POV Robin
Anno domini 1009, 18 août, Poudlard, Ecosse
Assis en hauteur sur un galet, face au grand lac qui jouxtait Poudlard, Robin conversait avec Helena. Il aimait se confier à la jeune Serdaigle, car malgré le fait qu'il soit bien plus petit que l'adolescente, elle écoutait toujours d'une oreille attentive. Les deux enfants se comprenaient du fait qu'aucun d'eux n'ait jamais connu leur père. Le petit garçon avait beaucoup médité depuis que sa mère était partie quelques jours sur Garioch. Le soir même de son départ, sa génitrice avait envoyé l'un des pigeons voyageurs que Rowena et elle-même avaient vendus à des commerçants quelques années auparavant. Il était possible de les louer auprès d'un établi du village si l'on avait besoin de contacter une quelconque personne.
Cette dernière lui avait alors spécifié que la coupe marchait, mais qu'elle avait besoin de reprendre des forces afin de pouvoir voyager de nouveau. D'autant plus que des villageois qui la connaissaient depuis l'enfance avaient demandé son aide. Cela prendrait plus de temps que prévu avant son retour, lui avait-elle écrit, mais elle comptait sur lui pour être sage et obéissant. Robin ne comprenait pas bien pourquoi elle devait se reposer mais il faisait confiance à sa mère pour tout lui expliquer quand elle reviendrait au château. Le petit garçon était heureux que son grand-père puisse bénéficier de cette Magie et cela le soulageait d'apprendre que sa famille maternelle était sous les bons soins de sa Maman.
- Je veux demander à tante Selwina ce que mon père a fait à Maman. Elle a l'air toujours contente mais je sais qu'elle est très triste. Je le sens, et je le vois, lâcha le petit garçon. Et puis, j'ai... écouté certaines de ses pensées... Je ne l'ai pas fait exprès, mais je n'arrive pas à bouchonner tout le temps les pensées qui m'arrivent, c'est dur ! Ne le dis pas à notre tante, elle va encore dire que je ne fais pas assez d'efforts.
- Tu es certain de vouloir savoir à ton âge, Rob ? demanda Helena qui avait posé une main sur son genou. Oh, ne t'en fais pas, ils m'énervent tous autant qu'ils sont pour le moment. Ce n'est pas avec moi que tu vas avoir des ennuis. Et puis, tante Selwina sait très bien que tu es encore bien petit pour réussir de tels exploits. Elle dit surtout cela pour t'encourager.
- Oui, je le veux... Je veux savoir s'il a fait du mal à Maman !
Il la regarda, l'air incertain.
- Est-ce... Est-ce que tu veux t'enfuir avec Regina ? Tu vas me laisser tout seul ?
Il regarda craintivement la jeune femme, droit dans ses pupilles noires. Robin connaissait le plus lourd secret de l'adolescente. Il y avait quelques mois de cela, alors qu'il sortait d'un cours d'anglais avec son maître de classe, et donc en pleine année scolaire à Poudlard, il avait croisé la jeune femme en pleurs, dans les bras d'une autre fille auprès des cuisines. Ne contrôlant pas du tout son don de legilimancie, le jeune garçon avait compris qu'elle était amoureuse. Paniquée face à sa mine béate, Helena avait saisi qu'il avait perçu ses songes. Apparemment, il en avait été si surpris que Robin était momentanément resté figé sous la surprise. Mais l'enfant était loyal, comme sa Maman, et il ne dirait rien à ses tantes et à son oncle.
Parce qu'il savait garder les secrets et parce qu'Helena, c'était la grande sœur qu'il n'avait pas. Et puis, à sa façon, il comprenait que sa tante Rowena, qui désespérait de ne pas la voir se faire courtiser, lui avait arrangé un mariage avec un fils de baron si imbu de lui-même, que lors des visites au château, ils ne se gênaient pas pour lui faire des farces. Et Helena s'arrangeait toujours pour qu'ils puissent y arriver avec succès. Leurs actes à son encontre étaient toujours prémédités à deux.
- Si mère ne change pas d'avis... oui, je le ferai Rob. De toute manière, tu sais, elle n'acceptera jamais que je sois amoureuse d'une fille. Ce serait la honte suprême pour la grande Rowena Serdaigle, lâcha-t-elle avec amertume. Je pense qu'il n'y a pas d'issue possible pour moi mais on se reverra. Je te le promets.
