’il venait de dire, s’excuser, mais sa fierté en avait pris un coup, et elle avait toujours eu un côté un peu trop impulsif.

— Peut-être, mais j’en pensais chaque mot.

Jonathan la dévisagea un long moment sans un mot, interdit.

— Tu…

— Je sais, le coupa-t-elle en rejetant une mèche de cheveux derrière son oreille d’un geste agacé. Tu es marié. Je me sens abjecte de ressentir de l’attirance pour toi, mais c’est le cas.

— Il ne se passera jamais rien entre nous, Roseann, lui dit-il d’une voix douce. Tu es comme une petite sœur pour moi. Sans parler du fait que tu es ma coéquipière, il vaut mieux garder le personnel en-dehors du terrain, tu ne crois pas ?

Elle le savait déjà, mais son cœur tomba dans sa poitrine à ses mots. Elle cligna vite des paupières pour chasser ses larmes et redressa le menton, fière.

— Je sais tout ça, dit-elle sur un ton de défi.

— Alors pourquoi m’en as-tu parlé ?

Elle était incapable de répondre à cela. Parce qu’elle espérait quelque chose, au fond d’elle ? Plutôt mourir que de l’admettre. Elle fut heureusement sauvée par Olivier, qui entra en trombe, les joues rouges et l’air agité.

— En piste ! Allez, allez, on se dépêche !

Surpris par son arrivée tardive et précipitée, ses joueurs se saisirent pourtant de leurs balais et s’engagèrent dans le couloir qui menait au terrain. Olivier les regarda partir le dos raide. Une fois qu’il entendit, au loin, la voix du speaker annoncer leur entrée, il prit une profonde inspiration et se tourna vers Cory, qui avait rassemblé ses papiers et se tenait près de la porte qui menait à leur loge.

— On va rater le début du match, lui dit son assistant avec un sourire timide.

— Allez le binoclard, arrête tes conneries.

Cory écarquilla des yeux surpris en voyant Marcus, Terence et Katie entrer dans les vestiaires, et il sembla prendre enfin conscience de la posture rigide d’Olivier.

— Je… Je vous demande pardon ? bégaya-t-il.

— Fais-nous gagner du temps et cesse de faire l’imbécile, poursuivit Marcus d’une voix cassante.

Olivier dut retenir un rictus amusé. Il devait avouer que les répliques cinglantes du Serpentard étaient plutôt amusantes, quand on n’en était pas la cible.

— Je ne vois pas…

— On sait, Cory, le coupa Katie d’une voix grave. On sait que c’est toi qui a vendu les tactiques de jeux du Club à leurs adversaires.

Elle lui tendit les quatre photos qu’ils avaient trouvées. L’assistant ne les prit pas et ses traits restèrent indéchiffrables. Son silence tint lieu d’aveux.

— Pourquoi tu as fait ça ? demanda Olivier du ton le plus neutre possible. Je te faisais confiance. Je t’ai engagé, je t’ai pris sous mon aile, je t’ai enseigné…

Il s’interrompit lorsque Cory éclata d’un rire amer. Tout d’un coup, il parut devenir une personne complètement différente. Son masque de premier de la classe attachant et maladroit glissa, révélant un visage dur, aux yeux luisant de colère.

— Cesse donc de faire l’hypocrite, Olivier, dit-il d’un ton glacial, ça suffit.

— Excuse-moi ?

L’ancien Gryffondor était choqué d’entendre autant de haine et de mépris dans sa voix. Il n’avait quand même pas pu être si aveugle toutes ces années ?

— Pourquoi, Cory ? intervint Katie. Tu étais un membre de cette famille, comment as-tu pu nous trahir ?

— Parce que je n’étais rien pour vous, justement, répliqua-t-il avec colère. Vous croyez que je n’ai jamais vu la pitié dans vos yeux ? Vous faites comme si vous étiez bons et gentils, comme si tout le monde était soudé, mais c’est des foutaises !

— Alors quoi, tu nous détestais tout ce temps ? Alors que tu faisais semblant, toi aussi ?

