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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


L'Hypocrisie des Envolés par Catie

[48 Reviews]
Imprimante Chapitre ou Histoire
Table des matières

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Note de chapitre:

Hello tout le monde, voici le chapitre 20 ! On se rapproche peu à peu de la fin de cette Coupe d'Europe, j'espère que ça vous plaira :)

 

Après de nombreuses et bruyantes réclamations, Marcus avait fini par céder et accepter à contrecœur qu’ils débriefent en extérieur. Il avait été contre jusque-là car il n’avait aucune envie que des oreilles indiscrètes les écoutent, ou que ses joueurs se laissent déconcentrer.

Et Merlin savait à quel point cela était facile lorsqu’ils étaient assis en cercle dans un coin de l’immense parc qui barrait la propriété où on les logeait. Entre les personnes qui se promenaient, les connaissances qui venaient dire bonjour et les silhouettes volantes qui s’entraînaient sur le terrain tout proche, il était difficile de capter leur attention.

— Le prochain que j’attrape à regarder dans une autre direction que devant soi devra faire cinq cents pompes, vous m’entendez ?

Sa voix glaciale fit disparaître les sourires et les derniers chuchotements persistants. Il pouvait clairement sentir leur hostilité, mais qu’importe, il était là pour les entraîner, pas les baby-sitter et les dorloter.

— Bien. Des remarques sur le match auquel nous venons d’assister ?

— Le Gardien des Grands-Ducs a l’air costaud, commenta Zeke.

— Leurs Batteurs sont précis, les Poursuiveurs rapides. Il n’y a pas à dire, c’est une équipe solide, appuya Gabriel.

— Je ne pensais pas qu’ils iraient aussi loin dans la compétition, avoua Phoebe. Pour leur premier tournoi international, je dois dire qu’ils m’ont bluffée.

— Vanter leurs louages ne va pas nous aider à les battre, s’agaça Marcus en croisant les bras. Des faiblesses à relever ?

— Leur Attrapeur n’est pas très bon, releva Chuck. Il a passé l’essentiel du match dans une seule moitié de terrain et il volait bas. Il a de la chance que les Poursuiveurs aient creusé un écart suffisant avant que son adversaire n’attrape le Vif d’Or.

— Si jamais on les rencontre, ce sera à quelle étape ? demanda Sara d’une voix un peu nerveuse.

Marcus consulta ses tableaux, les sourcils froncés.

— En demi-finale, à supposer qu’ils remportent leur match en quart, ce qui n’est pas gagné étant donné qu’ils seront sûrement contre les Frelons de Wimbourne.

Malgré les matchs de qualification plutôt prévisibles dans l’ensemble, l’ancien Serpentard devait s’avouer surpris de la présence de certaines équipes en huitièmes. Il n’était pas étonné de retrouver certains grands noms, qui faisaient partie du paysage de la compétition depuis des dizaines d’années, comme les Frelons, les Canons de Chudley ou les Orgueilleux de Portree, leurs chers compatriotes écossais. Les Busards de Heidelberg, seuls allemands de la compétition, s’étaient aussi qualifiés sans soucis, tout comme les Flèches d’Appleby, les Chauves-Souris de Fichucastel et les Catapultes de Caerphilly.

En revanche, il était bien plus inattendu de retrouver les Gobelins de Grodzisk, l’équipe polonaise, qui ne brillait habituellement pas par son jeu impeccable - ce qui s’était vérifié d’ailleurs dès le premier match des huitièmes ; et les Gargouilles de Gorodok, ces lituaniens toujours désordonnés, ou encore les Grands-Ducs de Pampelune, véritables bleus dans le milieu professionnel.

Pour les autres, il attendait de voir ce que donneraient leurs matchs. Les Vautours bulgares avaient été impressionnants lors des matchs de qualification, tout comme les Cerfs-Volants norvégien, malgré leur manque de fair-play face au Club. Et même si sa propre équipe avait battu les Balais de Braga, il avait hâte de les voir évoluer contre d’autres joueurs.

Ne restaient que les Tapesouafles de Quiberon, seule équipe française du tournoi, qui le laissait songeur. Et cela n’était pas bon signe, car c’était contre eux qu’ils allaient disputer leur premier match.

