I’d be damned Cupid’s demanding back his arrow – partie 3
Rose monta les marches d’un pas rapide mais absent, un peu abasourdie par la conversation qu’elle avait échangé avec son oncle.
Depuis combien de temps avait-elle coupé les ponts… Cinq, six ans ? Peu à peu, le manque de l’ambiance chaleureuse et bienveillante des réunions Weasley s’était endormi. Le parasite qui bouffait leurs relations, elle le voyait, et depuis qu’elle le voyait, elle ne pouvait plus se permettre de fermer les yeux.
« C’était évident que ces blessures se reporteraient sur vous. Le monde a toujours marché ainsi. »
Son adoption était-elle due à une blessure de guerre ? Devait-elle tout pardonner parce que Ron, Hermione, sa famille avaient traversé l’enfer bien avant sa naissance ?
Non.
Elle se frotta les yeux puis les releva. Croisa le regard de Drago. Se figea.
Il attendait à côté des sanitaires, négligemment appuyé contre le mur, le visage fermé.
« Qu’est ce que tu fais là ? »
Il fronça un peu plus les sourcils, indiquant d’un geste de tête las la porte close. Rose soupira bruyamment en s’appuyant sur le mur d’en face.
Elle était terriblement énervée. Pas de colère, d’agitation. Son cœur battait à tout allure et rester ainsi immobile, avec sa présence froide, ça la tuait.
« Tu t’es remis avec Astoria ? »
La question était sortie sans qu’elle ne l’ait vraiment voulu. Rose serra les mâchoires pour garder la face alors que Drago la fixait, impassible, sourcils courbés.
Odieux.
Ça la mit vraiment dans une colère folle.
« Est-ce qu’elle sait pour Archie ?
- Pourquoi devrait-elle savoir ?
- C’est tout de même un élément essentiel de ta vie. »
Drago secoua a tête, visiblement agacé, et Rose explosa en murmures.
« Comment peux-tu retourner auprès d’une femme qui ne cesse de te tromper ? De te quitter, de te prendre pour un vulgaire clébard qu’on enferme à la cave lorsqu’on souhaite un peu de paix ?!
- Ne parle pas d’Astoria ainsi.
- Sinon quoi ?!
- Tu ne lui arrives pas à la cheville, Rose. Tu m’as supplié de me confier, et je l’ai fait. Je t’ai offert des secrets que je n’avais jamais formulé à voix haute ! Jamais ! Et toi… toi tu es partie ! Tu n’es qu’une vulgaire petite fouine !
- Je n’ai pas…
- Tu as fuis. Tu as pris peur de moi. Tu n’as pas chercher à voir plus loin que ces choses horribles que j’ai pu un jour faire. Parce que oui, moi, Drago Malefoy, ai aussi eu ma part d’héroïsme dans cette guerre ! J’ai été l’auteur d’acte horribles, certes, mais j’ai aussi sauvé des vies. J’ai sauvé celle de tes parents, tu le savais ? Bien sûr que non ! C’est beaucoup moins drôle de commérer sur mon existence si on tient compte de ça, hein ? J’en ai assez qu’on me reproche des actes que j’ai commis sous la contrainte il y a plus de trente ans ! Des actes pour lesquels j’ai été jugé et j’ai payé mille fois le prix ! Tu n’as pas le droit de me juger ! Tu n’en as pas le droit ! »
Elle se laissa retomber contre le mur du petit couloir, un peu tremblante.
Putain, il avait raison. Son murmure avait été inaudible pour tout autre personne qu’elle mais c’était comme s’il lui avait crié dans les oreilles. Elle était méchante, égoïste… Et en plus, elle voulait pleurer.
« Rose, tu… souffla-t-il en ramenant les quelques cheveux blonds qui restaient sur le sommet de son crâne, les joues rouges d’émotion. Tu as été patiente avec moi. Tu t’es mise en danger pour moi. Tu m’as donné de ton temps, tu m’as permis de rencontrer mon fils, je t’en remercie, mais…
- C’était un fiasco.
