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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


Le rebelle ailé par FleurBleue

[9 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Cette fanfiction a été écrite dans le cadre du concours "Mappa Mundi" organisé par l'équipe de Modération d'HPF. Il s'agissait d'inventer une créature magique propre à une zone géographique tirée au sort parmi différents lieux du monde.

J'y reprends les personnages utilisés pendant AVC 2018 et dans ma fanfiction "La guérisseuse de serpents". Ce texte me permet d'aborder un moment crucial dans les relations entre James  Kanda et Brianna Oswald alors c'était chouette d'avoir pu participer à ce concours !

Cependant le texte peut se lire indépendamment de ma fanfiction.

Note de chapitre:

Les contraintes étaient les suivantes :
- le nombre de mots devait être compris entre 500 et 6000 mots ;
- les mots "badge" et "manuels" (dans le sens ouvrage) devaient figurer dans le texte ;
- les mots "œil/yeux" et "patte/pattes" étaient interdits.

Le 29 octobre 1997,
Ile de Rinca, Parc National de Komodo, Indonésie


Depuis le pont du voilier indonésien qui l’emmenait vers l’Ile de Rinca, James Kanda observait le paysage qui s’offrait à lui, les coudes appuyés sur le bastingage et ses longs cheveux noirs flottant dans le vent. Si James, tout Amérindien qu’il était, aimait profondément les rivages de son Québec natal, il devait reconnaître que l’archipel indonésien ne manquait pas d’un charme tout à fait paradisiaque. Au beau milieu d’une eau bleutée se dessinaient de longues plages de sable blanc et des collines parsemées çà et là de végétation. La chaleur était étouffante, trop à son goût, mais il comprenait mieux pourquoi tant de touristes Non-Mages se pressaient chaque jour pour réserver les bateaux qui proposaient des excursions dans le Parc National de Komodo. Eux venaient par moyen non-magique uniquement parce qu’ils y étaient obligés, puisque la réserve de faune magique située au cœur de l’île était non seulement protégée par des sorts repousse- Non-Maj mais aussi par des sorts anti-transplanage. Toute personne étrangère aux services et non-autorisée à entrer aurait aussitôt été repérée si elle avait tenté de transplaner. Et c’était peu dire que Boravy, Felipe et lui-même étaient tout spécialement non-autorisés à pénétrer dans la réserve de l’île.

- Alors, Jamie, on rêvasse ? demanda une jeune femme d’origine asiatique qui s’installa à sa droite en imitant sa position.

James ne répondit pas. Que Boravy l’appelle familièrement « Jamie » ne lui plaisait pas du tout. Mais Boravy étant celle qui dirigeait la mission il ne voyait pas quoi répondre face à une supérieure qui semblait tant se délecter de tourmenter le petit nouveau.

- Prêt pour ta première mission ? enchaîna-t-elle. Je sais, c’est toujours stressant, mais un jour il faut bien se jeter à l’eau ! Je dis toujours qu’on ne devient pas un vrai Mage-Militant tant qu’on n’a pas réellement été dans l’action. Tous ceux qui pensent que la lutte passe par les grands discours et par les idéaux, tout ça c’est des foutaises ! Agir pour faire cesser l’injustice, y’a que ça de vrai !

Elle se détourna finalement de lui et repartit d’un bon pas vers l’arrière du bateau, laissant James perplexe. La jeune femme venait-elle d’émettre quelques sous-entendus à son encontre ? Ou était-ce son discours ordinaire de bienvenue dans la lutte ? James avait rejoint le Mouvement des Mages-Militants depuis un peu plus d’un an. Ce mouvement crée à l’origine par quelques sorciers du continent américain œuvrait dans l’ombre et visait à dénoncer les dysfonctionnements au sein des sociétés magiques et de leurs gouvernances. James avait plus précisément rejoint la branche dédiée à la faune magique et au rétablissement de ses droits. La lutte passait par des actions coup de poing pour mettre au grand jour l’exploitation des animaux sauvages par les sorciers et nuire en particulier aux braconniers et aux élevages. Pour le moment le MMM ne l’avait jamais laissé participer à une de ces actions. Jusqu’à aujourd’hui...

- T’inquiètes pas James, elle est toujours comme ça, Boravy. Elle aime bien casser les gens. Je ne sais pas si c’est un trait commun chez tous les Cambodgiens ou... simplement chez les Cambodgiennes.

