POV Robin
Présent
Anno domini 1009, 22 août, Dunkeld, Ecosse.
En retrait sur la place du marché de Dunkeld, Robin avait regardé Helena retrouver sa compagne au sein d'une sombre et petite venelle[1]. Comme prévu, ils avaient organisé leur petite sortie improvisée à l'insu des Fondateurs qui, par une heureuse coïncidence, avaient dû se rendre à un endroit précis du royaume à la demande des chefs de la confédération sorcière, ce qui les avait aidés dans leur programme. Cette organisation était constituée des puissants mages de leur ère. Elle s'occupait des sujets les plus importants lors de ces conseils mais dont le petit garçon ne savait pas grand-chose à cause de son âge.
Ils avaient pu emprunter en toute discrétion un poulain de l'écurie annexée à Poudlard car il leur était impossible d'utiliser un portolong ou le transplanage. Ces notions de la Magie étaient déjà assez difficiles à maîtriser pour des adultes expérimentés, ce n'était donc pas à la portée de jeunes enfants. Pour ne pas alarmer les domestiques de Poudlard, et amis des Fondateurs, ils avaient prétexté qu'ils allaient simplement faire un tour à Pré-au-larde.
Désormais, pour ne pas déranger sa sœur de cœur qui en profitait pour pouvoir passer un peu de temps avec Regina en dehors des murs de l'école, et où se retrouver en toute discrétion en dehors des cours était devenu de plus en plus compliqué - surtout depuis que Tante Rowena surveillait les faits et gestes d'Helena - Robin avait pu retrouver son amie Anabeth. Il avait convenu avec son aînée qu'ils se retrouveraient à la boulangerie où travaillait le père de sa meilleure amie. Sa cousine lui avait dit de rester non loin de la place du marché qui était pleine à craquer, et ce fut donc après avoir approuvé ses dires à plusieurs reprises qu'il se retrouvât à sillonner les divers établis des commerçants, accompagné de sa camarade.
- Tu trouves ce collier beau ? demanda Robin à Anabeth.
Depuis quelques minutes, le jeune Serpentard regardait la petite fille aux boucles auburn manipuler avec envie un bijou entre ses doigts légèrement boudinés. Jamais le père de cette dernière n'aurait les moyens de payer ce genre d'extravagance à sa fille. La boulangerie leur permettait de vivre raisonnablement mais certainement pas de pouvoir s'offrir des surplus à l'image de ces biens. Pourtant, la mère du sorcier, Helga Poufsouffle, en avait les moyens. Peut-être pourrait-il lui demander un peu d'argent moldu à son retour prévu au lendemain afin de faire plaisir à son amie ? La fillette secoua son visage rondelet, et reposa ledit bien sur la table de disposition sous le regard inquisiteur du marchant qui les surveillait du coin de l'œil.
- Il l'est Robby, approuva la fillette. Mais ce n'est pas pour moi.
- Si je le demande à Maman, je suis certain qu'elle me donnera un peu d'argent pour toi. T'es mon amie !
- Robby, tu es riche, tu vis dans un château d'après ce que j'en sais et je ne veux pas que...
- Maman était pauvre enfant, elle dit toujours qu'on ne doit jamais arrêter de faire plaisir et que l'on doit aussi toujours, toujours aider les autres.
Anabeth ne répliqua pas comme elle le faisait habituellement car d'une taverne, deux hommes bien éméchés sortirent bruyamment et se ruèrent l'un sur l'autre en se cognant avec hargne et férocité. Robin se rapprocha instinctivement d'Anabeth alors que les passants et marchands se retournaient vers la source du capharnaüm.
- AIDEZ-MOI ! SORCELLERIE, ATTRAPEZ-LE ! SORCELLERIE ! IL A UTILISÉ LA MAGIE POUR FAIRE QUATRE FOIS DE SUITE DEUX FOIS « 6 » AVEC SES DÉS ! SAOUL COMME IL EST, IL S'EST MIS À DÉCOUVERT EN MURMURANT UN DE CES SACRILÈGES DE SORTILÈGE ! IL CROYAIT S'EN SORTIR EN PLUS EN ME VOLANT MON ARGENT. REGARDEZ CETTE BAGUETTE !
