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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


Promiscuité par Celiag

[58 Reviews]
Imprimante Chapitre ou Histoire
Table des matières

- Taille du texte +
Note de chapitre:

Bonjour à tous, voici le chapitre 2, j'espère qu'il vous plaira ! Bonne lecture et à bientôt :)
J'ai posté ce chapitre dimanche comme prévu mais le site met des jours à le publier donc désolée pour l'attente...
Assez rapidement, une routine s’installa entre les Dursley, Harry et Malefoy. Lorsqu’ils devaient vraiment être en présence les uns des autres, c’est-à-dire lors des repas, les Dursley faisaient comme si Drago n’existait pas et ce dernier leur rendait bien leur indifférence. D’un accord tacite, ils ne s’adressaient pas la parole, ne se regardaient jamais dans les yeux et évitaient à tout prix de se retrouver trop proches les uns des autres. D’une certaine manière, l’oncle Vernon et la tante Pétunia traitaient Malefoy encore plus mal que Harry, à ceci près qu’ils ne le rabaissaient pas par leurs propos injurieux. Dudley, lui, semblait terrorisé par Malefoy et Harry songeait qu’il avait parfaitement raison de l’être.

Entre Harry et Drago, les deux premiers jours se passèrent sans incident notable. Eux aussi s’évitaient soigneusement et ne se parlaient que si c’était réellement nécessaire. Drago se réveillait toujours en premier et allait s’enfermer dans la salle de bain pendant une heure. Harry ne savait pas ce qu’il y faisait mais cela l’intéressait assez peu. Ensuite, Malefoy revenait, s’asseyait sur son lit et lisait. Dans son sac, il avait une centaine de bouquins et Harry le soupçonnait d’avoir dévalisé la bibliothèque de Poudlard. Il était encore pire que Hermione. Pendant que Drago lisait, Harry se levait à son tour, ne lui disait pas bonjour et se dépêchait de gagner la salle de bain pour s’y habiller. Pour rien au monde il n’aurait fait cela devant Malefoy… Quand Harry se levait et marchait dans la chambre, Drago gardait les yeux rivés sur son livre pour ne pas le regarder et tous deux trouvaient cette situation parfaite. Le soir, Harry laissait Drago aller prendre sa douche en premier pour ne pas l’entendre se plaindre et pouvoir prendre le temps qu’il voulait. Ces moments où ils s’enfermaient dans la salle de bain étaient leurs préférés de la journée.

Les deux premiers jours se passèrent donc ainsi et Harry crut, pendant un moment naïf et éphémère que les choses pourraient finalement être moins horribles qu’il l’avait imaginé.

Ce jour-là, Harry fouilla dans sa valise pour retrouver l’argent que Hermione lui avait donné et le glissa dans la poche de son pantalon. Il noua les lacets de ses chaussures, prit sa baguette avec lui et marcha vers la porte. Malefoy abaissa son livre.

- Tu sors ? demanda-t-il.

- Oui, je vais acheter des trucs à manger.

Malefoy hésita quelques secondes puis posa son livre sur son lit.

- Je peux venir avec toi ?

Harry hésita lui aussi puis finit par acquiescer. Aucun des deux ne le dirait à haute voix mais deux jours enfermés dans cette chambre, c’était déjà trop pour eux. Il fallait qu’ils sortent, qu’ils prennent l’air et qu’ils se dégourdissent les jambes.

Harry descendit l’escalier en faisant le moins de bruit possible pour ne pas attirer l’attention de sa tante et sortit de la maison. L’air sur son visage lui fit immédiatement du bien et il se mit en route vers le centre de Little Whinging où se tenait le seul supermarché de la ville. Drago le suivit sans rien dire.
Harry aurait aimé se retourner pour regarder Malefoy mais il ne pouvait pas le faire. Il se contenta alors de l’imaginer, avec ses cheveux trop blonds, sa chemise blanche et son impeccable pantalon noir, déambulant nonchalamment dans les rues de Little Whinging. Il devait assurément détonner avec le paysage. Harry songea alors que se rendre dans un supermarché avec Drago Malefoy était la chose la plus absurde qu’il ait faite de sa vie.

Ils commencèrent à croiser des gens mais personne ne le salua. Qui saluerait un pensionnaire de St Brutus ? En revanche, tout le monde détailla Malefoy avec beaucoup d’attention. Comme s’il se sentait menacé par tous ces Moldus qui le regardaient, Drago accéléra l’allure et se mit à marcher à côté de Harry. Celui-ci put alors observer son camarade à la dérobée comme il le voulait. Le Serpentard regardait ce qui l’entourait avec une certaine curiosité teintée de mépris. Les scooters l’intriguaient, tout comme la pharmacie, le coiffeur et la laverie automatique. S’il n’avait pas eu peur de montrer qu’il s’y intéressait, il aurait certainement posé des questions à Harry mais sa fierté le retenait de parler.

Arrivés devant le supermarché, Harry y entra avec plaisir et Malefoy avec suspicion. Il ouvrit de grands yeux en observant les gens pousser des charriots et les longs rayons de boîtes de conserve. Harry retint un sourire moqueur et une remarque méprisante, dans le but de maintenir la bonne entente dont ils faisaient preuve depuis quinze minutes.

- Prends un panier, conseilla Harry en montrant la pile de paniers en plastique rouge.

- Pourquoi moi ?

- Si tu prends le panier, je porterai les courses jusqu’à la maison.

- D’accord.

Malefoy saisit un panier à roulettes et le tira vers lui. Harry aurait donné n’importe quoi pour pouvoir le prendre en photo et envoyer le cliché à Ron et Hermione. C’était une vision absolument délicieuse et surréaliste.

- Alors ? demanda Harry. Qu’est-ce que tu veux acheter ?

