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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


Les Mirages par Bloo

[11 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Les personnages appartiennent à J.K Rowling à l'exception de Liliane et Liberty qui sont des OC.
Note de chapitre:

J'ai écrit ce texte pour Caroliloonette qui, dans le cadre de l'Echange de Noël, voulait lire sur des relations fraternelles et/ou une relation amoureuse à ses débuts.

J'espère qu'il vous plaira et je vous souhaite une très bonne lecture !

L’océan Atlantique avait toujours été le théâtre du traditionnel voyage de fin d’année à Beauxbâtons. C’était un voyage proposé aux élèves de sixième année, qui venaient de passer leurs examens, et qui avait souvent lieu dans les forêts du Morbihan ou dans le bassin d’Arcachon. Gabrielle Delacour avait écouté avec envie et même un peu de jalousie sa grande sœur lui raconter ses longues soirées d’été au pied de la dune du Pilat – elle avait alors dix ans et elle n’attendait qu’une chose : commencer sa scolarité à Beauxbâtons elle aussi.

Fleur avait échangé son premier baiser avec un garçon au cours de ce voyage. C’était quelque chose que Gabrielle était la seule à savoir. À l’école, et bien partout ailleurs, tout le monde pensait que Fleur était une jeune fille expérimentée. Elle avait les garçons à ses pieds depuis son plus jeune âge et il était évident, pour tous ceux et toutes celles qui la fréquentaient, qu’elle avait déjà eu un et même plusieurs petits amis. Mais Fleur était beaucoup plus romantique qu’elle ne le laissait paraître. Elle avait commencé à flirter avec les garçons de sa classe en troisième année, parce que les autres élèves en faisaient de même, mais elle n’était jamais allée plus loin avec le moindre de ces garçons. L’empressement avec lequel ils répondaient à ses œillades l’amusait, et elle devait même bien admettre qu’elle en était flattée, mais elle savait qu’elle était belle et elle n’avait pas besoin de ces garçons pour le lui rappeler. Les femmes Delacour étaient de belles femmes et n’attendaient pas qu’on le leur dise. Ce que Fleur voulait, ce qu’elle voulait vraiment, c’était un garçon qui s’intéresse à elle pour autre chose que son apparence physique et, à la fin de sa sixième année, elle croyait bien l’avoir trouvé en la personne de Léonard des Essarts. La relation n’avait toutefois pas survécu au départ de Fleur pour Poudlard, à l’occasion du Tournoi des Trois Sorciers, et la jeune fille, un brin vexée mais surtout très attristée, avait décidé de ne plus rien attendre des garçons au cours de sa dernière année d’études. Son chemin avait finalement croisé celui de Bill Weasley et elle avait oublié ses regrets passés pour se jeter corps et âme dans sa nouvelle relation, au point de s’expatrier, parce qu’elle était comme ça, Fleur – romantique et passionnée.

Gabrielle mettait un point d’honneur à ne pas être comme sa sœur. Oh ! bien sûr, elle l’adorait, et il aurait d’ailleurs été difficile de faire autrement. Fleur pouvait être très désagréable et méprisante lorsqu’elle le voulait bien mais, avec sa petite sœur, elle avait toujours été incroyablement tendre et généreuse. Quand sa mère lui avait annoncé sa seconde grossesse, Fleur était assez grande pour ne pas se sentir abandonnée ou trahie et elle avait pris très au sérieux son rôle d’aînée dès la naissance de Gabrielle. Non, vraiment, Gabrielle n’avait rien à reprocher aux actions de Fleur Delacour.

Elle ne lui reprochait pas ce qu’elle faisait mais ce qu’elle était – mais même ça c’était avec un pincement au cœur parce que Fleur était intelligente et courageuse et passionnée et généreuse.

C’était même ça le problème, d’ailleurs.

Fleur avait si bien réussi, partout, toujours, qu’il était très difficile pour Gabrielle de se faire une place derrière elle. Ses parents ne faisaient aucune différence entre leurs deux filles mais, aux yeux du reste du monde, Gabrielle était et restait la petite sœur de Fleur Delacour avant d’être quoi que ce soit d’autre.

