Un grand jardin… Des fleurs qui sentaient bon le printemps et une silhouette au loin… Celle d’un jeune homme aux cheveux noirs mi-longs et au sourire éclatant… Elle essaya de discerner les traits de son visage mais la luminosité du soleil l’en empêcha. Elle cligna des yeux…
- Hermione ! cria une voix aigue.
Hermione leva brusquement la tête et se souvint qu’elle se trouvait dans la Salle Commune, parmi des Gryffondor bruyants. A sa gauche, deux premières années jouaient à une partie d’échec sorcier, à sa droite, trois garçons échangeaient des cartes chocogrenouille. Et devant elle : une belle rousse la regardait les yeux grands ouverts. Elle se força à lui sourire, cachant sa surprise.
- Oui, Ginny ?
- Qu’est-ce qui t’arrives ? Tu rêves ?
- Non, pas du tout ! répondit Hermione d’un ton évasif. Elle mit la tête dans son parchemin de potions.
Ginny fronça les sourcils, prenant un air soupçonneux, puis, lui fit un sourire plein de malice.
- Tu penses encore à Ron, n’est-ce pas ?
- Mais non ! Qu’est-ce qui te fait dire ça ? s’indigna la jeune fille aux yeux noisettes et aux cheveux bouffants. Quoiqu’elle fasse, ses cheveux restaient inexorablement épais et incoiffables. Elle avait bien tenté de se lancer un sort mais pour le moment, ses essais n’avaient pas été concluants.
- J’ai entendu dire que vous vous étiez disputés… tenta Ginny doucement, pour ne pas braquer Hermione. Elle savait très bien que Ron faisait partie des sujets houleux en ce moment.
- Ah ! Et qui est ton informateur ? Je suppose que c’est Harry !
- Désolée ! Je ne voulais pas t’énerver… répondit rapidement son amie sans la regarder dans les yeux.
Hermione vit Ginny se pencher sur son parchemin. Elle soupira longuement, tentant de se calmer. Elle n’avait pas le droit de lui faire subir ses colères.
- Non, c’est à moi de m’excuser, Ginny, se radoucit-elle. C’est juste que je suis un peu sur les nerfs en ce moment… Je me suis bien disputée avec ton frère… Parfois, je le trouve tellement…
- Immature ? continua la jeune Weasley.
- Oui… Ça ne marchera jamais entre nous…
Hermione soupira une seconde fois et s’effondra sur sa table en enfouissant la tête dans ses bras. Après quelques secondes, elle releva la tête, encore plus ébouriffée qu’elle ne l’était auparavant.
- Je ne sais pas pourquoi mais j’ai comme un pressentiment… reprit-elle lentement.
- Pourtant, il a fait des efforts ces derniers temps, notamment dans sa tenue vestimentaire !
- Oui je sais bien ! Et il fait tous ces efforts pour moi mais… Je ne sais pas… Il y a quelque chose qui me gêne… Tu ne peux pas savoir la chance que tu as, Ginny ! Tu es avec Harry et c’est le garçon idéal : il est attentionné, gentil, intelligent ! Ron est totalement différent ! J’ai l’impression qu’il n’est pas le garçon de mes rêves !
- Ça y est ! Tu recommences ! s’écria Ginny en levant les yeux au ciel. Tu sais, Hermione ! Il faut que tu arrêtes de penser au prince charmant ! Il n’existe pas ! Et si tu continues, tu gacheras le moindre espoir que tu as avec mon frère ! Il t’aime !
- Oui, je sais… souffla Hermione.
Elle était désemparée. Cela faisait maintenant deux mois qu’elle sortait avec Ron Weasley : son ami d’enfance, celui qu’elle aimait, ou semblait aimer. Après plus de six ans, ils avaient finalement franchi le pas. Elle avait pensé que sa dernière année à Poudlard aurait modifié le comportement de son ami mais elle avait eu tort.
Ron avec ses blagues…
Ron avec ses difficultés en cours…
Ron avec ses histoires de Quidditch…
Ron avec son irresponsabilité…
Ron avec ses sautes d’humeur !
Aujourd’hui, Hermione se sentait emprisonnée dans cette relation. Il n’arrivait pas un seul jour où ils se chamaillaient pour un oui ou pour un non. Et cela commençait à la fatiguer sérieusement. Elle avait l’impression que sa relation n’évoluait pas. Et puis… Elle avait un pressentiment… comme si une personne l’attendait, autre part.
Depuis le moment où elle avait accepté de sortir avec Ron, elle avait fait le même rêve : celui d’un jeune homme aux cheveux bruns mi-longs, au sourire éclatant, comme si ce sourire effaçait toute la tristesse de son cœur.
Elle n’en avait parlé à personne, même pas à Ginny. Et maintenant, elle commençait à regretter sa relation avec son meilleur ami.
Et si quelqu’un d’autre l’attendait ?
Et si elle faisait une erreur ?
Et si, et si, et si…
Toujours les mêmes questions, mais jamais de réponse valable. Alors, pour le moment, elle s’engluait dans cette relation, sans aller très loin, de peur de regretter…
Hermione inspira longuement, sentant la panique monter en elle. Elle reprit petit à petit le contrôle d’elle-même.
