Un terrible brouhaha régnait sous le chapiteau, animé comme au premier jour. Contrairement au jour de la cérémonie d’ouverture début janvier, pendant lequel il avait régné un froid polaire, les pans de tissu latérales avaient été enlevés, laissant entrer l’air chaud de cette fin d’été.
Les chaises paraissaient être dans un désordre incroyable, tout le monde se mélangeait, passait d’une rangée à l’autre, se levait, se rasseyait, s’interpellait, changeait de place, tant et si bien que les organisateurs ne savaient plus où donner de la tête.
La plupart des équipes perdantes avait pu revenir, le temps de la cérémonie de clôture, et malgré la défaite l’ambiance était bon enfant. Seuls les norvégiens n’avaient pas effectué le déplacement, mais personne n’en était particulièrement affecté. Les espagnols, au contraire, avaient été les premiers à se montrer, et ils étaient depuis entourés de joueurs curieux et admiratifs de leur parcours. Tout le monde avait hâte de les retrouver sur le terrain dans une autre compétition, par amour du challenge.
Au milieu de cette incroyable cacophonie, Marcus s’était trouvé une chaise, au bout du premier rang, réservé à l’équipe ayant perdu la finale. Il avait les bras croisés, vaguement boudeur, regardant d’un œil revêche ses joueurs parler avec ceux d’Olivier, et Terence rire aux côtés de Katie.
Il n’arrivait pas encore à savoir comment il se sentait, par rapport à tout ça. Il était bien sûr agacé de ne pas avoir remporté, triste de voir ce trophée lui passer sous le nez, mais contrairement à ce qu’il aurait pu penser, il n’était ni furieux ni en colère. Au fond de lui, il admettait que l’équipe de Dubois avait tout simplement mieux joué qu’eux, mais cela le mettait presque mal à l’aise. Quand est-ce qu’il était devenu aussi mou ? Fréquenter des Gryffondor n’était décidément pas bon pour son caractère, il allait falloir remédier à ça.
— Tu fais une tête d’enterrement, remarqua Zeke en venant s’installer à ses côtés. Tu devrais essayer de sourire de temps en temps, tu sais, en relevant la commissure des lèvres comme ça ?
Il mima un sourire exagérément large, ce qui ne lui attira qu’un regard clairement méprisant.
— J’essayais juste de te dérider un peu.
— Tu sais bien que ce n’est pas dans mes habitudes.
— Touché.
Son Capitaine garda le silence quelques instants, ses yeux s’égarant vers ses coéquipiers, quelques mètres plus loin. Marcus était à deux doigts de le presser pour qu’il lui dise ce qu’il avait apparemment sur la conscience lorsqu’il prit enfin la parole.
— Je suis désolé, pour le match. Tu ne l’as pas dit ouvertement, mais je sais que c’est à cause de moi qu’on a foiré.
L’entraîneur resta silencieux, tout en l’observant avec attention. Zeke baissa la tête vers ses mains croisées sur ses genoux, les dents serrées, tendu.
— Je n’étais pas dans le match à cause de… Tu sais pourquoi.
— Oui, dit simplement Marcus, mais ça ne veut pas dire qu’on a perdu par ta faute.
Surpris, le Batteur tourna la tête vers lui si vite qu’il entendit presque craquer ses cervicales. Il ne l’avait jamais vu si surpris et déstabilisé.
— Pardon ? J’ai bien entendu ? Toi qui as toujours la critique si facile tu as dit que…
— Ça va, ça va, le coupa Marcus d’un air agacé. Je dis juste que la faute ne peut pas reposer sur une seule personne, mais sur toute l’équipe. Tu allais mal, personne ne l’a vu, et moi le premier, ou alors uniquement quand c’était trop tard. On est tous responsables de ça.
Zeke garda le silence quelques instants, muet de stupeur devant ces mots qu’il n’aurait jamais cru pouvoir être prononcés par son coach. Il finit par murmurer le mot qui restait coincé au fond de sa gorge, et qu’il avait du mal à formuler tant il le faisait se sentir vulnérable.
— Merci.