Felipe venait de le rejoindre en posant une main amicale sur son épaule. Felipe et lui se connaissaient depuis leurs études de Protecteur de la faune magique et ils entretenaient ensemble des relations quasi-fraternelles. C’était Felipe qui avait parlé à James des Mages-Militants. James avait été tout de suite emballé, il voulait tellement faire changer les choses puisque la communauté magique ne faisait rien, ou presque... Être simple Protecteur de la faune magique ne lui suffisait plus. 

James observa nerveusement autour de lui. Boravy avait réussi à le rendre anxieux. Les touristes Non-Maj s’agitaient, ils se dirigeaient tous vers la proue du voilier. L’accostage étant ainsi imminent, James et Felipe rejoignirent Boravy qui se trouvait déjà à l’avant. Elle jouait bien son rôle de touriste jusqu’au bout : elle brandissait un petit appareil photographique en l’air qu’elle orientait dans toutes les directions. Un peu comme tous les Non-Maj autour d’elle. Ils descendirent ensemble, firent semblant de se mêler à la foule de touristes sur le circuit de visite pendant quelques mètres, puis Boravy les tira par la manche de leur chemise en dehors du chemin, derrière des rochers. Devant eux s’étendait un paysage de collines rocailleuses et de savane sèche sous un soleil brûlant.

- Bien. Nous avons réussi il me semble à passer inaperçus. Pas merci pour votre aide d’ailleurs, vous croyiez que les appareils photos jetables que j’ai mis dans votre sac c’était pour faire joli ?

Felipe lança un regard en coin à James, l’air de dire « tu vois, une vraie emmerdeuse ».

- James et Felipe, voici vos manuels d’instruction pour la mission. Un bref résumé : nous nous attaquons aujourd’hui à l’élevage d’exploitation animale le plus scandaleux d’Asie du Sud-Est. L’Ile de Rinca abrite une population endémique de Varacéros d’environ deux-cents individus. La plupart d’entre eux vivent en liberté, mais, puisque les sorciers croient toujours devoir décider pour les autres animaux magiques – oui j’aime bien rappeler aux mecs qu’en fait nous aussi on est des animaux -, vingt individus sont élevés dans une zone au centre de l’ile. Là, ils sont élevés pour leur glande à venin dans le cadre de recherches sur la dragoncelle. D’après nos informations ils sont parqués dans d’étroits enclos magiques sous prétexte de leur dangerosité. Notre objectif est de pénétrer dans la zone, de libérer ces Varacéros et de mettre hors d’état de nuire cet élevage, physiquement comme moralement. Chacun a un appareil photographique, magique cette fois-ci, dans son sac. Il est important de rapporter des clichés pour pouvoir les publier par voie de presse. On aura le temps de peaufiner les détails du plan pendant notre marche. Pas besoin de répéter j’espère ? 

James et Felipe acquiescèrent devant le ton autoritaire de la sorcière cambodgienne.

- Super. Allez les Ricains ! A l’assaut de Rinca !

Les deux compères haussèrent les épaules en même temps en lui emboitant le pas, un sourire de connivence aux lèvres. James était canadien et Felipe mexicain.

 

* * *


Après une longue marche en direction du sud de l’île pendant laquelle ils croisèrent nombre de buffles, sangliers et oiseaux colorés, ils étaient parvenus tout près de la zone d’élevage. Boravy avait pris la tête et levait haut sa baguette, guettant les éventuels sorts de protection. James et Felipe l’imitaient quelques pas derrière elle.

- Ici, je ressens quelque chose.

Boravy avait stoppé net alors qu’ils avaient commencé à pénétrer dans une zone plus densément arborée. Puis, elle commença à murmurer des incantations en se déplaçant sur le côté, sa baguette semblant délicatement frôler l’espace comme on frôle la surface d’un miroir. Le voile de protection magique apparut soudain à eux, venant troubler leur vision, puis disparut progressivement. Ses deux compagnons l’avaient regardée faire, bouche-bée.

- Voilà une bonne chose de faite. Quoi, qu’est-ce qu’il y a ? leur lança-t-elle, un grand sourire aux lèvres.

L’air de rien, elle paraissait contente de son petit effet. Boravy Luu venait simplement de casser une protection magique en un seul coup de baguette. Un regard vers son ami Felipe confirma à James qu’ils se posaient tous deux la même question : quel type de magie avait employé Boravy et où avait-elle appris cela ? Boravy comprit leurs interrogations et elle se contenta de répondre en haussant les épaules :

- Des restes de la guerre civile au Cambodge, sans doute. Il fallait bien apprendre à se cacher pour éviter les massacres.

