Une douce chaleur, une odeur d’air frais. Le chant reconnaissable entre tous d’une mésange dans un arbre. Le bruit du vent dans les feuilles. Une odeur de lavande fraîchement cueillit.
Le corps détendu et reposé, allongé paisiblement sur un matelas. Une couverture chiffonnée sur ses jambes.
Puis ce contact. Puissant mais doux. Chaud et rassurant. Se sentir protégé dans ces bras protecteurs était le meilleur des remèdes, la meilleure des sensations.
Se réveiller tous les jours ainsi, tel était son souhait. Jamais au grand jamais elle ne voudrait s’en détacher. Ne pas ouvrir les yeux, les garder pour toujours fermer, et seulement savourer.
Bip.
L’air matinal était de loin son préféré. Mais ce jour ci, il était un peu trop frais pour elle.
Bip.
Elle voulait fermer la fenêtre, mais se refusait de quitter ces bras si tendres.
Bip.
Elle le devait pourtant, mais elle ne voulait pas briser cette magie.
Bip.
Et cette lumière. Le soleil s’était-il levé d’un coup ? Elle sentait cette lumière lui transperçait désagréablement les paupières.
Bip.
Contre son bras un contact froid. Où était-il passé ? Pourquoi ne l’enlaçait-il plus ?
Bip.
Hermione ouvrit à contre coeur les yeux, mais les referma aussitôt. Par Merlin que cette lumière la brûlait. Un bruissement précipité se fit entendre à sa droite, elle entendit quelque chose s’entrechoquer à ce qu’il semblait être du métal, un son aigu, comme une bague.
- Hermione ! Hermione tu m’entends ? Je… attends je vais chercher…
Mais il ne finit pas sa phrase. Des pas rapides, une porte qui s’ouvre.
Et encore ce Bip entêtant.
- Elle est réveillée, vite venez !
Quelques secondes plus tard, d’autres pas, d’autres voix.
- Hermione ? M’entendez vous ?
La tête lourde, elle tentait de comprendre quelque chose, mais c’était comme si son cerveau refusait. Alors elle essaya une nouvelle fois d’ouvrir les yeux.
- La lumière est trop forte ! Elle ne parvient pas à ouvrir ses yeux, abaissez là, ordonne la première voix.
- S’il vous plaît calmez-vous, Miss, vous m’entendez ?
- Tête… chuchote t-elle.
- Elle a parlé ?
- Oui Hermione, elle doit vous faire mal, mais détendez-vous, tout va bien se passer.
Un soupir se fit entendre, puis une main chaude se posa sur le sommet de son front. C’était si agréable.
- Je vais prévenir tout le monde, je reviens vite.
Hermione bougea douloureusement ses doigts, une grimace se peignit instantanément sur son visage.
- Doucement Hermione, votre corps n’a pas bougé depuis plusieurs mois.
Mais où était-elle ?
Rassemblant ses peu de forces, elle ouvrit les yeux. Elle ne vit que du blanc. Les larmes lui montèrent immédiatement aux yeux malgré elle. Ça faisait si mal.
- Oui, c’est très bien.
Puis peu à peu, sa vision s’assombrit, laissant place à quelques formes floues, des silhouettes.
Un homme était penché au dessus d’elle, en blouse blanche. Elle ne distingua son visage qu’après deux longues minutes.
- Je suis le médicomage Horton, vous êtes à St Mangouste suite à un accident. Vous avez été plongé dans le coma durant plus de trois mois.
Le coma ? Comment cela était-il possible ? Il y a quelques minutes de cela elle était allongée dans son lit, dans les bras de Ron.
Elle fronça les sourcils, mais rien que cela lui fit mal.
- Je comprends que vous peinez à comprendre, sachez que votre cerveau va avoir besoin de quelques temps afin d’assimiler ce qu’il s’est passé. Mais tout va bien aller pour vous, bientôt cela ne sera qu’un mauvais souvenir.
- Qu’est… qu’est-il… tenta t-elle d’articuler.
- Arrivé ? Complète l’homme.
La jeune femme hoche la tête lentement.
- D’après votre mari, vous avez été victime d’un dis-fonctionnement lors d’un transplanage. Cela aurait pu vous être fatal.
Hébétée par la nouvelle, elle ne releva pas le fait que Ron n’était que son petit ami. Elle ne se souvenait pas de cet accident. Elle regarda alors la pièce dans laquelle elle se trouvait. Tous ces fils et ces tuyaux auxquels elle était branchée, puis ces machines qui ne cessaient de biper.
