Le regard rivé sur la pendule, un jeune homme de seize ans ruminait intérieurement, une Bièraubeurre sans alcool intacte devant lui. Il faisait danser la bouteille entre ses doigts avec acharnement. Il n'avait pas soif ! Installé au comptoir de chez Madame Rosmerta, il attendait que les aiguilles de l’horloge se décident enfin à se bouger un peu pour que passe cette interminable journée.
Remus John Lupin était seul. Ce qui pouvait paraître assez étonnant pour les autres étudiants quand on connaissait ses trois inséparables amis. À eux quatre, ils formaient le groupe des maraudeurs. Mais pour l'heure, il était seul. James et Peter étaient partis mijoter quelque chose, probablement pas très loin de Lily Evans. Et Sirius... Sans doute était-il encore en rendez-vous avec sa conquête du moment.
Alors, abandonné en ce samedi de sortie au Pré-au-lard, le préfet avait décidé d'aller siroter une Bièraubeurre, loin de l'école. Et même si le lieu était bondé d'étudiants, il restait seul, dans son monde. Si on excluait les maraudeurs, son cercle de fréquentations n'était pas très étendu. Et s'il n'avait pas été nommé préfet de sa maison, l'obligeant à avoir des contacts avec les autres élèves, il aurait pu continuer ainsi encore deux ans. Mais la décision d'Albus Dumbledore, illustre directeur de Poudlard, avait changé la donne, lui donnant la responsabilité de s’occuper des plus petites classes et de les aider. Une chance pour lui que son binôme d'autorité n'était autre que Lily Evans, sa meilleure amie. Une jolie rousse avec qui il partageait la passion des études et des révisions, au calme, à la bibliothèque.
La bibliothèque... Le seul lieu où on ne verrait aucun des autres maraudeurs, sauf exceptionnellement pour emprunter un livre. Et là encore... le préfet était souvent désigné pour cette tâche. C'était sans doute pour ça aussi, que son homologue féminin préférait y étudier plutôt qu’à la Grande Salle ou dans leur salle commune. Là-bas, elle était à l’abri de l’agitation incessante qui accompagnait les garçons de Gryffondor de sa classe. Et Remus devait reconnaître qu’il appréciait aussi de se détacher un peu des maraudeurs. Il les adorait, il ne pouvait pas imaginer sa vie sans eux, sans leur amitié, mais parfois, une bouffée d’oxygène provenant d’une amitié plus calme et plus douce faisait un bien fou.
Et pourtant, malgré leur réticence à fréquenter les rayonnages de la bibliothèque, ce lieu où ils n'avaient nullement la possibilité d'enfreindre les règles - et aucune chance d'y parvenir si l'envie leur en prenait, à cause de l’œil affuté de Madame Pince, ce dragon qui veillait à la tranquillité de son antre - Sirius Black et James Potter faisaient partie des meilleurs élèves de leur école. Pas aussi doué que leurs préfets, mais ils faisaient partie des élèves les plus brillants de leur promotion.
Ils possédaient tous les deux une intelligence exceptionnelle, en particulier quand il s'agissait de domaines qu'ils avaient choisi, comme la Métamorphose, la Défense contre les Forces du Mal, le club de duel... l'infraction de toutes les règles qui constituaient le règlement intérieur de l'école, et bien sûr les filles !
D'autres matières, en revanche, ne trouvaient pas grâce à leurs yeux et leurs résultats, souvent à peine au-dessus de la moyenne, s'en faisaient ressentir. L'exemple le plus flagrant : le cours de Potions, enseigné par le Professeur Slughorn, directeur de la noble maison Serpentard. Tout ce qui avait trait à cette maison ne trouvait que disgrâce aux yeux des maraudeurs.
Et pourtant, Sirius Black en était le digne héritier, ou du moins il aurait dû l'être. Mais non... Sirius fut le premier membre de la famille Black a ne pas être réparti à Serpentard. Et pire que tout, le premier a être affecté à la maison des traîtres à leur sang et des amoureux des moldus.