- Oui. Mais ce n’était pas de ta faute. Et Thomas est un homme posé, droit. Je sais que je peux compter sur lui pour donner à Archie l’enfance qu’il mérite, même si je n’y aurais pas le rôle que j’aimerais. C’est injuste, mais je l’ai accepté.
Le loquet de la porte des sanitaires cliqueta et ils détournèrent le regard d’un même geste. La jeune femme se faufila entre eux, puis le grincement de ses pas dans l’escalier fit place au silence, lourd.
Rose se mordit les lèvres avant de parler.
« Je ne suis pas partie à cause de ce que tu m’as confié, Drago. Et je suis désolée que tu l’ais perçu ainsi. Je suis partie parce que… Tu fais ressortir une version de moi que je… je ne sais pas comment réagir avec toi. Je me sens trop… trop… »
Les mots ne voulaient pas sortir. Ils filaient dans son esprit, flous et incertains, et une fois encore, elle se sentit stupide. Pourtant, Drago sembla les saisir en plein vol ? Son regard s’assombrit et ses lèvres s’étirèrent imperceptiblement en un sourire.
Imperceptible pour tout autre personne qui, au contraire de Rose, ne pouvait s’empêcher de fixer ses lèvres.
Et comme à chaque fois qu’elle s’était retrouvée seule avec lui ces derniers mois, toutes les barrières de contrôle qu’elle dressait en permanence pour se protéger explosèrent face à la profondeur des battements de son cœur, du tremblement des frissons qui la saisissaient, du frénétisme de sa respiration. L’envie de gouter à nouveau à son étreinte compressa sa poitrine jusqu’à la rendre fébrile. L’envie de fuir toutes ces émotions trop fortes, trop trop et de rester stupidement figée martelant son crâne.
Rose ne parvint pas à se soumettre à l’instinct de protection qui voulait la protéger de lui, de ce qu’il représentait pour elle. Elle fit un pas vers lui, se tendant vers ses lèvres jusqu’à sentir son souffle sur ses joues, puis se figea.
« Astoria…
- Nous ne sommes plus ensemble depuis des années, Rose. Ce ne sont que des rumeurs. »
>>o<<
Rose le fixait d’une manière qui le laissait un peu pantois. Il y avait cette tension indéfinissable et délicieuse. Infranchissable et délicieuse.
Qu’il n’avait jamais connu. Ou alors, à laquelle il n’avait plus gouté depuis des années.
Avec Lyrae, il n’y avait jamais eu plus qu’une dépendance sexuelle et d’intéressants échanges. Rose, elle, avait le pouvoir de le blesser. Ses paroles et ses regards comptaient et leurs absences pesaient douloureusement sur son existence, et ça, Drago avait mis du temps à l’admettre. Ils n’avaient finalement partagé que de courts instants ensemble. Elle le rendait terriblement vulnérable. Bien plus qu’il ne l’avait un jour été auprès d’Astoria.
Cette constatation fit chanceler sa volonté. Il n’avait plus l’innocence et la dévotion de ses vingt ans et la peur de souffrir de la même manière que toutes les fois où Astoria s’était jouée de lui lui donnait envie de fuir à l’autre bout de la planète. Ou du moins du couloir. Mais Rose n’avait rien d’Astoria. Son regard ne brillait pas du même éclat joueur, manipulateur. Elle était aussi émue que lui, aussi étonnée, aussi impuissante et ça…
Et ça, ça lui donnait envie de lui donner chaque battement de son cœur jusqu’à ce qu’il s’épuise.
Cette fois, il chancela pour de vrai.
>>o<<
Elle posa la main sur son bras, inquiète. Main qui remonta jusqu’à son cou, incapable de franchir le mince espace qui se réchauffait entre eux.
Instant court, enivrant, qui ne dura qu’une brève seconde.