- Oui, mais tu ne seras adulte qu'à seize ans[1]. Tu ne vas pas partir comme ça ? Et tu penses à oncle Godric, tante Selwina et même à ma Maman ? Tu as l'air vraiment fâchée contre tante Rowena...
- Exactement. J'ai encore quelques mois avant d'avoir seize ans. C'est suffisant afin de réfléchir à un moyen qui ne permettrait qu'aucun de ces « grands Fondateurs » ne me retrouvent. Et j'ai ma petite idée pour ça... Fâchée, Robin ? Le mot est faible ! Je ne la supporte plus. Mère ne pense qu'à elle. À sa notoriété. À sa fichue école. Et sa glorieuse invention qui attise son intelligence... À ses yeux, je ne suis qu'une erreur dans son parcours...
Robin regarda Helena jeter quelques cailloux loin dans l'eau du lac avec amertume. Il n'était pas assez âgé pour comprendre tous ces concepts mais le petit garçon n'aimait définitivement pas percevoir les yeux noirs de sa sœur de cœur s'embuer de la sorte. Peut-être qu'il devrait parler à sa tante et lui faire comprendre que la jeune Serdaigle était triste ? Mais les paroles d'un petit garçon de son âge n'avaient jamais beaucoup de poids face à des adultes, surtout si ceux-ci étaient des sorciers aussi élevés dans la hiérarchie. Seule sa Maman prenait souvent en considération ses dires, comme si ses paroles, malgré son jeune âge, devaient être écoutées... Et si... ? songea-t-il. Non, il ne dirait rien à sa Maman, il ne voulait pas la mettre dans une mauvaise posture face aux autres Fondateurs.
Il garderait le secret d'Helena.
L'enfant se laissa alors glisser du galet afin de s'approcher de l'adolescente et, de ses petits bras, l'enlaça contre lui. Helena répondit à son étreinte, posa son visage sur le sien et lui déclara avec douceur :
- Tu l'aimes bien, n'est-ce pas, cette petite Moldue qui vit à côté du village de Pré-au-larde ? taquina brusquement Helena. Et si on se faufilait à Dunkeld[2]? Ils seront tous occupés ces jours-ci avec la rentrée scolaire, comme d'habitude.
- Helena, grogna Robin en boudant, c'est ma meilleure amie, Anabeth. C'est tout.
- J'en suis certaine, n'est-elle pas plutôt ton amoureuse ? continua-t-elle afin de changer de sujet. Et si nous rendions à la boulangerie de son père chercher un peu de ce bon pain ? Tu pourras aller lui dire bonjour.
Le petit garçon en rougit jusqu'à la racine de ses cheveux blonds, à l'instar de sa mère. Anabeth vivait autrefois sur Garioch, le village natal de sa Maman. Ce fut là qu'ils s'étaient rencontrés en jouant avec les autres enfants du village. Cependant, à la suite de la disparition de la mère de cette dernière, ainsi que de celle de ces défunts petits frère et sœur - morts bébés d'une maladie moldue - le père de la fillette avait décidé de retourner vivre auprès de ses propres frères et sœurs, et de rouvrir son commerce à Dunkeld. Ayant toujours été très proches, Robin avait réfléchi bec et ongles afin qu'ils puissent garder contact. Et il avait également parler de la fillette à Helena afin d'établir un plan d'action à ce sujet.
Anabeth lui faisait un peu penser à sa Maman car elle n'hésitait pas à se battre et à se rouler dans la boue mais elle n'avait pas de pouvoirs magiques. Ses tantes et son oncle - surtout ses tantes - n'aimeraient probablement pas qu'il soit autant proche d'une petite Moldue car c'était dangereux pour lui en cas d'éventuels accidents magiques.
Même Helga Poufsouffle, sa Maman, n'était pas au courant de cette forte amitié qui liait les deux enfants. Pourtant, elle-même avait un très bon ami d'enfance moldu, Léon. Qui autrefois avait accepté la différence de sa génitrice et lui avait même sauver la vie. Avec l'oncle Godric, et au grand damne de sa grand-mère maternelle, ils avaient formé le petit trio de fauteurs de troubles de Garioch.
