Le Diable des montagnes
Dans la chambre d'un petit hôtel de campagne, un garçon ajusta avec soin la caméra qui se trouvait devant lui. Il avait revêtit pour l'occasion son plus beau short : le orange, celui avec plein de poches pour y mettre des insectes, et quelques gâteaux pour le goûter. Il avait aussi pris soin d'apprendre son texte par cœur.
Il recoiffa une dernière fois ses cheveux blonds, toussota un peu et se lança avec fierté :
– Très chers spectateurs, amis sorciers, ici Lorcan Dragonneau, en direct de la Nouvelle-Zélande. Aujourd'hui je m'apprête à partager avec vous mon expédition pour aller à la rencontre de...
– Lorcan, qu'est ce que tu fais avec la caméra de maman ? demanda une voix de l'autre côté de la pièce.
– Chuuut Ly', j'enregistre. Tu vas tout gâcher !
La caméra en question se mit alors à pousser quelques bip plaintifs depuis la commode sur laquelle elle était posée. Un petit voyant se mit à clignoter en rouge.
– Tu ne risquais d'enregistrer grand chose de toute façon, déclara Lysander à son frère jumeau en s'approchant. Il n'y a plus de batterie.
L'écran noir de la caméra, signe d'agonie, lui donna raison. Lorcan poussa un profond soupir et se mit à pester sur les objets moldu et leur incapacité à fonctionner quand on avait besoin d'eux, contrairement aux artefacts sorciers. Et dire qu'il l'avait trouvée fascinante quand sa marraine Hermione l'avait offerte à ses parents pour les aider à conserver leurs recherches. Pff, quel idiot.
En plus il s'était donné tellement de mal pour « l'emprunter » dans la chambre de leurs parents. Subtiliser le badge d'entrée dans le manteau de sa mère et la voler effrontément était plus exact en réalité, mais le petit garçon de 10 ans qu'il était ne voyait pas vraiment la différence.
– Arrête de bouder, il suffit de la laisser charger jusqu'à cet après midi. En attendant suis moi, le petit déjeuner est servi, annonça Lysandre le regard pétillant.
Chaque été chez les Dragonneau, il était de tradition d'aller à la découverte d'un nouveau pays, ou plus préciséments des créatures magiques qu'il pouvait abriter. Depuis leur naissance, Lorcan et Lysander avaient été baladés de pays en pays au fil du travail de leurs parents pour qui la découverte du monde, et de toutes les espèces le peuplant, était un point essentiel de leur éducation. Maintenant âgés de 10 ans, les espèces magiques n'avaient plus de secrets pour les deux garçons et aider leurs parents à compter les troupeaux d’ Éruptif ou nager avec des Remora était pour eux une activité tout à fait commune pendant les vacances.
Cette année n'avait pas fait exception à la règle, et la petite famille s'était parée de ses plus beau vêtements de voyage – la collection spéciale expéditions, ignifuge et indéchirable de la boutique de Mrs Calais – pour partir à la découverte de la Nouvelle-Zélande. Plus précisément, les Alpes du sud sur l'île méridionale. Un endroit rêvé pour un couple de magizoologiste en vacances, et leurs enfants en quête d'aventure.
Quand ils arrivaient dans un nouveau pays, les Dragonneau s'arrangeait pour séjourner dans les établissements moldu. Cela manquait certe d'un certain confort propre aux sorciers – et surtout d'une certaine liberté pour pratiquer la magie – mais le couple estimait que les moldus de chaques pays représentaient en eux même une espèce très intéressante à étudier. Ils étaient à chaque fois ravis de découvrir leurs coutumes, à leur goût parfois étranges mais toujours très divertissantes.
En attendant de pouvoir faire le reportage sur la créature de se désirs, Lorcan prit son mal en patience en observant les autres vacanciers présents dans la salle de petit déjeuner de l'hôtel. Bien que dénudés de toute aptitude magiques, les moldus ne s'en montraient pas pour autant moins intéressant pour le jeune sorcier. Il trouvait particulièrement fascinant leur capacité à s'émerveiller au moindre phénomène qui sortait de l'ordinaire. Il suffisait qu'un homme en costume fasse un tour de carte, ou disparaître des balles en mousses pour qu'ils tombent en pâmoison. Alors imaginez un peu quand un sorcier se trouvait dans le coin et s'amusait à leur faire quelques farces.