— Ne pensons pas trop aux espagnols  pour le moment, dit soudain Marcus, interrompant les murmures qui s’étaient élevés autour de lui pendant qu’il était plongé dans sa réflexion. Concentrons-nous sur notre rencontre avec les français, tout en gardant en tête que si nous remportons, nous serons contre les Canons de Chudley, qui ont remporté leur match contre les Gobelins de Grodzisk, et vous savez tout comme moi que ce sont des adversaires de taille.

— Et qu’on a perdu nos deux dernières rencontres contre eux, dit sombrement Zeke.

— Peu importe, s’agaça Phoebe, encore faut-il qu’on gagne contre les Tapesouafles, et je ne pense pas que ce sera des plus évidents. Ils sont doués, et ils sont chez eux, ils vont bénéficier du support du public.

— Et alors ? s’étonna Chuck.

— Les applaudissements ou les huées des spectateurs peuvent faire pencher la balance plus qu’on ne le croit, répondit Gabriel. Ça peut être déstabilisant, plus que d’habitude dans une compétition de cette envergure.

— Marcus !

L’intéressé poussa un soupir et leva la tête de ses feuilles pour se tourner vers Terence, qui s’avançait vers lui en courant presque. Sa légère irritation se mua en franc agacement lorsqu’il vit que son ami était suivi par Katie Bell et Olivier Dubois. Est-ce que ces deux-là croyaient vraiment que sa bonne action de la semaine dernière les avaient rapprochés ? Ils se fourraient vraiment le doigt dans l’œil.

— Qu’est-ce qui se passe ? grogna-t-il, avec toute son amabilité. On allait discuter tactiques.

— Toujours aussi agréable, soupira Katie.

— Ce qu’on va te dire va sûrement changer tes plans, Flint, ajouta Olivier.

À la périphérie de son champ de vision, Marcus vit ses joueurs retenir leurs souffles. Ils s’attendaient apparemment à une véritable explosion et à une nouvelle dispute, comme la dernière fois. Il était presque déçu de ne pas correspondre à leurs attentes. Certes, il n’était pas ami avec les Gryffondor, mais il avait néanmoins promis à Terence d’être, sinon cordial, au moins non agressif. Du mieux qu’il le pouvait, en tout cas.

— Quoi donc ?

Il prononça ces deux mots d’une voix grinçante, et la surprise de son équipe ne lui échappa pas. Il vit Sara et Zeke échanger un regard étonné, ce qui l’agaça plus qu’il ne l’aurait cru. Il avait l’impression de faillir à sa réputation de personnage exécrable.

— Grégory Duret a été agressé, lâcha enfin Terence.

— Qui ça ?

— Le Capitaine de l’équipe des Tapesouafles.

C’était Zeke qui avait répondu, en se levant d’un bond, tendu.

— Raconte, dit-il d’un ton pressant. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

— Il a été retrouvé dans sa chambre, il avait perdu connaissance. Quelqu’un l’a frappé fort au crâne et lui aurait cassé des os du bras.

— Qui ça ? demanda Sara, les sourcils froncés.

— Il n’a aucun souvenir, soupira Olivier. Tout laisse à penser que son agresseur lui a lancé un Oubliettes avant de disparaître.

— Mais pourquoi ? Et comment ? s’étonna Toby.

— Il sera vite sur pieds, pas vrai ? intervint de nouveau Sara, inquiète. Rien que la magie ne puisse réparer en deux coups de baguette ?

— Une question à la fois, les tempéra Terence d’un geste. D’après ce que j’ai compris, la sécurité pense que c’est un fan qui s’est introduit par effraction dans le périmètre.

— Un fan qui agresse un joueur ? releva Phoebe, sceptique.

— Tu sais comme moi qu’il y a des malades absolument partout. Quoi qu’il en soit, ils ont renforcé les sortilèges de protection, ils ont doublé les équipes de surveillance, et ils ont posté des employés du Ministère devant l’infirmerie au cas où. Duret devrait être sur pied d’ici deux jours.

— Ce qui repousse notre match, grommela Marcus. Tu es sûr qu’ils n’annulent rien ?

— Les français ne veulent pas déclarer forfait, et Duret affirme qu’il peut jouer. Dès qu’il sera réparé des pieds à la tête, en tout cas.