- Je ne sais pas, je vais regarder…

Il avança dans les rayons et Harry le suivit. Malefoy s’immobilisa devant les journaux et magazines people et fixa tout ce rose avec une expression d’horreur. Il en prit un, observa la couverture et le reposa comme s’il venait de toucher quelque chose de particulièrement immonde. Harry ne put s’empêcher de penser que les sorciers qui lisaient Sorcières Hebdo ne valaient guère mieux que les Moldus qui lisaient ces magazines mais il ne dit rien. Malefoy reprit sa marche et cette fois-ci, s’arrêta devant les piles. Ces petits cylindres colorés semblèrent le fasciner un instant mais il n’osa pas demander à quoi ça servait et Harry ne le lui dit pas.
Harry prit des paquets de chips et de gâteaux apéritifs qu’il jeta dans le panier. Malefoy le regarda faire avec inquiétude.

- Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-il.

- Des trucs salés qu’on grignote avant les repas. C’est très bon, tu verras !

Malefoy haussa les épaules et laissa Harry remplir le panier de cochonneries salées et sucrées de tout genre. Lui-même ne choisissait rien mais Harry savait pourquoi. Il n’avait pas la moindre idée de ce que contenaient les nombreux paquets qu’il voyait devant lui. Malefoy n’avait certainement connu que les plats et les pâtisseries faits maison que son elfe lui préparait depuis qu’il était petit. Il connaissait les bonbons des confiseries du Chemin de Traverse et les glaces qu’on y trouvait en été. A part cela, il ne connaissait rien et encore moins les gâteaux fabriqués à la chaîne qu’on vendait dans les supermarchés moldus. Il n’avait jamais vu de boîtes de conserve de sa vie, pas plus qu’il n’avait déjà passé de soirée à grignoter des chips devant la télé. Malefoy avait l’air aussi perdu que Harry lorsqu’il avait parcouru le Chemin de Traverse pour la première fois. La seule différence était que Harry avait été excité et enchanté par tout ce qu’il découvrait tandis que Malefoy semblait pris d’une nausée perpétuelle. Il était insupportable.

Harry s’occupa de payer à la caisse, prit le sac de courses et sortit du magasin. Malefoy continuait à le suivre sans rien dire et Harry commençait à trouver cela pénible. Non qu’il préférât que Malefoy parle, ce qui aurait été pire que tout, mais il aurait préféré être seul et jouir d’un moment de paix où il aurait pu méditer tranquillement sur la tristesse de sa vie, la mort de Dumbledore et la perte de Ginny.

Sans qu’il s’en rende compte, les pas de Harry le conduisirent vers Magnolia Road puis vers le parc où il avait l’habitude de venir se réfugier les jours d’été pour fuir les Dursley. Quand il arriva devant le grillage qui entourait le parc, il se retourna vers Malefoy.

- Tu peux rentrer si tu veux, tu n’es pas obligé de me suivre partout.

Il l’avait dit froidement, pour lui faire comprendre qu’il souhaitait qu’il s’en aille mais Drago hésita. Visiblement, retourner dans la petite chambre de la maison des Dursley ne semblait pas l’enthousiasmer particulièrement. Même si Harry pouvait le comprendre parfaitement, il trouvait quand même cela agaçant.
Sans se préoccuper de Drago, il escalada le grillage et entra dans le parc. Il était plus de dix-sept heures et les enfants qui le fréquentaient parfois avaient disparu. Depuis plusieurs années, la ville s’ingéniait à réparer les dégâts causés par la bande de Dudley mais elle paraissait avoir abandonné. Il ne restait plus qu’une balançoire et de gros tags vulgaires tapissaient les structures du toboggan. Ce décor déprima Harry et il se laissa tomber sur la balançoire. Malefoy, quant à lui, fit le tour du parc, s’éloigna le plus possible de Harry et se coucha dans l’herbe.

Harry se désintéressa de lui et tourna ses pensées vers Ron et Hermione. Ce soir, il leur écrirait pour leur raconter ces trois premières journées et pour les rassurer. Il avait besoin de leur parler et de recevoir leurs lettres pour ne pas plonger dans un total désespoir et une écrasante solitude. Il espérait qu’ils lui répondraient rapidement et qu’ils lui raconteraient des choses joyeuses qui le feraient sourire. Peut-être se sentirait-il un peu moins seul et abandonné.

Une heure passa sans qu’il s’en rende compte. Il sortit un paquet de chips de son sac et commença à en manger. Il faudrait qu’il trouve un moyen de rentrer sans que les Dursley ne voient son sac de courses sinon, ils le lui prendraient. Heureusement, Harry avait prévu le coup et emporter sa cape d’invisibilité. Il se cacherait en dessus s’il le fallait. Il était hors de question que Dudley lui vole ses précieuses provisions de nourriture !

Harry se tourna vers Malefoy en l’entendant se relever et s’étirer. Harry lui accorda le mérite d’avoir été discret et agréable pendant cette sortie et se sentit prêt à faire un geste vers lui.

- Tu veux des chips ? demanda-t-il en lui tendant le paquet.

Malefoy le rejoignit lentement et baissa les yeux vers le paquet. Il l’observa un instant puis releva la tête pour fixer Harry.

- Non merci, dit-il froidement. Les Moldus mangent vraiment n’importe quoi ! Toutes ces choses ont l’air immondes.

La bonne volonté de Harry s’envola immédiatement et il se raidit.

- Tu n’en sais rien, tu n’as pas goûté.

- Jamais je ne goûterai ça. Je peux tolérer de vivre dans cette maison répugnante mais je ne m’abaisserai pas à manger ces cochonneries moldues.

Harry sentit sa main trembler légèrement et lui tourna le dos. Il saisit le sac de courses, y fourra le paquet de chips et fit quelques pas vers le grillage. Il avait promis de faire des efforts et donc, mieux valait couper court tout de suite à cette discussion qui n’engageait rien de bon. C’était sans compter sur Malefoy qui, lui aussi, avait fait des efforts pendant deux jours mais avait visiblement atteint ses limites.

- Alors c’est vraiment ça ta vie, Potter ? Tu passes tes journées dans ta chambre à manger n’importe quoi et dans ce parc à te balancer sur un jeu pour enfants ? C’est encore plus pitoyable et pathétique que je le pensais. C’est donc ça, Harry Potter, l’Elu, le Survivant ? Laisse-moi rire !

La remarque de Malefoy le piqua au vif parce qu’elle détenait une grande part de vérité. Harry avait horreur de ce qu’il était quand il rentrait chez les Dursley et il avait horreur que Malefoy assiste à ça. Malgré cela, il se dit qu’il devait rester plus fort que l’autre et ne pas le laisser l’atteindre aussi facilement.