Alors Gabrielle vivait à mille à l’heure, Gabrielle sautait d’une expérience à une autre et papillonnait d’une relation à une autre, Gabrielle voulait tout essayer, tout faire comme si un jour, peut-être, derrière le mirage de cette vie d’aventures, elle allait trouver, enfin, son propre reflet dans les yeux de ses compagnons de route.

- Tu viendras pour le voyage de fin d’année ?

- Je ne sais plus où il a lieu.

- C’est au Croisic, sur la presqu’île guérandaise, c’est complètement entouré par l’océan Atlantique.

Fleur et Gabrielle étaient des filles de la mer. Enfants, elles ne se sentaient bien que les deux pieds dans l’eau et Fleur avait réalisé leur rêve à toutes les deux en s’installant à la Chaumière aux Coquillages. Même la mer, même l’océan semblaient devoir appartenir à Fleur.

- Toi tu aimes bien l’eau, c’est ça ?

- Comment est-ce que tu le sais ?

- Il paraît que tu es une excellente nageuse.

- Tu écoutes ce qui se raconte à propos de moi dans le château ?

- Tout le monde écoute.

- Tu écoutes vraiment ?

Ses grands yeux posés sur ceux de son interlocuteur, Gabrielle ne savait pas exactement ce qu’elle attendait de lui. C’était vrai, tout ce château parlait régulièrement d’elle, comme il avait parlé de Fleur en son temps, mais, comme pour Fleur là encore, il ne disait pas ce qui était véritablement important. Les autres élèves retenaient de cet été où presque toute la promotion s’était retrouvée dans les îles grecques que Gabrielle était une femme. Ils retenaient son corps, son magnifique corps qui était apparu devant eux dans les eaux transparentes de la Méditerranée, ils retenaient ses lèvres roses bien comme il faut, sa chevelure presque aussi claire que l’eau, et ils retenaient surtout les quelques garçons qu’elle avait embrassé au cours de ce voyage. Ils ne voyaient en elle que ce qu’ils avaient décidé de voir depuis le tout début : une fille de Vélane, une fille à garçons, une fille pour leurs rêves.

Dennis Crivey avait toujours semblé voir autre chose.

Ou peut-être était-ce elle qui avait toujours voulu croire que Dennis Crivey voyait autre chose.

- Je sais que tu as embrassé Alexandre ce jour-là, dans la crique, parce qu’il est arrivé le premier à la course que vous aviez organisé – le premier après toi. Comme Alexandre est très sportif, j’ai pensé que, pour nager plus vite que lui, tu devais être vraiment très à l’aise dans l’eau.

- Tu n’as toujours pas répondu à ma question.

Gabrielle avait les joues un peu roses, tout à coup, un peu trop roses certainement, et elle détourna délicatement son visage de celui de Dennis Crivey un court instant, juste le temps de se redonner une contenance.

- Je ne sais pas si je pourrai venir au Croisic, avoua alors Dennis du bout des lèvres.

- Mais pourquoi ? s’exclama Gabrielle.

Le visage de Dennis se décomposa sous ses yeux et Gabrielle sentit cette fois ses joues s’enflammer – elle avait parlé sans réfléchir, encore !

Dennis Crivey était arrivé à Beauxbâtons cette année et il s’était retrouvé dans la même promotion que Gabrielle. Ils avaient pourtant deux ans d’écart et n’auraient jamais dû étudier ensemble. Seulement, contrairement à Gabrielle, contrairement à tous les élèves de Beauxbâtons, Dennis n’avait pas eu une scolarité linéaire. Il aurait dû entrer en quatrième année à Poudlard lorsque Voldemort avait pris le pouvoir en Angleterre et contraint les sorciers Nés-Moldus à prendre la fuite. La quatrième année de Dennis avait commencé dans la peur et s’était terminée dans la douleur. Il avait enterré son frère à la va-vite, au début du mois de mai, quelques jours seulement avant son anniversaire. Colin Crivey avait accueilli son petit frère un 8 mai et il lui avait dit au revoir un 2 mai. Les deux dates seraient à tout jamais gravées dans l’histoire mais pas dans la même histoire. L’une était pour les Moldus et l’autre était pour les sorciers. Les deux communautés fleuriraient désormais les tombes de leurs morts au mois de mai. Elles organiseraient chaque année des commémorations plus émouvantes encore que les précédentes et s’efforceraient d’entretenir le souvenir. Mais elles le feraient chacune de leur côté sans même avoir conscience de l’existence l’une de l’autre. Seuls les Nés-Moldus auraient cet ironique privilège – Dennis l’avait plus que quiconque.