— Bien, merci de m’avoir prévenu.

Il serra la main de Terence et adressa un signe de tête aux Gryffondor, d’un air un peu guindé.

— Pas de soucis, répondit Olivier, d’un ton un peu froid. Est-ce que je peux te parler juste une minute ?

— Bien sûr.

Les deux rivaux s’éloignèrent de quelques pas, sous les regards inquiets de leurs amis, et plus que perplexe de l’équipe des Pies.

— Je ne serai pas long, affirma Olivier. Je voulais juste te dire de faire attention.

— Comment ça ? siffla Marcus, sur la défensive.

— Ne monte pas sur tes grands chevaux. Je veux juste dire… Que ça peut paraître suspect. Qu’on s’attaque comme ça au Poursuiveur star de l’équipe que tu vas affronter.

— Est-ce que tu insinues…

— Je ne dis pas que c’est ce que je pense, le coupa l’ancien Gryffondor. Je dis juste que… Fais attention, d’accord ?

— Je n’ai pas besoin de ta sollicitude, Dubois, cracha-t-il.

Il s’éloigna à grands pas, la colère se mêlant à l’inquiétude en lui, bien qu’il ait préféré mourir que l’avouer. Il passa en trombe devant ses joueurs sans les voir, le regard noir et les sourcils froncés.

— Ah je préfère ça, soupira Zeke. Il m’a presque fait peur l’espace d’une seconde.

— Comment ça ? fit Terence d’un ton curieux.

— Je croyais qu’il commençait à être aimable.

Ces mots provoquèrent une hilarité générale, sous le regard perplexe d’Olivier, qui les rejoignait à pas lents.

— J’ai raté quelque chose ?

— Juste une bonne blague, répondit Katie en essayant de maîtriser son rire. Allez viens, j’ai un article à écrire. Mon chef sera ravi de voir qu’il se passe enfin des choses sensationnelles dans cette Coupe d’Europe !

Ils retournèrent vers la bâtisse bras dessus bras dessous, suivi par un Terence pensif, qui se disait qu’il devrait peut-être rejoindre son ami, une fois qu’il serait calmé. Son échange avec Dubois avait l’air de l’avoir secoué.

Derrière eux, l’équipe s’éparpilla. Chuck, Phoebe et Sara décidèrent de s’allonger dans l’herbe, pour profiter de ces chaudes températures du début de l’été, Zeke et Gabriel allèrent se promener dans les environs, et Justin embarqua Toby pour aller faire un tour au chapiteau, où il y avait toujours du monde pour discuter et boire un verre rafraîchissant de jus de citrouille.

Étonnée de voir Phoebe se mêler à eux, elle qui d’habitude était très solitaire, Sara ne pouvait s’empêcher de lui jeter des œillades curieuses, alors qu’elle offrait son visage à la peau pâle au soleil ardent qui brûlait au-dessus de leurs têtes.

— Tu as quelque chose à me demander ? finit par dire la Gardienne, les yeux fermés.

— Non, rien, répondit Sara en rougissant.

— C’est juste qu’on n’est pas habitué à te voir profiter de notre compagnie, ajouta Chuck. Quelque chose ne va pas ?

— Je n’ai pas le droit de profiter du soleil et de la compagnie de mes coéquipiers ?

— Bien sûr que si, mais sache que si jamais tu veux parler, on est là.

Il y eut quelques instants de silence, durant lesquels Phoebe ne bougea pas un cil. Puis elle se retourna sur le ventre et posa son menton sur ses mains jointes, la mine un peu embarrassée.

— Je suis gênée, dit-elle enfin. De ce que j’ai dit l’autre soir.

— Quand ça ? demanda Sara, intriguée.

— Après notre victoire contre les Balais. Quand on a joué au Secret de l’Auror. J’avais beaucoup bu et… Je ne suis pas à l’aise avec l’idée de m’être autant confiée.

— Il ne faut pas en avoir honte, dit la Poursuiveuse d’une voix douce. Aucun de nous ne t’a jugé pour ça.

— Je sais, mais… Je n’ai pas l’habitude de mélanger ma vie privée et ma vie professionnelle.