Maintenant libérés des sorts de protection, ils progressèrent davantage dans ce qui ressembla bientôt à une petite forêt. Bientôt ils distinguèrent de petites constructions en bois et aussitôt leur capitaine de mission leur intima de s’accroupir. Deux sorciers se déplaçaient au loin, devant de hautes barrières scintillantes. Les enclos où étaient sûrement parqués les Varacéros. Ils contournèrent alors légèrement les constructions pour s’approcher. C’est alors que James les aperçut. Les Varacéros ressemblaient à des lézards géants, avec en plus une longue corne au-dessus de leurs naseaux, comme chez les rhinocéros. Les spécimens faisaient bien trois mètres de long, sans compter la queue qui disparaissait dans les hauteurs du peu d’herbe dont ils disposaient. Leurs membres étaient courts, trapus et griffus. James avait lu pendant ses études de Protecteur de la faune magique que les Non-Mages qui avaient aperçu des Varacéros les avaient pris pour une sous-espèce de rhinocéros. Rares étaient d’ailleurs ceux qui pouvaient les voir : dès qu’il se sent détecté par un être humain, le Varacéros disparait miraculeusement dans les fourrés. 

- Lancement de l’attaque à mon signal. Jamie tu neutralises le petit chauve là-bas, et moi je me charge du grand brun à sa droite. Felipe tu nous couvres. A trois. Un, deux, trois !

Boravy surgit discrètement des fourrés, James à sa suite. Leurs cibles leur tournaient le dos, occupées à déplacer avec leurs baguettes des cadavres indistincts près des enclos, mais elles étaient encore trop éloignées pour lancer une attaque. Malgré toutes leurs précautions pour rendre muets leur passage, l’homme chauve se retourna dans leur direction. Boravy et James n’attendirent pas plus : tous deux jetèrent leurs sortilèges informulés de stupéfixion, et leurs cibles s’écroulèrent. Felipe les rejoignit, à l’affût, mais personne d’autre dans la zone ne semblait traîner dans les parages. La sorcière cambodgienne s’approcha doucement des deux hommes étendus au pied des constructions. Des cadavres de sangliers s’amoncelaient à côté.

- Pourquoi tous ces sangliers ? demande Felipe.

- Ce sont les proies favorites des Varacéros. Tu le saurais si tu avais lu plus sérieusement le manuel d’instructions. Dans la nature, le Varacéros chasse seul buffles et sangliers. Une fois sa proie repérée il se sert de sa corne pour la maintenir dans un état de somnolence à distance, la corne dégageant une aura magique. Puis au dernier moment, il charge sa victime impuissante à réagir. Redoutable. Mais ceux-ci ne pourront rien contre nous.

Boravy avait parlé sur un ton fataliste en montrant d’un geste de la main les Varacéros devant eux. Ils se tenaient debout sur leurs courts membres griffus, mais prostrés, la tête basse, leurs cornes quasiment à portée de mains des trois compagnons. Leur peau était faite d’écailles épaisses.

- On a neutralisé les pouvoirs de leurs cornes, avec un sort qui m’est inconnu, continua-t-elle pensive. Il semblerait que cela ait également affecté leur agressivité. On dirait...
- Qu’ils sont infiniment tristes, continua James. Comme si la mélancolie avait pris possession d’eux.

Ces mots étaient sortis tout seuls de sa bouche. En les prononçant, il avait davantage l’impression de parler de lui que des Varacéros. James avait tellement ressenti lui-même cette mélancolie qu’il la reconnaissait dans le regard de ces animaux. Aussi loin qu’il puisse s’en souvenir, cette mélancolie était sa compagne depuis bientôt trois ans, depuis qu’il avait quitté ses missions de Protecteur au Yellowstone. Qu’est-ce qui avait bien pu déclencher ce sentiment de détresse qu’il ressentait au fond de lui ? L’image d’une femme apparut à son esprit divaguant. Brianna... Leur dispute...

- Ohé, Jamie, tu nous écoutes ou quoi ? Je disais que nous devrions ratisser la zone avant de libérer les Varacéros. Et trouver aussi des informations. Nous ne connaissons pas l’incantation utilisée pour neutraliser le pouvoir des cornes, et nous ne pourrons pas en annuler les effets tant que nous ne la connaîtront pas.

James émergea de sa torpeur et retomba nez à nez devant la vision des Varacéros. Ils semblaient abattus et cela lui serrait le cœur. Tout d’un coup il se rappela pourquoi il était là, pourquoi la lutte pour les droits des animaux magiques était si importante. Plein d’une nouvelle énergie, il assista ses camarades au ratissage effectué en silence.