Il avait été proposé à tous les sorciers et à toutes les sorcières qui avaient dû se cacher pendant une année entière de recommencer leurs études. Dès le mois de juillet, Dennis avait ainsi reçu une missive du professeur McGonagall l’enjoignant à revenir à Poudlard, à la rentrée, pour effectuer cette quatrième année dont on avait voulu le priver. Mais Dennis n’avait jamais pu remettre les pieds à Poudlard. Il avait pris des cours particuliers, chez lui, entre sa mère éplorée et son père hagard, il avait étudié sous les yeux de son grand frère dont les portraits habillaient tous les murs de la ferme familiale, il avait obtenu sa quatrième année avec un an de retard, puis ses BUSE l’année d’après, qu’il avait passé en candidat libre. Il ne vivait alors plus chez ses parents mais dans un petit appartement sur le Chemin de Traverse où habitaient Liliane Elbert et sa fille Liberty.

Liberty Crivey.

Colin et Dennis avaient été séparés au début de l’année des ténèbres. D’après l’Ordre, c’était plus prudent, mais les deux frères avaient surtout compris que l’idée, la macabre idée qu’il y avait derrière cette séparation, était que si l’un des deux garçons venait à être attrapé, alors leurs parents auraient encore au moins un fils. L’amour de leurs parents était la seule raison pour laquelle ils avaient effectivement accepté de partir chacun de leur côté. Accablés, déjà, par l’inquiétude et le chagrin, les Crivey avaient en effet eu bien du mal à comprendre et surtout à accepter la situation dans le monde des sorciers, bien du mal à laisser partir leurs enfants : ni Colin ni Dennis n’avait voulu prendre le risque de mourir ensemble et de priver ainsi leurs parents de leurs deux fils. Ils s’étaient dit au revoir à la lisière de la forêt de Dean en se promettant de se retrouver à la fin de la guerre. Mais, lorsqu’ils s’étaient effectivement retrouvés, la guerre n’était pas terminée bien au contraire. Elle s’apprêtait juste à prendre une dimension plus tragique encore.

Colin et Dennis avaient été séparés pour toujours.

Mais Colin avait laissé derrière lui beaucoup d’amour.

Colin avait rencontré Liliane Elbert pendant sa cavale et, traqués, effrayés mais surtout très amoureux, Colin et Liliane étaient devenus un couple. Ils s’étaient aimés dans la précipitation et sans jamais penser aux conséquences d’un tel amour. Quelques semaines après l’enterrement de Colin, Liliane était venue trouver Dennis pour lui annoncer qu’elle était enceinte. Elle était jeune, beaucoup trop jeune, sa relation avec ses parents était très difficile depuis la guerre, elle n’avait pas d’argent, pas de diplôme non rien du tout, mais elle avait tout perdu. Elle avait tout perdu et elle ne supporterait jamais de perdre cet enfant en plus du reste, l’enfant de Colin, le seul enfant qu’aurait jamais Colin. Alors Dennis lui avait juré de l’épauler – parce qu’à lui aussi l’idée de perdre cet enfant était intolérable. Dennis avait fait s’installer Liliane chez lui le temps de sa grossesse, il avait contacté toutes les personnes qu’il connaissait dans l’espoir de lui venir en aide et c’était finalement par le biais d’Hermione Granger qu’il avait trouvé un petit appartement pour Liliane et sa fille. Hermione avait en effet reçu beaucoup d’argent, comme d’autres héros de guerre, depuis la fin du conflit. Il était venu avec les médailles, il était venu en dédommagement des préjudices subis et la jeune fille avait d’abord voulu le refuser. Rien ne dédommagerait jamais l’année qui venait de s’écouler et certainement pas une pile de Gallions. Mais, touchée par l’histoire de Liliane, Hermione avait décidé d’accepter cet argent pour le reverser à la jeune mère et à toutes celles et ceux qui n’avaient pas la chance, comme elle, d’être aussi bien gratifiée. Harry, Ron et tous leurs amis en avaient finalement fait de même et Hermione avait créé une association pour gérer ces fonds et venir en aide aux familles déchirées par la guerre, tout en effectuant sa septième année à Poudlard. Ses ASPIC obtenus – avec les meilleurs résultats depuis Albus Dumbledore – la jeune fille avait finalement laissé les rênes de cette association à Padma Patil pour entrer au Ministère et se consacrer à la défense des créatures magiques mais elle avait gardé le contact avec Liliane et c’était elle qui lui permettait de vivre décemment.