- Désolé de te décevoir Malefoy ! A quoi tu t’attendais ? Je n’ai jamais prétendu être un héros, je n’ai jamais dit que j’étais l’Elu. Et si ma vie te pose un problème, tu peux toujours t’en aller et tenter ta chance ailleurs.

Drago se crispa et lui lança un regard haineux. Il ne pouvait bien sûr rien répondre à cela et il en voulait à Harry de le lui rappeler.

- Je n’ai jamais demandé à venir ici, répondit-il du bout des lèvres. C’était l’idée de McGonagall.

- Si tu veux, je peux m’arranger pour que tu ailles rejoindre ton père à Azkaban. Ce sera surement moins répugnant que la maison des Dursley et la nourriture y sera meilleure !

- Ta gueule Potter ! Je t’interdis de parler de mon père !

- Alors ferme-la et laisse-moi tranquille.

Harry rejoignit le grillage rapidement, l’escalada et sauta par-dessus. Il s’éloigna du parc à grands pas, désireux de mettre le plus de distance possible entre Drago et lui. Malheureusement, il entendit les pas du Serpentard le rattraper et il se retourna vivement.

- Arrête de me suivre Malefoy ! Dégage !

- Je ne peux pas, rétorqua Drago avec mépris. Je ne connais pas le chemin pour rentrer.

Harry poussa un juron et reprit sa marche. Malefoy le suivit, de loin, laissant plusieurs mètres entre eux. Bien sûr, ils étaient en retard pour le dîner et Harry monta en courant dans sa chambre pour éviter les cris de l’oncle Vernon qui lui reprochait son manque de respect et de gratitude. Malefoy se retrouva seul face à sa moustache tremblante et le regarda avec haine et dégoût. Les mots de Vernon moururent sur ses lèvres et se coincèrent dans sa gorge. Personne ne l’avait jamais fixé de cette manière.

- Pardon d’être en retard, dit calmement Malefoy.

Puis il alla s’asseoir à table, se servit et resta silencieux. Quand Harry eut caché son sac de nourriture, il redescendit et s’assit à côté de Malefoy pour manger sa salade de céleri-rave. Pétunia et Vernon leur jetaient régulièrement des regards en coin et Harry sentit qu’ils avaient quelque chose à leur dire. Il finit par pousser un soupir résigné.

- Quoi ? demanda-t-il.

- Un voisin vous a aperçus au supermarché, déclara Vernon.

- Et alors ?

- Nous leur avons dit que tu accueillais un camarade de St Brutus.

- Parfait.

Drago parut surpris et hésita un instant à prendre la parole. Jusque-là, il s’était appliqué à rester silencieux mais sa curiosité fut plus forte. Et puis, il n’appréciait pas qu’on parle de lui en des termes qu’il ne comprenait pas.

- C’est quoi St Brutus ? demanda-t-il.

La famille Dursley sursauta et ne répondit rien. Harry décida de le faire à leur place, exaspéré par leur attitude grossière et ridicule.

- C’est un pensionnat pour jeunes délinquants. Mon oncle et ma tante disent à tout le monde que je vais en cours là-bas.

Malefoy parut sidéré quelques secondes puis se permit un sourire méprisant.

- Donc toute la ville pense que tu es un jeune délinquant, Potter ?

- Oui, et maintenant, tout le monde pense que tu en es un aussi.

Harry et Drago se fixèrent un instant, avec tellement de haine que les Dursley n’osèrent plus respirer. Dudley fit tomber sa fourchette sur le sol et mit fin au combat silencieux que se livraient les deux sorciers.


Drago fut le premier à sortir de table et à monter à l’étage. Quand Harry pénétra dans la chambre, il eut la satisfaction de constater que son camarade s’était déjà enfermé dans la salle de bain pour prendre sa douche et qu’il avait une quinzaine de minutes de paix devant lui. Il hésita à écrire ses lettres à Ron et Hermione mais y renonça. Il ferait cela plus tard, quand Malefoy serait là, ce qui lui permettrait de l’ignorer et de se concentrer sur autre chose. Non, là, à vrai dire, il n’avait rien de particulier à faire. Harry se contenta de s’allonger sur son lit et de fermer les yeux. Il goûta le bonheur d’être seul (seul sans Malefoy) et d’être entouré de silence.

Harry médita sur sa situation actuelle et songea qu’il n’avait pas de chance. Il n’avait jamais prétendu être un héros, n’avait jamais apprécié sa célébrité et ne s’était jamais cru supérieur aux autres. Néanmoins, il aurait aimé que Malefoy ait une image un peu plus flatteuse de lui. Evidemment, il n’était jamais là quand Harry combattait contre des Mangemorts, des Basilics, contre Voldemort lui-même ou contre une armée d’Inferri. Il n’était pas là quand Harry et Dumbledore menaient leur enquête sur Tom Jedusor, il n’était pas là non plus quand l’équipe de Quidditch de Gryffondor s’entrainait et que Harry faisait des acrobaties périlleuses pour attraper le vif d’or. Non, bien sûr, Malefoy n’assistait qu’aux repas chez les Dursley, aux errements de Harry dans Little Whinging, à sa vie désespérément vide d’occupations et de sens. C’était exaspérant.

Harry sursauta quand Drago ouvrit la porte et se redressa vivement. L’autre le regarda avec suspicion et marcha lentement vers son lit.

- Qu’est-ce que tu faisais ? demanda Drago.

- Rien, assura Harry – ce qui était vrai.

Harry évita de croiser le regard de Malefoy, prit son pyjama et se dépêcha de sortir de la chambre. Quand son camarade était rentré, Harry avait sursauté parce qu’il avait honte des pensées qui lui avaient traversé l’esprit. Il s’en voulait d’avoir fantasmé sur une situation où Malefoy le regardait avec admiration et un peu de considération. Avait-il réellement envie de cela ? N’en avait-il pas rien à faire de l’opinion de Malefoy ? Si et en même temps, c’était un peu plus compliqué que cela. Pour être tout à fait franc, Harry aurait bien aimé que Drago, au moins une fois dans sa vie, le regarde avec un sentiment positif dans le regard. N’importe lequel, reconnaissance, admiration, gentillesse, compassion, peut importait tant que c’était quelque chose de positif.



