- Godric Hollow…
Sirius se leva et quitta le salon des Potter, sans rien ajouter, n’ayant plus rien à dire, sous le regard de ses deux amis, n’ayant qu’une envie : s’isoler.
- Il va mettre un peu de temps à s'en remettre... souffla Euphemia, le cœur brisé pour lui. Il vaut mieux le laisser tranquille.
Elle se leva, débarrassant les bouteilles. En laissant Sirius allait passer la nuit chez Androméda, voir sa famille, puis passer la journée avec Remus, elle n’aurait jamais imaginé qu’il puisse courir un tel danger. Elle se sentait coupable dans son cœur de maman. Mais qu’aurait-elle pu faire ? Enfermer le jeune homme ? Lui interdire de voir son petit-ami pendant les vacances… d’aller voir sa famille ? Toutes les solutions semblaient tellement illogiques pour échapper à cette attaque. Mais non ! C’était cette attaque qui était illogique, sans fondement ! Juste parce qu’il se baladait avec une née-moldue… Elle inspira froidement. Son regard se posa sur son salon, reflet parfait de l’âme du jeune Black : totalement détruit.
Remus croisa le regard de James et les deux garçons quittèrent la pièce, suivant leur ami, sous le regard désapprobateur de la mère de famille.
- Les garçons, ça n'écoute jamais ! Un conseil mesdemoiselles, faites de filles…
Elle laissa les deux jeunes filles en tête-à-tête, passant dans la cuisine. Alice prit place aux côtés de Lily, un triste sourire aux lèvres. Elle n’aurait pas pensé la croiser pendant les vacances, surtout dans des circonstances aussi dramatiques. Un Crucio… Elle-même n’en avait jamais reçu et elle priait pour ne jamais subir cette souffrance. La douleur pire que la mort… Le créateur de ce sortilège devait avoir un fond réellement mauvais. Une des armes de prédilection des mangemorts. Au fil de leurs attaques, ils commençaient à les connaître et tout n’allait que de pire en pire.
- Ça va ?
- Oui ça va. Je vis juste une journée… comment dire… étrange… Tu étais avec ton père quand il a été appelé ?
Alice fit légèrement non de la tête.
- Non, je suis en stage chez les Aurors. Pendant les vacances, je découvre le métier. J’ai été admise à l’Académie pour la prochaine rentrée. Alors, cette immersion me permet de finaliser mon choix. C’est une étape obligatoire, avant de s’engager.
- Et tu te retrouves en stage avec ton père ?
La blonde rigola légèrement.
- Non, heureusement que non ! Mais on avait fini avec le dogme sur le Chemin de Traverse. Mon père avait eu le message de Madame Potter. Alors, avant de rentrer chez nous, on est passé par là.
- Un peu plus loin
- Sirius ?
- Ça va ! les coupa-t-il. Je n'ai plus envie de parler, je veux juste... prendre une douche.
Il était plein de poussière et voulait aussi laver son âme. Il les quitta, sans un regard, s'enfermant dans la salle d’eau. Il s'adossa à la porte et se laissa glisser sur le sol, le regard perdu dans le vague, un profond vide en lui… un vide remplit de culpabilité. Les larmes coulèrent sur ses joues, en silence. Il ne s’en rendit même pas compte. C'était entièrement de sa faute ! Il le savait !
Dans le salon les deux sorciers observèrent la porte se refermer sur leur ami.
- Il est plus là, souffla James.
- Oui... il est éteint. Il lui faut juste un peu de temps. On le connaît, ce Sirius-là. Celui de chaque rentrée des classes, quand il revenait de chez les Black après deux mois d’un enfer quotidien. Même si là… ça semble plus grave…
James acquiesça de la tête.
- Je te laisse le ramener à la vie, tu es le seul qui sache enclencher le processus. Je vais accompagner mon père pour ramener les filles. Je ne veux pas qu'il fasse la route tout seul.
Le lycan acquiesça de la tête, posant les yeux sur la porte. Ça prenait toujours un peu de temps, ça demandait beaucoup d'attention et de tendresse. Mais oui, il avait toujours réussi. C'était aussi ça qui avait fait qu'ils avaient toujours été plus proche que la normale pour deux garçons, une amitié toute « particulière ».
Pour l'heure, il ne pouvait qu'attendre que le jeune homme se sente prêt à réapparaître, sans le brusquer, sans le braquer. La force n’avait jamais rien donné avec le fils Black. De la tendresse, de la patience et de la compréhension. Tout ce dont le jeune homme avait dû manquer pendant son enfant.
James revint dans le salon du cottage, posant les yeux sur les deux jeunes femmes.
- Comment va Sirius ? questionna Lily, se sentant tout aussi coupable.
Si elle n’avait pas été avec lui, ses cousins ne les auraient jamais attaqués.
- On va dire qu’il va.
- Et nous aussi, on y va ! lança le père de famille. Hartfield n’est pas côté.
Les jeunes filles se levèrent, quittant la demeure, après avoir salué et remercié la mère de famille.
Remus était installé sur le canapé du salon, dans la tente d’Alphard, attentant les yeux rivé sur le porte. Sirius sortit, douché, propre, changé, posant son regard sur son petit-ami.
- Ça va ?
- C'est à toi qu'il faut demander ça.