— Je peux comprendre l’idée sur le principe, intervint Chuck, mais elle est difficile à mettre en application au sein d’une équipe sportive professionnelle. On est comme une famille.

Phoebe haussa une épaule, toujours aussi gênée.

— Tu veux en parler ?

La Gardienne tourna enfin la tête vers Sara à côté d’elle, qui la regardait avec toute la compassion, l’empathie et la sollicitude d’une amie. Elle avait toujours eu du mal à parler à cœur ouvert, à qui que ce soit, elle n’avait personne de réellement proche dans sa vie excepté Arnold, mais c’était peut-être ça le problème, pas vrai ? C’était probablement ce qui lui faisait aussi peur.

Avec un soupir, Phoebe s’assit, afin d’être plus à l’aise. Elle laissa ses yeux errer sur le parc où s’égayait quelques joueurs, allongés au soleil comme eux. Elle ne savait pas trop par où commencer.

— Je vous l’ai dit, l’autre soir, je m’ennuie. Ma vie me paraît triste et fade, parce qu’elle est déjà toute tracée. J’aime Arnold, du plus profond de mon cœur, mais… Je vois cette existence avec lui, si prévisible. Un mariage, un enfant, peut-être deux, des bons dîners au coin du feu, mon balai qui prend la poussière au fond de la grange…

— Et ce serait si mal ?

— Non. Juste… Je ne sais pas si c’est ce que je veux.

— Il te manque ?

— Bien sûr. Chaque jour.

Phoebe baissa la tête pour cacher ses larmes, mais ses courts cheveux bruns n’avaient rien d’un outil de dissimulation efficace. Elle entendit Sara s’asseoir elle aussi et passer une main légère dans ses mèches pour lui dégager le visage.

— Alors ne pense pas trop à l’avenir, pas encore. Écris, plonge-toi dans tes récits, utilise cette potion que tu as créé. Pas pour t’échapper, mais parce que tu en as envie. Et profite de chaque minute avec Arnold, la vie est trop courte pour être emprisonnée dans un futur qui n’existe pas encore. Tu ne peux pas te piéger avec des « Et si ». Vis l’instant présent.

Ces derniers mots semblèrent briser ses dernières volontés. Phoebe laissa échapper ses larmes, se sentant étrangement soulagée. C’était la première fois qu’elle avait ce genre de discussions à cœur ouvert, et cela lui avait fait encore plus de bien qu’elle ne le croyait. Elle se laissa aller contre l’épaule de Sara, tandis que Chuck avait saisi sa main droite et la serrait fort. Entouré de ses deux coéquipiers, elle se sentait bizarrement plus forte.

Sara frottait doucement le dos de la jeune femme, son regard pensif s’égarant sur Zeke qui marchait au loin avec Gabriel, les mains au fond des poches, maussade. Elle avait réellement essayé de prendre ses distances avec lui, de faire taire cette attirance d’adolescente, mais malgré tous ses efforts, son regard revenait  sans cesse sur lui. Elle l’avait tellement observé qu’elle avait le sentiment de le connaître par cœur.

Et ces jours-ci, elle sentait qu’il n’allait pas bien. Il avait un problème, elle en était persuadée, mais quoi ? Elle n’arrivait pas encore à en saisir l’ampleur, elle se disait que s’il voulait s’appuyer sur quelqu’un, ce ne serait pas sur elle de toute façon, mais elle peinait avec l’idée de lui tourner simplement le dos. Elle avait envie de le soutenir, d’être là pour lui. La question était de savoir si c’était raisonnable pour elle.

Un peu plus loin, du côté du chapiteau, Justin et Toby traînaient des pieds près du buffet dressé à l’extérieur, devant lequel se pressaient les joueurs espagnols. Ils regardaient sans les toucher les amuse-bouches et les petits fours, sans se mêler aux personnes présentes.

— Je sais pourquoi moi je suis grincheux, finit par dire Toby, mais toi ? C’est pas dans tes habitudes d’être aussi silencieux, qu’est-ce qu’il se passe ?

Justin haussa les épaules avec une moue maussade, les mains au fond des poches et les yeux perdus vers un coin de ciel bleu.