La porte s’ouvrit à nouveau, laissant entrer un homme en trombe.
- Merci Merlin tu es réveillée, j’ai cru que jamais tu n’allais ouvrir les yeux, j’ai eu si peur.
Il lui prit tendrement la main. Mais Hermione se figea, incrédule.
- Qu’est-ce que tu … tu fais ici Malefoy ?
- Je sais que je devrais être au travail, mais je ne pouvais pas te laisser seule tu comprends ?
Paniquée, elle essaya de retirer sa main de la sienne, mais ses membres n’arrivaient pas à lui obéir.
- Lâche-moi.
- Je te fais mal ?
Il se retourna vers le médicomage un air inquiet au visage.
- C’est normal qu’elle ait mal comme ça ?
Mais le vieil homme continuait de regarder la jeune femme d’un air préoccupé.
- Hermione, vous connaissez Monsieur Malefoy ? Demande t-il.
- Oui, mais je ne sais pas ce qu’il fait ici.
- Hermione, vous savez en quelle année nous sommes ? Interroge le médicomage.
- En… en 1999.
Malefoy se redresse, abordant le même visage inquiet que le spécialiste.
- Quoi ? Panique t-elle.
- Quel est votre dernier souvenir ?
Hermione réfléchit en vitesse, tout cela lui faisait peur, elle avait l’impression d’être une bête de foire.
- J’étais… je ne sais plus. Je crois que j’étais au Trois Balais avec mes amis, et après j’étais dans mon lit, et je me suis réveillée ici, mais pourquoi vous…
- Hermione… souffle Drago.
- Pourquoi tu m’appelles par mon prénom ?! et je t’ai demandé de me lâcher !
Elle se mit à pleurer des larmes de colère. Elle avait peur, elle ne se souvenait de rien, elle ne savait pas ce qu’elle faisait ici, ni pourquoi ce Serpentard était là à lui tenir la main.
Elle sentit la pression autour de ses doigts se desserrer et tomber lourdement sur le lit. Une étrange expression se dessina sur son visage. Tout signe de joie avait disparu pour laisser place à… de la tristesse ?
- Vous vous rappelez que Monsieur Malefoy est votre mari ?
Et le monde s’écroula. Sa première réaction fut de rire. Oui, c’était plutôt amusant. Car elle venait de réaliser qu’elle était tout simplement entrain de rêver, et qu’à tout moment elle se réveillerait et que tout ce cauchemar prendrait fin.
Mais son rire s’éteignit dans sa gorge en voyant les yeux de Malefoy la transpercer avec inquiétude.
Elle le regarda plus attentivement. Il avait changé depuis la dernière fois qu’il s’était vu après la guerre. On aurait pu penser que quelques années s’étaient écoulées. Mais ce qui la surprit le plus fut ses traits marqués. On aurait dit qu’il venait de traverser un siècle de misère. Sa barbe datait de plusieurs jours, des cernes noirs maquillaient ses yeux, ses cheveux étaient décoiffés et ses joues creusées.
Elle perdit tout sourire face à ce portrait. Elle était déconcertée. Elle n’arrivait pas à détacher ses yeux des siens. Pourquoi avait-il l’air si blessé ? Si triste ?
- Hermione… tu te souviens n’est-ce pas ? Tenta t-il la voix tremblante.
Elle regarda alors le médicomage dans l’espoir de comprendre, mais ce dernier semblait tout aussi inquiet que le jeune homme.
Elle baissa alors lentement ses yeux vers sa main. Celle que Malefoy avait serré quelques minutes auparavant. Son coeur faillit s’arrêter en apercevant une bague à son annuaire.
Elle se mit à trembler de tout ces membres, ses yeux cherchant un échappatoire à tout cela.
- Hermione, Hermione calmez-vous.
- Non ! Laissez moi partir ! Laissez moi !! cria t-elle.
Drago fit deux pas en arrière les mains dans ses cheveux. Il sentait que son coeur allait exploser, et qu’il n’arriverait pas à retenir ses larmes encore bien longtemps.
- Je veux sortir… Laissez moi m’en aller, s’il vous plaît, sanglota t-elle effrayée.
S’en était trop pour le Serpentard. Il sortit de la pièce, incapable d’entendre les hurlements désespérés de sa femme. Sa tête lui tournait dangereusement. Comment cela pouvait être possible ? Il ne parvenait pas à effacer le visage de la jeune femme qui le regardait avec haine et peur.
- Malefoy ? Appela une voix derrière lui.