Le brun se laissa tomber sur le canapé de libre, gardant une distance avec le lycan, n’ayant qu’une envie : être seul.
- J'ai connu mieux. Je suis fatigué. Je veux juste dormir.
- Siri', ce n'est pas ta faute...
Mais Remus connaissait ce Sirius-là, terne, éteint. Peu importe ce qu'il disait, le brun ne l’écoutait pas.
- Je vais me coucher. - Il se leva, avant de se retourner vers le lycan. - Je ne t'ai même pas demandé... ton entretien ? Tu as eu ton stage ?
- Je n’aurais la réponse que dans quelques semaines. Ils ont plusieurs candidats à voir.
- D’accord…
Le brun lui adressa un faible sourire avant de s'engouffrer dans la chambre et de s'allonger sur son lit, fixant le plafond. Il entendit la porte s’ouvrir et se fermer. Il posa les yeux sur le nouveau venu.
- Parle-moi, souffla le préfet.
- J'ai assez parlé pour ce soir, je veux juste oublier. Penser à autre chose !
Remus sourit, s'approchant de lui et s’asseyant à ses côtés, sur le lit. Il avait aujourd'hui des armes qu'il n'avait pas avant. Il posa sa main sur le ventre du jeune homme, un doux sourire aux lèvres, commençant à jouer légèrement avec les bords de son t-shirt.
- Je connais un bon moyen pour te changer les idées... – il laissa ses doigts glisser sous le tissu, caressant une peau douce à souhait - Si tu as envie... souffla-t-il.
Sirius posa son regard sur lui, son cœur se mettant à battre. Non, il avait envie de dormir, de prendre une potion de sommeil et de ne plus penser. Mais il avait aussi envie de réconfort et de tendresse. Il se redressa, capturant les lèvres du châtain avec avidité. Oublier dans le plaisir et le désir à défaut d'un sommeil sans fond ? Il ne disait pas non.
- Au creux de la nuit
Il était encore là-bas, rien n'y faisait. Il cherchait la faille, le moment où il aurait pu leur éviter de vivre cette expérience, de croiser les Lestrange, mais en vain... Ça tournait en boucle dans sa tête comme une obsession et il n'arrivait pas à revenir dans le salon des Potter. Le transplanage de l’âme était plus compliqué que celui du corps.
Il sursauta quand un bruit se fit entendre, brisant le silence de la nuit. La bouteille de Whisky Pur Feu venait d’être reposée dans un bruit sourd et un autre brun s'installa à côté de lui.
- Tu m’as fait peur ! ragea-t-il. Tu ne peux pas faire plus de bruit avec tes sabots ?
James posa les pieds sur une chaise, étendant ses jambes, portant le verre à ses lèvres, un sourire en coin aux lèvres.
- Je suis aussi discret que mon animagus, je le reconnais.
- Mouais... pas toujours. Tu n'arrives pas à dormir ?
- Ce n’est pas moi qui devrai te poser cette question ?
Sirius ne réagit pas, fixant un point devant lui, finissant son verre, James le remplissant aussitôt. Il posa son regard sur son cadet, le cœur meurtri. Toute la scène de l’après-midi était encore en lui. Sa belle suffoquant… et ensuite son hurlement d’effroi et de douleur. Il en avait eu le cœur brisé. La guerre les épargnait un peu, ils étaient encore à Poudlard, dans une sorte de bulle de coton … Une bulle qui venait d’exploser !
Bien sûr, ils subissaient des pertes… Sirius avait perdu Alphard, Viadus avait été assassiné devant des élèves. Mais c’était la première fois qu’il se sentait réellement atteint par elle...
- Merci... souffla-t-il.
- De quoi ?
- De l'avoir ramené.
Sirius lui jeta un coup d’œil, ses doigts se serrant sur son verre, plein de rage, d’amertume et de culpabilité.
- Tu oublies l'étape où je l'ai mise en danger !
- Non, ce n'est pas ta faute et tu le sais !
- Tu plaisantes ? - Sirius posa un regard hargneux sur son frère. - Elle n’était pas au mauvais endroit, ni au mauvais moment ! Elle était avec la mauvaise personne. Et tu le sais très bien !
Il reposa les yeux devant lui, avalant une bonne gorgée de Whisky, dans une grimace.
- Ce n'est pas de ta faute, Patmol, OK ! Tu n'as pas choisi ta famille, ils sont cinglés, c'est un fait, on le sait depuis toujours. Mais ce n'est pas toi qui l’as mise en danger. Tu l'as sorti de là, c'est tout ce qui compte.
- Je mettrai toujours ceux que je côtoie en danger...
Les Potter, Remus… Il était une cible et il y aurait des victimes collatérales. Lily Evans n’était que la première.
- Et t'isoler du monde ne le rendra pas plus sûr. Si j'ai bien compris, Lestrange avait brossé un joli portrait de Lily à sa famille. Ce n'est pas de ta faute. Rentre-le dans ta petite tête de sale cabot, OK !