Le lendemain commença comme les trois autres premiers jours. Harry avait envoyé Hedwige porter ses lettres à ses amis et attendait déjà les réponses avec impatience. Comme à son habitude, Malefoy lisait, allongé sur son lit. Harry le soupçonnait de ne pas réellement lire mais de faire semblant pour paraitre occupé. Il pensait cela parce que, parfois, quand il regardait Drago, il constatait qu’il fixait le mur d’en face, les yeux dans le vague, l’air terrifié. Quand il ressentait suffisamment de compassion pour s’y intéresser, Harry se demandait ce que pensait Malefoy et ce qu’il éprouvait. De quoi avait-il peur ? A quoi pensait-il pendant les longues heures des journées inutiles qu’ils passaient ensemble ? Pourquoi avait-il accepté si facilement de venir se cacher chez les Dursley ? Avait-il peur au point d’accepter n’importe quoi ? Redoutait-il que Voldemort ne lui donne d’autres missions suicidaires et cruelles ? Harry n’avait aucune idée des réponses à ces questions.

Vers midi, Harry sortit son paquet de chips, s’assit en tailleur sur son lit et grignota ce qui restait de la veille. A chaque fois qu’il prenait une poignée de chips, le paquet se froissait bruyamment et les gâteaux apéritifs craquaient sous ses dents quand il les mâchait. Avec une satisfaction qu’il n’osa pas réellement formuler, Harry se dit que cela ne pouvait que gêner Malefoy dans sa lecture. Alors il continua, sans faire le moindre effort pour être plus discret. Drago resta stoïque pendant cinq minutes puis leva la tête de son livre et se tourna vers Harry.

- Es-tu obligé de faire autant de bruit quand tu manges ? C’est répugnant.

- Tu en veux ? demanda Harry en ignorant sa remarque méprisante.

- Non.

- Tu ne tiendras pas un mois comme ça. Je suis certain que tu meurs de faim !

- Non. Et même si j’avais faim, ta simple présence suffirait à me couper l’appétit.

- Vraiment ?

Harry avait posé la question avec tellement de sincérité que Malefoy se raidit. Il s’était attendu à une remarque cinglante sur la réciprocité de cette aversion et non à une question aussi naïve. Voyant que l’autre ne répondait pas, Harry insista.

- C’est vraiment l’effet que je te fais ? Tu me détestes vraiment au point de perdre l’appétit ?

Malefoy hésita quelques secondes. Il sembla sur le point de faire une déclaration méprisante mais se ravisa. Et, étrangement, Harry avait l’air d’attendre une vraie réponse.

- Non, déclara simplement Malefoy. Je ne te déteste pas à ce point-là.

Harry se sentit bizarrement soulagé. Lui aussi détestait Malefoy mais cela ne l’avait jamais empêché de manger, de dormir et de vivre. Il aurait donc été inquiétant que l’autre ressente tout cela. On pouvait se haïr mais il ne fallait tout de même pas exagérer.

Harry en était là dans ses réflexions quand un hibou vint cogner à la fenêtre. C’était celui du Ministère, chargé de lui apporter la Gazette tous les jours et il était un peu en retard. Harry se dépêcha d’aller lui ouvrir, le paya et retourna s’asseoir sur son lit pour le feuilleter. Ensuite, il le passerait à Drago qui le lirait entièrement, toujours légèrement angoissé d’y apprendre une mauvaise nouvelle au sujet de son père.
Harry tressaillit en lisant les titres en une. Un certain Elphias Doge dont il ignorait tout avait visiblement écrit un article sur Dumbledore. Harry s’empressa de tourner les pages, s’arrêta à la page 10 et sursauta en voyant la photo du professeur Dumbledore qui y arborait un sourire bienveillant.

Irrationnellement, Harry ne put s’empêcher de penser que c’était à lui que l’ancien directeur de Poudlard souriait et il en ressentit une douleur si aigüe qu’il eut envie de pleurer. Il dévora l’article, du premier au dernier mot et sentit sa douleur grandir. Elphias Doge racontait son amitié avec Dumbledore, leurs années à Poudlard, et les drames familiaux qu’avait traversés l’ancien directeur dont finalement, Harry ne savait rien.

Il ne connaissait absolument pas Dumbledore, il n’avait aucune idée de qui il était, des relations qu’il entretenait avec sa famille, de son passé, de sa vie en général. Pourquoi ne lui avait-il pas posé davantage de questions ? Pourquoi n’avait-il pas cherché à savoir ? Il fallait admettre que cela aurait semblé déplacé de la part d’un élève. Mais Harry n’était pas un élève comme les autres, n’est-ce pas ? Du moins était-ce ce qu’il avait cru, jusqu’à aujourd’hui.

- Qu’est-ce qui se passe Potter ? demanda brusquement la voix angoissée de Malefoy. Quelqu’un est mort ?

Harry s’aperçut que ses mains faisaient trembler le papier du journal et qu’il avait les larmes aux yeux. Il tourna la tête vers la fenêtre pour que Malefoy ne voie pas à quel point il était bouleversé et essaya de se calmer.

- Potter ! Réponds !

Harry tenta de maitriser la colère qui le submergea instantanément en entendant une nouvelle fois la voix de Drago. Parce qu’après tout, c’était sa faute si Dumbledore était mort.

- Evidemment que quelqu’un est mort, imbécile ! répondit Harry avec mépris.

Il jeta le journal sur le lit de Malefoy qui se pencha et regarda le titre de l’article. Drago pâlit légèrement et releva la tête pour regarder Harry. Ils se fixèrent sans rien dire pendant quelques secondes puis Malefoy eut un rictus haineux.

- Tu l’aimais donc tant que ça ce vieux cinglé ? demanda-t-il.

Harry serra le poing sans même s’en rendre compte.

- Il était important pour moi, répondit-il.

- Important ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

Harry sentit que Malefoy désirait réellement une réponse et se calma un peu.

- Il était gentil avec moi, il m’écoutait !