– Est-ce que tu sais à quelle heure on part ? demanda Lorcan à son frère en sortant la tête de son carnet de note sur lequel il griffonnait le portrait une grosse dame assise en face de lui.
– Après le déjeuner, répondit le jumeau. J'ai entendu maman dire qu'elle voulait inspecter l'hôtel avant de partir, elle pense qu'il y a un nid particulièrement important de Nargoles. L'un des plus gros qu'elle n'ait jamais vu.
Lorcan acquiesça de la tête. Les Nargoles étaient une institution dans la famille et leur mère leur avait appris dès le plus jeune âge à repérer leur présence. L'un de leurs jeux d'enfance était d'ailleurs d'aller les chasser dans le jardin. Les jumeaux se souvenaient aussi du bon goûter qui venait ensuite, pour leur faire reprendre des forces après qu'ils aient couru partout tout l'après midi.
– Bien, rejoins moi dans la chambre trentes minutes avant le départ, il faudra préparer le matériel déclara Lorcan d'une voix sérieuse.
– Maman à déjà préparé hier soir nos sacs pour l'excursion, quel matériel veux-tu qu'on prenne en plus ? demanda Lysander incertain.
– Chuuut, ils ne doivent pas nous entendre, murmura Lorcan en posant son index sur ses lèvres et en désignant d'un coup de tête leurs parents assis à côté d'eux
Lysander soupira. Depuis qu'ils avaient découvert l'existence de cette créature dans l'un des manuel de leur arrière grand-père, cet affaire de reportage commençait à monter dangereusement au cerveau de son frère. Et son tempérament aventureux ne le ferais pas s’arrêter tant qu'il n'aurait pas obtenu ce qu'il voulait. Il ne restait plus à Lysander qu'à suivre son frère pour éviter qu'il ne fasse trop de bêtise. Enfin aussi parce qu'il avait lui aussi très envie de voir ce que les locaux appelaient le Diable des montagnes. Ça leur ferait une super histoire à raconter pour leur rentrée à Poudlard l'année prochaine.
Une fois le nid de Nargoles repéré, et les deux garçons prêts, la famille pu enfin s'envoler vers la vallée. Enfin s'envoler était un bien grand mot, puisqu'ils avaient fait le voyage dans une jeep louée pour l'occasion. Se déplacer avec un mode de transport « normal » attirerait moins les soupçons d'éventuels randonneurs, mais ce n'était que la troisième fois de sa vie que Rolf Dragonneau se mettait au volant d'un véhicule automobile de type non magique. Le voyage chaotique en était témoins.
Lorcan et Lysander sortirent de la voiture en se frottant les fesses, tandis que leur mère préférait s'émerveiller sur le paysage ambiant. Quand les parents se mirent en route, carte et baguette en main, pour aller observer des oiseaux au chant hypnotique, les jumeaux se mirent d'accord pour les suivre de loin. Tant que les adultes seraient occupés par la recherche de leurs oiseaux chanteurs, des rongeurs caméléon et des perroquets mangeurs de bétail, ils pourraient discuter tranquillement.
– Lorcan, regarde ce que j'ai trouvé pour attirer la créature, dit Lysander à son frère en sortant de sa poche une poignée de baies qu'il avait ramassé derrière l'hôtel. J'ai vu dans la manuel qu'elle en mangeait aussi
– Tu es sûr ? Je ne me souviens que du poisson. J'aurais bien essayé d'en apporter mais il n'y avait que des bâtonnets congelés dans les cuisines de l'hôtel.
– Si je t'assure, regarde !
Joignant le geste à la parole, Lysander sorti de son autre poche une page jaunie et un peu froissée. Lorcan hallucina en se rendant compte de ce qu'il avait entre les mains
– Ne me dit pas que tu as arraché cette page dans le manuel de grand-papi ?
– Et bien euh, en fait si c'est bien ça. Je pensais que ça pourrait nous être utile une fois qu'on serait rendu ici, expliqua Lysander innocemment.