Sirius porta le verre à ses lèvres, reposant lentement les yeux sur son frère. Si, c’était de sa faute. Ils auraient dû se séparer une fois sur le chemin, ils auraient dû vivre leur après-midi chacun de leur côté. Mais devait-il s’empêcher de vivre à cause de son nom ? S’isoler, se couper du monde à cause du lien qui l’unissait aux Black ? NON !!! Il refusait de renoncer à cette sphère de vie sociale qu’il avait réussi à bâtir. Et même s'il était farouchement opposé à ça… Evans en faisait partie. Il ne l’appréciait pas, il ne l’aimait pas, il ne la portait pas dans son cœur… Mais elle faisait partie de son monde.
Il inspira, calmant cette rage qu'il ressentait au plus profond de lui-même.
- Comment elle allait ?
Le capitaine de Quidditch haussa les épaules.
- Un peu mieux quand on l'a déposé chez Alice. Ça ira, elle est forte.
Sirius sourit, ironique.
- Mais pas très doué en combat. Si elle excelle en club, sur le terrain...
- Je lui apprendrai !
- Oui, il y en a besoin...
Mais ils n’étaient pas encore adultes, ils étaient à peine majeurs… mineurs à quelques mois près, comme l’avait si bien dit Euphemia Potter. Et il devait se battre contre de puissants mangemorts, des mages noirs déterminés à tout détruire, à tout anéantir sur leur passage.
Le combat était illégal dès le départ. Sirius aussi devait reprendre des cours, il devait se remettre à niveau. Il l’avait senti, face à Bellatrix... lui non plus n’avait pas fait le poids. Si Lily n’était pas tombée à terre, il n’aurait pas tenu très longtemps.
- Carbone les mines…
Elle leva les yeux sur sa demeure. Elle avait quitté la maison la veille au matin et aujourd'hui, tout semblait étrangement différent.
- Est-ce que voulez que je parle à vos parents ? Je pourrais leur expliquer...
- Non, merci M. Potter, mais je préfère ne pas leur dire. S’ils apprenaient ce qui s'est passé, ils m'enfermeraient pour le reste des vacances. Et je n'ai pas envie de finir prisonnière.
James l'observa, sans rien dire, le cœur serré.
- Mais ça vous ferez du bien d'en parler...
- Je sais, mais pas à mes parents. Ils sont moldus et ils ne comprendraient pas. Ils n’ont jamais entendu parler des mangemorts et de ce lord. Je ne veux pas les angoisser. Ils ne comprendraient pas. Pour eux, le monde des sorciers, c'est le monde d'Alice aux Pays des Merveilles. Je ne veux pas le transformer en cauchemar. Ça va aller ! Je vous assure. J'ai assez parlé, je veux juste oublier, pour le reste des vacances - Elle sourit à son ami - Merci de m'avoir raccompagné. Ça fait une sacrée route.
- C'est rien, c'est normal. Même avec plaisir.
- Mon fils a tout dit, miss Evans. Prenez soin de vous.
Elle acquiesça de la tête, mal à l'aise.
- Vous voulez peut-être rentrer boire quelque chose ? proposa-t-elle timidement, même si elle n'avait pas très envie de les présenter à ses parents.
- C'est gentil, mais je ne pourrai pas me trouver face à vos parents, sans leur avouer ce qu'il vous est arrivé. Ce n'est pas anodin, Lily. Vous devriez leur parler.
- Je veux juste oublier, et ne pas les inquiéter.
Le père de James lui adressa un léger salue de la tête, remontant en voiture. James l'observa, perplexe.
- Tu es sûr que ça va aller ?
Il fit quelques pas, accompagnant la jeune fille jusqu’au portail. Elle lui sourit, amusée, se voulant rassurante.
- Oui, ça va aller. Je doute que je risque quoi que ce soit ici. Je suis en sécurité. Et Sirius ? Comment va-t-il ?
James haussa les épaules.
- Pas bien. Je crois qu'il est bloqué là-bas. Et toi ?
Elle ouvrit le portail. Là-bas ? Dans cette impasse ? Sur le Chemin de Traverse ? Face à deux sorciers masqués de la mort ? Elle passa derrière le portail, essayant de sourire de nouveau pour se faire rassurante. Mais qui voulait-elle rassurer ? Son ami ou elle-même ?
- Moi je suis là, face à toi. Ça va aller ! Encore merci pour l'escorte. On se voit dans le Poudlard Express.
- À dimanche alors…
Elle lui adressa un signe de la main avant de s’engouffrer chez elle, le cœur lourd. James observa la porte se refermer sur la jeune fille. Lily semblait dans le déni de ce qu’elle avait vécu. Il soupira, avant de poser son regard sur la maison et le quartier, dans une légère grimace.
Carbone-les-Mines était une ville bien étrange. Des maisons à perte de vue, toutes identiques. Une ville plutôt minable au vue des aménagements. Il ne s'était jamais réellement intéressé à la vie de la jeune fille en dehors de Poudlard. Et s’il se l'était imaginé grandissant dans la campagne, dans une charmante maisonnette, c'était bien loin de la rue qui se présentait à lui. Un coup de klaxon le sortit de ses pensées et il s'engouffra dans la voiture.
- Foret de Sherwod, Impasse des trois cerisiers
- Ça va aller Remus ? Tu veux que je parle à tes parents ?
- Non, merci M. Potter. Je vais le faire.
Il ne savait pas trop comment mais c’était à lui de leur dire. Dire que son seul objectif de la semaine était de leur parler de sa relation avec Sirius… Et aujourd’hui, il devait leur parler des mangemorts…
- D’accord. Comme tu veux. Je te laisse. Prends soin de toi.