- Il était gentil avec toi… C’est le moins qu’on puisse dire, ricana Drago. Il te pardonnait tout, tu aurais pu foutre le feu à l’école qu’il t’aurait quand même donné cent points !

- C’est faux, se défendit Harry.

Il ne put empêcher une petite voix intérieure de murmurer que Malefoy n’avait pas tout à fait tort mais ce n’était pas le moment. Il sentit la colère revenir à nouveau tandis que Drago, pour une raison qui échappa à Harry, se mit à trembler de rage.

- Bien sûr que c’est vrai ! Il t’adorait tellement que c’en devenait pathétique. Harry nous a sauvés, Harry a été très courageux, Harry a affronté Vous-Savez-Qui, Harry par-ci, Harry par-là. C’était insupportable !

- N’importe quoi, bafouilla Harry en rougissant.

- Mais tu sais ce qui me fait vraiment plaisir, Potter ?

- Non, répondit froidement Harry.

Il pressentit que Malefoy allait faire une déclaration haineuse et blessante et Harry se prépara à l’encaisser.

- C’est de voir qu’il existe des endroits où tu n’es pas Harry Potter, où tu n’es plus le héros et le protégé de Dumbledore. Des endroits comme ici, chez ton oncle et ta tante, où tu n’es personne.

Malefoy sourit en constatant que sa tirade avait touché Harry. Celui-ci ressentit envers Drago plus de haine qu’il n’en avait jamais ressenti auparavant, parce qu’il venait de toucher au point le plus sensible de sa vie et qu’il ne pouvait le supporter.

- Arrête ça tout de suite Malefoy, menaça Harry.

- J’ai rarement vu quelqu’un se faire traiter aussi mal que ça ! Je crois que mes parents traitaient Dobby avec plus de respect… Est-ce que les Dursley prononcent ton prénom parfois où est-ce qu’ils se contentent de te siffler comme un chien ?

- Ta gueule, arrête !

- C’est vraiment agréable de voir que, pour une fois, ce n’est pas toi le plus fort ou le meilleur. Au Ministère, ils nous ont traités comme de la merde, ma mère et moi quand mon père a été arrêté et tu m’as quasiment assassiné dans les chiottes mais ici, ici tu n’es rien.

Les propos de Malefoy s’embrouillaient et perdaient un peu leur cohérence mais Harry en saisit le sens. « Ici tu n’es rien », disait Drago et il avait raison. Il n’était rien, il n’avait jamais été aimé, n’avait jamais compté, n’avait toujours été qu’un truc gênant et honteux. Et l’entendre de la bouche de Malefoy, c’était intolérable, comme recevoir une gifle ou se faire cracher dessus.

- Pour qui est-ce que tu te prends ? rétorqua Harry avec un ton hargneux qu’il ne reconnut pas. Tu crois être quelqu’un, toi ? Ton père est un criminel qui croupit en prison, ta mère… Il n’y a pas grand-chose à en dire en fait, de ta mère… Et toi… Tu m’insultes mais tu ne vaux pas mieux que moi ! Tu crois que je ne t’ai pas vu trembler de peur en haut de la tour d’astronomie ? Tu crois que je n’ai pas vu que tu allais te pisser dessus quand Bellatrix et Greyback sont arrivés ? Toi et tes parents, allez vous faire foutre !

Harry se sentit un peu mieux après sa tirade, bien que sa haine et sa colère soient encore vives. Malgré cela, il put voir nettement le visage de Drago changer lorsqu’il avait parlé de ses parents. Malefoy le détestait toujours autant mais il y avait aussi de la douleur dans son regard et dans la pâleur de son visage. Harry songea que c’était la souffrance de Drago qui affrontait sa propre souffrance, se dressant l’une contre l’autre pour détruire leur adversaire. Il ne savait pas qui de lui ou de Drago souffrait le plus.

- Je t’interdis de parler de mes parents, Potter ! Regarde donc ta famille !

- Ils ne sont pas vraiment ma famille ! cria Harry.

- Oh si… Est-ce que ta Moldue de mère était comme eux ? Était-elle aussi vulgaire, bête et laide ? Parce que si c’était le cas, tu as finalement de la chance qu’elle soit morte.

Malefoy avait asséné sa dernière phrase avec tellement de cruauté que Harry en eut le souffle coupé. Puis, sortant du brouillard haineux dans lequel il se trouvait, il saisit sa baguette et la braqua vers Malefoy. Ce dernier eut un sourire suffisant.

- Vraiment, Potter ? Tu vas m’agresser alors que je n’ai rien pour me défendre ? Sans parler du fait que tu n’as pas le droit de pratiquer la magie…

Les doigts de Harry tremblèrent de rage sur sa baguette. Malefoy avait raison mais Harry ressentait trop de haine. Il en avait assez que l’autre se moque de lui, le blesse en insultant ses parents, le rabaisse en lui rappelant à quel point sa vie était misérable et insignifiante. C’était trop, Harry ne pouvait plus le supporter.

- Alors Potter, tu vas faire quoi ?

- Tu as raison, je ne peux pas pratiquer la magie, murmura Harry.

D’un geste brusque, il posa sa baguette sur son bureau et marcha vers le lit de Malefoy.

- Mais je n’en ai pas besoin.

Malefoy se raidit légèrement mais ne fut pas assez rapide pour éviter le coup de poing de Harry. Il poussa un gémissement de douleur et porta sa main à son nez. Il saignait.

- Potter ! hurla-t-il. Espèce de…

Harry se jeta sur lui. C’était très satisfaisant de frapper Drago Malefoy et de lui faire mal. Il l’avait déjà expérimenté un an plus tôt et en avait retiré le même plaisir. Allongé entre ses jambes, Drago se protégeait comme il le pouvait de ses coups et lui criait d’arrêter mais Harry n’en avait rien à faire. Il avait promis au professeur McGonagall de ne rien faire de stupide. Est-ce que tabasser Malefoy comptait ?

- Défends-toi ! hurla Harry. Mais défends-toi donc !