– Mais pourquoi tu as fais ça, tu es fou. Papa va nous tuer s'il l'apprend !
– On le recollera en rentrant alors. De toutes façon tous les livres de cette bibliothèque prennent la poussière, papa et maman les connaissent pas cœur. En attendant regarde.
En disant cela, il pointa son doigt sur la partie « régime alimentaire » de la description de la créature. Des indications étaient griffonnées à la main.
- Se nourrit principalement de poisson et de petits animaux aquatiques. À également été vu en train de chaparder dans les nids et les terriers et semble capable de chasser de petites proies.
- Son régime peut être complété par quelques baies trouvées dans les buissons environnant son territoire.
Lorcan fini par se ranger à l'avis de son frère sur l'utilité d'avoir cette feuille avec eux. Ils étaient tombés sur le fameux livre par hasard, l'année dernière, alors qu'ils fouinaient dans la bibliothèque familiale à la recherche de créatures qu'ils ne connaissaient pas encore – ce qui n'était pas chose facile.
Dans ce vieux manuel, ils avaient alors découvert l'existence d'une très ancienne créature vivant en Nouvelle-Zélande, à l'espérance de vie déconcertante et aux origines nébuleuses : l'Aoratos, également surnommé Diavolakis – le diable des montagnes – par les populations locales.
Les observations de cette créature farouche restaient rares, y compris pour les sorciers. L'Aoratos était effectivement doté d'une capacité extraordinaire de camouflage, au point d'en devenir presque invisible. Tel un caméléon, sa peau était capable de reproduire magicalement les couleurs et les textures de l'environnement dans lequel il se trouvait s'il se sentait menacé. Il pouvait aussi bien prendre l'apparence de la roche nue que se fondre dans les branches des conifères dans lesquels il montait en cas de besoin. Une capacité telle, que des sorciers mal intentionnés avaient même tentés d’en capturer quelques spécimens pour utiliser leur peau afin de fabriquer un nouveau genre de cape d'invisibilité. Le projet avait heureusement été abandonné quand ils s'étaient rendu compte que les propriétés magiques de sa peau n'étaient valables que si l'animal était vivant.
En apprenant que leurs vacances annuelles se dérouleraient en Nouvelle-Zélande, les deux frères avaient vu ça comme un signe divin. Ou magique. Enfin un signe qui leur intimait de saisir l’occasion.
– Et on fait comment alors pour fausser compagnie aux parents ? demanda Lorcan.
– Fais moi confiance.
– Ici Lorcan Dragonneau, de retour pour vous à la caméra. Je me trouve cette fois ci en direct des montagnes de Nouvelle-Zélande, l'environnement parfait pour l'observation du légendaire Aoratos. Sorciers et sorcières, suivez-moi.
La caméra suivit alors Lorcan pendant qu'il avançait dans l'herbe tendre. Enfin plutôt Lysander avec la caméra à la main suivait son frère pour le filmer. Lysander avait réussit, avec son air angélique et l'excuse de vouloir chercher des lézard à fourrure de feu, à justifier leur absence pendant quelques heures. Il devait tout de même se trimballer avec une très désagrable fausse baguette à étincelles dans la poche – pour prévenir ses parents au cas ou ils auraient des problèmes, ou provoqué un début de feu de forêt avec les lézards.
Maintenant, il ne restait plus aux garçons qu’à sortir la caméra accidentellement emballée dans de sac de Lorcan plutôt que celui de leurs parents.
Les jumeaux arrivèrent à un endroit qu'ils jugèrent idéal pour observer ce Diable des montagnes. Le flanc de la montagne et sa paroie rocheuse était leur environnement favoris, et quelques arbres offraient protection et nourriture. Ils leur semblait même entendre un petit ruisseau. Les garçons déposèrent les baies de Lysander, et quelques autres trouvées sur place, sur un rocher au milieu de leur zone d'observation, et partirent se cacher dans les buissons un peu plus loin. Lorcan installa la caméra de façon à ce qu'elle filme toute la zone, et ils attendirent.
Ils attendirent, encore et encore.
– Lorcan, tu penses vraiment qu'il va venir ? Ça fait au moins deux heures qu'on attend et je commence à avoir mal aux genoux dans cette position.