Le père de son ami le salua d’un mouvement de tête, avant de disparaître. La porte s'ouvrit sur sa mère, celle-ci posant un tendre regard sur lui.
- Il me semblait avoir entendu des voix.
- M. Potter est reparti.
Se disant il entra dans la maison.
- Déjà ? répliqua-t-elle légèrement déçue, en le suivant. J’aurais été ravie de le saluer. – Elle fronça les sourcils en observant son fils - Ça va ?
- Ça va oui...
- Comment s'est passé ton entretien ? Dis-nous tout !
Le lycan posa son regard dans le vide, entrant dans la cuisine. Ça semblait réellement loin et pourtant c'était la veille qu'ils avaient eu cette conversation, dans la même cuisine au même endroit. Et malgré ça, c'était loin.
Son père posa son regard sur lui.
- Ça a été. Je pense que je m'en suis bien sorti. Ils me recontacteront par la suite. Ils avaient plusieurs candidats à rencontrer.
- Comment vont Sirius et Lily ? questionna Lyall.
Remus cilla, fortement étonné, posant son regard sur son père.
- Tu es au courant ?
- Oui.
Hope observa ses deux hommes, tour à tour.
- Au courant de quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?
Lyall posa les yeux sur femme, le regard grave. Il aurait préféré la tenir loin de tout ça, mais aujourd’hui, il ne pouvait plus la maintenir dans l’ignorance. Il inspira, avant d’expliquer. Il s’était joué la scène toute la nuit dans sa tête :
- Sirius et Lily ont été agressés sur le Chemin de Traverse, expliqua-t-il.
- Agresser ? Comment ça ?
L’homme s’approcha de sa femme, s’installant sur la chaise à côté d’elle. La conversation allait être difficile. Il aurait aimé la tenir loin de tout ça, mais aujourd’hui, les sorciers, comme les moldus ne pouvaient plus fermer les yeux face à la menace.
- Il existe un groupe de sorciers, de mages noirs qui prônent une idéologie bien particulière, très rétrograde. Pour eux, la magie doit être exclusivement réservée aux sorciers de sang pur. Ils sont contre le mélange des deux mondes et contre l’admission dans le monde de la magie de moldus.
Hope l’écouta, son regard se fronçant peu à peu.
- Qu’est-ce que tu entends par mages noirs ?
Elle avait l’image des méchantes sorcières dans les contes de fées moldu : la belle-mère de Blanche neige qui rêvait de la tuer pour être la plus belle, la méchante fée qui avait maudit la belle aux bois dormants. Mais chez les sorciers, tout était toujours amplifié… en pire.
- De dangereux criminels. Prêt à tout pour purifier, selon leur terme, le monde de la magie.
De dangereux criminels… les méchantes fées des contes laissèrent la place à l’image de tueurs en série psychopathes.
- Mais…
- Pour eux, le fait d’avoir du sang moldu dans les veines est un crime grave. Et le fait de défendre les droits des moldus et des sangs mêlés est un crime encore plus grave. Sirius et Lily ont été attaqués sur le Chemin de Traverse, hier après-midi, par ces sorciers, au nom de cette idéologie.
- Mais enfin… C’est absurde. Ce n’est pas marqué sur son visage que Lily est née-moldu. Pourquoi eux précisément ?
- Disons que ces sorciers sont très bien renseignés. Et selon moi, c’est Sirius qui était principalement visé. Sa famille biologique est fortement soupçonnée de soutenir et d’appartenir aux mangemorts.
- Des mange mort ?
- C’est comme cela qu’ils se font appeler. Tu connais l’histoire particulière de Sirius… et ses liens avec la famille Black.
- Hum… Un peu... Sans plus. Euphemia m'a déjà parlé d’eux et du fait qu’ils aient renié Sirius, mais enfin… De là à l'agresser, quand même… Ça va loin… Les Black le détestent tant que ça ? - elle releva les yeux sur son fils, prise d’une profonde angoisse - Est-ce-que le fait de fréquenter Sirius peut te mettre en danger ?
Remus n’avait pas quitté son père des yeux pendant son explication, réalisant que Lyall appartenait à l’Ordre du Phénix. Comment ne l’avait-il pas deviné avant ? Les Lupin devaient tellement à Dumbledore que quand le sorcier avait créé son Ordre, Lyall devait avoir été un des premiers à le rejoindre.
Le lycan cilla, un peu étonné, par le terme employé, reposant les yeux sur sa mère.
L'homme reprit, sans laisser son fils intervenir.
- Il faut que tu comprennes que ces mangemorts sont contre le mélange des deux mondes.
- Mais...
- Pour ces sorciers, c'est une infamie de fréquenter des moldus. Si le passé de Sirius avec sa famille est un élément de l’affaire, c'est aussi la condition de naissance de Lily qui est en cause.
- Je ne comprends pas où tu veux en venir…
- Pour eux, il n'y a que les sangs purs qui ont le droit de pratiquer la magie.
Le regard de la mère de famille se fit plus froid, plus noir, comprenant un peu mieux le raisonnement de son mari et où il voulait en venir. Sa voix se fit plus lointaine.
- Remus n'est pas sang pur. Et il est le plus doué de sa classe.