D’un geste de rage, Malefoy attrapa le bras de Harry et se redressa violemment. Ils tombèrent sur le sol et cette fois-ci, ce fut Drago qui se mit à donner des coups. Il n’avait jamais frappé quelqu’un de ses propres mains et, d’une certaine manière, il trouvait parfait que la première personne à subir sa rage soit Harry Potter.

Malheureusement pour lui, Harry était bien plus habitué aux combats moldus. Bien plus habitué aussi à subir les coups de Dudley, à les parer et à les rendre. Il repoussa Drago contre l’armoire et continua à le frapper jusqu’à ce que la porte s’ouvre violemment pour laisser entrer les trois Dursley, atterrés.

- C’est quoi tout ce boucan ? cria l’oncle Vernon.

Il observa le combat avec dégoût et agacement puis saisit brutalement le bras de Harry pour le tirer en arrière.

- Arrête mon garçon, ça suffit !

L’ordre de Vernon calma Harry. De toute façon, il était épuisé par sa colère, par leur dispute et par cet affrontement qui lui avait fait du bien. Malefoy resta allongé sur le sol, tremblant de douleur et de rage. Le silence se fit pesant puis la tante Pétunia se tourna vers Harry.

- C’est une honte ! Je ne veux pas de ça chez moi ! Tu n’as vraiment aucune tenue !

- Cela ne te gênait pas quand c’était Dudley qui me frappait ! répondit hargneusement Harry.

- Ne parle pas à ta tante sur ce ton, répliqua Vernon.

- Si jamais tu recommences, déclara Pétunia, je vous sépare ! Tu iras dormir ailleurs !

- Et où ? demanda Harry d’un ton moqueur. Avec Dudley ?

Les lèvres de la tante Pétunia se pincèrent et elle regarda Harry comme s’il était une vilaine tâche coriace qui ne voulait pas partir au nettoyage.

- Tu as toujours ta place dans le placard, dit-elle froidement.

Harry accusa le coup et ne répondit rien. L’oncle Vernon soutint sa femme puis ordonna à Harry de se calmer et de ne plus recommencer. Satisfaits du silence de leur neveux, qu’ils prirent pour un acquiescement, ils sortirent de la chambre et laissèrent les deux garçons seuls.

Malefoy se redressa et se mit debout. Il saignait beaucoup, son arcade sourcilière et sa lèvre inférieure étaient ouvertes et son nez n’avait plus l’air très droit. Il n’avait jamais eu l’air aussi pitoyable et Harry s’en voulut pendant une petite seconde. Il baissa la tête sur ses mains qui saignaient elles aussi d’avoir trop frappé l’autre et se demanda comment il avait pu faire une chose pareille.

Malefoy s’allongea sur son lit en poussant un gémissement de douleur que Harry essaya d’ignorer. De longues minutes s’écoulèrent sans que personne ne parle et Harry se sentit envahi par une tristesse qu’il peina à maitriser. Il était triste que Malefoy lui ait rappelé qu’il n’avait personne et que personne ne l’aimait, il était triste que Malefoy ait parlé de sa mère de cette façon, il était triste d’avoir tabassé Malefoy et il était triste que sa tante l’ait menacé de le renvoyer dans le placard sous l’escalier. Il avait envie de pleurer.

- C’est quoi cette histoire de placard ? souffla soudain Malefoy. Qu’est-ce que ta tante voulait dire par là ?

Harry fixa les cheveux blonds de Drago qui étaient tâchés de sang puis, sans rien répondre, il sortit de la chambre en claquant la porte.

Harry parcourut les rues de Little Whinging pendant des heures, ressassant ce qu’il venait de faire, de dire et d’entendre. Parfois, sa colère se calmait puis revenait brusquement, comme une marée sournoise. Il avait eu tort de croire que sa cohabitation avec Malefoy pourrait se passer sans heurt et sans douleur, c’était une folie. Ils se détestaient trop. Comment le professeur McGonagall avait-elle pu lui imposer cela ? D’abord Dumbledore lui imposait les Dursley pendant seize ans et puis maintenant, ça. C’était trop, c’était injuste, Harry n’en pouvait plus. La haine et la jalousie de Drago lui pesaient, il aurait aimé que tout cela s’arrête.

Harry était tellement bouleversé et en colère qu’il en oublia de manger. De toute façon, il n’avait pas faim et il en avait déjà assez des salades insipides de la tante Pétunia. Il lui restait encore trois semaines et quatre jours à vivre aux côtés des Dursley et de Malefoy et cela paraissait être une éternité. Découragé, Harry finit par se laisser tomber dans l’herbe d’un terrain vague abandonné et ferma les yeux. Epuisé par les derniers événements de la matinée, il s’endormit. Il rêva de Drago, couvert de sang dans les toilettes de Mimi Geignarde, tendant une main vers lui et le suppliant de ne pas le tuer. « Je t’en supplie », disait-il, « arrête Potter… » Et il pleurait. Harry se réveilla en sursaut, mal à l’aise, passablement dégoûté et avec un fort sentiment de culpabilité. Il s’était rarement senti aussi mal et le plus dur était l’absence pesante de ses amis qui ne pouvaient lui remonter le moral.

Harry se releva lentement et reprit le chemin du retour. La faim commençait à se faire sentir et il avait mal au dos à cause de sa sieste inconfortable dans l’herbe. A en juger par la luminosité, par les gens qu’il croisa et par le long moment qui s’était écoulé depuis qu’il était parti, il devait être près de quatre heures de l’après-midi. Harry songea que c’était très bien. Le dîner viendrait bientôt puis il se mettrait au lit et oublierait cette déplaisante journée.

Harry ouvrit la porte d’entrée le plus silencieusement possible et monta dans sa chambre sans faire de bruit. Il n’avait aucune envie de croiser l’oncle Vernon qui lui reprocherait d’avoir manqué le déjeuner sans prévenir et de n’avoir aucune reconnaissance envers eux. Il n’était pas d’humeur pour de tels sermons.

