"I don't want to be your friend, I just want to be your lover"
Quoique l'on puisse en dire, les moldus avaient toujours réussi à produire une merveilleuse musique. Qu'elle soit accessible, commerciale, complexe, travaillée ou torturée, elle représentait bien mieux les émotions humaines que ce que savaient faire les sorciers.
Harry Potter tira une profonde latte de la cigarette qui pendouillait à ses lèvres et laissa la fumée envahir davantage la voiture dans laquelle il roulait à une heure inconnue sur une route inconnue, où la nuit semblait guider les kilomètres qu'il traversait sans se soucier le moins du monde vers où ils le menaient.
Nous, nous avons la magie, se dit-il, mais eux ils ont l'art.
Il soupira. La chanson qui passait à la radio était "House of Cards" de Radiohead. Quelques années plus tôt, jamais ils n'auraient cru connaitre les personnalités les plus influentes de la musique moldu. Il en avait fait du chemin jusque là. Pour le meilleur ou pour le pire.
Il donna un coup de volant soudain, et la voiture vint se cogner aux rembardes ornant la route, empêchant les conducteurs noctambules de se perdre aux fin fonds des canyons dans lesquels ils roulaient. Le coeur de Harry fit un léger bond, pas assez puissant pour cependant le satisfaire. Il remarqua la trace de ketchup qu'avait laissé le hamburger qu'il avait acheté plus tôt dans la soirée sur le siège du mort qui n'avait jamais été aussi mort.
-Fait chier, murmura-t-il, la voix électrisée par la fumée de cigarette.
Ca n'était définitivement pas la meilleure soirée qu'il ait vécu. Il coupa impatiemment la radio qui diffusait à présent des pubs sans intérêts. Un léger temps passa. Puis il frappa en jurant le volan avant de freiner brusquement et de couper le contact. D'un cri de frustation il ouvrit la portière et sortit. Il faisait frais mais pas assez pour empêcher un campeur de ne pas dormir à la belle étoile.
Harry s'asseya sur le capot de la voiture et enfouillit son visage entre ses mains. Quelques larmes s'en échappèrent et vinrent s'écraser au sol encore lumineux par les phares restaient allumés. Le Survivant resta silencieux mais les larmes coulaient inlassablement entre ses doigts, semblable au sable qu'essayent d'attraper les enfants les premières fois qu'ils vont à la plage. Il pleurait trop souvent ces derniers temps. Bien plus que les dernières annés qui furent cependant riches en émotions.
Où était-il passé, le grand frisson qu'il recherchait avidement ces derniers mois ? Plus rien ne l'enthousiasmait, plus rien ne l'excitait et même la route qu'il lui avait semblé si stimulante au début lui était devenue ennuyeuse, banale, sans saveur...
Comment en était-il arrivé là ? Il avait cherché sa situation, avait tout fait pour ressentir ce qu'il ressentait à cet instant, mais jamais il n'aurait cru que ça serait si difficile.
De temps en temps il se remémorer des instants, des images, des mots de sa vie passée, et il se souvenait. Des noms qu'il avait préféré oublier, des moments qu'il avait voulu enterrer... Mais il ne savait plus s'il s'agissait là de la vraie raison de son départ.
Qu'avait-il voulu ? Qu'avait il cherché ? Le frisson, le risque, la mort, ce qui expliquait le coup de volan survenu ultérieurement. Mais tout cela lui semblait si puéril soudainement...
Il avait préféré oublier les personnes qu'il aimait pour qu'elles ne restent que des réminiscences qui ne lui feront jamais regretter son départ. Mais de temps en temps, elles lui revenaient... Car on oublie jamais vraiment les personnes auxquelles on tient, on a juste du mal à s'en souvenir.
A ses parents.
A Sirius.
A Ginny.
A Rogue.
A Dumbledore.
A l'Ordre.
A Poudlard.
A Neuville.
A Luna.
A Ron...
et à Hermione...
Tous ses noms lui faisaient du mal, mais les deux derniers étaient souvent les plus douloureux... Ils les avaient abandonné. Ceux qu'il avait toujours aimé et qui lui avaient appris à vivre. Il ne pourrait jamais revenir, il n'aurait jamais la force de les regarder dans les yeux. Harry était seul, il savait qu'il était seul désormais, il en était persuadé...
Et il n'y pouvait rien, car il en avait fait le choix. Dans cette partie du monde où il rejette la magie et tout ce qui lui est relié. Il vit chez les hommes maintenant, les moldus. Et si regrets il y a, les larmes vont avec...
Harry voulait rentrer à la maison. Ses larmes le criait avec lui. Mais seulement lui s'interrogeait sur le fait qu'il n'en avait probablement plus...
Avec détermination, il rengaina sa tristesse et inspira un bon coup avant de retourner dans la voiture sans oublier d'écraser la cigarette encore fumante qu'il avait oublié d'éteindre à sa sortie.
Il ne savait pas où aller. Il n'avait jamais eu de véritables destinations depuis des mois, mais à présent il en avait besoin. Il se dit qu'il devait tout d'abord quitter ces montagnes pour rejoindre un lieu plus civilisé.
Sans magie ni personnes pour le guider, il laissa les souvenirs le faire avancer à sa place.