- Je sais... Mais malgré ça, pour eux, il est indigne de pratiquer la magie.
Hope posa son regard sur son mari, serrant les poings avec rage.
- Ils sont contre le mélange des deux mondes ? Contre les mariages entre un sorcier et une moldue, alors ?
Lyall acquiesça lentement de la tête. Hope inspira difficilement.
- Est-ce que le fait que je sois moldue, peut mettre Remus en danger ?
- Oui…
La réponse de Lyall était un murmure à peine audible, plein de souffrance.
Hope se leva, atterrée par cette conversation. Son regard passa de son mari à son fils, sans comprendre, sans réellement assimiler toutes ses informations. Cette conversation était d’une absurdité sans nom.
- Je…. je dois aller... désherber le potager !
Et elle quitta la pièce, sans trop savoir comment agir ou réagir. Son sang, son statut de moldu mettait son fils en danger. Elle avait toujours tout fait pour protéger Remus. Elle s’était transformée en vraie louve par amour pour son fils, elle avait tout fait pour lui, pour son bien-être, pour alléger sa souffrance. Elle s’était coupée de tout et de tout le monde, acceptant de s’isoler en forêt, acceptant la maladie de son fils, le soignant après chaque pleine lune. Entendant, pendant des années, le loup hurler à la mort et blesser l’être qu’elle aimait le plus au monde.
Et aujourd'hui, elle mettait son fils en danger, parce qu’elle était moldue !?! Parce qu’elle était tombée amoureuse d’un sorcier...
Lyall observa la porte par où sa femme s’était enfuie avant de poser le regard sur son fils.
- Il faut lui laisser digérer cette information.
- Tu es membre de l'ordre de Dumbledore ?
- L'ordre du Phénix ? Bien sûr. On a eu une réunion hier soir, sur cette attaque. Comment vont-ils ?
- Ils vont... je crois... Ils sont vivants, ils ont pu s’en sortir. Lily a passé la nuit chez une amie. M. Potter devait la ramener chez elle tout à l'heure. Je vais lui écrire.
- Et toi ? Ça va ?
- Ça va. Mais maman...
- Laisse-lui du temps. Ici, on est coupé du monde, tu le sais. Elle entend parler de ces sorciers pour la première fois. J’aurais aimé la tenir encore loin de tout ça, mais il fallait qu’elle sache.
- D'accord. Je vais aller me reposer un peu.
Quelques heures après, Remus sortit de la maison, arrivant près de leur potager. Depuis qu'ils vivaient ici, sa mère se faisait un devoir de l'entretenir et de limiter au maximum les achats alimentaires. Ce potager avait été une précieuse source de nourriture. Hope était en train de bécher, le mois d'avril étant propice aux plantations.
- Maman ?
- Quoi ?
- Ça va ?
- Ça va ! Et toi ?
- Ça va... Est-ce que tu veux en parler ?
- Parler de quoi ? Que le monde est en guerre et que je l'apprends maintenant ? Ces manges-morts… personne ne fait rien ? Les Aurors les laissent faire ? Ils agissent impunément ?
- Bien sûr que non ! répliqua Lyall. Le ministère de la Magie est là, les Aurors agissent, mais ils sont souvent impuissants face à eux. Dumbledore aussi ! Il a créé un rassemblement, pour les combattre. On ne les laisse pas faire, sans réagir.
- C'est là que tu disparais pendant des heures ? En me disant que tu vas voir des amis ou que tu pars à la recherche de campeurs égarés ?
- Oui… confessa l’époux, peiné d’avoir menti. Je ne voulais pas t’inquiéter, sans réelle nécessité. Ici, on est à l’abri, tu ne risques pas grand-chose. Mais…
- Remus, si ! Mon fils peut se faire assassiner parce que son sang est moldu !
Elle inspira, avant de reprendre le labour de la terre, avec rage. Elle avait cru que son mari passait son temps dans un bar, à boire, ou avec une autre femme... pas à faire la guerre.
- Tu n'as pas envie d'être avec Sirius ?
Remus cilla, étonné par la question de sa mère.
- Si... j'avoue mais...
- Je serai bien plus rassurée si tu finissais les vacances chez les Potter. Je ne doute pas une seconde de leur capacité à te protéger. Et je suis sûre que Sirius aimerait t'avoir à ses côtés.
- Je suis d'accord avec ta mère. Et les Potter accepteront avec plaisir, je ne doute pas de ça.
- D'accord... Mais j'aurais aimé passer du temps avec vous…
- Ce week-end ? Tu peux revenir vendredi. Mais à la place de Sirius, je te voudrai à mes côtés.
Remus plissa des yeux, de nouveau étonné par les propos de sa mère. Elle savait… Il en avait la certitude. Hope savait qu’il était en couple avec Sirius. Mais comment ? Les avait-elle vus s’embrasser avant de partir pour Londres ?
- Bon... je vais demander à Sirius si ça ne le dérange pas de m'héberger.
- Carbone Les Mines
Sirius Black observait maintenant la maison de la préfète des Gryffondors. Une maison plutôt cossue, presque charmante au vu du quartier minable dans lequel elle se situait. Au loin, il discernait les cheminées d'une usine, dont les fumées rendaient le ciel bleu foncé. On pourrait croire que le temps était maussade, alors que non ! Partout ailleurs, le soleil brillait dans le ciel anglais, mais pas ici.