Quand il pénétra dans sa chambre, il le fit à contre-cœur, exaspéré par l’idée que Malefoy serait là. Il était là, en effet, allongé sur son lit, les yeux fermés. Il se redressa en sursautant quand Harry referma la porte. Il lui jeta un regard indéfinissable que Harry ne parvint pas à analyser. Ce n’était pas de la haine, pas de la crainte, pas de la rancune, ce n’était rien. Le regard de Drago paraissait vide. Harry nota tout de même qu’il avait dû aller se nettoyer dans la salle de bain car il n’avait plus de sang partout, seulement des coupures aux lèvres et des marques sur le visage. Il aurait certainement de beaux hématomes autour des yeux et de la bouche…

Pendant que Harry marchait à travers la chambre, enlevait ses chaussures, s’emparait d’un paquet de gâteaux apéritifs et s’asseyait sur son lit, Malefoy le suivit des yeux en silence. Harry trouvait cette observation déplaisante mais il ne dit rien. Il s’adossa à son oreiller et grignota tout le paquet sans même s’en rendre compte. Ce n’est que lorsqu’il se leva pour le jeter à la poubelle que Malefoy se mit à parler.

- J’ai trouvé le placard, dit-il simplement. Je voulais savoir de quoi parlait ta tante alors j’ai cherché et je l’ai trouvé. C’est le placard sous l’escalier, n’est-ce pas ? Tu dormais vraiment là-dedans ?

En deux enjambées rageuses, Harry rejoignit Drago et agrippa violemment le col de sa chemise. Il le tira vers lui et le regarda dans les yeux. Ils n’avaient jamais été aussi proches l’un de l’autre et Harry ne l’avait jamais autant détesté.

- Si tu fais la moindre remarque sur ce placard, souffla Harry, je te jure, Malefoy, je te jure que je te tue. Et cette fois-ci, ni Rogue ni McGonagall ni mon oncle ne pourront m’arrêter.

Drago cligna des yeux mais continua de le fixer et ne répondit rien. Ils s’affrontèrent du regard encore quelques secondes puis Drago posa sa main sur celle de Harry et la serra légèrement.

- Lâche-moi Potter, ordonna-t-il. Je n’ai aucune remarque à faire.

Harry le lâcha et se détourna de lui. Il avait eu peur que Malefoy ne se moque quand même de lui, malgré ses menaces mais finalement, rien n’arriva. Au dîner, personne ne parla et les Dursley firent semblant d’ignorer l’existence des deux sorciers ; Drago resta plus longtemps que d’habitude sous la douche et revint en marchant lentement, comme si certains mouvements étaient douloureux ; ils lurent dans leur lit sans se regarder et sans échanger le moindre mot ; enfin, ils se couchèrent, tournant le dos à l’autre, chacun perdu dans des pensées qui n’appartenaient qu’à eux.



Le lendemain, ils continuèrent à s’éviter soigneusement. Malgré ses efforts, Harry pouvait difficilement ignorer le visage de Malefoy qui portait la trace évidente de ses coups. Même Dudley et l’oncle Vernon avaient jeté des coups d’œil curieux à leur invité durant le petit-déjeuner. Harry aurait aimé ne rien ressentir mais il ne le pouvait pas ; une partie de lui était particulièrement satisfaite que le visage couvert de bleus soit celui de Malefoy et non le sien. Il prouvait ainsi à son oncle et à son cousin qu’il était capable de se défendre, quand il le fallait.

Peu avant le déjeuner, il reçut une lettre de Ron et une lettre de Hermione. Il alla s’enfermer dans les toilettes pour les lire, désireux d’être seul et les apprécier pleinement. Malheureusement, ces lettres ne lui apportèrent pas la joie qu’il attendait. Ses deux amis se disaient contents d’apprendre que Malefoy et lui étaient capables de s’entendre et qu’ils espéraient que les choses continueraient ainsi. C’était loupé… Harry décida immédiatement de ne pas raconter à Hermione qu’il s’était battu avec Drago parce qu’il imaginait sans peine la tête qu’elle ferait et il en avait honte. En revanche, il estima qu’il pouvait le dire à Ron qui, lui, le soutiendrait certainement.

Harry sortit des toilettes et retourna dans sa chambre pour répondre à ses amis. Il s’assit à son bureau, tourna le dos à Malefoy qui lisait sur son lit – ou faisait semblant – et commença à rédiger ses lettres. Comment allait Bill ? Fleur et madame Weasley s’entendaient-elles mieux ? Et Fred et George, venaient-ils leur rendre visite de temps en temps ? Comment allait leur boutique ? Est-ce qu’ils jouaient un peu au Quidditch ? Harry aurait aimé être avec eux, mais ils se verraient dans trois semaines, tout irait bien. Avec Malefoy, les choses avaient un peu dégénéré, finalement. Et tiens, au fait, comment allait Ginny ?

- Alors ? demanda soudain la voix trainante de Malefoy. Comment vont Granger et Weasley ?

La plume de Harry s’arrêta immédiatement et il essaya de repérer l’ironie et la moquerie qui devaient forcément se trouver dans la question de Malefoy. Pour une fois, cependant, il n’en trouva pas.

- Qu’est-ce que ça peut te faire ? répondit Harry sans le regarder.

- Absolument rien mais on manque de distraction ici…

Là, il y avait un peu d’ironie mais elle était davantage dirigée vers l’ennui mortel de leur vie que vers les amis de Harry. Il hésita un instant à répondre, réfléchit à ce qu’il pourrait dire de moins compromettant et se lança, parlant avec lenteur et méfiance.

- Hermione est au bord de la mer avec ses parents donc elle s’amuse bien. Ron est chez lui et s’occupe avec ses frères et sœur. Ils vont bien.

- Je vois… Qui aurait cru que j’envierais leur vie un jour?

Malefoy éclata d’un rire amer et se pencha à nouveau vers son livre. Harry se retourna, heureux que cette discussion se soit terminée sans dispute et continua la rédaction de ses lettres. L’attitude de Malefoy le déstabilisait un peu mais il n’avait pas envie de le lui montrer. Avait-il perdu la raison pour se montrer aimable envers Ron et Hermione ?

- Et comment va Ginny ? souffla-t-il brusquement.

Là aussi, il y avait de l’ironie dans sa voix et Harry se crispa. Il s’ordonna mentalement de rester calme et se tourna à nouveau vers Drago.

- Je n’en sais rien, nous ne sommes plus ensemble, répondit Harry d’une voix la plus neutre possible.