Ses parents n'avaient pas apprécié qu'il rejette en bloc toutes leurs valeurs, tel que la pureté du sang, le seul droit du port de la baguette et de l'enseignement de la magie aux sorciers de sang pur...
Et pour eux, qu'un Black fût reparti à Gryffondor, défenseur des Moldus et du droit des Sang-Mêlés, était un crime de lèse-majesté. Sirius en payait le prix à chaque vacance. Un prix bien trop exorbitant face à la faute commise.
Remus posa enfin les yeux sur sa Bièraubeurre, sortant de ses pensées, soupirant d’ennui. Il prit le bock entre ses mains, sentant ses effluves brûlantes. Il la porta à ses lèvres, attendant patiemment qu'un de ses amis le rejoigne.
Il frissonna, d'un coup, en sentant une main se poser dans son dos. Il n'avait nul besoin de se retourner pour savoir qui venait de le rejoindre. Le parfum exquis de Sirius l’entourait déjà quand sa voix se fit entendre.
- Salut. Qu'est-ce que tu fais tout seul ?
Prenant place à ses côtés, le jeune homme fit signe à la barmaid de lui servir la même chose. Il posa les yeux sur le lycanthrope, un sourire aux lèvres. Le regard ambré de Remus croisa celui, argenté, de son camarade. Une particularité fascinante du physique de Sirius.
- Rien, je me repose au chaud.
- Corn’ n'est pas là ?
Tel un chasseur à la recherche de sa proie, le regard de Sirius balaya la pièce, aussi vif qu'un félin ayant repéré une pauvre gazelle égarée.
-Non, il est avec Lily.
Les sourcils froncés et agacés, Sirius délaissa la salle de son intérêt, pour ne s'intéresser qu'à son ami.
- Voyons si je suis perspicace : et Peter est avec James.
Le ton moqueur du brun n'échappa pas au châtain, qui se contenta d’acquiescer. Entre Sirius et Peter, ce n’était pas l'amour fou. Le premier n'appréciait que très moyennement le côté groupie et l'admiration que Peter vouait à James.
Pour lui, il était regrettable de n'exister qu'à travers une autre. Et il ne ratait aucune une occasion de le faire remarquer aux intéressés. Peter, quant à lui, n'appréciait que moyennement cette raillerie à son encontre. Oui, il idolâtrait James, mais le capitaine de l’équipe de Quidditch le méritait amplement.
Un bock de Bièraubeurre se posa devant Sirius qui s'empressa de le saisir pour se réchauffer un peu. Il laissa ses mains s'imprégner de cette douce chaleur, avant de porter le liquide brûlant à ses lèvres.
Remus posa les yeux sur le brun aux yeux gris, une question lui brûlant les lèvres, mais il se refusait à la poser. Déjà, parce que ce n'était pas ses affaires et qu'il n'aimait pas se mêler de la vie privée des autres, tout meilleur ami que ce fut, mais surtout, parce qu'il n'avait aucune envie d’aborder ce sujet-là, surtout pas avec lui.
Mais il y avait toujours un moyen de savoir sans demander directement, non ? Ce n'était plus alors de la curiosité malsaine, mais juste une note d'information qu'il allait chercher.
- Tu as quelque chose de prévu cet après-midi ?
Il croisa le regard de Sirius et son sourire si divin, pour lequel n'importe quelle fille se serait damnée… lui y compris.
- Non, je suis tout à toi !
Un sourire sincère apparut sur les lèvres du lycanthrope, qui commençait fortement à s'ennuyer. Et pourtant, c'était rare qu'il n'ait rien à faire, rien à réviser. Mais il n'avait pas très envie d'aller s'enfermer à la bibliothèque. Pas le premier samedi de l’année où ils pouvaient quitter l'école pour se rendre au village du Pré-au-Lard !
