« Ce soir je serai la plus belle pour aller danser... »
Voilà ce que s’était chanté Lily toute la journée. Le moment qu’elle attendait avec terreur et redoutait avec impatience aurait lieu samedi soir. Ce serait ce soir-là en effet que se déroulerait le traditionnel « bal de promo ».
Une coutume instaurait depuis quelque temps déjà un bal pour les élèves de septième année, lors du mois qui précédaient les ASPICS, afin de partager un dernier moment intense dans l’école de sorcellerie avant qu’ils ne disparaissent dans leurs révisions. Les élèves des autres années étaient renvoyés dans la salle commune de leur maison respective, tandis que les professeurs, aux petits soins pour leurs élèves les plus grands, s’occupaient de l’organisation, de la musique et du buffet (le plus important) dans la Grande Salle.
Pour être sûr de se faire remarquer, il valait mieux venir accompagné, car c’était le signe d’une grande popularité… Qui n’a jamais rêvé d’entrer dans la Grande Salle au bras de sa dulcinée et de sentir les regards admiratifs ou envieux se poser sur son auguste personne ?
Toujours est-il que cette vaniteuse, mais inoffensive (enfin la plupart du temps...) pratique devenait l’occasion d’une chasse à l’homme (ou à la femme, tout dépend du point de départ…) entre les élèves de septième année, dans les couloirs, les salles de classe, etc. sous l’œil goguenard des professeurs qui se délectaient des potins. Les plus jolies filles se déplaçaient en bande et évitaient les endroits fréquentés en se promettant d’y aller « entre filles », pour avoir la paix. Les beaux gosses, eux, se pavanaient dans les couloirs, sûrs de leur succès, à la recherche de celle qui aurait l’audace de les inviter.
Lily, elle, était restée en dehors de toute cette agitation et avait regardé en ricanant ce qui se passait : elle avait convenu depuis toujours avec ses amies que qu’elles iraient ensemble, soudées contre l’envahissante gente masculine. Mais malheureusement pour elle, ses amies avaient tout récemment trouvé l’amour de leur vie (d’après leurs dires…) et avaient préféré se rendre au bal avec leur prince charmant plutôt qu’avec Lily, restée pour l’instant célibataire. Décidément, elle ne comprenait pas ce qui leur avait pris.
Le choc avait été rude pour la jeune fille quand elle se rendit compte de ce que signifiait une amitié avec des jeunes filles aimées et amoureuses. Elle dut à son tour subir les assauts des jeunes gens un peu trop entreprenants qui avaient vite fait de remarquer qu’une jolie rousse se trouvait sans cavalier ni amies pour aller au bal.
« Franchement, les filles, vous n’auriez pas pu attendre le lendemain de la soirée pour vous caser ? » soupira Lily en refusant une dixième proposition sur le chemin qui menait à la salle de potions.
C’est alors que la jeune fille entendit un discours similaire quelque mètres plus loin. Cette fois, c’est un jeune homme brun, à lunettes, les cheveux en bataille, qui parlait à trois de ses amis. Elle reconnut alors les quatre maraudeurs, beaux gosses et fauteurs de troubles, les élèves les plus convoités par les jeunes filles célibataires.
« Franchement, les gars, vous n’auriez pas pu faire un effort ? Pourquoi vous êtes-vous casés tous les trois en une semaine ? Vous n’allez pas me faire croire que vous devenez sérieux ! J’ai l’air de quoi, maintenant, avec une horde de groupies en mal d’amour sur le dos ? »