Il posa les yeux sur la boîte aux lettres qui affichait le nom des Evans. C'était bien la maison de la préfète. Il ouvrit le portail, allant sonner à la porte.
Il entendit des pas et la porte s'ouvrit sur une femme assez grande, blonde, un regard vert émeraude identique à celui de son amie.
- Madame Evans ?
La femme acquiesça de la tête, le regard méfiant. Elle n’aimait pas les prospecteurs, les vendeurs de rue, ceux qui dérangeaient les gens à n’importe quelle heure de la journée, parfois même le soir. Alors quoi qu’il ait à vendre, elle le renverrait chez lui.
- Permettez-moi de me présenter, je suis Sirius Black. Un ami de Lily. Même maison, même année.
Le regard de la femme s'adoucit aussitôt, un sourire se formant sur ses lèvres.
- Oh vous êtes étudiant à Poudlard ? À gryffondor ?
Sirius acquiesça de la tête.
- Tout à fait. Est-ce que Ev… enfin Lily est là ?
- Hum… Oui, elle est là ! Je reviens.
Il attendit, entendant alors une conversation :
- Lily, c'est pour toi, un camarade d'école, même maison, même année.
- Remus ?
- Non, si cela avait été Remus, il serait déjà à l’intérieur et j'aurais dit : Lily c'est pour toi, c'est Remus. Ce jeune homme-là, je ne le connais pas.
Il entendit des pas et vit la tête de la jeune fille sortir d'un encadrement de porte.
- Black ?
- Salut Evans, ça va ?
Elle s'approcha de la porte, mal à l'aise. Leur dernière rencontre était loin d’être le meilleur souvenir de sa vie, voir même le pire.
- Ça peut aller...
Sa mère l'avait suivie, intriquée par ce charmant motard aux yeux d'argent.
- Maman, je te présente Sirius Black.
- Je sais, chérie, il s'est présenté tout seul.
Sirius sourit à la mère de famille, plein de charme.
- Oui, je suis un grand garçon - Il reposa les yeux sur la préfète. - Tu viens vers un tour ?
Il lui montra son casque de moto. Elle fronça les sourcils, perplexe.
- À moto ?
- Bah, moi, je serai sur la moto, mais si tu veux courir à côté, pas de soucis pour moi.
Elle entendit sa mère ricaner légèrement, derrière elle.
- Bah oui chérie, à question idiote...
- Réponse idiote. Ça va, je sais ! Est-ce que je peux y aller ?
Même si elle n'avait pas vraiment envie d'aller en balade avec le jeune homme, elle ne pouvait qu'accepter. Que faisait-t-il-là ? Pourquoi avoir fait toute cette route pour lui proposer une balade ? La mère observa ce jeune homme plutôt séduisant. Brun aux yeux gris, armé d'une moto. Sa fille devenait une jeune femme. Elle commençait à avoir des fréquentations qui devaient dépasser le cadre de l'amitié.
- Demandes à ton père. Pour moi, c'est oui ! Mais changes-toi avant. Pas de jupe à moto.
- Vous êtes une connaisseuse, remarqua Sirius, un sourire plein de charme aux lèvres.
- Dans ma jeunesse, j'avoue que j'avais un certain faible pour les motards.
- Papa avait une moto ? s'étonna Lily, invitant son ami à entrer.
- Non ! précisa la mère de famille, sous le froncement de sourcil de sa fille.
- Je ne veux pas en savoir plus.
- Les enfants, ils imaginent mal que les parents ont eu une vie avant eux, se moqua Sirius, sous l'acquiescement de la mère de famille.
Ils entrèrent dans un vaste salon, assez cossu, confortable. Un homme était là, un journal plié dans les mains. À priori, il écoutait la conversation depuis le début.
- Papa, je te présente Sirius Black, un camarade de Poudlard.
- Enchanté, jeune homme.
Une voix grave et bourrue, un regard sévère. Il n'aimait pas les inconnus, surtout armés d'une moto qui venaient kidnapper sa fille.
- Même année, même maison, précisa la mère de famille. Vous connaissez Remus, alors ?
Sirius sourit, acquiesçant de la tête.
- Sirius est le.... - Lily marqua un temps d’arrêt, s’apprêtant à employer un mauvais terme... - meilleur ami de Remus.
Sirius acquiesça de la tête, pensant fortement, et bien plus car affinité, mais il était sans doute préférable de s'en tenir au terme meilleur ami. Un état qui sembla ravir les parents Evans. À priori, le préfet semblait être apprécié.
- Remus est un charmant garçon.
- Je vous approuve pleinement, il a plein de charme.
- Papa, Sirius voudrait m’emmener en promenade… hum… en moto. Est-ce que je peux y aller ?
L'homme se posa à la fenêtre, observant l'instrument de mort du jeune homme.
- Vous avez le permis depuis longtemps ?
- Quel permis ? questionna-t-il, amusé et railleur.
- Il plaisante papa, rectifia aussitôt la jeune fille, en jetant un regard noir au fils Black. Oui, il a son permis depuis quelques mois. N'est-ce pas ?