- Mais tu n'avais pas rendez-vous avec Pearl ?
Sirius posa les yeux sur le jeune homme.
- Non ! Enfin si, ce matin. Je la revois demain. Mais d'ici là, je suis libre comme l'air et tout à toi.
Un sourire tentateur s’étala sur ses lèvres et une lueur divine illumina son regard le rendant d'argent liquide. Remus détourna les yeux pour échapper à cette attraction que son ami exerçait sur lui.
Pearl William était la nouvelle conquête de Sirius. Du moins, c'était ce qu'en avait déduit le préfet des Gryffondors quand il les avait vus discuter et que le rendez-vous de ce samedi matin avait été pris. Mais ça, c'était du ressort de la vie privée de son ami, ça ne le regardait pas. Et surtout, il ne voulait pas savoir…
- Tu veux faire quoi ?
Là était toute la question, comment occuper son temps libre ? Que faire ? Rester ici dans un pub plein de monde ou aller ailleurs, dans le froid .... À la cabane ?
- On finit nos bières et on se prend un pack pour le QG ?
Remus acquiesça de la tête, ravi d'avoir son ami pour lui pour le restant de l'après-midi.
Dans une pièce du premier étage de la "Cabane", Les deux maraudeurs sirotaient une Bièraubeurre, installés confortablement sur le lit.
Si Sirius s'agaçait du temps que James passait en compagnie de Lily, ça ravissait Remus qui avait l’occasion de passer plus de temps en tête-à-tête avec le brun le plus canon de l'école.
Canon... était-il normal pour un garçon de trouver son meilleur ami canon ? Sans doute pas... mais lui ne pouvait pas s'en empêcher. Sirius était divin et sexy.
Ça faisait bien longtemps qu'il avait vu en Sirius autre chose qu'un simple ami. Sans doute en seconde année, quand le jeune homme lui avait dit l'accepter comme il était, que sa lycanthropie ne changeait rien pour lui… pour eux… qu'il était et resterait le petit rat de bibliothèque un peu trop sérieux, mais que maintenant, ils comprenaient pourquoi il avait mis tant de temps à se lier d’amitié avec eux et pourquoi sa mère le faisait rentrer chez lui une fois par mois, prétextant des problèmes de santé.
En première année, ils avaient eu réellement du mal à apprivoiser le jeune lycanthrope. Il les fuyait, il était si distant, préférant la solitude à leur compagnie. Mais Remus avait fini par s’approcher et par prendre part à leur jeu. Même s’il refusait tout contact humain du fait de sa condition, son cœur de petit garçon de onze ans, qui n’aspirait qu’à avoir des amis, s’était laissé happer par cette complicité qui liait déjà Sirius et James. Et quand ils avaient tout découvert, son monde s’était de nouveau écroulé, du moins il l’avait cru.
Mais non, ça ne changeait rien pour eux, avaient-ils dit. Et ça n’avait réellement rien changé ! Au contraire, la découverte de son secret n’avait fait que renforcer cette amitié si particulière. Remus leur avait naturellement tout expliqué, le Saule Cogneur, la Cabane...
Et avec le temps, son regard sur son ami avait changé, tout comme le battement de son coeur en sa présence.
Et là, c'était un de ces moments magiques à deux, moment pour lequel il supportait largement une simple relation amicale avec le jeune homme. Ces petits moments qu'il prenait comme des parenthèses de pur bonheur et qu'il pouvait presque placer dans un autre domaine que celui de l'amitié.
Pour l'heure, autour d'une Bièraubeurre sans alcool, ils chahutaient, parlant de tout et de rien.
Pour Sirius, les choses étaient différentes. Il adorait Remus, mais il ne remplaçait pas James. Avec Remus, c'était et cela avait toujours été différent. Avec lui, tout était plus calme, plus posé. Il aimait rester juste là, à contempler les iris dorés de son ami. Chaque moment passé en compagnie du lycanthrope était chargé d'une émotion qu'il ne s'expliquait pas. Mais il restait son petit loup, son meilleur ami, James ayant pris la place de frère de cœur depuis les vacances de Noël de troisième année quand Sirius avait eu l'autorisation exceptionnelle d'aller les passer chez son ami. Les parents de James l'avaient accueilli comme un second fils dans leur vie.