— Vous n’avez que du mépris pour moi. Tous autant que vous êtes. Cory est gentil, Cory est bête, il fera tout ce qu’on lui demandera de faire. Mais Cory a des oreilles aussi, et il a entendu toutes les fois où vous avez parlé de lui en pensant qu’il n’était pas là. Pauvre Cory, idiot et naïf, il n’ira pas loin dans la vie. Ça te rappelle quelque chose ?

Olivier devait admettre que non, mais il n’allait pas l’avouer à voix haute. Ce fut Terence qui lui sauva la mise, même si ça non plus il ne l’admettrait jamais.

— Un beau complexe d’infériorité, à ce que je vois, commenta-t-il. Aucun remords, donc ?

— Aucun, cracha Cory.

— Tu as jusqu’à la fin du match pour faire ta valise, lui lança Katie. Passé ce délai, nous te dénoncerons, preuves à l’appui, auprès des représentants de la Ligue. Tu n’auras plus de travail, plus de réputation dans le milieu, plus rien.

À ces mots, Cory pâlit, comme s’il réalisait enfin l’ampleur de la situation.

Il n’hésita que quelques secondes avant de quitter les vestiaires sans un mot, sans un regard, fuyant l’endroit comme poursuivi par un fantôme vengeur.

Un long silence s’installa. Katie s’approcha de son ami, glissa sa main dans la sienne. Elle ne pouvait qu’imaginer la douleur qu’il ressentait. La trahison était toujours amère.

Elle n’eut pas le temps de trouver les mots pour le réconforter. Ils entendirent un tonnerre d’applaudissements, des cris, des vivats. Une poignée de minutes plus tard, l’équipe entrait déjà dans les vestiaires, les joues rouges et des sourires heureux collés aux lèvres. Ils furent surpris de trouver leur entraîneur en une telle compagnie, silencieux au milieu de la pièce vide.

— Tout va bien, Olivier ? demanda Jonathan en s’avançant vers lui. Tu as vu ça ?

— C’était rapide, commenta son entraîneur d’un air absent.

— On les a écrasés, approuva Edmund d’un ton enthousiaste. Deux-cent-trente à vingt ! Et Drew  a attrapé le Vif d’Or d’une manière spectaculaire !

Le jeune Attrapeur rougit, sans se départir de son sourire fier.

— On est officiellement qualifié pour les huitièmes de finale ! ajouta Jonathan. Je pensais que ça te rendrait plus heureux que ça.

— Il y a quelque chose que je dois vous dire.

Olivier détestait l’idée de faire cette annonce à un pareil moment, d’effacer de leurs visages les sourires euphoriques, mais il ne pouvait pas le remettre à plus tard. Ils s’apercevraient du départ de Cory bien assez tôt, et il ne voulait pas laisser traîner les choses plus longtemps.

***

— C’est dingue cette histoire avec Cory, quand même.

Selina ne répondit pas, le regard perdu dans le vague. Allongée sur le tapis au pied de son lit, juste devant la cheminée, elle fixait le plafond sans le voir, perdue dans les méandres de ses tourments intérieurs. Edmund la regardait, assis au bout du matelas, une cigarette aux lèvres. Il avait réussi à en acheter un paquet à un Médicomage peu scrupuleux. Il évitait de fumer, d’habitude, en tant que sportif de haut niveau, ça ne pouvait être qu’occasionnel s’il ne voulait pas que cela impacte ses performances, mais les évènements de la journée l’avaient presque obligé à en allumer une.

D’abord l’angoisse du match, l’euphorie de la victoire, la révélation de l’imposture de Cory, quelqu’un dont ils n’avaient jamais été vraiment proches mais à qui ils faisaient confiance, puis la frénésie de la grande fête qui avait été donnée après tout cela. Le comité d’organisation avait annoncé les équipes qualifiées pour les huitièmes de finale, puis la Bièraubeurre avait exceptionnellement coulé à flots.

Malgré leur victoire, ils n’avaient pas été d’humeur à faire la fête, et ils étaient rentrés tôt, silencieux et pensifs. C’était presque naturellement qu’Edmund était venu dans la chambre de Selina. Pour une fois, elle ne l’avait pas repoussé rudement comme elle en avait l’habitude - sûrement car il n’avait rien tenté. Pour être honnête avec lui-même, il avait juste envie d’un peu de compagnie.