 

* * *

 

En poussant la porte d’une des maisons en bois, ils découvrirent la salle de potions où des pots remplis d’ingrédients divers étaient posés sur une table. Derrière, un Varacéros était étendu allongé sur le côté et sur un drap, sa langue bifide pendante, son ventre se soulevant péniblement. James distingua nettement l’horreur qui se dessinait sur le visage de Boravy. Si elle était une dure à cuire avec son équipe, James reconnaissait que ses convictions étaient bien réelles. Son masque d’indignation semblait également la rendre terriblement dangereuse. Ses traits s’étaient durcis, ses pupilles s’étaient rétrécies, et elle serrait les poings. Soudain, une voix féminine :

- Que faites-vous ici ?

Une sorcière d’origine asiatique, la trentaine, se tenait assise au fond de la pièce. Elle se leva de son siège et esquissa un mouvement vers la table voisine. Trop tard...

- Expelliarmus ! Silencio !

La baguette de la sorcière fut éjectée à l’autre bout de la pièce, et Boravy s’en saisit en affichant un air moqueur.

- Tiens, tiens, tiens... On a le sentiment du travail bien fait ? On est contente de réduire ces animaux à de simples morceaux de viande ?

Boravy s’était rapprochée, Felipe sur ses talons. James quant à lui encercla la femme en la contournant par la droite. La sorcière en face recula jusque dans un coin de l’abri, paniquée. Sur sa robe de sorcière, James pouvait lire l’inscription « maître des potions » sur un badge. Elle n’avait aucune issue possible alors que James observait Boravy pointer d’un geste vif sa baguette magique en-dessous du menton de sa victime :

- Quelle est l’incantation pour annuler le sort de neutralisation des cornes ?

Comme la maîtresse des potions ne répondait pas, Boravy augmenta la pression de sa baguette si bien que la femme devait relever le menton.

- Réponds-moi, l’incantation, ou je te jure que je te fais subir le même sort que celui auquel tu soumets ces Varacéros !

La sorcière en face d’elle, toujours le dos plaqué au mur, prit quelques instants pour réfléchir avant de répondre sur un ton assuré :

- Je ne doute pas que vous en seriez capable. Je sais bien qui vous êtes. Vous êtes de ces Mages-Militants abjects. Vous n’avez aucune limite. Vous croyez faire le bien alors que nous on sauve la vie de milliers de sorciers malades de...
- En condamnant des animaux ?
- Et alors, les Non-Maj le font aussi, non ?
- Boravy, tu peux venir un instant ?

James tourna légèrement la tête vers Felipe qui venait de prendre la parole, placé près d’une fenêtre. Boravy, agacée, commanda alors à James de surveiller la prisonnière. James prit ainsi sa place devant cette dernière en élevant la baguette au niveau de sa poitrine. Il sentait posé sur lui son regard déterminé alors qu’elle lui murmurait ces mots :

- Dis à ta copine d’abandonner et fuyez. D’autres gardiens sont sur le point d’arriver.
- C’est du bluff.
- Que tu crois.

James croisa quelques instants son regard, puis détourna la tête, incapable de la fixer plus longtemps.

Soudain, Boravy lança un cri d’indignation près de la fenêtre, bouscula James pour reprendre sa place et lança furieusement :

- Endoloris !

La sorcière s’écroula à terre en se tordant de douleur.

- Quelle est l’incantation ? Réponds !

Elle allait lever à nouveau sa baguette mais James s’interposa entre elles :

- Boravy, qu’est-ce qui te prend !
- Dégage du passage, James Kanda et laisse-moi faire !
- Pas question, on n’est pas des criminels.

James faisait face à sa cheffe de mission, le dos droit et une main levée en signe d’apaisement. Boravy s’apprêtait à répondre quand une nouvelle fois la voix de Felipe vint l’interrompre :

- Attendez, l’incantation est notée dans ce carnet, disait-il en montrant un livre ouvert.

Presque à regret, la capitaine se détourna de sa cible. Elle dit tout en regardant rageusement la maîtresse des potions :

- Ah oui, finalement on n’aura même pas eu à interroger la petite affreuse. Incarcerem.