Elle l’embrassa dans un long râle. Râle qui se mue rapidement en gémissement lorsqu’elle sentit ses mains glisser sur sa joue, dans ses cheveux, sur sa taille. Lorsque sa langue caressa ses lèvres avec une hâte exquise.
Lorsque ses mains quittèrent sa nuque et son visage, elle saturait de lui. Il était présent partout, que ce soit par son odeur, par la pression de ses lèvres dévorant la peau nue de son cou et de son épaule, par celle de ses mains rapprochant inlassablement son corps du sien… Elle saturait mais n’étouffait pas.
Elle le voulait. Maintenant. Dans ce couloir. Elle voulait qu’il lui morde les seins avec férocité, qu’il masse ses fesses avec dévotion, qu’il plonge son visage dans son cou pour cacher tous ses troubles.
Elle le voulait, avec Scorpius et Astoria ignorants à quelques mètres.
Des voix résonnèrent dans l’escalier et ils s’éloignèrent l’un de l’autre dans un sursaut. Rose fixa la source de bruit avec angoisse, son cœur s’emballant à l’idée d’être découverte dans les bras de son amant, et elle ne comprit ce qu’il faisait qu’une fois poussée dans la chambre d’ami.
Drago referma la porte en silence, les plongeant dans une semi-obscurité. A la lueur des lanternes installées dans le jardin, Rose sourit en le voyant se passer une main sur son crane dégarni par l’âge. Les voix filtraient à travers la porte comme s’ils s’étaient trouvés dans la même pièce et la peur qui l’avait saisie se transforma en une excitation joueuse. A pas de chat, elle revint se blottir contre lui et l’embrassa sans gêne.
Elle jubila en sentant à nouveau ses mains se refermer sur elle, son sourire glisser sur ses lèvres, sur sa joue, sur son cou au rythme de ses baisers. L’idée de se sentir en sécurité dans l’intimité de la petite pièce mêlée à celle de risquer d’être découvert au moindre bruit la rendait fébrile. Suffisamment fébrile pour qu’elle se jette sur les attaches de sa robe. Il saisit ses poignets pour arrêter son geste lorsque ses doigts frôlèrent son torse nu, dans un grognement étouffé.
« Attends… souffla-t-il. Je vais lancer un sort d’insono-
- Non. Je vais t’apprendre à t’amuser, vieil homme. »
Un éclair de regret la traversa à l’idée que sa pique soit mal reçue, il n’en fut rien. Il quitta ses lèvres pour venir mordiller la naissance de son cou, puis s’attarda autour de son oreille.
« Je ne suis pas né de la dernière pluie. Je m’amusais bien avant ta naissance, gamine. »
Elle retint un rire lorsqu’il la plaqua contre le mur qui prolongeait la porte, et puis commença à paniquer lorsque ses mains accrochèrent le bord de son collant, le faisant glisser sur ses jambes jusqu’aux chevilles, et… Qu’allait-il faire ainsi à genoux ? Il n’allait tout de même pas…
Rose se cambra, se mordant les lèvres pour ne pas briser le silence de leur étreinte. De l’autre côté de la porte, des rires ignorants résonnaient et elle… Elle était incapable de trouver une position convenable pour affronter ce qu’il lui faisait subir. Bras tendus vers le plafond, puis lourds, puis s’accrochant à ses cheveux blonds… Sa tête dodelinait, ses jambes flageolaient, son corps hurlait. De sa main droite posée sur son ventre, il la privait de tout mouvement. De sa main gauche, il maintenait l’une de ses jambes en l’air pour s’octroyer un passage plus confortable et elle, elle… elle…
Elle glissa sur le sol, secouée de spasmes, pria pour qu’il ne l’approche plus jamais de cette manière, implosa lorsque le concert reprit, inlassable et imprévisible.
Rose se sentait partir. La manière dont elle parvenait à retenir le moindre son demeurant mystérieuse.