Mais c’était Dennis qui la portait à bout de bras, Dennis qui séchait ses larmes une à une et pendant des heures entières, Dennis qui élevait Liberty comme l’aurait fait Colin s’il avait été là. Il avait cru que cela l’aiderait à faire le deuil de son frère mais, lorsque Liliane et lui avaient fêté le premier anniversaire de Liberty, il avait bien été forcé de constater que ça n’était pas le cas. Au contraire, même, au fur et à mesure que Liberty grandissait, Dennis se sentait plus accablé encore par la perte de son frère. Liberty était son portrait craché, jusque dans ses mimiques, son sourire, les expressions de son visage, et elle lui rappelait tous les jours ce qu’il avait perdu pour toujours. Dennis avait alors dix-sept ans et c’était beaucoup, beaucoup trop dur. Il avait bien essayé d’effectuer sa sixième année par correspondance mais il avait largement échoué à ses examens et il avait alors pris la décision de partir étudier à l’étranger.

Puisqu’il ne pouvait pas revenir à Poudlard, il irait à Beauxbâtons.

Il avait longuement hésité, bien sûr, parce qu’il avait une nièce et une sorte de belle-sœur qui était devenue sa meilleure amie, depuis le temps, mais il avait compris et ses parents avaient compris eux aussi qu’il ne supporterait pas une nouvelle année de la sorte. Liliane elle-même l’avait incité à prendre sa vie en main, à s’en aller, à poursuivre ses études – elle aurait aimé pouvoir le faire, elle aussi, mais avec une fille aussi jeune, elle n’en avait juste pas le temps. Dennis avait pris des cours intensifs de français pendant deux mois puis il était arrivé à Beauxbâtons où Madame Maxime l’avait généreusement accueilli malgré ses deux redoublements – il devait pour cela une fière chandelle à Hagrid – et il s’était ainsi retrouvé dans la même promotion que Gabrielle Delacour.

- Je dois rentrer en Angleterre, tu le sais bien, lui dit Dennis avec un pâle sourire.

Dennis n’avait jamais passé le moindre weekend à Beauxbâtons : il prenait un Portoloin pour Londres d’où il transplanait directement chez Liliane tous les vendredis soir et il ne rentrait que le lundi matin à l’aube. Naturellement, il passait aussi toutes ses vacances et tous les congés alloués par l’école avec sa nièce.

Les autres élèves aimaient plutôt bien Dennis malgré ses nombreuses absences. Ils étaient impressionnés par son histoire, eux qui n’avaient connu la guerre que de très loin, et ils se montraient très généreux et compréhensifs à son égard. Dennis était un garçon poli, travailleur, serviable et généreux lui aussi, qui partageait toujours avec ses camarades de chambre les colis de friandises que lui envoyaient ses parents et qui trouvait même le temps d’aider les élèves de sa classe à pratiquer les sortilèges de défense lorsqu’il le pouvait. Il avait passé une bonne partie de son année de cavale avec des membres majeurs de l’Ordre qui lui avaient appris des sorts que ne connaissaient même pas les élèves français de dernière année.