- J'aimerais beaucoup qu'on aille voir Anabeth à Dunkeld, avoua Robin. Est-ce qu'on peut le faire dans les jours qui viennent ? Car je sais que Tante Selwina est descendue dans la Chambre des Secrets tout à l'heure et j'aimerais lui parler avant qu'elle ne soit de nouveau très occupée, demanda-t-il, les joues rouges. Mais ce n'est pas mon amoureuse !
- À d'autres, Robin Serpentard ! Mais, bien, d'accord, organisons cette excursion pour demain. Ils ne verront même pas que nous sommes partis. De plus, je vais envoyer un pigeon voyageur à Regina, je pourrais moi aussi la voir...
- Ta compagne, lâcha à son tour Robin d'un ton vainqueur et taquin. Continuez de vous courtiser - tu n'auras qu'à faire semblant que je ne suis pas là, je resterai avec Anabeth près de la boulangerie !
Et sur ses mots, Robin, amusé par ses paroles, sauta du galet afin de courir jusqu'au château sous les vociférations de sa sœur de cœur.
~*~
Anno domini 1009, 21 août, Poudlard, Ecosse
La Chambre des Secrets était un endroit immense où il aimait se rendre afin de se sentir proche de son père. Elle était une dernière couche de défense pour Poudlard et les élèves qui y étudiaient. Au sein de ce lieu habitait Mistral, l'une des créations de sa tante et de son géniteur. Robin, qui y avait accès facilement grâce à ses facultés et à un escalier caché dans une des pièces de l'école, arriva rapidement dans le centre de la chambre et y retrouva aisément sa tante. Selwina était dos à lui, tournée face au Basilic, une main posée sur la créature tandis qu'elle lui parlait doucement en fourchelangue.
Le petit garçon avait toujours été impressionné par la prestance de sa tante. Elle dégageait quelque chose de mystérieux et de puissant. Parfois, une aura malsaine l'entourait bien qu'elle eut toujours été très gentille avec lui. Grâce à sa Maman, l'enfant savait désormais que le passé de ses ancêtres n'était pas du tout rose. Et cela lui faisait un peu peur.
Avançant à petits pas, il jeta un regard à la pièce. Entre le plafond obscur et les immenses piliers où des serpents enlacés servaient de décorations, l'endroit transpirait de prestige. Les voûtes soutenaient le plafond et projetaient dans toute la salle des ombres noires dans une atmosphère étrange et verdâtre. Robin trouvait cela apaisant, l'oncle Godric trouvait cela glauque. Mais peu importe les pensées des autres, sa mère lui avait conseillé de passer du temps avec sa tante et c'était ce qu'il avait bien l'intention de faire.
- Robin, je vous trouve particulièrement dans vos pensées... Venez donc dire bonjour à Mistral, mon enfant. Elle se sent bien seule.
Le garçonnet sursauta. Sans se retourner, la sorcière adulte avait ressenti sa présence. Les dons particuliers, ceux qu'il avait également hérité de son père, étaient impressionnants quand on les contrôlait. Dans la société sorcière, beaucoup jalousait Selwina Serpentard voire la craignait à cause de son ascendance et des histoires qui découlaient des frasques réalisées par sa famille paternelle.
- Excusez-moi ma Tante, je ne voulais pas vous déranger, je sais que vous avez tous beaucoup de...
- Vous ne me dérangez pas, Robin. Certes, la rentrée scolaire approche, mais j'ai toujours besoin d'être un peu seule avec mes songes moi aussi. Votre oncle et votre autre tante me fatiguent tous deux particulièrement avec leurs chamailleries et ces maudits escaliers - voilà que Rowena a décidé d'y rajouter des pièges ! Sans oublier sa nouvelle lubie, une pièce qui apparaîtrait aux élèves qu'en cas de besoin, je suis en train de me demander comment fonctionne son esprit.
- Tante Rowena tient beaucoup à l'intelligence et à la réflexion, vous le savez, ma Tante, lâcha Robin amusé. J'ai entraperçu des escaliers mouvants tout à l'heure à certains étages, je suppose qu'elle a réussi mais j'ai évité de passer par là-bas.
- Je vous plains Robin, visiblement Rowena a également décidé qu'Helena et vous-même allez lui servir de test d'études avant la rentrée... Vous devrez trouver les pièges installés sur ces escaliers, que je vous conseille d'habilement l'éviter. Mais... par ailleurs, comment va Helena ? Je la trouve bien renfermée, et l'idée de lire son esprit m'a brièvement traversée les pensées, je l'avoue, j'ai bien peur qu'elle ne décide de faire une bêtise.