Après avoir entendu ces paroles taboues, les deux enfants se retrouvèrent au centre d'un véritable brouhaha. Les gens sur le qui-vive commencèrent à se piétiner dessus entraînant Robin et Anabeth à la renverse alors que les cris de colère et de panique fusaient à leurs oreilles. Le petit garçon tenta d'attraper la main de son amie, mais il reçut le pied d'un paysan en pleine poitrine qui l'obligea à se tordre en deux. La situation se calma néanmoins rapidement quand deux cavaliers, des chevaliers du roi Malcolm II d'Ecosse[2], apparurent et étouffèrent rien qu'à leur présence ce mouvement de panique.
Le jeune sorcier pu se relever. Ils étaient désormais pleins de saletés, mais il aida Anabeth à se remettre juste à temps sur ses deux pieds pour percevoir l'un des deux hommes, dont le visage était caché par un heaume[3], lancer vivement son javelot vers l'un des deux gaillards. Au ralenti, il vit l'arme passer au-dessus des têtes, et se tordre dans un mouvement complexe afin d'atteindre sa cible.
Robin eut un haut le cœur. Il comprit que le cavalier assis sur son destrier venait de viser le potentiel sorcier qui, saoul, n'avait certainement pas dû contrôler sa magie. Du haut de ses neuf ans, il entraîna son amie à sa suite. Il était aisé avec leur petite taille de se faufiler entre les jambes des passants. Ainsi, ils atteignirent ce que lui voulait voir de ses yeux vert forêt alors que la populace autour de lui criait de joie et de victoire.
Un homme de haute carrure tenait avec poigne la chainse[4] du sorcier mort. Le javelot qu'il venait de recevoir en pleine tête resterait à jamais marqué dans son esprit. L'autre adulte qui empestait l'alcool exhibait fièrement le corps du malheureux aux citadins qui se présentaient alignés devant lui.
- Et un de ces possédés en moins, un ! cria-t-il, victorieux, qu'on l'exhibe et brûle sa carcasse au centre du village !
Jusqu'à ce que ces chevaliers fassent leur travail, Robin, avait ignoré les cris d'approbations et de joies. Il resta figé sur les yeux écarquillés de la victime, immobilisé à jamais dans une expression de terreur. Comme dans un rêve, il vit vaguement l'un des cavaliers descendre de son étalon et casser en trois le bout de bois du sorcier, sa baguette magique. Elle avait dû tomber de son caleçon en toile. Puis, alors qu'il observait ce soldat du roi récupérer son arme du crâne même du défunt, faisant gicler le sang autour d'eux sous les cris de joies qui lui vrillaient les tympans, il entendit Anabeth murmurer avec crainte :
- Il faut que les rois des diverses contrées fassent quelque chose contre ce fléau, s'allier avec ces pilleurs et destructeurs de Vikings s'il le faut, comme le dit papa, ce sont ces mots, frissonna la fillette. Ces gens sont des monstres. Nous n'avons jamais eu l'occasion de voir l'un des leurs se faire brûler ensemble, tu veux regarder avec moi, Robby ? J'aime bien écouter le prêtre essayer de laver les pêchers de l'âme corrompue, je me dis que peut-être, ils auront la paix et ne seront pas forcément envoyés en Enfer comme ça.
Jamais Robin n'avait entendu verbalement les idéologies et croyances de son amie. À vrai dire, c'était un sujet trop compliqué pour eux, et quand ils se voyaient, ils préféraient simplement jouer ensemble, se fichant des problèmes qui résultaient de cette sombre époque. Aujourd'hui, ces mots lui frappèrent douloureusement l'estomac alors qu'il croisait les yeux bleues et entourées de taches de rousseurs de son amie, car il venait de comprendre que jamais, ô grand jamais, il ne pourrait lui dire la vérité à son sujet. Cette dernière avait été bercée par des histoires horrifiantes et il lui serait probablement impossible de le voir autrement que comme une de ces monstruosités à détruire.