Gabrielle, elle, aimait beaucoup Dennis Crivey. Elle était intriguée au début, comme l’étaient les autres élèves, mais elle se faisait contrairement à eux une vraie idée de ce qu’avait été la guerre. Elle avait craint pour la vie de sa sœur et de sa belle-famille pendant un an et, comme Dennis aujourd’hui, Gabrielle était rentrée chez elle tous les weekends de l’année des ténèbres : la maison de ses parents était devenue le point d’arrivé des sorcières et des sorciers fuyant l’Angleterre et la très jeune fille qu’elle était alors n’était pas de trop pour aider les adultes à s’en occuper. Elle avait été marquée par les histoires tragiques de certaines de ces personnes et elle voyait encore leurs visages, de temps à autre, elle voyait leurs visages dans l’obscurité et elle ne parvenait alors pas à trouver le sommeil. Gabrielle comprenait un peu de la douleur de Dennis et il le savait. Alors, parfois, à la nuit tombée, ils se retrouvaient tous les deux dans les jardins de l’école, en partie dissimulés par le sortilège de désillusion de Dennis, et ils s’asseyaient derrière la roseraie qui était l’endroit préféré de Gabrielle à Beauxbâtons. Les rosiers étaient perchés sur une colline qui faisait face au château et à ses grandes tours. Depuis cette colline, Dennis et Gabrielle dominaient toute la vallée et ils ne s’étaient jamais lassés de cette vision malgré leurs insomnies récurrentes.

Ils s’y retrouvaient toujours et Dennis pouvait parler de Colin et Gabrielle de Fleur mais, la plupart du temps, ils se contentaient de ne rien dire et ce n’était pas vraiment gênant. Il y avait quelque chose d’apaisant dans le silence qui les enveloppait.

- J’aurais bien aimé aller au Croisic avec toi, dit Gabrielle.

- Pourquoi est-ce que tu aimes autant la mer ? lui demanda Dennis.

La jeune fille ferma les yeux un instant et elle laissa le parfum des roses l’embaumer et embaumer toute l’atmosphère – c’était l’été.

- Parfois les gens croient que je suis parfaite mais ce n’est pas vrai, parce que si je l’étais, je n’aurais pas besoin de faire tous ces efforts. Dans l’eau je suis libre. Mon corps devient flou et il n’appartient plus qu’à moi. Je suis juste Gabrielle. Les autres ne voient qu’un mirage.

- Un mirage de quoi ?

- Le mirage d’une vie heureuse.

Le sourire de Gabrielle s’était fané, il s’était fané même si Dennis avait maintenant sa main posée sur la sienne et les yeux plongés dans les siens.

- Je ne suis pas heureuse, dit Gabrielle. Et je suis… pire que tout. J’ai une famille, un avenir, des amis, aucun réel problème et pourtant, me voilà, incapable de dormir et obligée de te raconter à toi que je ne me sens pas bien, toi qui… je ne devrais même pas me plaindre à côté de toi.

- Et moi je ne devrais même pas me plaindre à côté de Liliane, et Liliane ne devrait pas se plaindre à côté du petit Teddy qui a perdu ses deux parents et j’imagine que si tu cherches bien tu trouveras quelqu’un sur cette planète qui a plus de raisons encore d’être malheureux que Teddy.

- Mais moi je devrais être heureuse et tout est de ma faute, c’est… c’est juste que je ne sais pas qui je suis.

- Tu es mon amie.

- Ton amie, hein ?

Leurs mains entrelacées, leurs joues aussi rouges que les plus éclatantes des roses, leur nez qui se frôlaient et les sentiments qui se lisaient dans leurs yeux criaient tous la même chose et ça ne portait pas simplement le nom de l’amitié.

Gabrielle avait eu plein de petits amis. Elle avait embrassé beaucoup de garçons, à Beauxbâtons et ailleurs, et elle ne se rappelait même pas de tous leurs prénoms. C’était toujours elle qui prenait l’initiative : les garçons l’admiraient mais ils n’osaient pas faire le premier pas, ils avaient bien trop peur d’être rejetés. Même les plus arrogants perdaient toute confiance en eux lorsque leur regard croisait celui de Gabrielle et, à vrai dire, cela amusait beaucoup la jeune fille. Elle avait de nombreux défauts et elle était tout à fait capable de les lister mais l’arrogance n’en faisait pas partie et c’était quelque chose qu’elle méprisait. Gabrielle était caractérielle, elle était égocentrique, elle était terriblement susceptible mais elle n’était pas arrogante. Elle savait ce dont elle était capable et ce dont elle n’était pas capable.