— A quoi tu penses ? lui demanda-t-il.

— Je peux avoir une taffe ?

Selina s’assit et tendit une main qui ne souffrait pas de refus. Surpris, Edmund lui tendit pourtant la cigarette et la laissa prendre une longue bouffée.

— Je ne savais pas que tu fumais, dit-il.

— C’est dégueulasse, répondit-elle avec une grimace.

Le Batteur retint un sourire et reprit la clope qu’elle lui rendait. Il était incapable de détacher ses yeux de son visage qu’il trouvait si parfait, quand bien même il était dur et fermé en cet instant.

— Je pensais à Nawell, murmura-t-elle alors, toujours assise en tailleur sur le sol. On s’est disputé avant mon départ et je n’ai pas réussi à… recoller les morceaux.

Edmund se leva et vint s’asseoir en face d’elle, ce qui la fit soupirer.

— S’il te plaît, Ed, pas ce soir. Je suis fatiguée et… J’aime Nawell. J’ai juste besoin d’un ami.

— Et je suis là pour ça, rien de plus.

Après un temps d’hésitation, Edmund posa sa main sur la sienne. Il la sentit se tendre, mais elle ne se dégagea pas lorsqu’elle vit qu’il ne tentait rien de plus.

Les choses étaient bizarres entre eux. Depuis toujours, ils flirtaient de temps en temps, jouaient au chat et à la souris, en sachant tous les deux qu’ils ne se passeraient jamais vraiment rien. Elle parce qu’elle était amoureuse et qu’elle avait juste envie de savoir qu’elle plaisait toujours, lui parce qu’il échappait ainsi à l’angoisse sourde qui enflait dans son ventre lorsqu’il était lucide sur sa situation.

— Je sais que mon comportement a été nul avec toi.

— Tu crois ? ironisa Selina. Profiter d’un instant de faiblesse pour m’embrasser, tu trouves ça juste « nul » ? Pas déplorable ?

— Si, totalement. Je crois que je préférais être préoccupé par ce genre de… détails futiles, me concentrer sur le fait que tu me détestais, plutôt que sur le reste. Parce que tant que je pensais à ça, je ne pensais pas au plus important.

— Qui est ?

Edmund se tut un instant, embarrassé. Il n’avait jamais parlé de ses soucis à personne, préférant dissimuler ses problèmes sous une bonne couche de fausse bonne humeur et de blagues douteuses.

— Je suis fauché, avoua-t-il enfin.

— Comment ça ?

— J’ai tout perdu au jeu. Mes démons intérieurs ont pris le dessus et… J’ai des dettes par-dessus la tête que je suis incapable de payer. Mes créanciers me harcèlent mais je ne peux pas les rembourser et… mes attitudes de gamin me faisaient oublier ça.

La gorge serrée, les larmes aux yeux, il baissa la tête, incapable de croiser son regard. Il devait cependant avouer que dire la vérité lui a ôté un poids des épaules. Il ne se sentait plus aussi seul.

— Je suis désolée d’apprendre ça, murmura Selina. Je… Si tu veux en parler…

— Je veux surtout t’aider, pour le moment. Tu n’as pas reparlé à Nawell depuis ? Tu lui as écris ?

La Poursuiveuse secoua la tête, peinée. Elle se sentait mal pour lui, elle aurait tant voulu pouvoir y faire quelque chose, mais elle savait qu’il serait trop fier pour accepter une quelconque aide financière.

Alors elle accepta son souhait et elle se confia à voix basse, sur ses doutes, son amour, ses peines, ses espoirs.

Ils finirent par migrer dans son lit et s’endormirent dans les bras l’un de l’autre au petit matin, puisant du réconfort dans la présence de l’autre.

Sans se douter que ce n’était que le calme avant la tempête.

 

Note de fin de chapitre :

Merci pour votre lecture, dites-moi donc en review ce que vous en avez pensé, je serai curieuse de le savoir ! Et on se retrouve bien vite pour la suite :)

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