— Toi d’abord, lâcha-t-il enfin. Je sais que je fais souvent comme si je ne pensais qu’à moi, mais je ne suis pas aveugle. Tu tires une tête de trois pieds de long depuis notre dernier retour d’Angleterre. Des soucis avec Kay ?

— Pas lui directement, soupira le Poursuiveur. Notre demande d’adoption a été refusée par le Ministère. On y a fait recours, mais… ça reste plutôt… pesant.

— Je suis désolé, répondit Justin, un peu embarrassé.

Il n’avait jamais été doué pour réconforter les gens, ce n’était pas dans sa nature. Il amorça un geste vers son coéquipier pour lui tapoter l’épaule mais s’arrêta avant de le toucher et ramena sa main vers lui pour se gratter l’oreille d’un air gêné.

— Je ne sais pas quoi te dire de plus, avoua-t-il.

— Il n’y a rien à dire. C’est injuste, c’est frustrant, mais c’est comme ça.

— Et ils vous ont donné une raison, au moins ?

— Mes absences quasi constantes à cause de mon métier, entre autre. Plus le temps passe et plus je me dis que… je devrais peut-être remiser mon balai au placard.

— Prendre ta retraite ? Déjà ?

— Je peux toujours devenir entraîneur, ou simple remplaçant. Je ne sais pas, je suis en réflexion permanente depuis quelques semaines.

Justin s’abstint de dire quoi que ce soit, mais il lui semblait aberrant de renoncer à sa carrière professionnelle, ce pour quoi des centaines de jeunes se battaient chaque année, tout ça pour un gamin. Jamais il ne pourrait dire adieu à ses rêves, même pour former une famille avec la personne qu’il aimait. Il était trop égoïste pour ça.

— Et toi alors ? finit par demander Toby après quelques instants de silence. Qu’est-ce qui te perturbe ? Je vois bien que toi aussi tu es ailleurs depuis quelques temps.

— J’ai accepté d’emménager avec ma copine, marmonna-t-il.

— Et tu le fais le couteau sous la gorge ? Tu n’as pas l’air ravi à cette idée.

Justin poussa un soupir et passa une main nerveuse dans sa main. Lui qui se cachait toujours derrière une façade d’humour, qui était toujours grande gueule, menteur, joueur, il avait l’impression que son masque s’effritait de plus en plus ces dernières semaines. Comme si celui qu’il avait prétendu être toutes ces années s’effondrait, rongé par la culpabilité.

Il avait une boule dans la gorge, qui rendait toute parole difficile, mais il avait conscience que c’était maintenant ou jamais. Lui qui avait toujours inventé, fabulé, trompé, il sentait que c’était le moment de dire enfin la vérité. Et qui de mieux que Toby, qui ne jugeait jamais rien ni personne ? Il n’avait pas vraiment d’amis, en-dehors de ses coéquipiers, et il ne se voyait pas se confier à Phoebe et son sarcasme, ou à Gabriel et son incroyable sens du devoir. Ils ne comprendraient pas. Toby non plus, mais il avait le sentiment qu’il ne le considérerait pas plus mal pour autant.

— Je l’aime, dit-il enfin, mais je ne suis pas celui qu’il lui faut.

— Ne sois pas idiot, pourquoi…

— Je l’ai trompée avec une femme mariée, et plus d’une fois. J’ai tout arrêté avec Rita mais… Je sais que si elle me contacte de nouveau, je craquerais. Parce que je suis comme ça. Infidèle.

Sa voix se brisa sur le dernier mot. Il n’osait plus se tourner vers Toby, ayant peur de ce qu’il lirait dans ses yeux, après cette confession qu’il s’était senti incapable de retenir plus longtemps.

— Tu es peut-être ainsi parce que tu te persuades toi-même que c’est tout ce que tu es, dit le Poursuiveur d’une voix douce après un court silence. Si tu changes la perception que tu as de toi, tu seras sûrement bien meilleur pour…

— Kylie, souffla Justin. Je ne sais pas si j’en suis capable.

— Moi j’en suis sûr. Et ce genre de certitude et de travail sur soi passe d’abord par le regard que pose les autres sur toi, tu ne crois pas ? Essaye de te voir à travers nos yeux, ses yeux à elle, et sois à la hauteur de ses sentiments pour toi.