Elle était capable de mettre le monde à ses pieds.

Elle n’était pas capable d’être véritablement aimée de ce monde.

Gabrielle n’avait jamais attendu quoi que ce soit des garçons qu’elle embrassait et encore moins de ceux qu’elle fréquentait. Ils étaient parfois drôles, souvent de beaux garçons, et il était agréable de passer un peu de temps en leur compagnie. Elle aimait être entourée, elle aimait briller, elle aimait avoir son petit monde autour d’elle et elle ne s’en cachait pas. Mais aucun de ces garçons ne la regardait comme Bill Weasley regardait Fleur et elle savait bien qu’ils ne le feraient jamais. Ils venaient à elle pour de mauvaises raisons et elle venait à eux pour de mauvaises raisons – c’était toujours perdu d’avance.

Dennis était venu à elle aussi mais avec une façon bien à lui. Parfois, elle trouvait un bouquet de roses jaunes dans sa chambre et la petite chouette de Dennis perchée sur l’étagère. Il était le seul à savoir que les jaunes étaient ses favorites : les autres lui en offraient toujours des rouges. D’autres fois, pour la saluer le matin, il déposait un baiser sur son front et cela provoquait les sifflets de quelques garçons qui espéraient dissimuler leur jalousie derrière leurs rires. Lorsqu’il s’asseyait à côté d’elle, en classe, Dennis prenait parfois distraitement sa main dans la sienne sous le pupitre, et Gabrielle ne la lâchait jamais avant d’y être obligée.

Elle savait que des paris circulaient dans l’école à propos de Dennis et elle mais malgré tout, malgré elle, ils ne s’étaient toujours pas embrassés.

Parce que face à Dennis, Gabrielle se sentait terrifiée comme l’étaient d’habitude les garçons devant elle.

Parce que Gabrielle attendait quelque chose de Dennis.

Parce que, pour la première fois de sa vie, Gabrielle avait quelque chose à perdre, Gabrielle pouvait perdre quelque chose sans le vouloir, une relation, une personne, elle pouvait regarder Dennis se détourner sans pouvoir le rattraper et cela lui faisait peur.

C’était donc ça ?

Ce qu’elle était, Gabrielle, ce qu’elle était c’était ça : amoureuse de Dennis ?

- Gabrielle…

- Non Dennis tais-toi, dit doucement Gabrielle en s’éloignant du jeune homme.

- Mais je n’ai encore rien dit.

- Tu as ce ton, j’avais le même quand j’ai dû expliquer à Alexandre que je ne l’aimais pas et que nous n’irions pas plus loin.

- Mais je t’aime.

- Quoi ?

Elle avait très bien entendu les mots de Dennis et elle n’avait même pas envie qu’il les lui répète, pas ce soir, pas comme ça, pas sur un tel ton, mais elle était surprise malgré tout. Dennis ne mentait jamais – quand il essayait, il jouait avec ses mains parce qu’il n’était vraiment pas à l’aise mais maintenant ses mains étaient serrées dans celles de Gabrielle. Il venait de lui parler avec honnêteté sur la colline aux rosiers mais c’était étrange, incongru, inespéré.

C’était insensé.

- Tu… tu n’as pas le droit de me dire ça comme ça ! s’exclama Gabrielle. Je… je voulais… ce n’est pas romantique du tout !

- Tu es romantique ?

- Oui !

- Moi je ne sais pas.

- Ce n’est pas une raison !

