Alors j'étais encore une fois partie pour écrire sur un tout autre personnage (Selwyn) mais j'ai totalement dérivé encore une fois...
Bref, le titre de ce texte est en fait une sorte de jeu de mot entre le dernier mot de mon histoire et le nom original des Langues de Plomb qui en VO sont les "Unspeakables".
Aller au travail tous les jours.
Descendre au niveau neuf.
Saluer les autres Langues de Plomb d’un hochement de tête.
Tous les jours la même routine.
Ne rien changer.
Ne rien laisser paraître.
Augustus se répétait qu’il pouvait le faire. Qu’il devait le faire. Il donnait le change depuis cinq mois. Jour après jour, le danger d’être démasqué s’éloignait un peu plus de lui…
Depuis que le Maître avait disparu, il feignait la normalité la plus totale. Il n’était pas de ceux qui avaient lancé des feux d’artifice ou célébré quoique ce soit… Mais comme il avait toujours été taciturne, cela n’avait rien eu d’étonnant…. Personne ne se serait attendu à ce qu’il exprime une quelconque émotion.
Mais en son for intérieur, il bouillonnait.
Seul le cercle intime du Seigneur des Ténèbres connaissait son rôle… Il savait que sa position au Ministère était un atout bien trop précieux aux yeux du Maître pour être divulgué inconsidérément. Aucun Mangemort avec qui il avait partagé des missions ne l’avaient dénoncé. Ni Bellatrix, ni Antonin, ni Rodolphus… Même ce jeune chien fou de Croupton avait tenu sa langue… Leurs convictions étaient trop grandes. Jamais ils ne se seraient abaissés à trahir les rangs.
Augustus avait participé à de nombreux raids. Traîtres à leur sang, Sang de Bourbe ou moldus… Aucun d’entre eux ne méritait de vivre, de toute manière. Il avait accompli une mission d’intérêt général. En les éliminant, il avait participé à la purification du monde sorcier. Il en était fier.
Mais pas au point de s’en vanter, il n’était pas stupide. Il savait que pour que leur action soit efficace, elle se devait d’être discrète…
Et pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’être inquiet. Avec le Maître disparu, les autres envoyés un par un à Azkaban, il ne pouvait s’empêcher de craindre d’être découvert. Et qu’adviendrait-il de la cause si plus personne n’était là pour porter le flambeau ?
Il ne devait pas être découvert. Il était hors de question qu’il s’abaisse à prétendre qu’il avait été soumis à l’Imperium.
Entre ses dénégations et sa fortune qui lui avait servi à soudoyer une grande partie du Magenmagot, Malfoy avait échappé de peu à Azkaban, mais Augustus n’avait pas les moyens de corrompre un tribunal.
Et surtout, il ne tournerait jamais le dos à son engagement auprès du Seigneur des Ténèbres.
Alors, il baissait la tête, attendant que l’agitation et la poussière retombent. Cherchant discrètement à glaner des informations sur ce qui avait bien pu se passer le soir du 31 octobre 1981.
Et il continuait à travailler dans la salle de la Mort, comme il le faisait depuis des années. Le Voile chuchotait inlassablement, bribes de conversations passées ou à avenir, les Langues de Plomb ne le savaient jamais réellement. Augustus ne pouvait pas s’empêcher d’être encore plus attentif qu’à l’accoutumée, pour peut-être entendre quelque information concernant le Seigneur des Ténèbres.
Il ne croyait pas à cette histoire d’enfant sur lequel le Sortilège de la Mort aurait ricoché. Il pensait que le Maître avait dû rencontrer un obstacle et qu’il était coincé quelque part, dans une dimension parallèle peut-être ou dans un état d’inconscience si profonde qu’on avait pu le croire mort.
Il devait simplement être patient.
Faire profil bas.
Aller au travail tous les jours.
Descendre au niveau neuf.
Saluer les autres Langues de Plomb d’un hochement de tête.
Tous les jours la même routine.
Ne rien changer.
Ne rien laisser paraître.
Et quand le Maître reviendrait, ce serait l’avènement des Sang-Purs.
Alors qu’il notait ses dernières conclusions de la journée et les hypothèses qu’il en déduisait, Augustus fut surpris d’entendre des coups frappés à la porte de la Salle. Il fronça les sourcils. Jamais personne d’autre que les Langues de Plomb ne venait ici, et aucun de ses collègues ne frappait jamais aux portes. Ils circulaient comme bon leur semblait, personne au sein du Département des Mystères ne s’embarrassait de politesses inutiles.
Avalant sa salive, Augustus se leva et pria le visiteur d’entrer. Il demeura impassible alors qu’Alastor Maugrey pénétrait dans la Salle, seul, les bras croisés avec une lueur déterminée dans le regard qui aurait pu déstabiliser quelqu’un de moins aguerri qu’Augustus.
- « En quoi puis-je vous aider, Auror Maugrey ? » s’enquit-il poliment, sa voix posée ne trahissant en aucun cas son anxiété.
- « Vous allez simplement venir avec moi sans opposer de résistance. » répondit tout aussi calmement l’Auror. Augustus composa un visage étonné mais l’autre homme l’arrêta d’un geste. « Karkaroff vous a dénoncé, espèce de raclure. Si vous levez votre baguette dans ma direction, le sort que j’ai réservé à Rosier semblera doux par rapport à ce que je vous ferai. »
Augustus ne résista pas à son arrestation. Peut-être était-ce l’assurance de Maugrey qui l’avait sidéré, peut-être la stupeur de savoir que non seulement Karkaroff savait qui il était mais en plus qu’il l’ait jeté en pâtures au Magenmagot, ou peut-être tout simplement parce que la déclaration de Maugrey avait été suivie par le transplanage dans la Salle d’une quinzaine d’Aurors prêts à en découdre.
Plutôt que de mener un combat qu’il savait perdu d’avance, Augustus posa simplement sa baguette sur son bureau, à côté de sa plume et de ses notes puis s’assit. S’enfermant en lui-même dans un silence immuable et indicible.
Pensez à me dire ce que vous en avez pensé ;)