Il fit face à Harry, un sourire radieux sur le visage et un bouquet de roses à la main. Mais il perdit vite son sourire en voyant la mine déconfit de son ancien ennemi.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? Tout va bien ? s’inquiète t-il.
Ginny, Ron ainsi que Molly arrivèrent derrière lui.
- Il y a un soucis ? s’enquit Ron.
Drago frotta ses yeux comme pour essayer de se réveiller à son tour, mais tout semblait laisser croire que c’était bel et bien la réalité.
Ginny posa alors une main réconfortante sur son épaule.
- Elle ne se souvient de rien, finit-il par annoncer.
- Comment ça ?
- Elle… elle ne sait pas qu’on est marié. Elle pense être en 1999.
- Quoi ?! s’exclame Harry.
- Mais comment c’est possible ? Elle n’a pas pu oublier cinq ans, et encore moins le fait d’être ta femme.
- Elle doit être perdue… chuchote Molly.
- Vous auriez dû la voir à son réveil, elle m’a regardé comme… comme si…
- Elle te haïssait encore, termina Harry.
- Car c’était le cas il y a encore cinq ans, ajouta Ron.
Sentant que ses jambes allaient flancher, il s’assit sur la chaise la plus près de lui dans le couloir. Comme sa femme pouvait-elle le détester ?
- Il lui faut peut-être un peu de temps tu sais, elle vient juste de se réveiller, rassura Ginny tendrement.
- Non, c’est… je n’en sais rien, vous auriez dû la voir elle ...elle avait l’air si perdue… ce n’était pas elle. Elle pleurait c’était tellement…
Il essaya au maximum de calmer son coeur qui allait sortir de sa poitrine sous toute cette pression. C’était trop pour lui.
- On peut la voir ? Demande Ginny.
Drago les conduisit alors vers la chambre à quelques pas d’eux. La jeune femme était seule dans sa chambre, le regard trempé tourné vers la fenêtre.
En entendant du bruit, elle rapporta son attention vers l’entrée, et se remit alors à pleurer.
- Harry… oh Harry je ne sais pas ce qu’il m’arrive.
Son meilleur ami se précipita alors vers elle pour la prendre dans ses bras.
- Chut Hermione, ça va aller, on est là maintenant, on va t’aider. Tu n’es pas seule, tu ne l’as jamais été.
Drago resta en retrait, sans pour autant lâcher du regard celle qu’il aimait. Il ne pu sentir son coeur se réchauffer en la voyant se calmer petit à petit en voyant ses amis arriver.
- Tu nous as fait une belle frayeur, fit Ron en déposant un baiser sur son front.
La jeune femme ferma les yeux à ce contact et sourit.
- Embrasse moi, ordonna t-elle.
Un silence pesant se fit entendre dans toute la chambre.
Drago se tendit instantanément sous le choc. Avait-il bien entendu ?
Hermione regarda ses amis avec étonnement, que leur arrivait-il ? Pourquoi ils la regardaient tous ainsi ?
Ginny se racla la gorge, mal à l’aise et prit place à côté de sa meilleure amie.
- Mione, tu n’es pas avec Ron. Tu es mariée avec Drago tu t’en souviens ? Regarde cette jolie bague que tu as au doigt.
- Malefoy nous a dit que tu pensais être en 1999, mais nous sommes en 2004. Et dans ce présent, tu n’es plus avec Ron, continua Harry.
- Mais… mais non. On est en 1999, on était au Trois Balais pour fêter votre concours d’aurors hier soir. Et ce matin, on était au Terrier, pas vrai Ron ? Dis leur.
Le concerné s’avança alors hésitant, la situation était délicate.
- Nous ne sommes plus ensemble Hermione…
- Mais… mais pourquoi ? On s’aime encore.
Une porte claqua bruyamment faisant sursauter tout le monde. C’était Drago qui venait de partir.
Les larmes roulèrent à nouveau sur les joues de la jeune femme complètement déboussolée.
Ginny la prit tendrement dans ses bras en lui chuchotant des mots réconfortants à l’oreille.
- Je ne comprends rien ! Je veux me réveiller, je vous en supplie.
Molly se mit à pleurer devant la détresse de la jeune femme qu’elle considérait comme sa fille. Son coeur de maman ne supportait pas de la voir si perdue et anéantie. Alors par instinct, elle l’a pris simplement elle aussi dans ses bras.
- Tu as beaucoup de choses à rattraper Hermione, mais nous allons t’aider, c’est encore trop tôt, tu viens juste de te réveiller, il te faut du temps.