– Je suis sûre qu'il va finir par apparaître. Rappelle toi quand on a dû surveiller le nid d'un Oocamy, pour que personne n'essaye de voler les œufs. Là c'est pareil, il faut être patient.
– Je suis presque sûr que papa nous avait demandé de faire ça pour qu'on reste tranquille et qu'ils puissent finir leur travail, marmonna Lysander.
– Tu as bien vu ce qui est dit pour les contacts, c'est une espèce qui aime rester cachée dans ses montagnes et pour laquelle il faut s'armer de beaucoup de patience, et de discretion, si on veut espérer le voir.
– Et moi je suis une espèce qui aime manger à l'heure du goûter, gémit Lysander en se tournant sur le dos.
– Il y a des crackers dans la poche avant de mon sac à dos. Et aussi une deuxième paire de jumelle pour quand tu aura fini de râler parce que tu as tout le temps faim.
Lysander accueilli avec plaisir cette nouvelle – tout en ignorant la fin de la phrase de son jumeau – et se dirigea, alléché, vers le-dit sac à dos. Il ouvrit doucement le petit paquet de gâteaux et s'apprêtait à les déguster quand il reçu des coups de coude de son frère.
– Regarde, regarde, il est là, s'extasia Lorcan en se forçant à ne pas pousser de cris qui pourraient effrayer l'animal.
Lysander abandonna le paquet de gâteaux au profit des jumelles, et regarda lui aussi avec attention la créature qui descendait doucement le long de la roche.
– Ça ne devait pas être une sorte de chien ?
– C'est une espèce apparentée aux canidés. Mais personne, même pas grand-papi, n'a réussit en approcher d'assez près pour avoir un avis plus précis. Enfin c'est ce qui est écrit, répondit Lysander lui aussi intrigué.
La créature qui venait d'apparaître devait se sentir en confiance, car elle n'utilisait pas ses faculté de camouflage. Elle était à la place d'une couleur blanc-gris laiteuse sur un corps dont on ne savait pas vraiment s’il était recouvert de peau nue ou d’une fourrure très rase. Les seuls poils vraiment visibles étaient sur le dessus et les côtés de sa tête, et sur sa queue osseuse.
Fidèle aux observations du manuel, elle se déplaçait avec beaucoup d'aisance sur la roche escarpée.
– J'ai vu quelque chose bouger dans l'arbre là bas, chuchotta Lysander. Tu crois qu'il y en a un autre ?
Son frère se contenta de hausser les épaules pour toute réponse, mais dirigea tout de même sa paire de jumelle dans cette direction. Après quelque minutes, un deuxième Aoratos en descendit. Leur carrure très frêle donnait l'impression que leurs os pouvaient être brisés au moindre choc, mais cela semblait juste servir à dissimuler leur force physique. La deuxième créature descendit de l'arbre la tête en avant, les griffes plantées dans le bois, maîtrisant parfaitement sa descente sur un tronc avec pourtant peu de prises, et se dirigea vers le premier Aoratos. Les jumeaux en conclurent qu'elles devaient appartenir au même groupe, car après s'être senti, les deux créatures se mirent simplement à déambuler côte à côte sur le plateau rocheux, de leur démarche si particulière.
Maintenant qu'ils étaient plus proches, les deux frères purent les observer plus en détails. L'Aoratos n'était pas une créature très grande, estimée à 80cm au garrot selon Norbert Dragonneau quand il en avait observé. Lorcan trouva leurs globes oculaires proéminent assez peu esthétique, et presque un peu effrayant, surtout lorsque l'on voyait en même temps les rangées de petites dents pointues quand il ouvrait la bouche. Lysander quand à lui, trouvait surtout qu'il avait l'air de s'être pris une porte sur le nez, car son museau était bien plus enfoncé que celui une race de chien standard et se demandait surtout avec quel autre race d'animal il avait bien pu être mélangé pour donner un tel résultat.