- Oui, rassurez-vous, depuis l’année dernière. Ma mère ne me laisserait jamais conduire sans permis, sans casque, sans gants… sans chaussures. Et je conduis très bien. Aucun accident ! Je tiens trop à ma moto pour risquer sa vie.
La préfète lui jeta un coup d’œil, avant de sourire légèrement. Le regard de l'homme passa de sa fille à l'inconnu.
- Bon... d'accord. Tu n'es quasiment pas sorti depuis deux jours. Va prendre l'air, ça va te faire du bien.
- Mais changes-toi avant ! ordonna de nouveau sa mère.
- Oui, je vais me changer. - Elle se dirigea vers les escaliers, avant de se retourner vers son père. - Oh papa, Sirius est dans l'équipe de Quidditch.
Le regard de l'homme s'alluma aussitôt d'une étrange lueur. La jeune fille disparue, suivit de sa mère. Celle-ci l’interpella quand elle commença à gravir les marches de l’escalier.
- C'est ton petit-ami ?
- Ça va pas non !!!
Et sans rien ajouter, elle monta dans sa chambre mettre un pantalon. Sa mère prit une mine légèrement déçue. Il était pourtant charmant ce jeune homme. Elle trouvait sa fille était bien difficile. Elle revint dans le salon, décidée à en savoir plus sur lui. Sirius s'installa sur l'un des canapés à l'invitation du père de famille.
- Celle de Gryffondor ? questionna ce dernier.
Le brun haussa un sourcil, devinant sans peine d’où la préfète tenait sa manie de poser des questions idiotes.
- Bien sûr, je ne vais pas jouer chez les adversaires.
- Oui, bien sûr… Vous occupez quel poste ?
- Je suis poursuiveur.
- Oui, vous lancez le ballon dans les buts.
Sirius fronça les sourcils, perplexe. Ballon ? But ? Les moldus alors...
- Non ! Je lance le souaffle dans les anneaux. On marque des points. Pas de ballons, pas de but. Vous supportez quelle équipe ?
- Oh, nous n'avons pas d'équipe. On n’a jamais assisté à un match. Mais ce serait un vrai rêve de pouvoir en voir un. Il n'y a pas de magasin plus merveilleux que le magasin d’accessoires de Quidditch sur le Chemin de Traverse.
- Alors là, vous perchez un convaincu, M. Evans. L'équipe la plus proche de chez vous... voyons... ce sont les Flèches d'Appleby, expliqua-t-il, dans une grimace.
- Ce n'est pas une bonne chose ?
- Si on aime perdre oui ! Ils sont avant dernier du classement. Les matchs avec eux ne durent même pas une heure, le temps que l'attrapeur de l’autre équipe s'empare du Vif d'Or. Si vous voulez supporter une équipe qui gagne, la meilleure de toute, je vous conseille les Faucons de Flamouth. On pourra même vous emmener voir un match. C'est l'équipe des Cornouailles. Ils sont troisième au classement, mais parce que leur attrapeur a été hospitalisé les deux derniers matchs. Il s'est pris un cognard en pleine tête et il a fait une lourde chute. Mais il est de retour et en pleine forme. En deux matchs, on sera de nouveau premiers.
Le père de famille l'écouta, sans l'interrompre, avec envie et passion. Il adorait le Quidditch et avoir un spécialiste en face de lui venait d'embellir sa journée.
- Oh mais… vous pensez que l'on pourrait aller à un match ? Je ne suis pas sûr que l'on puisse voir un terrain de Quidditch. Nous sommes moldus.
Sirius fronça les sourcils.
- Vous voyez le Chemin de Traverse ? - Les Evans acquiescèrent de la tête. - Vous voyez la gare du Poudlard Express ? - Second acquiescement de la tête de la part du couple - Et bien vous verrez un terrain de Quidditch. Les familles des né-moldus vont souvent les voir jouer. Aucun sortilège repousse-moldu n’est appliqué sur les terrains. Il suffit juste de savoir les voir. Ça, par contre c’est un peu plus délicat.
Ils entendirent un toussotement à côté d'eux, Sirius se leva, face à la préfète.
- C'est bon pour toi ?
Elle acquiesça de la tête. Son père se leva, plein d'espoir.
- Lily, ton ami pense que l'on pourrait assister à un match.
- Oui, j'ai entendu. Faudra voir ça...
Pas sûre que d’emmener ses parents dans un lieu rempli de sorciers soit une bonne idée. Sirius salua les parents de la jeune fille.
- Je vous enverrai un magazine sur le Quidditch et les équipes nationales. Vous pourrez vous choisir une équipe à supporter. Mais n'oubliez pas que les meilleurs, ce sont les Faucons ! Il le salua avant de quitter leur antre, à la suite de la préfète.
- Tu crois vraiment qu'il pourrait assister à un match ? Mon père serait aux anges.
- Bien sûr ! Pourquoi ils ne pourraient pas ?
Sirius grimpa sur la moto, la jeune femme l'imitant prenant le casque.
- Parce que je ne sais même pas où sont les terrains de Quidditch, ni comment m’y rendre, ni ou acheter des places…
- Ni quand ont lieu les matchs, railla-t-il sous l’acquiescement grave de la préfète. - Ah ça ! Faudra demander à un express dans ce domaine. Et tu en connais un, et ce n'est pas moi ! Le Quidditch c’est son domaine, j’ai bien compris qu’il ne fallait pas lui voler la place.