Remus cilla, inspirant doucement. Il posa son regard autour de lui, une petite odeur des plus agréables parvenant à ses narines. Il avait les sens très affutés, un des seuls dons utiles de sa condition de lycanthrope.
Cette odeur, il l'aurait reconnu entre mille… Du chocolat !
L’odorat du loup localisa rapidement la provenance de l’odeur sucrée. Sirius avait un paquet violet dans les mains : une barre chocolatée.
- Ooohhh !
Une exclamation pleine d'envie s’échappa des lèvres de Remus à la vue cette barre, cette saveur à laquelle il ne savait pas dire non.
Sirius haussa un sourcil et jeta un regard espiègle au préfet, tout en déchirant lentement le papier, pour en dévoiler un morceau de la friandise. Il sourit... Mais un sourire étrange, totalement inconnu pour le préfet, qui n'aurait pas su dire ce qui se cachait derrière. Ce dernier se pencha, posant une main près du propriétaire de la barre, pour s'enivrer un peu plus de l'odeur chocolatée.
- Tu partages, dit ?
La supplique lui échappa.
- Hum ... voyons... - Sirius mordit dans le morceau de chocolat, le prenant doucement entre ses fines lèvres - non ! Il laissa tomber le chocolat dans sa bouche - C'est ma dernière. Je dois passer en acheter tout à l'heure, si j'ai le temps. Alors, non ! Celle-là, je la savoure !
Remus cilla, interdit, choqué par l'égoïsme dont faisait preuve le jeune homme. Il croisa son regard, ne sachant pas s'il était sérieux ou pas. Et il ne sut rien lire dans les yeux du cabot. Cette expression, il ne la connaissait pas. C'était la seconde fois, en moins de deux minutes, que Remus se retrouvait totalement perdu face le jeune homme.
- Mais... juste un petit morceau. Et après tu vas en acheter de toute façon...
Comment savoir si le brun était sérieux ? Et pourquoi ne le serait-il pas ? Le chocolat était bien un des rares sujets qui n'admettaient aucune plaisanterie chez Remus. Alors, pourquoi jouerait-il à l'égoïste si c'était pour plaisanter ? Et surtout, pourquoi serait-il égoïste ? Il n'en avait pas le droit !
Le brun se passa lentement la langue sur les lèvres. Un geste qui eut le don de fasciner totalement le châtain. Il aurait donné cher pour être un de ces petits éclats de chocolat et pouvoir goûter aux lèvres de son ami. Sirius fit lentement non de la tête, secouant le petit paquet devant le regard du châtain, qui détacha le sien des lèvres du brun, suivant les mouvements de la barre chocolatée.
- Non ! Je ne partage pas mes barres de chocolat. C'est bien ce que tu m'as dit la dernière fois, non ?
Le préfet rougit violemment, baissant les yeux sur la couverture du lit, coupable, observant un trou qui prit alors un intérêt capital. Oui en effet... Mais la dernière fois, c'était la veille de la pleine lune... Remus était irritable. Pendant ces périodes, il se faisait littéralement violence pour ne pas sauter sur son meilleur ami et l'embrasser. Et oui ! Il n'avait pas voulu partager sa dernière barre de chocolat.
- Mais ... Ce n'est pas pareil. C'était la veille .... Tu sais bien comment je suis dans ce moment-là, dit-il pour se justifier en relevant les yeux sur son ami.
Il n'allait pas lui en vouloir pour ça quand même ... Si ?
Sirius haussa les épaules, sans sourire, prenant un air à la McGonagall, un peu trop sérieux.