Les deux Aoratos n'accordent pas beaucoup d'attention aux baies, préférant s'attarder sur le ruisseau qui coulait un peu plus loin. D'abord déçu de l’effet de leurs friandises, Lorcan et Lysander eurent ensuite la surprise de surprendre les deux créatures en pleine partie de pêche. Chacune était positionné à un endroit différent, sur la rive. Dès qu'elles voyaient un poisson passer – du moins c'est ce que les garçons estiment depuis leur point de vue – elles plongeaient frénétiquement leurs membres supérieur dans l'eau, et une fois leur prise attrapées entre leurs griffes, la frappait sur la roche en poussant des cris gutturaux avant de la manger.
Les garçons étaient à la fois fascinés et intimidés d'assister à un tel spectacle. Aucune attaque sur des être humains, sorciers ou non, n'avaient été répertorié, mais ils n'auraient vraiment pas aimé se retrouver à la place des pauvres poissons de la ruisseau.
– Atchoum ! éternua soudain Lysander en plaquant deux mains sur sa bouche, se rendant compte de ce qu'il venait de faire.
Son frère se retourna consterné. La montagne en face d'eux avait fait résonné l'éternuement de Lysander, et les deux créatures les avaient entendu. Elle stoppèrent immédiatement leur partie de pêche en regardant frénétiquement autour d'elle. Leurs corps prirent alors différentes teintes de gris et de vert, parfaite imitation de la roche et de la mousse environnante, et les deux frères ne purent que deviner les deux silhouettes qui s'enfuyaient dans la montagne.
Lorcan fut tenté de passer un savon à son frère, mais abandonna devant son air dépité. Il vit qu'il se sentait déjà suffisamment coupable d'avoir interrompu ce moment.
– Bon au moins on aura pu filmer pour garder une trace.
– À propos de ça, déclara Lysander d'une voix hésitante, la caméra entre les mains. Tu n'as pas dû appuyer assez fort sur le bouton, elle est éteinte.
Lorcan leva la tête vers le ciel en signe de désespoir. Le sort s'accharnait contre lui aujourd'hui. Ils avaient réussi, ils l'avait vu cette créature si rare, si étrange, si fantastique. Deux en plus, juste devant eux. À croire que la morsure du Malagrif du mois dernier faisait encore effet.
Lysander vint lui tapoter l'épaule en signe de réconfort. Au moins les images qu'ils avaient dans la tête ne s'envoleraient pas. Ils ramassèrent leurs affaires et partirent pour trouver leur parents, Lorcan en traînant des pieds et en ronchonnant, Lysander en se régalant avec les crackers.
En rejoignant la plaine herbeuse, ils trouvent leurs parents en pleine contemplation devant un petit groupe de sauterelles iridescente. Luna les amena contre elle pour les embrasser sur le front et fut rassurée de ne voir rien de plus que quelques égratignures sur leurs genoux. Quand à leur père, il leur lança un regard, celui qui voulait qu'il savait très bien qu'ils avaient pris la caméra pour faire autre chose qu'aller chercher des lézards à fourrure de feu.
– Est-ce que vous avez trouver ce que vous vouliez au moins ? se contenta-t-il de demander.
Il savait que ses garçons tenaient leur côté intrépide de son côté de la famille, même s’il aurait parfois aimé qu’ils prennent plus du caractère de leur mère. Combien de fois s'étaient-ils amusés à jouer à leur arrière grand-père pendant ses aventures aux quatres coins du monde pour découvrir les plus fantastiques des animaux. Rolf leur avait expliqué dès le plus jeune âge les risques ainsi les consignes à respecter, et tant que ses garçons étaient en sécurité, il les laissait bien volontiers faire leurs propres découvertes.
Les deux jeunes frères étirèrent leurs lèvres en un sourire énigmatique, expliquant à leur père qu'ils leur dirait tout le soir venu.
– Vous ne devriez pas rester ici trop longtemps les garçons, ces magnifiques sauterelles pourraient vouloir prendre en encas sur votre tête, déclara Rolf le plus naturellement du monde.
Les deux garçons frissonnent à l'idée de se retrouver avec des insectes dans les cheveux. Pour l'avoir déjà expérimenté, ce n'était pas quelque chose qu'ils avaient trouvé très agréable.
Ils préfèrent s'éloigner pour aller jouer dans le ruisseau en attendant que leurs parents en aient fini avec ces petites bestioles.