Robin avait atrocement envie de pleurer face à ses constatations. C'était précisément dans ces moments-là qu'il souhaitait être un moldu.
- Non... non, je... je dois retourner à la boulangerie de ton père, il faut qu'Hel... qu'Helena et moi on rentre avant le coucher du soleil, avec ce qui vient de se passer, ma cousine doit déjà être sur place à m'attendre, bégaya-t-il.
- Oh, d'accord, dommage. Tu vas bien Robby ? Tu as l'air pâle, s'inquiéta Anabeth.
- Oui... oui, je crois que je n'aime pas la vue du sang.
La vérité était que le petit garçon, héritier de deux des Fondateurs de l'école de sorcellerie Poudlard, était en pleine détresse émotionnelle.
~*~
POV Helga
Anno domini 1009, 22 août, Garioch, Ecosse
- Je vais lui donner cette mixture faite à base de plantes médicinales. Je l'ai versé au sein de la coupe que mon fils m'a offerte pour mon précédent anniversaire, vous n'y voyez pas d'inconvénients, Madame ? Je m'accorde à penser qu'elle portera chance à mes patients.
L'épidémie de grippe avait touché l'ensemble de son village natal, et beaucoup de ses habitants avaient profité de son passage sur les lieux pour requérir ses services. Helga avait le cœur sur la main et voulait aider autant ses semblables que les Moldus. Elle n'avait dès lors pu refuser ces demandes alors que des villageois n'avaient cessé de venir toquer à la porte de la petite chaumière qui l'avait vue grandir. La coupe telle qu'elle l'avait travaillée fonctionnait à merveille. Cependant, la jeune Poufsouffle devrait ajuster certains sortilèges liés à son noyau magique, car cela l'épuisait, et il lui fallait toujours plusieurs heures avant de récupérer ses forces alors que ses cellules combattaient le mal qui avait élu domicile dans son propre corps.
L'enfant qu'elle soignait à l'instant était le fils d'une amie de Léon - lui-même meilleur ami d'enfance de la sorcière. Ce dernier les avait connus lors d'un de ses voyages qu'il effectuait afin de vendre sa marchandise durant les foires. En apprenant que le petit avait contracté une étrange maladie, Léon avait conseillé à son amie de se rendre au village où se trouvait actuellement Helga, la guérisseuse dont la notoriété n'était plus à faire valoir.
Contrairement à beaucoup de ses précédents patients, l'enfant était au plus mal, vomissait, et une forte fièvre ne voulait plus le quitter. Helga avait rapidement compris qu'il n'était pas atteint d'une maladie ordinaire. La Fondatrice avait même l'impression qu'il avait été empoisonné car le teint gris-noir que sa peau avait prise et les convulsions que le petit garçon avait eues n'avaient rien d'habituel. Elle sentait que la magie était à l'œuvre.
Assise à ses côtés, elle venait de poser un chiffon mouillé sur son front transpirant de sueur et avait ensuite continué à brasser une mixture composée de plantes médicinales sur une table de fortune pour ensuite la verser dans sa coupe en or.
Ignorer l'inquiétude croissante dans le regard de la femme lui était difficile et compressait douloureusement son propre cœur de mère. Cependant, elle espérait que sa coupe fonctionnerait sur ce mal méconnu. Léon, qui hébergerait dans sa propre chaumière les deux Moldus pendant la durée de la convalescence de l'enfant, était tapi en retrait dans la pièce, la laissant ainsi agir en toute tranquillité. Pourtant, de temps à autre, elle croisait son regard d'onyx et ils ne pouvaient s'empêcher de se sourire mutuellement en signe d'encouragement.