Marcus haussa les épaules, comme pour dire « pas de quoi » ou « c’est normal », en un geste bourru qui lui ressemblait bien. Zeke sentit aussitôt qu’il ferait mieux de ne pas s’éterniser, il hocha le menton dans sa direction puis se releva, pour rejoindre ses coéquipiers.
Les quelques jours qui avaient suivis la finale n’avaient pas été évidents pour lui. Depuis que Sara avait malencontreusement annoncé à tout le monde ses problèmes de drogue et son envie de quitter le Quidditch, les tensions avaient été à leur comble, en particulier avec Justin. La défaite n’avait rien arrangé.
La veille au soir, il avait fini par rassembler tout le monde, pour s’expliquer et mettre les choses à plat. Sa sincérité avait apaisé les conflits et avait permis d’ouvrir la discussion. Gabriel lui avait apporté un soutien inconditionnel, Sara s’était excusé mille fois, Toby avait offert son aide. Ils avaient tous été là pour lui, à leur manière. Seul Justin avait été un peu réticent, jusqu’à ce matin.
La nouvelle lui avait été jetée au visage pendant le petit-déjeuner, par le biais d’un journal déposé dans son assiette par un des hiboux du service international. Un article en page trois le concernait directement, et il avait pâli au fur et à mesure de sa lecture, jusqu’à paraître être sur le point de vomir. Il avait tendu le journal à Toby, qui n’avait pas tardé à faire la même tête, puis face aux questions des autres, l’Attrapeur avait fini par leur raconter l’histoire que lui avait confié Justin, la petite amie, la femme mariée, la déménagement à venir, la rupture, la culpabilité qui restait.
Et dans le journal, le témoignage de Rita, qui n’hésitait pas à donner tous les détails de sa liaison avec le célèbre joueur de Quidditch, finaliste de la Coupe d’Europe. Justin avait été très secoué, il ne cessait de penser à Kylie, à ce qu’il lui dirait, à ce qu’elle devait ressentir face à cette horreur intime étalée dans la presse.
Zeke ne l’avait pas jugé, à aucun moment, et il s’était contenté de le soutenir, du mieux qu’il le pouvait. Ils avaient eu une longue discussion, qui leur avait été très bénéfique à tous les deux. Ensemble, ils avaient décidé de se soigner, l’un pour sa mythomanie, l’autre pour son addiction. Et depuis, tout avait l’air de s’apaiser.
— Je crois qu’il va falloir qu’on gagne nos places, leur lança Zeke.
Il pointa du pouce la scène de bois sur laquelle se tenaient quelques officiels du Ministère, face à l’auditoire qui paraissait peu à peu réaliser qu’il allait falloir porter leur attention ailleurs.
Les joueurs des Pies se séparèrent de ceux du Club, et chacun s’assit à des côtés opposés de la travée. Les gagnants et les perdants. Même si Zeke avait l’impression que d’un côté, ils étaient tous un peu gagnants. Ils ressortaient de cette compétition grandis, quoi qu’il arrive, et riches d’une expérience inédite.
Une fois que le silence se fut peu à peu installé dans le chapiteau, la Ministre de la Magie française s’avança sur le bord de la scène, l’air à la fois heureux et soulagé. Elle ne devait pas être mécontente de voir l’évènement et tous ses problèmes toucher à sa fin.
— Traductus ! claironna-t-elle, la baguette pointée sur sa gorge.
Elle promena un regard attentif sur l’ensemble du chapiteau, ses yeux s’arrêtant un instant sur les Tapesouafles de Quiberon, assis au deuxième rang, l’expression moins fière qu’au début du tournoi.
— Bonjour à tous, lança-t-elle avec un large sourire. Je suis ravie de vous voir tous de nouveau réunis ici. Je remercie les équipes et leurs entraîneurs pour avoir effectué le déplacement afin de remettre la coupe aux vainqueurs de cette compétition.
Des applaudissements polis parcoururent le public, vite étouffés lorsqu’on amena le coffre de bois où reposait la Coupe tant convoitée.
— Avant de remettre cette merveille, je tiens à féliciter tout particulièrement l’équipe des Pies de Montrose, qui a eu un parcours incroyable tout au long de cette compétition et qui s’est battue jusqu’au bout. Bravo à eux pour leur ténacité !