- Laisse-moi un peu de temps ! dit-elle.
- Ok, j’arrête ! Sinon, tu vas encore te poser des questions pendant des heures ! Allez ! On a nos devoirs à terminer ! se réjouit Ginny pour la réconforter.
Les deux jeunes filles échangèrent un sourire complice et se remirent à travailler. Au bout de dix minutes, cependant, Hermione leva la tête, percevant le regard insistant de sa meilleure amie.
- Pourquoi tu me regardes comme ça ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
- Non, je me posais juste une question… Tu portes toujours cette chaîne autour de ton cou, mais ça représente quoi au juste ?
Hermione baissa les yeux vers son étrange pendentif : un sablier miniature, entouré d’un cercle épais en or massif. Le sablier s’était comme arrêté dans le temps et ne faisait plus couler son sable depuis longtemps.
- Oh, c’est mon sablier ! s’écria Hermione. Tu sais bien qu’en 3ème année, j’utilisais un Retourneur de Temps pour pouvoir suivre tous mes cours.
- Alors, c’est ça ! Mais je croyais que tu l’avais rendu au Ministère.
- Non, en fait, quand j’y suis allée pour l’arrêter, j’ai demandé de le garder. Mais il n’a plus aucun pouvoir !
- Et tu le portes encore autour de ton cou ?
Hermione prit le sablier entre ses doigts et réfléchit avant de répondre. La réponse à cette question était encore un grand mystère pour elle. Ce matin, elle avait eu la soudaine envie de le mettre autour de son cou, comme si une force l’avait poussée à le faire. Ne croyant pas à ce genre de superstition, elle avait voulu ne pas entendre cette voix intérieure… Mais plus elle s’obstinait à ne pas écouter sa conscience, plus elle y pensait. A bout, elle l’avait finalement mis.
- Hum… J’avais envie de le porter, c’est tout ! s’écria-t-elle en souriant.
- Mais enfin, c’est si…
Mais Ginny ne put terminer sa phrase car Neville Londubat, totalement essoufflé, était arrivé en trombe dans la Salle Commune.
- Vite ! cria-t-il. Vite !
Hermione se leva subitement et se dirigea vers son camarade.
- Qu’est-ce qui se passe Neville ? demanda-t-elle, d'un ton autoritaire, qui lui donnait un air à la McGonagall.
- C’est… C’est… souffla le Gryffondor en se tenant les côtes. C’est Harry et Ron…
- Que leur ait-il arrivé ? s’alarma la préfète.
- Ils sont… aux cachots ! Venez… vite !
Hermione ne se le fit pas répéter deux fois. Elle sortit immédiatement de la Salle Commune et se dirigea illico vers les cachots, Ginny et d’autres Gryffondors sur ses talons.
Dans le Grand Hall, elle trouva un groupe rassemblé devant l’entrée des cachots. Elle essaya de se frayer un chemin mais les élèves la poussaient dans tous les sens. Enervée, elle recula et cria d’une voix forte :
- Poussez-vous ! Je suis préfète en chef ! Si vous ne reculez pas, je vous enlève des points ! Allez ! Dépêchez-vous !
Cette fois-ci, des élèves se retournèrent pour lui faire place. Hermione arriva devant l’entrée et accéda à l’escalier qui menait aux cachots. Des bruits sourds se faisaient entendre et répercutait sur la porte fermée. Elle prit son courage à deux mains et ouvrit brusquement la lourde porte menant aux cachots. Elle se trouva dans un couloir en rond et ne pouvait voir la scène de la bataille.
- Protego ! cria-t-elle soudain en voyant un sort fusé sur elle.
Le sortilège, un Stupefix vraisemblablement, se répercuta contre son bouclier et s’annula. Hermione s’avança lentement dans le couloir étroit. Les bruits de voix s’accentuaient, les sorts cognaient les murs. Le ventre serré, la Gryffondor continua à avancer, avec derrière elle, quelques courageux camarades, tels que Ginny et Neville. Enfin, elle arriva à l’entrée du couloir des cachots et là, un véritable spectacle de couleurs s’offrit à elle : des sorts blancs, rouges, bleus et verts fusaient dans tous les sens. Les Gryffondor semblaient se battre contre les Serpentard.
Hermione repéra vite Ron, qui boitait, ainsi que Harry dont la cape était à moitié déchirée. Elle courut vers eux en évitant de prendre des sorts.
- Harry ! Ron ! cria-t-elle. Les deux garçons se retournèrent à son appel. Qu’est-ce qui se passe ?
- Hermione ! Te voilà ! s’écria Ron.
- Mais qu’est-ce qui se passe bon sang ?
- On était dans les coul… commença Harry mais il fut stoppé net. Attention, Hermione, derrière toi !
Hermione eut à peine le temps de se retourner. Un éclair blanc vint la percuter en pleine poitrine. Le sortilège était tellement puissant qu’elle fut projetée en arrière. Elle vit son sablier, toujours à son cou, voler en faisant plusieurs tours sur lui-même.
Puis, vint le noir…