Une eau limpide s'écoulait entre les herbes de la rive, et bientôt ils furent pieds nus, l'eau jusqu'au mollets pour se rafraîchir. Seul leurs pas sur les galets venaient troubler l'eau, en libérant de petits nuages de terre, doucement emportés par le courant. Comme tous bons garçons de 10 ans, ils transformèrent rapidement cela en bataille d'eau. Ils s'aspergaient avec ce que pouvait contenir leurs petites mains, sans faire grand cas de leur vêtements de plus en plus humides.
– Lorcan, regarde ce que je viens de trouver !
Penché dans l'eau, le regard plongé entre les galets et les herbes aquatiques, Lysander en sortit un petit objet brillant. Un anneaux qui semblait fait d'or pur tant il brillait au soleil.
– Il est magnifique, souffla Lorcan en l'observant dans la paume de son frère. Je me demande comment quelqu'un à réussit à le perdre ici. Est-ce que je peux l'avoir pour l'essayer, ajouta-t-il en tendant la main pour l'attraper.
– Non, répondit Lysander en fermant le poing. C'est moi qui l'ai trouvé, je le garde.
– Je suis ton frère jumeaux Ly’, tu pourrais partager avec moi.
– Justement, on partage déjà tout. Cet anneau est à moi.
Vexé de ne pas pouvoir voir de plus près l’hypnotisante bague, Lorcan sauta sur son frère qui tomba les fesses dans l'eau. Il essaya de profiter de l'effet de surprise pour ouvrir saisir l’objet tant convoité.
– Je veux juste le voir de plus près, couina Lorcan alors que son frère tendait le bras pour le mettre hors de sa portée
Les deux frères continuèrent de se chamailler et de se courir après dans l'eau jusqu'à ce qu'ils soient brusquement arrêtés dans leur élan, contre leur grès. Quand il fut arrivé à côté d'eux, leur père leva le sortilège et se contenta de rester au milieu pour les séparer.
– Par Merlin, regardez dans quel état vous êtes, trempés comme des éponges. Est-ce que vous voulez vraiment à être malade et avoir à prendre les remèdes de grand-père Xénophilius ?
Lorcan et Lysander secouèrent vivement la tête en se souvenant des « remèdes traditionnels de sorciers » que leur avait apportés leur grand-père la dernière fois qu'ils avaient été souffrant. Ils s'étaient promis de ne plus jamais subir ça.
Sans s'en rendre compte, Lysander avait également ouvert le poing, laissant la bague prendre le soleil.
– Qu'est ce que tu as dans la main ? demanda Rolf en voyant l'objet brillant dans le poing de son fils.
– Oh ça, euh ce n'est pas grand chose, juste une vieille bague que j'ai trouvé dans le ruisseau, répondit l'intéressé en espérant convaincre son père de la garder.
– La première règle du naturaliste et de toujours laisser l'environnement intact. On ne ramène rien pour se faire un souvenir de vacances, je vous l'ai pourtant déjà répété des centaines de fois. Lâche moi donc ça Lysander, dit Rolf en prenant la bague dans la main de son fils pour la lancer dans l’eau. On doit toujours laisser les choses là où on les a trouvées, on ne sais pas ce que ça peut provoquer sinon.
Après avoir sécher les garçons d'un coup de baguette, il dût prendre ses fils par les épaules pour les faire gagner le chemin du retour. Pour une raison qui lui échappait, ils semblaient assez réticent à quitter ce ruisseau qui n'avait pourtant rien de particulier. Une fois éloignés, la situation revint à la normale, et ils repartirent tout les quatre vers le chemin de randonnée afin de retrouver la jeep.
Lorcan et Lysander jetèrent un dernier coup d'oeil derrière eux. Ils auraient bien aimés la garder cette bague tout de même, elle était jolie. Vraiment très jolie.
Ce qu'ils ne virent pas, c'est qu'à quelques centaines de mètre d'eux, sur la colline, une silhouette s'était mise en mouvement juste après leur départ. La silhouette d'un Aoratos, se mélangeant aux herbes hautes et aux graminés. Ils les observait avec attention, tout en se dirigeant vers le ruisseau. Les deux humains qui y jouaient avaient trouvés un objet particulièrement intéressant. Et même mieux, précieux.