- Ça n'excuse rien ! La pleine lune ne justifie pas tout, mon petit loup. Alors, non je ne partage plus mon chocolat avec toi !
Remus cilla, posant les yeux sur la barre que Sirius tendait toujours vers lui, comme une arme pour le battre. Une idée traversa l'esprit du préfet, qui sourit.
Le cabot cilla à son tour, sentant le mauvais coup venir… car ce sourire-là, il était surtout réservé aux leaders des maraudeurs. Il n'eut d'ailleurs pas le temps de comprendre... à peine eut-il le temps de resserrer la prise autour de la barre qu’il sentit que sa main était vide. Remus avait été si vif, si rapide. Ses sens étaient accrus, ses capacités motrices aussi, surtout quand il s'agissait de chocolat... au détriment Sirius !
- Lunard !!!
La voix courroucée du brun ne l'empêcha pas de croquer dans la barre de chocolat et d'en dérober définitivement un morceau. Sirius avait déjà bondi sur lui, mais la précieuse sucrerie était déjà dans sa bouche. Sirius fit basculer Remus sur le lit, essayant de récupérer son bien, même si c'était déjà trop tard pour l'un des morceaux, il en restait deux. Mais le voleur ne comptait pas se laisser faire.
- L'égoïsme est un vilain défaut, Sirius Orion Black ! parvint-il à articuler malgré le morceau de chocolat qui fondait dans sa bouche.
- C'est toi qui dis ça !
Sirius attaqua alors son ami, s'en prenant à lui de la plus horrible des manières. Les mains de Sirius se glissèrent sous le pull de Remus, celui-ci se raidissant aussitôt au contact chaud des doigts du brun sur sa peau. Il n'eut pas réellement le temps de savourer ce moment que la torture commençait déjà. Remus partit alors dans un grand éclat de rire. Un rire cristallin, rare. Un rire que peu de personnes avaient eu l'occasion d'entendre. Et pourtant c'était un son magnifique.
Sirius sourit face à ce son si délicieux. Il adorait le rire de Remus, parfois il aurait tout donné pour l'entendre. Surtout le lendemain de pleines lunes. Remus se tortillait maintenant sous la punition de son ami, fermant du mieux qu'il pouvait la bouche pour ne pas laisser échapper le morceau de chocolat qui fondait encore. Il ne supporterait pas longtemps cette atroce punition. Une punition qui n'était en rien proportionnelle à la faute commise, une punition bien trop sèvre...
Le préfet lâcha alors la barre chocolatée qu'il tenait toujours dans une main et captura celles de Sirius dans les siennes. Il serra alors les poignets du brun, les immobilisant avec une force qu'il ne se connaissait pas, enfin si... La force du loup. Quand il était énervé, il lui arrivait de se laisser submerger par elle. Mais là, non, il voulait juste forcer son tortionnaire à s'arrêter.
Sirius cilla, sans comprendre une nouvelle fois ce qui se passait. Remus le bascula alors en arrière, le faisant tomber sur le lit, lui maintenant fermement les poignets et se mettant à califourchon sur ses cuisses, l'immobilisant le temps de reprendre son souffle... car il n’en pouvait plus. Il avait l'impression d'avoir couru un marathon. Il était tellement chatouilleux, il ne supportait pas ça. Il n'y avait rien de pire au monde... Sauf peut-être ses transformations.
- Ça suffit ! Temps mort !
Sirius était maintenant bloqué, sans aucune possibilité de mouvement. Remus maintenait sa prise trop fermement. Il ne pouvait rien faire. Le préfet finit lentement de déguster son chocolat, une fois qu'il eut repris ses esprits. Il sourit alors, conscient qu'il avait Sirius Black à sa merci.
- Tu partages alors ou pas ?
- Non ! Libère-moi ! Tu triches ! Tu utilises la force du loup !