Marcus fut presque surpris d’entendre des applaudissements nourris. Il fallait croire que ses joueurs avaient été impressionnants sur le terrain pour susciter une telle admiration. Ou alors ils avaient été tout bonnement sympathiques avec tout le monde, ce qui était bien plus probable au vu de leurs sorties et de leurs absences constantes.
— Et enfin, félicitations à l’équipe anglaise du Club de Flaquemare pour leur magnifique victoire ! Veuillez me rejoindre.
Elle les invita sur scène d’un large geste, et les sept joueurs se levèrent avec enthousiasme, un peu intimidés mais de largues sourires aux lèvres. La Ministre enjoignit Dubois à venir également, ce qui fit grincer les dents de Marcus. Il y a plusieurs mois de cela, il se serait dit que cet imbécile ne méritait pas sa place, pas autant que lui en tout cas, mais à présent, il ne parvenait pas à croire qu’il était content pour lui. Pas de doute, il s’était ramolli. Et pour être sûr que cela ne se voit pas, il prit un air encore plus sombre et croisa les bras, le visage patibulaire, provoquant un rire sonore chez Terence, qui arrivait sans peine à lire ce qu’il se passait dans sa tête, comme d’habitude.
— T’as une tête de personne constipée.
— La ferme, Higgs, marmonna-t-il.
— Avoue, t’es content pour Dubois.
— La ferme, j’ai dit.
— Dis-le et je te laisse tranquille.
— Non.
— Tu veux que je te chatouille ?
— Il n’a pas démérité, voilà, tu es content ?
— Je sais que ce sera la seule chose que j’arriverai à t’arracher, alors oui.
Marcus se sentit d’humeur plus boudeuse encore devant le large sourire satisfait de Terence et reporta son regard sur la scène, faisant la moue tel un enfant de cinq ans pris en faute. La Ministre venait enfin d’ouvrir le coffre et d’en sortir la magnifique coupe, un véritable trésor d’orfèvrerie, gravée à présent du nom de l’équipe gagnante.
— Un grand bravo à l’équipe du Club de Flaquemare, qui remporte cette 122e édition de la Coupe d’Europe !
Aussitôt, des sorciers du Ministère, postés aux quatre coins du chapiteau, levèrent le bras et firent exploser du bout de leurs baguettes des confettis, des rubans et des gerbes d’étincelles d’or. Des applaudissements, des cris et des hourras retentirent sous tout le chapiteau. Les joueurs se levaient, acclamaient les vainqueurs avec joie, sans rancune aucune. Les journalistes de tous les pays d’Europe capturaient l’instant, les flashs des photographes crépitaient.
Les sourires de l’équipe du Club auraient pu aveugler n’importe qui tant ils paraissaient heureux. La Ministre ne tarda pas à annoncer le buffet et le bar, qu’elle mit en place d’un élégant coup de baguette. Une dernière fête pour clore l’évènement, et avec alcool cette fois. Marcus fut le premier à demander un verre de Bièraubeurre, désespéré d’avoir quelque chose entre les mains. Peut-être qu’avec un peu de chance, si Dubois le provoquait, il pourrait lui balancer à la tête, il avait toujours rêvé de faire ça. Mais une part de lui savait qu’il ne faisait que chercher une excuse pour raviver leur vieille rivalité, bien plus familière que cette entente presque cordiale qui lui donnait des boutons.
Dans son dos, ses joueurs allèrent à la rencontre des vainqueurs, pour les congratuler encore une fois. Sara sauta au cou d’Aiden, Gabriel félicita Millie, Toby complimenta encore une fois Jonathan sur son jeu. Les deux équipes ne s’étaient jamais aussi bien entendues depuis leur match et la relation plus apaisée de leurs entraîneurs.
De nouveau, ils se jurèrent les uns les autres qu’ils se reverraient, une fois en Angleterre, comme toutes les promesses qu’on fait aux amis rencontrés en vacances et qu’on ne tient jamais, pas par manque d’envie mais par manque de temps, parce qu’on oublie lorsqu’on retrouve le train-train quotidien de sa vie.