La porte s’ouvrit sur des éclats de voix amusés heurtant le corps de Drago, au sol, le faisceau de lumière transperçant les rétines.
« Oups, je crois que nous avons oublié de ranger ! »
C’était la voix de Lucy. La porte se referma d’un coup sec.
Pris de panique, ils se relevèrent tous les deux d’un bond, tirant sur leur vêtements avec précipitation pour se redonner l’apparence qu’ils avaient avant de monter à l’étage.
C’était peine perdue. Rose le comprit lorsque, après une poignée de secondes, la porte s’ouvrit de nouveau et l’obscurité s’estompa. Drago avait les cheveux démis, la robe de travers. Et puis elle croisa le regard complètement paumé de Lucy et se sentit mourir.
Elle ferma la porte avec calme, se retournant vers eux les yeux écarquillés pour les dévisager.
« Qu’est ce que vous faites ici ?! Vous… Vous… »
La lumière mit un instant à s’allumer, puis sonna le glas.
« Rose ! Bon sang ! Le père de Scorp’, vraiment ?!
- Je…
- C’est pourquoi ? Parce que Dominique est bien partie pour conclure avec Ed ? Ou parce que tu n’as pas pu avoir Scorpius alors tu te tapes son père ?!
- Comment ça Scorpius… commença Drago
- Ah mais vous ne savez sans doute pas, mais Rose a sauté sur mon mec il y a des années ! »
Drago pâlit, son regard oscillant entre Rose et Lucy, et Rose se frotta le visage de ses deux mains.
« Ce n’est pas…
- Ce n’est pas quoi ? Ce que je crois ?! Tu me prends pour une idiote ou quoi ?
- Ca ne date pas de ce soir, voilà tout.
- Comment ça ? Parce que vous avez l’occasion de vous croiser tous les jours ?! »
Le visage de Drago se ferma hermétiquement, secouant la tête pour indiquer à Rose que sa belle-fille ne devait pas connaitre l’origine de leur relation. Pas ainsi. La rouquine s’humidifia les lèvres, cherchant ses mots.
« Ne me dites pas que… Ca date de Poudlard ?! Vous…
- Non ! Lucy…
- Oh et puis j’m’en fous d’où ça vient ! POURQUOI ?
- Chut, tu vas…
- Quand Scorpius l’apprendra…
- Il ne doit rien savoir ! Je vais t’expliquer !
- Et tu me demandes de mentir en plus ! Alors que tu tapes mon beau-père ici ! Pendant notre crémaillère ! Dans la chambre de notre bébé !
- De votre… Stop ! J’ai raté… »
Sa voix se bloqua dans sa gorge. Son regard caressa les murs crème qu’elle n’avait pas encore pris le temps de découvrir, s’attarda sur la commode recouverte de grosses étoiles dorées, sur l’arbre peint autour de la fenêtre et sur les petits singes qui se balançaient inlassablement autour des branches.
Sur le lit blanc à barreau.
« J’ai raté un épisode… »
Son regard revint sur sa cousine dont la colère était retombée, puis sur son ventre. Peut être un peu gonflé, mais imperceptible sous le jupon de sa robe.
« Tu… »
Les larmes montèrent d’un seul coup, suivies d’une… d’une grande joie ?
Non d’une joie intense, profonde, sincère.
« Oh, Lucy… »
La porte s’ouvrit d’un seul coup, et Scorpius fronça les sourcils.
« Pourquoi est ce que tu as renvoyé tout le monde dans le jardin ? Et pourquoi est-ce que vous êtes là, vous ? » bredouilla Scorpius en regardant Rose et son père.
Rose sentit son souffle se bloquer dans sa gorge et elle fixa sa cousine avec insistance. Lucy hocha des épaules, impuissante.
« Je voulais juste montrer à la future marraine et au futur grand-père la chambre du bébé. »
Marraine. Marraine. Marraine. Marraine. Marraine.