- Je ne sais rien de plus que toi, Gabrielle. Je crois que… tu te sens complètement étouffée par ta grande sœur, par Fleur, mais moi aussi je ne fais que marcher dans les traces de mon frère. C’est Colin le héros de guerre, moi je n’ai rien fait, j’ai juste essayé de survivre. Les gens se souviennent de Colin parce qu’il les a tous photographiés au moins une fois dans le château. Il a toujours laissé quelque chose derrière lui. Moi je me contente de suivre son chemin. J’élève Liberty comme si elle était ma fille mais c’est la fille de Colin. Je vis avec Liliane quand je suis en Angleterre mais Liliane aime Colin. Tu as peur de n’être que l’ombre de Fleur mais s’il y a bien une ombre parmi nous ce n’est pas toi, Gabrielle.

- Ce… ce n’est pas toi non plus.

- Alors c’est qui ?

- Mais je n’en sais rien !

- C’est peut-être nous deux.

Ces mots apaisèrent Gabrielle dont le visage se détendit aussitôt et la jeune fille oublia sa colère, elle oublia son angoisse, sa tristesse, elle oublia bien tous ses sentiments sauf cette joie sincère qui s’emparait d’elle toute entière, enfin.

Dennis Crivey aimait Gabrielle Delacour.

Gabrielle ne savait pas bien ce qu’elle était, encore moins ce qu’elle serait, elle ne savait pas quelle route emprunter qui serait sa route à elle et pas celle de sa grande sœur, de sa famille, pas celle que ses amis et ses camarades de classe dessinaient pour elle non plus – elle voulait son chemin de la liberté.

Mais Gabrielle était aimée de Dennis et ça, c’était quelque chose, enfin, quelque chose qui n’appartenait qu’à elle.

- Moi aussi je t’aime bien, tu sais.

Elle arracha une poignée d’herbe de sa main libre et laisser les brindilles retomber sur sa robe couleur vieux rose.

- Je sais.

Dennis, lui, laissait la nature s’épanouir tranquillement sous ses pieds, mais il jouait un peu nerveusement avec les lacets de ses chaussures.

- Moi aussi j’ai vu un mirage, dit-il en souriant faiblement à Gabrielle, le mirage d’une vie heureuse, comme toi, mais celui d’une vie à trois. J’ai cru que je pourrais élever Liberty avec Liliane et que nous formerions une vraie famille. C’était idiot. J’aime Liberty de tout mon cœur et je veux le meilleur pour Liliane mais, tout ça, ça aurait dû être la vie de Colin. Pas la mienne.

Il lâcha soudainement ses lacets et s’empara des deux mains de Gabrielle, les deux mains fines et délicates de Gabrielle, douce et belle Gabrielle.

- Ce n’est peut-être pas plus mal que tu ne saches pas encore ce que tu es et ce que tu veux parce qu’au moins ça veut dire que tu as le choix, lui dit-il.

- Mais je sais ce que je veux.

- Qu’est-ce que tu veux ?

- Je veux aller à la mer avec toi.

Dennis ferma les yeux une seconde, juste une seconde, le temps de réfléchir à la meilleure manière de dire à Gabrielle qu’il n’irait pas à la mer avec elle. C’était ce qu’il aurait dû lui dire. Il aurait dû lui dire, aussi, qu’elle ne devait rien attendre de lui, qu’il était encore trop triste, trop marqué, et qu’il avait une vie bien trop compliquée en Angleterre.

Il aurait dû le lui dire mais il n’en avait pas envie et, d’ailleurs, elle n’avait pas envie de l’entendre non plus. Elle savait bien quels étaient ses impératifs, quelle était sa vie, elle savait Liliane et Liberty et elle savait qu’il n’y aurait probablement pas Dennis et Liliane et Liberty et Gabrielle. C’était trop tôt, trop incongru, trop sérieux surtout. Elle avait dix-sept ans. Mais leurs escapades nocturnes n’avaient jamais été une bonne idée. Leurs petites attentions l’un envers l’autre n’avaient jamais été une bonne idée. Leur relation, leur complicité, les baisers de Dennis sur son front, les étreintes de Gabrielle en guise d’au revoir le soir, rien de tout ça n’avait été une bonne idée et c’était arrivé, pourtant. C’était arrivé et ils ne le regrettaient pas. C’était arrivé et ils ne le regretteraient jamais.

