Garrick se recoiffa pour la cinquième fois consécutive depuis deux minutes et serra contre lui son attaché-case avec nervosité.
Le miroire de dix mètres situé devant lui le rendait encore plus inquiet. Surtout lorsqu’il voyait son reflet blême.
Cela faisait trente minutes qu’il attendait dans l’immense salle d’attente de Gringotts et il se sentait de moins en moins confiant en voyant plusieurs hommes sortire les uns après les autres du service d’emprunt avec une mine déconfite. Ils avaient pourtant l’air confiants en entrant.
Garrick soupira et tenta encore une fois de coiffer ses cheveux bouclés, sans succès.
Il ne serait pas venu affronter ces satanés Gobelins si il n’en avait pas eu désespérément besoin.
Depuis que son père était mort, deux mois auparavant, il avait décidé de continuer l’affaire familiale, et fastidieuse, de fabriquant de baguettes. Mais il avait décidé d’aller plus loin que ça, et de les vendre lui-même. Non pas par l’intermédiaire de vendeurs sans scrupules, qui les revendaient trois fois le prix auxquels ils les avaient achetés, mais par ses propres moyens.
Malheureusement, pour cela, il lui fallait une boutique sur le Chemin de Traverse et, encore malheureusement, pour cela, il lui fallait de l’argent. Et comme on dit jamais deux sans trois, pour toutes ces choses, il devait passer par les rapiats de Gringotts, pour son plus grand malheur.
C’était la deuxième fois qu’il venait dans cette partie de Gringotts. La première avait été pour présenter son projet de boutique, et il avait beaucoup bafouillé devant les trois Gobelins qui l’écoutaient d’un air horriblement sérieux. Trop sérieux pour être bon signe, s’était-il dit.
Aujourd’hui, il allait enfin connaître la réponse. Pourrait-il enfin créer sa propre boutique ?
Un bruit de chaussures le fit se retourner en direction d’un nouveau venu.
Un Gobelin, sacrément bien habillé, s’arrêta devant lui et le regarda d’un air sérieux.
-Mr Ollivander ?
Le jeune homme hocha nerveusement la tête.
Le Gobelin lui fit signe de le suivre et s’en alla sans un regard en arrière.
Garrick se leva en essuyant de son front les gouttes de sueure qui coulaient depuis son cuir chevelu.
Ils traversèrent la porte par laquelle le brun avait vu tant d’hommes d’affaires sortir d’un air déconfit, et arrivèrent dans un petit bureau richement décoré.
Le Gobelin s’assit derrière une table en bois d’acacia et le regarda en croisant les mains.
Le jeune homme s’assit en face de lui.
-Bien, commença le petit être. Nous avons lu votre dossier avec une grande attention.
Garrick s’essuya le front à nouveau.
-Nous sommes heureux de vous annoncer que votre emprunt vous sera accordé, lâcha finalement le Gobelin. Votre projet est ambitieux mais non impossible. Aussi, pour assurer votre réussite, ainsi qu’un remboursement rapide, Gringotts met à votre disposition trente gallions supplémentaires pour que vous vous achetiez des emplacements publicitaires afin de promouvoir votre commerce.
Garrick resta bouche-bée devant le Gobelin.
-Ce sera tout, ajouta ce dernier en lui désignant la porte.
Le jeune homme se leva sans un mot, encore trop choqué pour parler, et sortit du bureau.
Ce fut à l'extérieur de Gringotts que le déclic se déclencha enfin dans son esprit.
Il avait réussi ! Il ouvrirait sa boutique sur le Chemin de Traverse ! Il serait un grand fabriquant de baguettes ! Il allait enfin pouvoir exercer sa passion pleinement !
Il prit le chemin du Chaudron Baveur avec un grand sourire. Une victoire comme ça, ça se fêtait !