-Tiens! Bois ça! lui dit Mary en posant une tasse de thé devant lui.
Sirius regarda son amie, celle qui l'avait déjà aidé tant de fois depuis sa fuite d'Azkaban. Elle affichait un regard inquiet et il savait que c'était lui le centre de son inquiétude. Presque vingt ans qu'il avait quitté la demeure pensant ne plus y revenir! Pourtant, vingt ans après, il se retrouvait encore prisonnier des murs de cette maison qu'il avait tant haï. Voulant éviter le regard de Mary, il feignit d'être intéressé par l'extérieur sauf que ce dernier lui rappela ce qu'il avait perdu alors il détourna le regard qui se posa devant lui sauf que Mary était en train de s'installer en face de lui, une tasse fumante à la main. Elle était calme. Pourquoi était-elle toujours calme? A Poudlard, elle était discrète et se taisait souvent, elle avait un peu changé grâce à Marlène qui l'avait sortie de sa bulle mais elle dégageait toujours une aura de plénitude.
-Pourquoi? murmura t-il.
-Pourquoi quoi, Sirius?
-Rien!
-Sirius, arrête de te replier sur toi-même! Pourquoi es-tu si sombre ces derniers? Pfff, je savais bien qu'il fallait que tu retournes à Boston avec moi mais Dumbledore a dit que tu devais rester à Londres car tu voudrais être au coeur de la bataille! Pfff, tu es enfermé ici depuis trois mois, tu t'ennuies et ton humeur devient de plus en plus maussade! s'écria Mary avec un accent de colère.
Sirius ressentit alors son habituel élan d'affection pour Mary. Avec Remus, ils étaient les seuls qui l'avaient connu adolescent et qui pouvaient comprendre l'immensité de sa peine. James, Lily, Alphard, Regulus, la plupart des gens auxquels ils tenaient étaient décédés. Il savait que Mary, en amie protectrice, avait demandé à Dumbledore que Sirius participe plus aux activités de l'Ordre mais Dumbledore avait refusé, et Mary qui appréciait le directeur de Poudlard, commençait à être de plus en plus en colère contre lui, n'hésitant pas à lui jeter des regards noirs et à se montrer sèche lors des réunions.
Mary le dévisageait et il pouvait voir dans ses yeux toute la peine qu'elle avait pour lui, ce n'était pas de la pitié, Mary n'avait jamais pitié pour les gens.
-Remus revient demain de sa mission! J'en connais une qui sera contente! dit Mary avec un sourire espiègle.
-Bon courage à elle alors! Remus n'a jamais pu supporter et comprendre qu'une femme pouvait être avec lui tout en sachant pour son petit problème de fourrure!
-Elle y arrivera, elle est têtue, sûrement une caractéristique de la famille!
Sirius éclata de rire et eut une nouvelle bouffée d'affectation pour son amie. Elle faisait tout pour qu'il se sente mieux mais il sentait qu'elle attendait. Elle attendait la raison pour laquelle son humeur s'était détériorée ces dernières semaines.
-Allan m'a demandé de tes nouvelles. Il t'apprécie beaucoup, il doit te considérer comme un oncle. J'essayerai de passer avec lui pendant les vacances de Noël, mon père tient absolument à ce qu'on fête Noël ensemble alors Allan revient à Londres.
-Tu passes tout ton temps ici, qui s'occupe de Marilyn?
-Ma soeur! Elle a quitté son travail et en cherche un autre mais elle n'en trouve pas alors comme elle adore sa nièce et pour ne pas qu'elle déprime, je lui ai confié la petite pour lui occuper l'esprit.
-Allan est au courant que tu fais ça?
-Non! Il me gronderait! Il est très protecteur envers elle, c'est adorable. Pour l'instant, il ne se préoccupe même plus de Marilyn, je suis sûre qu'il a quelqu'un en vue ou alors il sort déjà avec quelqu'un, je le sens!
-Il commence à avoir les hormones en ébullition!
-Oui, certainement, pouffa la jeune femme.
Son expression changea, elle regarda intensément Sirius. Il sut alors qu'elle avait deviné. Comme toujours, par son incroyable sens de l'observation, elle avait encore compris ce qu'il cachait aux autres.
-Je ne sais pas quoi te dire, Sirius.
-Ne dis rien alors! cria t-il, agressif.
Mary soupira, aussitôt, il se sentit mal d'avoir crié.
-Il serait temps que Dumbledore prenne des dispositions pour que tu sortes! Tu vas finir par devenir fou dans cette maison presque déserte. Tout le monde est au travail ou en mission! Si tu sors, tu pourras la revoir, lui parler ou alors tu pourrais même sous une fausse identité, aller dans un musée, rouler sur ta moto ou que sais-je encore!
Fou, il avait peut-être été à Azkaban et après lorsqu'il ne vivait que pour tuer Peter, le sale traître.
-Tu avais deviné alors!
-Tu m'avais parlé d'elle en sixième année, et je m'en suis souvenue! Quand je t'ai vu ouvrir grand tes yeux et à la limite de pleurer alors qu'une moldue avec ses enfants passait, j'ai toute de suite compris.
-Il n'y a plus rien à dire, Mary. Azkaban m'a volé ma jeunesse et mes rêves!
-Ne dis pas ça, Sirius! Tu es encore jeune, tout peut encore arriver! La guerre peut se terminer dans un an, ou quatre mois mais tu dois rester debout Sirius, pour Harry surtout! Il a besoin de son parrain, le fils de James et Lily a besoin de toi, que tu le rassures, que tu sois un soutien psychologique! Il est l'ennemi d'Ombrage à Poudlard, c'est Allan qui me l'a dit!
-Tu dois avoir raison...soupira Sirius.
-Sirius, ne sois pas démoralisé parce que la moldue dont tu étais amoureux quand tu avais vingt ans est mariée avec des enfants!
-Elle représente ce dont Azkaban m'a privé!
-Et alors! Ce n'est pas une raison pour te noyer dans cette amertume! Ça suffit maintenant! s'écria Mary en levant et frappant la table.
Avant que Sirius ait pu riposté, la voix de Mrs Black se répercuta dans la maison. Mary sortit en trombe, hurla contre Mrs Black puis il n'eut plus de bruit, elle avait dû fermer les rideaux du tableau. Sirius savait que si Mary était en colère, c'était parce qu'elle s'inquiétait pour elle et trouvait injuste son enfermement dans la maison de ses ancêtres. La jeune femme revient, calme, mais ses yeux lançaient des éclairs. Elle s'installa de nouveau en face de lui sans aucune parole et le silence se poursuit pendant un long moment. Ce silence fut brisée par l'arrivée bruyante de Tonks.
-Arthur m'a dit que Remus revient demain, c'est vrai?
-Oui, c'est Dumbledore qui me l'a dit!
-Très bien! Tu vas bien Sirius? Tu as l'air d'avoir vu un détraqueur.
Sirius pouffa de rire malgré lui, Tonks manquait décidément de tact! Il plaignait sa cousine, Andromeda, qui avait dû élever cet énergumène!
-Tu restes ce soir?
-Oui je suis de garde. Tu t'en vas, Mary?
-Oui, ça fait cinq jours que je n'ai pas vu ma fille et elle me manque!
-Tu n'es pas mariée?
Mary savait que de nombreux membres de l'Ordre se posait des questions sur elle. Elle parlait peu d'elle mais savait des choses sur eux qui souvent s'en étonnait.
-Non, je suis une mère célibataire, élevant deux enfants dans la banlieue de Boston et j'en suis très heureuse!
Elle salua Tonks et Sirius et transplana.