- Faites, supplia la mère en utilisant un mouchoir délavé pour tapoter ses yeux humidifiés, sauvez mon garçon.
Sans attendre plus longtemps, elle caressa avec douceur les cheveux noirs de l'enfant et porta la coupe à ses lèvres gercées. Elle suspendit néanmoins son geste car le coquard et les coups bleus que l'enfant portaient sur sa peau devenue presque diaphane ne lui avaient pas échappé. Et bien qu'elle dût normalement se mêler simplement de réaliser son métier de « guérisseuse », la colère qu'elle sentait vibrer à l'intérieur de son propre corps ne faisait que croître avec les minutes écoulées, c'est pour cela qu'elle lâcha durement :
- Puis-je savoir qui est le responsable de l'état de cet enfant ? Madame Peeves ? Y a-t-il quelque chose que je devrais savoir ?
Face au ton employé, la femme sursauta et préféra soigneusement éviter son regard tout en hoquetant de plus belle sous ses pleurs.
- Praétoria, je sais pertinemment que vous êtes sur vos gardes, je vous ai vu arriver au village la mine terrifiée mais si nous ne se savons pas ce qui en découle, Helga ne pourra peut-être rien y faire, lança Léon. Est-ce votre époux ?
Léon sortit son visage de l'ombre et elle put percevoir la balafre qui longeait sa joue crispée par un rictus chargé d'inquiétude, rétractant ainsi la cicatrice que lui avait un jour donné des brigands en essayant de lui voler sa marchandise transportée dans son chariot alors qu'il était sur la route. Ses yeux noirs contrastaient vivement avec la douceur de sa voix.
Pour un homme, Helga avait toujours trouvé son timbre peu grave mais la sorcière avait toujours admis que cela était adorable. La Fondatrice n'avait d'ailleurs jamais compris pourquoi son ami, qui disposait de cheveux blond indisciplinés, longs et toujours attachés en queue de cheval, n'avait jamais tenter de courtiser une femme qui lui plaise. « Trop souvent sur les chemins, ici et là, je n'ai pas besoin de cela », lui disait-il en haussant les épaules. Et autant Godric qu'elle-même ne pouvaient s'empêcher de le réprimander gentiment de temps à autre face à l'énonciation de tels discours.
Sortant de ses songes, Helga s'attarda sur le calier[5] en hêtre que son plus vieil ami, au même titre que Godric, venait de remplir grâce à un pichet d'eau se trouvant sur une table en bois afin de le tendre à son invité. Léon stabilisa les mains tremblantes de la femme, et alors qu'il lui mettait le bol, il lui déclara doucement :
- Dites-nous. Vous ne risquez rien.
- Vous... non... Je ne peux guère vous conter cela, je...
- Votre jeune fils... est-il un sorcier ? déclara platement Helga.
Autant Léon que la dénommée Praétoria se retournèrent vivement vers elle. Léon grimaça certainement à cause de ses paroles. Elles étaient énoncées sans une once de crainte au sein de la chaumière mais la femme, elle, éclata de plus belle en sanglots. En vérité, la sorcière connaissait la réponse, elle venait de ressentir le noyau magique du petit garçon pulser au sein de sa jeune poitrine.
Helga venait effectivement de mettre sa main contre la peau du gamin car Selwina et Salazar, qui ressentaient parfaitement les auras humaines, leur avait autrefois donné de longues conférences quant aux façons de reconnaître leurs semblables. La jeune Poufsouffle connaissait donc les manières de percevoir les autres sorciers. Et ce, même si ce n'était pas son fils, où le lien entre le sorcier parent et l'enfant était si puissant qu'elle pouvoir savoir si Robin était en danger ou en sécurité. Même à distance.