- J’avais compris mais d’après ce que j’ai vu, tu as l’air de l’aimer encore…

- Je n’ai… je n’ai aucune envie de parler de ça avec toi, Malefoy.

- Sans blague…

Et il baissa la tête vers son livre. Harry posa sa plume sur son bureau et regarda Malefoy. Que voulait-il ? Voulait-il une nouvelle dispute ? Ou simplement une discussion courtoise pour passer le temps et faire la paix ? Harry n’en avait aucune idée et c’était frustrant. Peut-être que Malefoy cherchait à se faire pardonner pour ses insultes, peut-être qu’il essayait d’amadouer Harry pour éviter de se faire tabasser à nouveau. Cette hypothèse mettait Harry très mal à l’aise.

- Drago ? appela-t-il doucement.

Ce dernier leva immédiatement la tête pour le regarder. C’était rare, peut-être même était-ce la première fois, que Harry l’appelait par son prénom.

- Quoi ?

- Est-ce que… est-ce que ça va ? Je veux dire, euh, ton visage ?

Malefoy le fixa un instant sans réagir puis passa lentement sa langue sur la coupure de sa lèvre inférieure. Il ne répondit pas tout de suite et Harry attendit, un peu crispé.

- J’ai une question, Potter. J’aimerais que tu y répondes sincèrement.

Cela ne présageait rien de bon mais Harry avait envie de savoir ce que son camarade voulait lui demander. Il promit de dire la vérité et attendit la question. C’était la première fois qu’il avait une véritable conversation avec Drago Malefoy.

- Quand on s’est battu dans les toilettes, est-ce que tu savais ce que ton sortilège allait me faire ?

La première réaction de Harry fut de lui répondre froidement qu’il avait déjà dit qu’il ne le savait pas et qu’il ne voulait pas reparler de tout ça. Heureusement, ces mots ne franchirent pas ses lèvres. Drago le regardait droit dans les yeux et attendait sa réponse. Harry comprit que ce n’était pas exactement cela que Malefoy voulait savoir. Il ne voulait pas savoir si Harry connaissait les effets du sortilège de Rogue, il voulait savoir si, ce jour-là, Harry avait essayé de le tuer ou non.

- Je ne savais pas ce que le sortilège allait te faire. Je le jure.

Malefoy plissa les yeux, évaluant la réponse de Harry, cherchant à savoir s’il disait la vérité ou pas. Il sembla satisfait de ce qu’il vit.

- D’accord. Je pensais bien que ce n’était pas vraiment ton style d’assassiner les gens de cette manière.

- En effet.

- Est-ce que tu te sentirais mieux si je mourrais, Potter ?

- Quoi ? Non, bien sûr, je…

Harry se tut brusquement. Non ? Vraiment ? Bien sûr ? Mais était-ce si évident que cela ? Il avait failli tuer Malefoy dans les toilettes quelques mois plus tôt et la veille, il l’avait frappé de toutes ses forces et menacé de le tuer s’il parlait du placard. Peut-être n’était-ce finalement pas si évident que cela.

Harry se leva de sa chaise et marcha vers le lit de Malefoy. Il s’y assit prudemment, en tailleur, pour faire face à son ennemi. Pour les ennemis : Sectum Sempra. Harry essaya de chasser ce souvenir de son esprit. Malefoy le regarda faire avec suspicion et curiosité. Quand Harry s’assit sur son lit, il recula un peu.

- Drago, répéta Harry pour la deuxième fois, on ne peut pas continuer comme ça.

- Comme quoi ?

- On ne peut pas s’insulter pendant un mois, se frapper, se faire du mal de cette manière. Ça risquerait de vraiment mal finir.

Un peu malgré lui, Harry regarda la langue de Drago lécher à nouveau sa coupure à la lèvre. Malefoy ne répondit rien mais sembla mal à l’aise et Harry était certain qu’il était d’accord avec lui. Cette situation ne convenait à personne.

- Je ne veux pas que tu meures, continua Harry, encouragé par le silence de l’autre. Je ne veux pas non plus te faire mal, je veux juste…

Harry rougit et se sentit honteux de ce qu’il allait dire.

- Tu veux quoi Potter ?

- Je veux que tu arrêtes de me dire toutes ces choses sur mes parents, sur ma famille, sur mes amis… Arrête de te moquer de moi, arrête, s’il te plait.

Malefoy fixa le matelas avec intensité et évita le regard de Harry. Pendant plusieurs secondes, personne ne parla. A l’évidence, Malefoy ne maitrisait pas vraiment les méchancetés qui sortaient de sa bouche et sa haine envers Harry semblait parfois lui échapper sans qu’il ne puisse rien y faire. D’un autre côté, il n’avait pas envie de se faire tabasser tous les jours.

- Il nous reste un peu plus de trois semaines à passer ensemble, dit Harry. Ne pourrait-on pas essayer de bien s’entendre au moins jusqu’à la fin du mois de juillet ? On peut quand même faire semblant de ne pas trop se détester, non ?

- D’accord.

- Tu le jures ? Tu ne me diras plus rien de désagréable ?

- Tu veux qu’on fasse un serment inviolable peut-être ? demanda Drago avec un sourire moqueur.

- Non, ce serait trop risqué… On pourrait bien en mourir tous les deux…

Malefoy ébaucha un sourire, sincère cette fois-ci et hocha la tête.

- Je veux bien faire des efforts, promit-il. Mais tu dois en faire aussi !

Harry se retint de dire que, depuis le début, c’était Malefoy qui n’avait fait que l’insulter tandis que lui avait essayé de faire des efforts. Malgré ce léger détail, Harry se sentit particulièrement soulagé de cette discussion. Il avait l’espoir que Malefoy tiendrait parole et ne le décevrait pas. Après tout, ils n’avaient rien à gagner à se disputer…

Harry se releva et s’éloigna du lit de son camarade. Il sortit un paquet de chips de sa cachette et l’ouvrit avec plaisir. Il en grignota quelques-unes puis tendit le paquet à Malefoy.

- Tu en veux une ? demanda-t-il en souriant.

Drago regarda le paquet un instant puis se détourna et reprit sa lecture.

- Non, répondit-il.
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