Brusquement mal à l'aise, et alors qu'il murmurait quelques mots à l'immensité de quinze mètres qu'était Mistral en guise de bonjour, Robin se sentit rougir. Sa tante ne devait ni lire les pensées de la jeune Serdaigle, ni les siennes car ils risquaient de se faire punir tout deux avec leurs secrets. Cependant, il n'évita pas ses yeux bleu foncé où un cercle rouge apparaissait de temps à autre quand des émotions trop fortes l'envahissaient, car cela aurait pu paraître suspect - et Selwina Serpentard reconnaissait facilement les agissements suspicieux.
- Helena ne veut pas de ce mariage arrangé avec Philippe Strenger, avoua-t-il à mi-voix. Je ne comprends pas le choix de Tante Rowena... Je veux dire, il est un...
- Un idiot ? Effectivement, mais cela la préservera de bien des choses, croyez-moi, il subviendra aisément à ses besoins. Vous êtes encore bien trop jeune pour comprendre certaines décisions d'adultes.
- Helena saura subvenir à ses besoins, lâcha avec véhémence Robin. L'Amour est ce qui importe et...
- Votre mère est encore passée par là, ricana-t-elle. Helga a toujours été innocente et naïve, et je ne peux que l'applaudir, mais tout ne fonctionne pas toujours de la manière dont on veut le concevoir, Robin, martela-t-elle doucement. Et je pense que votre mère est la première à connaitre les conséquences de l'Amour, malheureusement.
Durant le début de cette conversation, Robin s'était attardé sur Mistral qui n'avait osée interrompre sa Maîtresse durant son monologue où sans s'en rendre compte, elle avait conversé en fourchelangue. Les deux Serpentard étaient les seuls à pouvoir l'approcher et croiser ses yeux jaunes sans se faire pétrifier ou mourir dans la seconde qui suivait. Et elle lui obéissait à lui aussi. En caressant un infime bout de la peau brillante et verdâtre de ce serpent géant, il se promit qu'une fois adulte, il perpétrait la tradition en lui donnant des consignes quant à la protection de l'école. Robin en donnerait l'héritage à ses futurs descendants, car tout le monde avait le droit d'apprendre la Magie disait sa mère, et le petit garçon la rendrait fière de lui au centuple. Après tout, elle l'avait aimé malgré les méfaits de son père qui lui était encore inconnus.
L'enfant releva alors le regard, sa tante venait de lui tendre une perche et Robin allait en profiter. Le jeune garçon voulait connaitre la suite de l'histoire, celle que sa mère avait laissé en suspens depuis qu'elle était partie sur Garioch quelques jours auparavant.
- C'est à cause de mon père que vous dites cela ? lâcha le jeune garçon avec intérêt. Maman a commencé à me raconter comment vous vous êtes tous rencontrés et s'est arrêtée au moment où oncle Godric et elle vous cherchaient dans la forêt puis allaient demander de l'aide au château Gryffondor... parce... que... parce que...
Robin venait de perdre l'élan de confiance qu'il avait éprouvé quelques secondes auparavant car les iris bleues de sa tante étaient devenues écarlates en quelques fractions de secondes. Sa voix enfantine chancela quand il vit non seulement cela mais qu'il ressentit également l'aura de sa tante se faire plus étouffante que précédemment, signe d'un instant de colère et de frustration.
- Mes excuses Robin, cette période de ma vie est un très mauvais moment, et il m'est toujours difficile de rester calme en y songeant. Je ne voulais guère vous faire peur, lâcha sa tante en posant doucement une main sur son épaule. Venez donc avec moi dans la sous chambre, je sais que de ne pas savoir avec l'âge commence à vous ronger. Je suppose que je peux effectivement vous parler de ce jour, je suis désolée par avance si ma Magie fait des siennes, mais je vais vous conter cela en brassant une potion, cela devrait m'apaiser et m'éviter de détruire les objets qui m'entourent.
La sous Chambre des Secrets se trouvait une pièce qui lui était sous-jacente, et où se trouvait le laboratoire qu'avaient autre fois installé sa tante et son père. Le lieu était caché par une immense statue d'un des ancêtres de la famille Serpentard. Par ailleurs, c'était d'un énorme tuyau également coincé dans une fente cachée et après avoir y parler le fourchelangue, que Mistral rentrait et sortait de son nid.