Sirius démarra, filant alors, quittant cette ville, ces maisons toutes semblables les unes aux autres. Une ville ouvrière sans âme particulière. Une ville ouvrière d'une banlieue de la région des Midlands. La jeune fille s'accrocha à la taille du jeune homme, observant le paysage défiler devant ses yeux. Elle sourit, ravie, fermant les yeux et inspirant à pleins poumons. La sensation de vitesse était semblable à celle qu'elle ressentait quand elle volait avec James.
Ils quittèrent la ville, suivant la rivière, la jeune femme observant les bateaux. Une bonne balade qui les emmena assez loin de chez elle, mais ça lui allait très bien. Ils s’arrêtèrent en pleine route de campagne. La jeune femme retira son casque, descendant de la moto, ravie.
- J'adore. C'est comme ça que tu as séduit Remus ?
Elle posa le casque sur la moto, observant le jeune homme.
- Il était séduit bien avant de me voir dessus, mais je reconnais que ça a dû le faire sombrer un peu plus.
Elle posa les yeux sur la rivière, s'installant dans l'herbe fraîche. Le soleil inondait la lande. Elle avait l'impression de mettre les pieds dehors pour la première fois. Et c’était peut-être le cas. Sirius s'installa à ses côtés, rivant son regard sur l'horizon.
- Qu'est-ce qui t'amène ?
Elle l'observa très étonnée de le voir ici, chez elle. Elle pensait ne le revoir que dans le train, comme les autres maraudeurs.
Sirius inspira difficilement. Pourquoi était-il là ? Il avait eu besoin de s'éloigner de chez les Potter. Les parents de son ami s’inquiétaient pour lui, et il pouvait le comprendre. Mais il détestait être enfermé et cloîtré de la sorte, même si c'était pour son bien. Il avait besoin d'aide et il n'y avait que Lily Evans qui pouvait l'aider.
- Bonne question... souffla-t-il. J'ai besoin de te parler.
- Je t'écoute.
- Je... Je voulais crever le furoncle entre nous, avant de retourner à Poudlard, après ce qui s'est passé. Et je voulais aussi m'excuser.
- T'excuser de quoi ?
- De t'avoir mise en danger.
Elle fronça les sourcils, sans trop comprendre. Sirius se sentait coupable ? Mais pourquoi ?
- Tu n'y es pour rien. Ce n'est pas de ta faute.
- Tu plaisantes ? Tu n'étais pas au mauvais endroit, ni au mauvais moment, tu étais avec la mauvaise personne. Si je n'avais pas été là, ils ne t’auraient même pas remarqué.
- Sur ce point, je suis d'accord. Mais tu n'y es pour rien. On ne choisit pas sa famille, surtout une famille comme la tienne. Mais tu n'as rien fait pour les provoquer, bien au contraire. Dès que tu les as vu, tu as changé de trottoir, tu les as ignorés, tu as détourné les yeux, la tête. Tu n'as rien fait pour les provoquer et aller à l'encontre du danger. Tu n'as même pas attaqué le premier, une fois dans l'impasse. Tu n'as fait que te défendre… nous défendre. Et tu nous as sortis de là. Tu n'as vraiment rien à te reprocher. Bien au contraire. Ta cousine et son mari sont de vrais psychopathes, mais ce n'est pas de ta faute.
- Alors pourquoi je me sens aussi coupable ? Pourquoi je suis toujours là-bas, dans cette impasse ?
Il avait les yeux rivés sur l'horizon. Il n'arrivait pas à sortir de cette impasse, il ressassait la scène dans sa tête, cherchant en vain comment ils auraient pu leur éviter une telle rencontre ?
La jeune fille haussa les épaules.
- Parce que ça reste ta famille. Tu te sens lié à eux, à ce qu'ils ont fait. Mais ce sont eux les coupables, pas toi. Tu n'as fait que nous défendre et nous sortir de là. Et puis, la réciprocité est vraie. Si tu n’avais pas été avec moi, ils ne t’auraient jamais attaqué.
- Oh, ne crois pas ça. Bellatrix ne se serait pas gêné pour ça… On a un passé commun plutôt complexe.
- J’ai cru comprendre en effet. Ta famille est vraiment particulière.
Sirius détacha son regard de l'horizon, croisant le regard émeraude de son amie, qui lui sourit.
- J’avoue... souffla le brun.
Lily déglutit, acquiesçant douloureusement de la tête.
- Ce n'était rien... ce que l'on a vécu... Cette rencontre avec les Lestrange, ce n'était qu'un tout petit avant-goût de la guerre, un échantillon totalement insignifiant, n'est-ce pas ?
Sirius acquiesça de la tête.
- Qu'est-ce qui nous attend ? - Elle riva son regard dans les iris du brun, de plus en plus angoissée - Après Poudlard ? Qu'est-ce qui nous attends ?
- La guerre ! souffla le brun. Une vraie guerre, un vrai combat. Ce Voldemort rassemble ses troupes, il veut instaurer un règne de terreur et de peur. Supprimer les impurs, les éradiquer. Presque détruire le monde des moldus. La suprématie des sangs purs... Mais oui, tu as raison sur un point : ce n'était qu'un échantillon totalement insignifiant.