Des cordes ligotèrent la sorcière. Boravy s’accroupit pour lui asséner un coup de poing. La victime tomba évanouie. Puis elle se releva et se tourna vivement vers James :

- Toi, explique-toi. Qu’est-ce qui t’a pris ?
- Tu as jeté un sortilège impardonnable bon sang ! Et pourquoi pas la tuer tant qu’on y est !
- Mais tu croyais quoi quand tu es rentré dans la lutte ? Tu pensais qu’être un Mage-Militant c’était gentiment porter un badge avec écrit « je suis un MM » dessus ? Tu as peur de te salir les mains ? Eux le font tous les jours ! Ce que je viens de voir par la fenêtre dépasse tout ce que j’ai pu voir. Ils s’en prennent aussi aux petits apparemment !
- Ca ne justifie pas d’utiliser des sortilèges impardonnables, je n’ai pas signé pour ça. Tu n’aurais pas dû.
- Je n’ai pas d’ordre à recevoir de mes équipiers. Surtout pas d’un qui a frayé avec la fille d’éleveurs pratiquant des tests génétiques !

- Boravy, intervint Felipe d’une voix calme. James n’a pas plus aucun lien avec elle. Cette Brianna Oswald l’a manipulé pour je ne sais qu’elle raison. Mais il a mis un terme à leur relation définitivement. Tu ne peux pas lui reprocher cela.

- Toi Mexico, je ne t’ai pas sonné.

Sur ce, Boravy sortit en passant devant eux, passablement enervée. Sa dernière phrase avait vrillé James comme une vraie claque. Ainsi les Mages-Militants savaient qu’il connaissait Brianna Oswald. Cela expliquait pourquoi ils étaient si peu enclins à l’envoyer en mission depuis un an... James chercha le regard de Felipe qui se trouvait toujours dans la pièce, le dos tourné. Il l’évitait, cela se voyait. Quand celui-ci passa devant lui pour sortir également, James l’arrêta, une main sur l’épaule :

- Ne me dis pas que tu penses qu’elle a raison.

L’air désolé, Felipe lui répondit :

- James... On est bien obligé d’utiliser la force pour faire peur. C’est la meilleure façon d’arrêter tout ce massacre. Tu le sais, au fond de toi... Sinon tu ne serais pas là.

Quelques secondes plus tard, James se retrouva seul. Pour la première fois depuis la mission, il se demandait justement ce qu’il faisait là. Tout ça, ce n’était pas lui. Bien sûr qu’il voulait lutter, mais pas comme ça... Pas dans la violence. Il se sentait sale, il se sentait l’âme d’un criminel.

Je me suis trompé...

James ressentit l’envie furieuse de revoir Brianna, de la serrer dans ses bras et de lui demander pardon. Il n’aurait pas dû lui jeter ces mots aussi durs en pleine face. Il n’acceptait toujours pas le fait qu’elle lui ait caché que sa mère réalisait des tests sur des animaux d’élevage et qu’elle n’ait ainsi pas été honnête avec lui. Il avait toujours pensé que son ancienne amie s’était moquée de lui, qu’elle avait fait semblant d’être intéressée par la cause des créatures magiques juste pour le séduire... Mais il avait maintenant la quasi-certitude que là aussi il s’était mépris. Et si finalement Brianna avait simplement eu peur de lui avouer cette vérité ? Et si au fond d’elle, elle avait honte des agissements de sa mère ? L’estomac de James fit un bond.

Tu n’es qu’un salaud, James... Tu lui as reproché qu’elle n’ait pas avoué les actes barbares de sa mère, alors même que celle-ci venait de mourir. Si elle te voyait, là maintenant, elle te charrierait bien...

Il avait été aveuglé par son ambition. Rendu aveugle par sa colère.

Toujours dans la salle de potions, James s’apprêtait à suivre ses équipiers quand il entendit un cri. James se plaqua aussitôt contre le mur, près de la fenêtre. De là, il voyait Felipe qui venait de s’écrouler, sûrement stupéfixié. Un homme venait d’apparaître, sa baguette magique levée, scrutant du regard les alentours. En se tordant le cou, James pu apercevoir Boravy qui se tenait cachée mais acculée dans une impasse. Aucun autre garde n’était en vue. James réfléchit vite. Le garde n’en appelait aucun autre. Il l’aurait fait si un des siens était présent dans les parages. Il pouvait encore ne pas faire échouer cette mission. Cette mission qui serait sa première et la dernière.

James ouvrit la porte à la volée et lança :

- Petrificus totalus !

