Personne ne s’y attendait.
Ce n’était pas vraiment étonnant de sa part finalement. Lucy n’avait jamais rien fait comme les autres. Elle avait refusé dès son plus jeune âge qu’on la range dans une case et qu’on lui attribue une étiquette. Lucy, c’était une fille à part. Un électron libre. Pourtant, ce n’était ni une rebelle, ni une provocatrice. Elle ne s’était pas teint les cheveux en rose à l’aube de ses seize ans, elle n’avait pas non plus claqué la porte au nez de ses parents lorsqu’elle avait décidé de quitter l’Angleterre et sa grisaille. Lucy n’était pas Lily, elle n’était pas James non plus. Elle ne ressemblait à aucun de nos cousins, aucune de nos cousines. Elle s’était amusée pendant longtemps du mystère qu’elle renvoyait derrière ses grands yeux verts clairs. Derrière ses taches de rousseur qui paraissaient vouloir s’étaler partout sur son visage à la peau pâle, comme pour former une équation insoluble.
Lucy, c’était un drôle de phénomène. Une catastrophe naturelle. Un genre d’ouragan qui emporte tout sur son passage et qui n’en laisse rien. Sans même le vouloir, sans même le prévoir. Personne ne s’attendait à son départ en Afrique. Elle avait fait ses valises un soir de juin, et elle était partie le lendemain, vers sept heures du matin. Juste après avoir bu une tasse de thé. Elle avait enfilé son pull en laine au-dessus de l’une de ses habituelles robes fleuries, et elle avait passé son appareil photo autour de son cou. Et puis, elle avait juste dit :
— Je pars.
Deux mots pour des années d’amertume et de regrets. Deux mots pour un coeur au bord de l’implosion. Lucy, c’était tout ou rien. Quitte ou double. Elle pouvait vous aimer et vous détester en quelques secondes. Lucy s’habillait toujours de grands gestes quand elle parlait. Sans doute était-elle incapable de contenir ses émotions et celles-ci débordaient de cette façon. C’était peut-être aussi pour cela qu’elle photographiait tout ce qui l’entourait. Pour avoir l’impression de garder le contrôle sur le monde et sur elle-même, mais aussi sur l’orage qui menaçait de tout détruire s’il éclatait.
Quand elle avait accepté ne plus pouvoir lutter, elle avait préféré partir. Comme ça. Du jour au lendemain. Sur un coup de tête. Ce n’était pas prémédité. Ce n’était pas une vengeance à l’encontre de ses parents comme l’avait été le départ de James. C’était un simple constat. Puisque rien ne va, je vous quitte. Puisque vous voulez faire semblant que tout va bien, laissez-moi en dehors de ça. Je pars. Deux mots lourds de sens qui s’étaient répercutés contre les murs de la petite maison du centre de Londres qu’elle habitait avec ses parents et sa sœur Molly. Des mots qu’ils n’avaient pas souhaité entendre. Elle ne leur avait pas laissé le choix. Son père avait certifié que ce n’était pas la peine de revenir, sa mère avait sangloté bruyamment, sa sœur était restée silencieuse. Et Lucy avait longtemps tenu sa promesse. Elle n’était pas revenue durant six longues années. Elle ne m’avait envoyé que de brèves nouvelles des endroits où elle se trouvait. Quelques photos. Quelques phrases. Rien de personnel.
Lucy. Personne, pas même moi, ne s’était attendu à son départ. Nous nous attendions encore moins à ce qu’elle revienne entre la dinde et le fromage, la veille de Noël. Et nous n’aurions jamais pu nous douter de la tempête qu’elle s’apprêtait à déclencher. Sur nos vies trop tranquilles pour être crédibles. Mais surtout sur la mienne.
Bonjour !
Voici une fiction plus ou moins courte sur la Next-Gen. Même si elle sera centrée sur Lucy et Hugo, il est probable que les autres cousins et cousines interviennent au fur et à mesure de l'histoire.
Je tiens à prévénir que la relation entre Hugo et Lucy risque d'être un peu ambiguë par moments, même si elle n'ira jamais plus loin et restera platonique. Je traiterai aussi le thème de la maladie à travers le personnage de Lucy, d'où le rating en -16 ans.
Bonne lecture !
Lyssa.
Voici le prologue de cette fiction. Comme vous le devinerez sûrement, il est écrit de la main d'Hugo.
Bonne lecture !
Lyssa