« Rose, tu…
- Marraine ? »
Elle plaqua les mains sur son visage pour retenir les sanglots.
« Oui, on… Je sais que tu as beaucoup de mal avec les enfants, mais… On aimerait vraiment que tu ais cette place dans la vie de notre bébé. Vraiment…
- Oh Lucy… »
Elle se jeta au coup de sa cousine, négligeant toute douceur.
« Papa, ça va ? »
Rose tourna finalement le regard vers son amant, se rendant compte qu’elle en avait totalement occulté la présence. Il était pâle, fermé, parcourant la décoration d’un regard inquisiteur, presque penaud.
« Je suis… Je ne pensais pas devenir Grand-Père aussi tôt… »
Et puis il tapota l’épaule de Scorpius avant de le prendre dans ses bras.
« Je suis très fier de toi, mon fils. »
Trop d’émotions. Rose fit deux pas en arrière pour s’extraire de l’étreinte de Lucy en s’essuyant les joues.
« Je crois que j’ai besoin de prendre l’air…
- Et moi donc.
- Je vais demander à tout le monde de monter à nouveau. »
Très rapidement, Rose et Drago se retrouvèrent seuls dans le jardin, plongés dans un silence un peu gêné.
« Tu veux venir chez moi, ce soir ? » glissa-t-elle avec un petit sourire.
Il secouant négativement de la tête et Rose sentit son cœur exploser.
« Je… Tu…
- Ne sois pas stupide, Rose. Nous deux, ça ne marchera pas.
- Qu’en sais-tu ? On n’a encore rien pu…
- J’ai le double de ton âge.
- Et alors ?
- Je vais devenir grand-père.
- Je m’en fous.
- Bien sûr que tu t’en fous. Aujourd’hui, tu t’en fous. Tu es belle, tu es célèbre, tu plais et tu croques la vie à pleines dents. Mais dans 6 mois, dans deux ans ? Lorsque tu verras tes amis pouponner, que toutes tes relations se poseront dans une vie d’adulte. Lorsque tu te rendras compte que je n’étais qu’une expérience de jeunesse.
- Je m’en fous.
- Tu te vois l’annoncer à Scorpius ?
- Je m’en…
- Ne rends pas les choses plus compliquées, Rose. »
Il n’avait même pas le courage de la regarder. Elle fronça des sourcils, terriblement blessée par ses propos. Tout ça pour quoi ? Son âge ? Ne valait-elle pas plus qu’un nombre ?
N’avait-il pas ressenti tous les sentiments qui l’avait bouleversée ?
Elle ferma les yeux, enferma toute sa rancœur et sa déception dans une petite boite sur laquelle elle écrit son nom. Et puis, elle le fusilla du regard avant de s’éloigner.
>>o<<
« Je ne lui dirais rien.
- Et moi ? Scorpius deviendra bientôt le père de mon enfant… Je ne peux pas lui mentir. C’est très sérieux entre nous.
- Ce n’est pas nouveau. Vous êtes ensemble depuis 10 ans !
- Oui, mais…
- Lucy, lorsque je couche avec quelqu’un, un homme lambda, un coup d’un soir… Est-ce que tu t’empresses d’aller tout raconter à Scorpius ?
- Non, mais je ne dirais pas que Drago est un homme lambda.
- Pourtant, c’est pareil. Il n’est rien d’autre qu’un coup d’un soir. Il a fait en sorte de n’être rien de plus. »
Rose prit une gorgée de sa tisane en tirant le plaid sur son ventre, et Lucy se pencha vers elle, le regard conspirateur.
« Bin dis donc… tu devais beaucoup l’aimer.
- Je ne dirais pas, que… Bon peut être, je n’en sais rien, et puis on s’en tape, non ?
- Raconte !
- Rien d’important, Lucy. C’est juste que… J’ai ramené un garçon chez moi, avant-hier.
- Un seul ?