C'était Selwina qui détectait les jeunes sorciers. Quant aux autres Fondateurs, ils utilisaient un sortilège de localisation mis en place et inventé par Godric qui, par le biais d'une plume magique surpuissante, indiquait le lieu et la naissance d'un nouveau bébé sorcier quel qu'il soit, sur un long parchemin désignant les potentiels futurs étudiants. Et l'un des Fondateurs aurait probablement dû venir rencontrer cette femme lors de l'année des onze ans du garçon afin de lui proposer une éducation sorcière qui lui permettrait notamment de se contrôler devant les Moldus. Les accidents magiques étaient si vite arrivés et parfois néfastes...
Auparavant, ils avaient pris des élèves de tout âge mais ils avaient décidé qu'il était plus convenable de les éduquer à partir d'un âge approprié où les enfants se devaient irrémédiablement de se contrôler pour leur bien-être. Ils ne refusaient pas la pédagogie aux plus âgés, mais il était vrai qu'avec les années, les Fondateurs avaient revu ces décisions principales d'enseignements.
- Ne lui faites pas de mal, cria Praétoria en comprenant les répercussions de ses dires. Pavel n'a pas mérité de se faire habiter par l'un de ces démons du diable ! Oui, de nombreuses choses bien étranges se sont produites autour de lui mais c'est un gentil garçon qui a beaucoup d'humour et qui est très farceur ! Il aime la vie ! J'ai essayé. J'ai essayé de le faire exorciser par le biais de mon beau-frère, lui-même prêtre. Il était dans la confidence de cette malédiction. Ça n'a pas marché ! Son père préférait le battre que de le vendre au bûcher, alors il s'est tu car ça l'amusait de se défouler sur un être comme « lui ». Ensuite, il l'a enfermé chez nous et j'ai donc effectivement demandé de l'aide à son frère, je n'en pouvais plus de ce que mon fils subissait, mais... je crois qu'il a été empoisonné. Mon beau-frère m'a dit, comme cela ne fonctionnait guère, qu'il avait une autre solution pour régler ce problème parce qu'une de ses connaissances devait tester l'un de ses produits et il voulait le mettre sur le marché. Les deux devaient en sortir gagnants selon ses mots et... et... pourtant ça tue mon petit garçon !
La Moldue la repoussa vivement du rebord du lit afin de prendre son garçon entre ses bras. Praétoria le berça frénétiquement et inlassablement contre sa poitrine. Helga cligna ses paupières avec horreur, et reprenant ses esprits, leva les mains en signe d'apaisement. Il était l'heure de se révéler à cette Moldue. Surtout maintenant qu'elle venait de comprendre avec certitude que de la magie noire, source incroyable d'argent pour certains sorciers malfamés, était à l'œuvre.
En effet, les cellules magiques de l'enfant auraient interagi entre elles et en adéquation avec son noyau afin de soigner un simple empoisonnement, où tout autres maladie moldue. Le garçon aurait très rapidement guéri. Or pour blesser et rendre vraiment malade un sorcier, seules les maladies sorcières et autres sources relatives à la sorcellerie étaient réellement capable d'agir sur le corps humain.
La guérisseuse ne pouvait donc pas utiliser sa coupe car l'objet disposait encore de quelques défaillances. Des améliorations qui seraient d'autant plus fonctionnelles devaient être faites afin que l'objet devienne infaillible et puisse également soigner facilement les sorciers au même titre que les Moldus.
Helga venait de décider qu'elle se devait d'envoyer un Patronus corporel. Cet enchantement était un sortilège conçu par Selwina et qui avait nécessité de larges connaissances en arithmancie afin de le créer. Mais là n'était pas le sujet, l'Animagus allait requérir la présence de son ancienne belle-sœur car elle était, et entre tous les Fondateurs, l'experte en magie noire. La sorcière saurait quoi faire et arriverait certainement sur les lieux d'ici quelques minutes par le biais du transplanage. La protection des enfants était sa priorité surtout pour elle qui n'aurait jamais l'occasion d'engendrer un descendant direct.