— Merci, chuchota le Batteur, la gorge serrée. Je crois que j’avais besoin d’entendre ça.

— Par contre, ne la trompe plus jamais, tu m’entends ? Ou quitte-la.

— Promis.

Des larmes se dessinaient dans les yeux de Justin lorsque Toby lui tapota maladroitement l’épaule. Il savait que cette promesse-là, il la respecterait, parce qu’elle valait bien plus que celle qu’il avait tenté d’établir avec lui-même. Il n’avait aucune envie de décevoir la seule personne qu’il pouvait considérer comme un ami.

À quelques distances de leur conversation un peu embarrassée, pour la première fois depuis qu’ils avaient commencé à jouer ensemble chez les Pies, se trouvaient Zeke et Gabriel, qui observaient avec intérêt un joyeux mélange de joueurs de Quidditch, de Médicomages, de journalistes et d’employés du Ministère en pause, s’adonner à un sport Moldu.

— Du football tu dis ? demande Zeke.

— Ouais. Pas mal, hein ?

— Sans balais, ça enlève un peu de piquant.

Gabriel leva les yeux au ciel mais ne commenta pas. Zeke profita que son ami soit totalement captivé par le jeu pour sortir discrètement de sa poche une petite fiole, qu’il but en quelques gorgées. Depuis qu’il avait promis à Marcus de se sevrer, il n’avait pas retouché à un seul cachet, mais il lui était de plus en plus difficile de dissimuler les symptômes et de contrôler le manque.

Alors il avait dérobé de l’infirmerie quelques potions l’aidant à calmer ses tremblements, ses brusques accès de transpiration, ses maux de têtes et ses vertiges. Il savait que ce n’était qu’un palliatif, qui n’était pas réellement efficace sur le long terme, mais c’était tout ce à quoi il pouvait penser pour le moment. Il n’était pas prêt à en parler, à qui que ce soit, et il gérait ça comme il pouvait.

— Joli ! siffla Gabriel devant un but plutôt inattendu.

— Mr Ansley ?

Un employé du Ministère venait de les approcher, le visage rouge d’avoir couru et très essoufflé.

— Oui, c’est moi, répondit Gabriel, étonné. Que se passe-t-il ?

— Nous venons d’avoir une lettre pour vous. Elle a mis du temps à nous parvenir car elle a été envoyée par voie postale Moldue, j’ai préféré vous l’apporter immédiatement.

Il lui tendit le pli en question et s’éclipsa lorsque le Poursuiveur se fut saisi de son bien.

Les yeux toujours sur le match, Gabriel ouvrit la lettre de gestes automatiques, mais lorsqu’il la parcourut des yeux, Zeke le vit pâlir si soudainement qu’il craignit qu’il ne fasse un malaise.

— Qu’est-ce qui se passe ? s’inquiéta-t-il.

— Je… Ma mère ne dit pas pourquoi, mais Daisy est à l’hôpital.

Sachant à quel point il était protecteur avec sa petite sœur, son Capitaine comprit que la nouvelle devait le secouer. Il l’attira à l’écart du groupe de spectateurs et le força à le regarder dans les yeux, tout en s’efforçant de ne pas ciller.

— Si c’était réellement grave et si sa vie était en danger, elle te l’aurait dit.

— Comment est-ce que…

— Un match. Deux jours. Et tu fonces direct en Angleterre pour t’assurer qu’elle va bien, d’accord ?

La mâchoire serrée, Gabriel finit par acquiescer. Il savait qu’il n’avait pas le choix, ils n’avaient personne pour le remplacer, son départ signifierait un forfait, et Marcus le tuerait pour ça.

Les prochaines quarante-huit heures allaient lui paraître comme une interminable torture.

***

Lorsque les doigts de Chuck se refermèrent sur la petite balle dorée, le stade explosa sous les vivats des supporters. Ils firent un tour d’honneur sous les applaudissements enthousiastes du public, tandis que leurs adversaires atterrissaient sur le terrain avec des visages amers.

Le stade était bondé, et occupé aux trois quarts par des français, qui paraissaient déçus de la défaite de leur équipe, mais les anglais présents compensaient leur faible nombre avec entrain. Lorsqu’ils reprirent enfin le chemin des vestiaires, les joueurs étaient étourdis et ivres des cris de joie de la foule.