Il avait visé juste, le garde fut immobilisé quelques instants, ce qui permit à James de filer dans la direction inverse. Courant à pleine vitesse, il pouvait aussi entendre les pas lourds du garde qui le poursuivait imbécilement, tombé dans le panneau de sa diversion. James pensa que cela permettrait à Boravy et Felipe de libérer les Varacéros. Courant toujours dans la direction opposée aux enclos, le duel s’engagea avec son poursuivant. Heureusement celui-ci était loin d’être doué : soit ses sorts n’atteignaient pas James, soit James avait suffisamment de temps pour les contrer. Mais le cœur battant, il se sentait de plus en plus fatigué. Bientôt il devrait s’arrêter et faire directement face à son assaillant. Il espérait qu’à ce moment-là Boravy et Felipe aient eut tout le temps qu’il leur fallait.

- Expelliarmus !

Le sort l’avait touché, et James sentit avec surprise sa baguette lui échapper des doigts. Plusieurs autres gardes approchaient, il entendait leurs pas sourds sur la terre asséchée. C’était la fin sans doute. Il n’y avait pas âme qui vive à qui se raccrocher. On allait l’emprisonner, tout ce qu’il tenterait sans sa baguette serait voué à l’échec face à plusieurs adversaires. Ne l’avait-il pas mérité, finalement ? Il implora le ciel de lui donner une réponse.

Soudain, il le vit. Un élégant cacatoès blanc posé sur une branche de l’arbre juste au-dessus de lui. Lentement, James éleva la main au-dessus de sa tête...

 

* * *


- On devrait l’aider, disait Felipe.

- Non, hors de question, trancha Boravy d’une voix essoufflée.

Les deux Mages-Militants restants se hâtaient à travers la savane. Ils avaient réussi grâce à la diversion de James à libérer tous les Varacéros de leur enclos et de leurs entraves et les avaient attirés plus au sud de l’île. Pour terminer, Boravy avait également pris le temps de jeter des sorts de dissimulation autour de leur nouveau territoire. La jeune cambodgienne souhaitait bien du courage à ceux qui tenteraient de retrouver les Varacéros. Ceux-ci goûtaient de nouveau à la vie sauvage et cela avait été un plaisir de les voir s’ébrouer de plaisir et piquer des pointes de vitesse de leur démarche si reptilienne. Au grand trot, ils faisaient du rase-motte et Boravy aurait trouvé ça mignon s’ils n’avaient pas cette langue de serpents, ces crocs de crocrodiles ni cette corne aux pouvoirs redoutables. Ils avaient dû se jeter à eux-mêmes des sorts de protection pour éviter tout danger. Non, après tout le temps passé à libérer les Varacéros, et quoi qu’il fût arrivé à James, il aurait été périlleux de revenir en arrière au risque de se faire également capturer. Ils avaient tout intérêt à retourner au bateau Non-Maj illico, à rentrer sains et sauf pour conclure cette dure mission.

- Mais d’autres gardes arrivaient, il n’y arrivera pas tout seul, insista Felipe

- Oh crois-moi, James Kanda possède des ressources insoupçonnables, répondit Boravy avec un léger sourire.

Felipe s’arrêta et lui décocha un regard de franche incompréhension.

- James est amérindien. Il peut utiliser la magie sans baguette et surtout, d’après nos informations au Mouvement, c’est un changeur de peau. Il peut pénétrer l’esprit de n’importe quel animal et prendre possession de son corps. J’espère juste qu’il y en avait un près de lui au bon moment...

- James ne m’avait jamais dit tout ça.

- Il y a beaucoup de choses que James Kanda ne dit pas. Et ça, ça n’a jamais beaucoup plus au Mouvement. 

- Je ne crois pas que James reviendra au Mouvement.

- Non, tu as raison Felipe. Il n’y a aucune chance. James Kanda est un rêveur qui rêve comme un enfant, il croit encore en la bonté de l’humanité. C’est son plus grand défaut.

Boravy regarda un instant le ciel, et Felipe l’imita. Un cacatoès blanc volait en cercle plusieurs mètres au-dessus d’eux.

- Tu crois que c’est lui ? demanda Felipe, songeur.

- Peut-être, répondit Boravy, rêveuse.

 

* * *



Il éleva la main au-dessus de sa tête et murmura de doux mots à l’oiseau. Sa peau lisse se para de mille et unes plumes duveteuses et son nez devint bec. D’un mouvement d’ailes, il s’envola. Il était lui, il était libre. Libre de décider de quelle manière il souhaitait mener le combat. Tout ce dont il était certain, c’était que ce combat il ne voudrait le mener qu’avec Elle. Son amie de toujours, son amour à partir d’aujourd’hui. Brianna Oswald.

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