Selwina y renvoya d'ailleurs la créature après que celle-ci eût rouspété en lui disant qu'elle aimerait prendre l'air, ce qui amusa Robin qui comprenait le Basilic car elle ne pouvait pas se promener comme bon lui semblait dans le château sans risquer de blesser quelqu'un. Tante Selwina en profitait souvent pour la laisser se pavaner quand ils n'étaient que tous les deux entre les murs de l'école. Elle adorait sa création, et songeait même à y faire éclore un mâle pour Mistral. Mais il était certain que Tante Rowena allait piquer une crise si la sorcière lui disait ce qu'elle avait à l'esprit. Elle était bien la seule à ne pas adhérer à cette protection qu'elle considérait comme dangereuse et inutile.
Il l'écouta timidement à nouveau parler fourchelangue à un endroit précis de la statue, près d'une partie de la barbe du sorcier taillé dans le mur, et une porte étroite et singulière apparue de nulle part. Lui cédant le passage, il n'eut pas de mal à y entrer alors que sa tante dut courber l'échine, avant qu'elle n'allume sa baguette magique pour éclairer les lieux.
Robin descendit les escaliers en bois. Le laboratoire étant loin dans les profondeurs, et il se laissa guider par sa tante qui le maintenait par le bras pour qu'il ne se blesse pas. L'endroit ressemblait à une grotte gigantesque et humide. Cependant, l'aménagement de la pièce était celle d'un lieu de travail. Des tables, des chaudrons, des fioles, une petite bibliothèque avec des ouvrages coûteux, et des parchemins pouvaient être aperçus. Dans un coin, il y avait une sorte de prison avec des barreaux, et à l'intérieur de celle-ci se trouvaient deux hautes silhouettes enveloppées d'une cape noire, leur visage étant entièrement dissimulés par une cagoule. Avec des mains luisantes, grisâtres, visqueuses et recouvertes de croûtes, ils étaient terrifiants. Des Détraqueurs, les appelaient tante Selwina - une création dangereuse réalisée par leurs ascendants, et apparemment, elles étaient fidèles.
Robin n'avait jamais su comment ils avaient été créés mais il en avait toujours eu peur. Le froid et le désespoir commençaient à l'envahir quand sa tante fit apparaître son sortilège pour lui-même - celui qu'elle avait inventé. Elle essayait de l'apprendre au plus grand nombre de sorciers car la façon de les créer avait été volés par d'autres sorciers. Cette race capable d'aspirer l'âme servait d'arme aux plus malfamés des sorciers. Les gens avaient besoin de se défendre. Tante Selwina supportait parfaitement leur présence. Et encore une fois, il ne savait pas pourquoi, mais le petit garçon espérait en avoir un jour la réponse.
L'esprit protecteur qui apparut, un serpent - ou une projection de nos forces positives intérieures, disait-elle -, l'enveloppa de chaleur et il se sentit tout de suite bien mieux et protégé de toutes pensées noires. Robin finit par s'asseoir sur un haut tabouret alors que sa tante se dirigeait vers un meuble ancien afin d'en sortir des ingrédients. Rapidement, et après avoir jeté un regard méprisant aux deux créatures dont il entendait les râles de là où il était assis, sa tante le rejoignit et lui déclara :
- Nous allons braser une potion de force ensemble, et pendant que je vous raconterais mon point de vue sur ma première rencontre avec votre mère et Godric en parallèle, essayez de ne pas m'interrompre, Robin.
- Oui, ma Tante, fit poliment Robin légèrement excité malgré lui. Vous ne voulez toujours pas me dire comment ont été créée ces créa...
- N'abusez pas de votre chance, mon garçon, lâcha-t-elle avec un petit sourire. Et puis, je crois que vous désirez dormir tranquillement ce soir. Votre mère ne sera pas là pour vous calmer et je risque de me recevoir son épée et sa baguette entre les deux yeux si je vous le raconte... rigola-t-elle doucement en se déridant. Elle a raison, vous savez : vous êtes bien trop jeune, je vous l'ai déjà dit. Quand vous serez plus âgé.
Un petit garçon n'avait effectivement pas à savoir que ces créatures étaient autrefois des moldus qui avaient subi moult expérimentations faites par des sorciers noirs.