Ils parlèrent de leurs projets. Phoebe s’exprimait avec enthousiasme, verre en main, sur le roman qu’elle était en train d’écrire et qu’elle aimerait publier cette fois, qu’elle ne voulait pas garder juste pour elle, une sombre histoire de mafia et de disparitions. Gabriel ne rêvait que de retrouver sa sœur et de prendre soin d’elle comme elle le pouvait maintenant qu’elle était sortie de l’hôpital. Quant à Toby, il avait écrit au Ministère, sur les conseils de Justin, pour dénoncer les agissements de sa mère, et il avait eu un premier retour très positif sur sa demande d’adoption avec Kay ce matin même, ce qui le mettait dans une joie indescriptible.
Quant à Chuck, il avait enfin pris une décision par rapport à ses parents et à cette petite sœur qu’il ne connaissait même pas. Il n’avait ni l’envie ni l’énergie de se lancer dans une bataille médiatique, mais il comptait les dénoncer aux services sociaux pour qu’ils ouvrent une enquête ; et après, ce n’était pas de son ressort. Dès son retour en Angleterre, il comptait refaire ses valises et partir voyager aux quatre coins du monde avec sa meilleure amie Serena et son adorable chat Fizwizbiz. Jusqu’à la prochaine compétition, bien entendu.
— Et toi alors ?
Zeke s’était approché doucement de Sara et profitait d’un instant ou Aiden n’accaparait pas son intention.
Ils ne s’étaient plus vraiment reparlé seul à seule, depuis leur dernier échange où Sara s’était excusée en rougissant de son indiscrétion. Il avait balayé la chose d’un revers de main, un peu brusquement, et depuis il s’en voulait.
Ces derniers jours, il avait constaté que les symptômes du manque s’atténuaient en sa présence ou lorsqu’il pensait à elle. Il ne savait pas si c’était réellement le cas ou un simple effet de son imagination, mais il aimait croire qu’elle était un véritable calmant sur lui. Il allait un peu mieux aujourd’hui, grâce aux potions que lui avait procurées Marcus, et il en était soulagé. Il pourrait au moins essayer d’avoir la conversation qu’il voulait avoir depuis longtemps avec elle.
— Moi ? répéta-t-elle d’un ton étonné.
— Oui, répondit-il avec un sourire presque attendri. Quels sont tes projets ?
À son plus grand étonnement, il la vit rougir et baisser les yeux, une attitude qu’elle n’avait plus avec lui depuis plusieurs semaines maintenant. Elle jeta un œil autour d’elle, un peu indécise, et il sentit qu’elle rassemblait son courage pour ce qu’elle s’apprêtait à lui dire.
— Ça va peut-être te sembler fou, mais… Je vais partir.
— De l’équipe ?
— Oui, mais pas seulement. De chez moi, de ma famille, du pays. Je vais rejoindre Gus aux Etats-Unis. J’ai… J’ai besoin de changer d’air.
Il sentit son cœur tomber dans sa poitrine à cette nouvelle. La perspective de ne plus la voir, de la savoir si loin, lui paraissait insurmontable, bien plus que ce qu’il aurait pensé possible.
— Tu m’en veux ? demanda-t-elle timidement, effrayée par son silence.
— Non. Non, bien sûr que non, comment pourrais-je t’en vouloir de vivre ta vie ?
— Tu n’as pas l’air ravi, pourtant.
— Non, c’est vrai, parce que…
Il s’interrompit, une idée venant de s’imposer à lui, avec une évidence qui lui parut presque absurde. Sara chercha de nouveau à capter son intention, inquiète, lorsqu’il fixa de nouveau ses yeux sur elle, avec une intensité qui la fit frémir.
— De mon côté, je vais aller en cure de désintoxication, dit-il d’un air ferme. Pour me débarrasser de tous mes démons.
— Et je pense que c’est une excellente idée, répondit Sara d’une voix douce.
— Ils ont sûrement des cures de ce type, aux Etats-Unis.
— Oui, sûrement, mais… Tu seras certainement mieux en Angleterre, tu seras plus près de chez toi, et…
— Je pensais à déménager.
— Aux Etats-Unis ? Mais ta fiancée habite à Londres, non ? Tu ne pourras pas la voir aussi souvent, je pense que…
— Cela fait très longtemps que c’est fini entre Althea et moi. Je pensais plutôt venir aux Etats-Unis pour suivre une jolie brune qui m’intéresse bien plus.