- Bon, deux. Mais deux soirs différents ! Comment tu sais ça, toi ?
- Tu sais bien que Donie a la langue bien pendue ! Bon allez continue.
- Bon et bien, on a fait nos petites affaires… Et puis je… J’ai pensé à lui.
- Oh ! Bonjour Drago ! »
Les flammes étaient devenues vertes dans la cheminée et Rose fronça les sourcils. Avant d’être saisie d’une furieuse envie de faire bouffer à Lucy toutes ses dents.
Le père de son ami se trouvait dans l’antre, aussi surpris qu’elle de la voir.
« Miss Weasley. Lucy… Comment se porte mon héritier ? »
Le visage fendu d’un grand sourire, la jeune femme laissa glisser le plaid, dévoilant un ventre que les semaines rendaient de plus en plus rond et qu’elle se plaisait à exhiber à la moindre occasion. Rose détourna le visage, furieusement gênée de voir le corps de sa cousine aussi modifié.
« Ton héritière tu veux dire.
- Pourquoi serait-ce une fille ? Les Malefoy ont traditionnellement eut un garçon en premier enfant.
- Il y a un début à tout ! »
Drago s’était finalement éclipsé dans la cuisine pour rejoindre son fils et Rose s’était penchée vers elle, tout bonnement furieuse.
« Bon sang mais à quoi tu joues ?!
- Moi ? A rien. C’est toi qui a proposé de rester manger ici, je te rappelle.
- Et tu l’as invité !
- Non. Drago nous rend visite pratiquement tous les soirs depuis notre crémaillère. Et il pose beaucoup de questions. A chaque fois, ton prénom revient. Il était d’ailleurs là lorsque Donie nous a rendu visite. Il a tiré une de ces têtes… Je ne comprends pas comment Scorp peut être aussi aveugle… La paternité doit le rendre un peu stupide. »
Rose sentit son cœur manquer plusieurs battements. Elle tourna vigoureusement la tête vers la cuisine et son ancien professeur détourna d’un seul coup son regard d’elles. Une excitation saisit ses tripes et Lucy éclata de rire, juste avant de se pencher vers elle sur le ton de la confidence.
« Je comprends que ce soit encore récent et que tu ne souhaites pas rendre les choses trop sérieuses en impliquant Scorp, Rose. Mes hormones de femme enceinte aidant, je te propose de me taire pour le moment. Mais si à la fin de ma grossesse, tu n’as toujours rien dit, je risque de me venger de mes nuits beaucoup trop courtes, si tu vois ce que je veux dire.
- Tu es injuste.
- Ouais, je sais. »
>>o<<
Il avait attendu qu’elle se lève pour partir ! Qu’elle indique son choix de transport pour l’accompagner !
Bon sang, il l’exaspérait tant. L’entrainement quotidien avait, encore une fois, été une catastrophe. Elle était venue chez ses amis en quête de calme, de paix… Et il était là ! C’était presque une soirée gâchée. Presque…
Mais ce soir, elle ne ferait pas le premier pas vers lui. Ah, ça, jamais !
Rose avait franchi le petit portillon du jardin sans un regard en arrière, ne se retourna pas une seule fois lorsqu’il commença à l’appeler par son prénom, au bout de quelques mètres, et ne leva pas les yeux lorsqu’il attrapa son bras.
« Rose… Tu m’écoutes ?
- Pourquoi ?
- Parce que… »
Rien ne suivit. Elle leva les yeux et rencontra un visage refermé, presque vulnérable…
« Oui ?
- Je…
- Tu quoi ? »
Il attrapa son visage à deux mains pour plaquer ses lèvres sur les siennes, mais Rose ne se laissa pas prendre au jeu un seul instant. Elle le repoussa vigoureusement et pointa son doigt entre ses yeux.
« Ne. Recommence. Plus. Jamais.
- D’accord. »
D’accord ? Son cœur se brisa d’un coup net lorsqu’elle le vit tourner les talons sans un regard en arrière.