Ils étaient jeunes mais ils avaient perdu leur innocence depuis longtemps. Ils n’avaient plus jamais été légers depuis la guerre et ils savaient qu’ils ne le redeviendraient pas. Leur légèreté était morte comme tant d’autres et ils l’avaient enterrée avec les grands espoirs de leur jeunesse. Ils n’attendaient plus la vie simplement belle parce qu’ils savaient que les joies venaient toujours avec leurs peines.

Dennis n’aurait pas dû dire à Gabrielle qu’il l’aimait parce qu’elle en souffrirait certainement à un moment ou à un autre mais il n’aurait pas non plus dû ne pas le lui dire parce qu’alors, peut-être, il les aurait privés tous les deux de quelque chose de beau.

Les joies venaient avec leurs peines et les peines venaient avec leurs joies.

- Je ne rentre à Londres que demain soir.

Ils n’échangèrent plus le moindre mot avant d’arriver au pied de l’océan. Gabrielle se leva la première et elle serra très fort les mains de Dennis dans les siennes avant de l’entraîner à sa suite dans la vallée. Ils marchèrent en silence mais dans un silence apaisant, un silence que ne troublaient que leurs pas côte à côte, et dans la noirceur de la nuit, ils sourirent.

Lorsque les premiers rayons du soleil pointèrent le bout de leur nez, Beauxbâtons avait depuis longtemps disparu de leur champ de vision. Gabrielle se stoppa alors brusquement et, la main de Dennis toujours dans la sienne, elle ferma les yeux et les fit transplaner tous les deux sur une petite plage non loin d’Arcachon. Ce n’était pas Le Croisic mais elle n’y était encore jamais allée et elle n’avait pas voulu prendre le risque de les emmener là-bas. De toute façon, l’océan était le même à Arcachon que sur la presqu’île guérandaise. Ses vagues venaient leur chatouiller les pieds et son odeur salé leur sautait aux narines.

- Pour ce que ça vaut, moi je n’ai jamais connu ton frère et je te vois, Dennis. Je vois que tu es quelqu’un de bien. Tu es… gentil, et courageux, et généreux, et rassurant, et tu as un beau sourire, tu te débrouilles bien avec les plantes et tu aimes les livres que je te prête. Tu ne mets jamais de sucre dans ton thé mais, de toute façon, tu préfères le chocolat. Tu aimes t’asseoir près de la fenêtre en cours pour regarder le ciel. Je crois que ça t’apaise. Tu as des failles et des défauts mais surtout plein de qualités. Tu es Dennis.

- Et je t’aime.

C’était plus romantique à Arcachon, plus romantique à la lumière naissante du jour nouveau, c’était plus romantique les pieds dans l’eau et les yeux dans les yeux et avec une légère brise marine pour dégager les cheveux du visage et rosir le nez et les joues. C’était plus romantique avec les lèvres de Gabrielle Delacour sur celles de Dennis Crivey.

Leur joie serait cette matinée seuls sur la plage qui à l’aube de leur vie n’appartenait encore qu’à eux. Leur peine serait les réprimandes, à Beauxbâtons, lorsque viendrait l’heure de regagner le château et d’y affronter la colère de Madame Maxime pour cet escapade aussi inédite qu’interdite. Mais, pour l’instant, ça ne comptait pas vraiment.

Seul comptait le visage de Gabrielle, si calme tout à coup, détendu comme l’était la jeune fille qui humait l’air marin avec délectation et ne s’arrachait que de temps à autre à sa contemplation pour planter son regard dans celui de Dennis, son regard émerveillé, celui d’une fille de la mer, son regard enchanté et enchanteur, son regard amoureux. Et Gabrielle apaisée par les flots apaisait Dennis à son tour. C’était sa vraie beauté qu’il avait sous les yeux, la beauté de Gabrielle dans toute sa complexité, Gabrielle perdue et retrouvée, Gabrielle chez elle mais pas tout à fait, Gabrielle amoureuse mais triste, Gabrielle pas vraiment avec lui.

Mais Gabrielle avec lui.

Note de fin de chapitre :

Merci d'avoir lu !

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