— A nous les quarts de finale !

L’exclamation joyeuse de Justin résonna dans les vestiaires vides, alors qu’ils s’effondraient sur leurs bancs, épuisés.

— Ils étaient costauds, soupira Phoebe. J’ai du mal à croire qu’on ait gagné !

— Oui, heureusement que Duret n’était pas au mieux de sa forme après son séjour à l’infirmerie, dit Toby, ou l’issue du match aurait été nettement plus incertaine.

— C’est surtout Chuck qui nous a sauvé la mise, intervint Zeke avec un grand sourire en prenant son Attrapeur par les épaules. Une prise magnifique !

— Merci, répondit l’intéressé en rougissant.

Ils commencèrent à enlever leurs robes noires et blanches en discutant de certaines scènes du match avec enthousiasme, se remémorant certaines pertes de balles ou de très beaux buts. Seul Gabriel restait silencieux, le visage fermé, toujours aussi inquiet. Une fois changé, il se tourna vers son Capitaine, un sac en bandoulière sur l’épaule qu’il avait amené directement en sortant de sa chambre quelques heures plus tôt.

— Je peux y aller ?

— Bien sûr, dit Zeke. Écris-moi quand tu seras là-bas.

Le Poursuiveur hocha la tête d’un geste sec et quitta les vestiaires sous les regards inquiets de ses coéquipiers. Il ne s’était pas étalé sur la raison de son départ, n’en sachant de toute façon pas beaucoup plus qu’eux, mais ils savaient que sa sœur était à l’hôpital et qu’il se faisait un sang d’encre pour elle. Ils espéraient tous que ce n’était rien de grave.

— Où est Marcus ? demanda soudain Sara.

Ce ne fut qu’à cet instant qu’ils constatèrent l’absence suspecte de leur entraîneur, qui débarquait d’habitude après chaque match pour pointer tout ce qui n’allait pas dans leur jeu et leur dire de ne pas être trop confiants car la compétition n’était pas encore gagnée.

— C’est vrai ça, approuva Justin, intrigué. Où est ce cher…

— Félicitations !

Une tornade brune entra dans les vestiaires, provoquant des haussements de sourcils surpris. Il s’agissait de la petite Médicomage que Justin avait voulu coller dans les pattes de Marcus, la fan des Pies qui n’était jamais bien loin de lui.

— Le match était juste fantastique, vous avez joué tellement bien ! Je…

— Oui, bravo, grommela une voix bien connue.

Les joueurs se tournèrent avec un bel ensemble vers Marcus, qui se tenait sur le seuil, les bras croisés, et l’air encore plus vindicatif que d’habitude.

— Cache ta joie, marmonna Phoebe.

— N’écoutez pas ce qu’il dit, il est toujours de mauvais poil, vous avez extrêmement bien joué !

Ils sourirent, touché par l’enthousiasme communicatif de Mélody. Elle paraissait être au paradis, face à son équipe favorite, les yeux brillants et les joues roses.

— Oui, oui, ils ont été très biens, dit leur entraîneur, apparemment très contrarié et l’esprit ailleurs. Essayez quand même de ne pas relâcher le niveau d’ici les quarts, nous…

— N’avons pas encore gagné, on sait, soupira Zeke.

— Bien. Chuck, je peux te voir une minute ?

L’Attrapeur sursauta, surpris. Il était rare que Marcus leur parle en tête-à-tête, et cela ne signifiait jamais rien de bon. Peu rassuré, il le rejoignit jusque sur le palier, et il fut surpris de le voir tourner les talons pour emprunter la sortie sud. Il lui emboîta le pas, se demandant ce qu’il avait bien pu faire pour le mettre dans cet état. Il avait beau réfléchir, il ne voyait pas ce qu’il…

Il s’arrêta net sur le seuil, avec la sensation d’avoir reçu un seau d’eau glacée sur la tête.

— Ils ont insisté pour venir te voir, lui dit Marcus d’une voix sombre.

À quelques mètres se tenaient les personnes qu’il avait certainement le moins envie de voir. Ses parents.

Accompagnés d’une gamine qu’il n’avait jamais vue.

 

Note de fin de chapitre :

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