Le lycan sourit avec envie, son regard se posant sur les lèvres de son ami, descendant lentement sur son torse, avant de replonger dans les iris grisés. Son cœur se mit à battre plus sourdement, avec délice. Sirius était entièrement à sa merci et si près de lui... Son regard glissa doucement de ses yeux, sur ses lèvres et enfin de nouveau sur son torse, son cœur s'accélérant un peu plus. La gorge sèche, il s'imagina une seconde...
Mais il se stoppa net, rougissant. Non ! Il ne devait pas se laisser déborder par tout ça, il devait se contrôler ! Il libéra le jeune homme de son emprise, venant s'asseoir à ses côtés. Il devait faire attention. Si Sirius se doutait de quoi que ce soit, il partirait en courant et ne lui adresserait plus jamais la parole.
Le brun se redressa, posant son regard sur le voleur de chocolat, sans trop savoir quoi penser. Remus avait eu un tel regard... Un regard qu'il ne lui connaissait pas, mais un regard qui avait suffi à allumer un quelque chose en lui. Le lycanthrope prit la barre chocolatée entre ses doigts, en mordant encore un petit morceau avant de tendre le dernier à son propriétaire légitime.
- Je t'en offrirai une, promis.
Un petit sourire d'excuse pour mieux faire passer l'élixir imbuvable au goût de défaite. Il espérait réellement que Sirius ne lui en tiendrait pas rigueur. Ce dernier saisit le morceau et sourit.
- OK ! Mais quand même, tu es déloyal.
Remus se mordit la lèvre inférieure, dans un petit sourire d'excuse.
- Mea culpa.
Le brun sourit un peu plus, son regard s'étant posé sur cette lèvre que Remus mordillait quand il se sentait fautif.
- Aller, je te pardonne. Tu sais bien que je ne peux pas t'en vouloir bien longtemps.
- Salut vous deux !
Les deux amis posèrent les yeux sur la porte dans un même mouvement, pour voir deux autres jeunes hommes entrer dans la pièce. James Potter et Peter Pettigrow venaient de se joindre à eux. Une nouvelle réunion maraudeuse pouvait commencer.
- Salut ! Evans vous a enfin jeté ? questionna Sirius, narquoisement, face à la triste mine de son frère.
Le cœur du jeune homme se languissait pour une fille qui ne le supportait pas. Et malgré tous ses efforts, il n’arrivait pas à changer la donne.
- Mouais, je ne dirai pas ça dans ces termes, mais c’est dans l’idée.
- Et tu dirais ça comment ?
- Disons qu’elle ne sait pas encore apprécier ma présence à sa juste valeur !
Les nouveaux venus s’installèrent sur le lit, après avoir ôté leurs chaussures.
- Pourquoi tu t'embêtes avec elle ? Tu pourrais avoir qui tu veux…
Le fils Black détourna les yeux, agacé. James s’était entiché de la pire de toutes.
- Parce qu’il ne veut pas n’importe qui ! précisa Peter.
James acquiesça doucement de la tête.
- Merci Pete ! Toi au moins, tu me comprends… Et non Patmol, Evans n’est pas n’importe qui ! conclue sèchement le brun à lunettes face au sourire très narquois de son frère de cœur.
- Mouais… Chacun son point de vue, Corn’.
James piocha une Bièraubeurre et en tendit une à Peter, qui la pris avec reconnaissance. Plus tôt dans la journée alors qu’ils s’apprêtaient à entrer aux Trois Balais, avec Remus, James avait aperçu la chevelure rousse de Lily Evans s’engouffrer chez Honeydukes. Et Peter et lui avaient bifurqués, abandonnant le préfet qui avait refusé catégoriquement de les suivre. Le petit rat avait eu donc peur de finir la journée sans pouvoir profiter d’une bonne Bièraubeurre. En quittant Lily, ils avaient été aux Trois Balais, mais en voyant le bar vide de maraudeurs, ils étaient venus directement ici, sans faire une pause désaltérante. Alors, il allait savourer cette délicieuse boisson.