- Je pense que nous devons parler, Praétoria, car je crois que votre beau-frère a demandé de l'aide à l'un des nôtres pour l'empoisonner. Beaucoup travaillent pour les non magiques afin d'en tirer profit et s'assurer malheureusement une certaine sécurité de cette façon. Il a certainement été payé pour le faire lors d'une ces « soi-disant » séances d'exorcisme...
Elle marqua une pause.
- Votre enfant n'a absolument rien de mauvais en lui, Madame, veuillez entendre raison. Votre fils n'a aucun démon en sa personne ! La nature a certainement décidé qu'elle se devait de lui donner ses dons. Parce qu'il les méritait.
Pâle comme un linge, la Moldue la détailla de haut en bas et, mortifiée, jeta un regard à Léon qui venait de déposer ses mains contre ses propres épaules. Quant à Helga, elle posa également la sienne sur celle de son ami et l'enserra contre sa propre paume.
- Vous êtes...
- Une sorcière, termina Léon à la place de la femme, et je puis vous l'assurer que vous pouvez faire confiance à Helga. C'est une personne extrêmement douce et aimante. Laissez-là donc vous expliquer toute cette situation sans que vous n'en preniez peur. Les sorciers ne sont ni des êtres possédés ni des monstres.
~*~
- Votre enfant est sauvé. Laissez-le se reposer. Comme Helga a dû vous l'expliquer, il est le bienvenu au sein de notre école quand il aura onze ans, dans deux années. Nous viendrons personnellement lui donner ses lettres d'inscription. En attendant, apprenez-lui à inspirer et expirer correctement afin de calmer ses peurs et ses colères. Je viendrai moi-même de temps à autre à vous afin de canaliser sa magie, cela lui évitera des débordements et par conséquent, des accidents magiques qui pourraient s'avérer néfastes. En attendant, je vais personnellement m'occuper de votre époux et de votre beau-frère.
Helga, qui avait prévenu son amie deux longues heures auparavant, regardait la baguette magique qu'agitait Selwina au-dessus du visage du petit Pavel avec attention. Cette dernière avait rapidement trouvé qu'une potion de dégénérescence des cellules magiques, qui s'autodétruisaient entre elles, était la conséquence du poison ingurgité. Elle avait dès lors fait l'aller-retour en transplanant au château. Elle avait ramené un antidote fait d'ingrédients dont la composition était connue d'elle seule, tétanisant un peu plus la Moldue qui n'osait les regarder plus de deux minutes dans les yeux.
Peu étonnant, cette dernière était abasourdie par toutes ces informations qu'ils lui avaient été donnée. Afin de comprendre ce qui s'était exactement passé, Selwina avait posé sa main sur le front du garçon afin de lire son esprit. Et il c'était avéré que la potion avait été transmise par le biais d'un bol d'eau que le prêtre lui avait mis en bouche sous le regard d'un homme encapuchonné alors que l'enfant était « exorcisé ». Terrifiant. Et monstrueux.
- Comment les nôtres peuvent-ils être aussi cruels et agir contre nous !? Comment peut-on faire ça à des enfants ? continua -t-elle.
La Moldue était certainement impressionnée par le pouvoir que laissait transparaître son ancienne belle-sœur.
- C'est...
- Selwina, calmez-vous mon amie, vous ne voulez certainement pas faire peur à Praétoria, lâcha Helga fermement en empoignant son bras, n'est-ce pas ?
Avec douceur, la sorcière croisa les pupilles désormais écarlates de son amie. Son aînée avait toujours eu des difficultés avec sa colère, et son enfance malheureuse n'avait pas arrangée les choses. Selwina Serpentard soupira car le mobilier avait commencé à trembler autour d'eux. Elle inspira elle-même profondément, et inclina respectueusement son visage vers la moldue et Léon qui étaient jusqu'à là resté silencieux.
- Mes excuses, ma magie bien qu'instable est contrôlée, ne vous en faites pas. Je vais de ce pas vous laisser, ma Dame, d'ici deux jours tous les symptômes auront disparu et votre enfant sera entièrement rétabli. Essayez de le faire manger quand il se réveillera.