Enfin, Sara parut comprendre et ses yeux s’écarquillèrent de surprise. Incapable de réagir pendant quelques secondes, le souffle coupé, elle finit par balbutier quelques mots.
— Tu… Quoi ? Je…
Zeke la coupa d’un rire, sûr et certain d’avoir pris la bonne décision. Il n’y arriverait pas sans elle, sans son soutien, sa présence, sa douceur et son affection. Son amour, peut-être, même, qui sait. Althea ne l’avait jamais tiré vers le haut, elle l’avait toujours rabaissé, humilié, jamais soutenu, et il était stupéfait de ne le voir que maintenant.
— Si tu veux de moi, bien sûr, se sentit-il obligé d’ajouter, pour lui donner la possibilité de se rétracter si elle en avait envie.
Pour toute réponse, Sara se jeta à son cou, et le serra fort contre elle, trop émue pour parler. Il lui rendit son étreinte avec tout autant d’émotions, la gorge serrée.
— Heureusement qu’ils se décident à la fin de la compétition, grommela Marcus un peu plus loin. Comme si j’aurais eu besoin de gérer leurs histoires de cœur au milieu de tout ça.
— T’es toujours en train de râler, soupira Terence. Un vrai rabat-joie.
— La ferme, Higgs.
— Tu dis ça parce que tu n’as aucune répartie ?
Marcus lança un regard furieux à son ami et but une gorgée de Bièraubeurre avec un air vexé, conscient qu’il lui donnait ainsi raison, ce qui déclencha un rire bruyant.
— Un vrai rire de troll, lança alors Katie Bell, qui les rejoignit avec un sachet de Dragées surprises. On peut savoir ce qui te rend si hilare ?
Terence pointa le doigt vers l’entraîneur, comme si cela expliquait tout. Katie le détailla de la tête aux pieds, ce qui ne lui valut qu’une grimace plus prononcée.
— Si tu cherches ce qui est drôle, c’est son regard de tueur avec les traces de mousse autour de la bouche, très crédible, fit remarquer Olivier en s’approchant à son tour.
Marcus s’empressa de s’essuyer les lèvres, alors que Terence s’esclaffait de nouveau, attirant plusieurs regards sur lui.
— C’est que t’arriverais même à être drôle, Dubois.
— Ca m’arrive.
— Alors, où est-ce que tu vas entreposer la coupe ? demanda Katie, curieuse. Est-ce que je pourrais la prendre en photo ? Et avoir une interview exclusive ?
— Seulement si tu arrêtes de poser des questions.
Olivier eut un sourire attendri devant l’air soudainement angélique de son amie. Ils continuèrent à plaisanter quelques minutes, en une scène qui aurait été totalement absurde et inconcevable quelques mois plus tôt. Ils finirent par quitter le chapiteau bon dernier, leurs équipes traînant les pieds derrière eux. Personne ne voulait partir, et encore moins faire ses bagages pour rentrer à la maison. C’était comme la fin d’un rêve, le point final d’une histoire.
Au bas de la colline, Olivier s’arrêta tout net sans prévenir et Marcus faillit lui rentrer dedans, ce qui lui tira son grognement habituel.
— Bordel, Dubois, tu pourrais pas prévenir ?
— Je voulais juste te dire… merci. Pour cette belle compétition. À charge de revanche ?
Il lui tendit une main que Marcus étudia avec précaution, comme flairant un piège. Il finit par la saisir, sous les regards amusés de Katie, Terence et leurs deux équipes, pour une fois silencieuses.
— La prochaine fois, je t’écrase à plate couture.
— On verra ça.
Olivier lui adressa un sourire tordu, puis il fut le premier à se diriger vers la bâtisse qui avait été leur demeure pendant huit longs mois. L’année était passée à une vitesse.
Ce ne fut vraiment qu’à cet instant que Marcus réalisa que c’était la fin. C’était bête, mais cette ambiance, le stress de la compétition et les matchs allaient lui manquer.
Son équipe également, bien sûr. Et puis Dubois aussi, d’un certain côté.