D’accord. Aussi simple que ça. Elle ne valait pas plus qu’un chiffre, qu’un statut, et qu’un « D’accord ».
« T’es vraiment un enculé, Malefoy.
- Non.
- Non ?! Tu me jettes comme si je n’étais rien qu’une pauvre potiche ramassée dans un coin de rue, après tout ce que nous avons traversé, tous les deux ! Tu m’imposes ta présence, tu m’embrasses de force et tu t’attends à ce que je te tombe dans les bras ?! Tu es bien ridicule !
- J’ai simplement été réaliste sur la suite de notre relation !
- Tu as été méchant et irrespectueux !
- Voyez-vous ça. Et qu’attends-tu de moi, alors ?
- Rien. Ou si, si. Je veux des excuses.
- Des excuses.
- Oui, des excuses. C’est bien le minimum que je mérite ! »
Ses yeux plongés dans les siens provoquaient en elle un orage émotionnel dévastateur. Pourtant, Rose garda la face. Elle savait qu’elle était en position de pouvoir : Drago Malefoy ne s’excuserait jamais de…
« Pardonnes moi, Rose. »
Un frisson parcourut sa nuque et les larmes lui montèrent aux yeux.
Oui, des larmes. Mais ça n’avait rien à voir avec lui. C’était à cause de son entrainement du jour. Mais Drago ne sembla pas saisir la subtilité. Il posa la main sur sa joue et ses paroles devinrent murmures.
« Pardonnes moi, j’ai agis sur… comme…
- Un lâche.
- Non. Pas un lâche. Un adulte.
- Tu sous-entends que moi, je ne suis pas une adulte, c’est ça ?
- Non. Je sous-entends que tu es belle, pétillante, vive. J’ai beaucoup de mal à te suivre, je ne comprends pas la plupart de tes réactions, et je ne crois pas que nous deux, nous ayons un avenir. J’ai peur de te voler ta jeunesse… Tu n’as rien à faire avec un homme comme moi.
- Alors pourquoi t’excuses-tu ? Pourquoi reviens-tu ?
- Je n’en ai absolument aucune idée. Je ne sais pas pourquoi, Rose, mais j’en reviens toujours à toi. C’est tout nouveau pour moi. Mais j’ai été trop vite en te repoussant.
- Tu as surtout été con.
- Peux-tu au moins cesser de m’insulter ?!
- Non, et il va falloir t’y habituer. Tu m’as… fait beaucoup de mal.
- Ce n’était pas l’objectif.
- Qu’importe, tu le mérites bien. J’accepte de te pardonner, mais Drago… Si tu recommences, le moindre écart et je te quitte. Tu es sur la sellette me concernant. Compris ? »
Il leva les yeux, agacé.
« Et il faut que tu arrêtes de… De prendre des décisions à ma place. Tu n’es personne pour me priver de mes choix. Je suis une adulte, je sais ce que je veux, et je suis libre de choisir ma vie, avec tous les regrets que je pourrais voir fleurir en chemin. Promets-le-moi.
- Si je te le promets, où va-t-on ?
- Je n’en ai aucune idée et je ne veux pas le savoir. Toi et moi… Il y a quelque chose et… Je veux juste essayer, tu comprends ? Je m’en fous de ton âge, de Scorpius… Il y a un temps pour tout et aujourd’hui, je ne recherche pas de sérieux. Je souhaite juste essayer… »
C’était un véritable saut en parachute qu’elle lui proposait et Rose en ressentait elle-même un profond vertige. Leur relation ne leur donnerait sans doute rien de plus mais elle pouvait pulvériser leurs vies à tous les deux, en une poignée de secondes.
Et si ça l’effrayait, l’envie était plus forte. Terriblement puissante.
Drago ne répondit pas, se penchant simplement vers elle pour conclure leur pacte.
Ce n’était qu’un essai…