Et alors que son amie s'apprêtait de nouveau à transplaner, et malgré la fatigue qu'elle ressentait, Helga lui rattrapa avec fermeté le bras et lui déclara :
- Sérieusement Selwina, ne croyez-vous pas que je vais vous laissez partir en sachant pertinemment ce que vous êtes capable de faire hors contrôle et... pourquoi ? Vous en vouloir après de vos mauvais gestes ? Vous avez beau être calme d'apparence, vous fulminez. Maintenant que vous êtes ici, attendez-moi plutôt, vous ne pensiez pas qui plus est venir sur Garioch sans saluer mère et père ? Ils auraient votre peau si vous faisiez cela. Je vais vérifier l'état du petit Pavel jusqu'à demain, je reviendrais au château dans le courant de la journée.
En guise de réponse, elle eut le droit à un sourire ironique.
- Vous me connaissez trop pour votre propre bien, Helga. Bien, je ne manquerai pour rien au monde les étreintes chaleureuses de vos parents, mais je ne m'attarderai guère longtemps, j'ai dû quitter une réunion importante au sein de la confédération sorcière pour vous venir en aide car nous avons tous été appelés en urgence - vous savez, cette institution pour laquelle vous êtes bien trop humble pour en faire partie. Rowena aurait ma tête si je ne revenais pas à temps pour discuter du sujet qu'est le fléau moldu que sont les vikings, puisque des traîtres de sorciers ont encore une fois décidés de les aider. Vous tempéreriez tellement certains comportements si vous acceptiez votre plac...
- Je vais y réfléchir, après le tournoi international des nations sorcières, et la rentrée scolaire, concéda la blonde. Mon père m'a assez fait la morale à ce propos durant mon séjour ici. Mais pour le moment...
Helga ressentit brusquement un pincement au cœur, et elle sut instinctivement que son petit Robin se sentait étrangement mal dans sa peau. Une main sur la poitrine, Léon lui demanda si elle se sentait bien, et Selwina fronça ses sourcils, l'air intriguée.
- Robin n'est pas en danger, rassura Helga, mais j'ai l'impression qu'il ne se sent pas très bien. Selwina pouvez-vous faire un nouveau petit détour par le château afin de vérifier si votre neveu se sent pour le mieux ?
- En faisant l'aller-retour au château pour confectionner l'antidote, l'une des domestiques m'a stipulé que les enfants avaient été se promener sur Pré-au-larde, et qu'ils avaient promis de rentrer avant la tombée de la nuit. Cependant, ils n'ont guère jugé bon de nous prévenir de leur escapade, et ils en auront la remarque, ils ne s'attendaient certainement pas à ce qu'un de nous ne revienne au château avant le coucher du soleil.
- Robin est à cet instant précis à Poudlard. Je le sens. Ne soyez pas trop sévère avec eux. Ils sont jeunes.
- Votre fils se sent certainement un peu confus par moment vis-à-vis de la suite de ce merveilleux « conte » qu'est son et mon passé, et que vous m'avez fait lui narrer à sa demande que j'ai dû satisfaire. Mais il est bien trop comme sa mère pour ne serait-ce que me voir comme un monstre. Ne vous en faites pas, il va bien. Contenez votre instinct maternel.
Helga lança un regard noir à son amie alors que leurs deux autres interlocuteurs écoutaient sans intervenir dans leurs fiévreux échanges.
- Vous savez que vous n'êtes pas cette personne que vous pensez être au fond de vous-même.
Alors que les deux sorcières échangeaient de nouveaux arguments, Léon dût intervenir pour tempérer la situation. Au même moment, le petit Pavel Peeves papillonna pour la première fois ses iris après être tombé dans le coma.
L'esprit frappeur que serait un jour le célèbre « Peeves » n'était encore qu'un petit garçon farceur et taquin qui deviendrait d'ici quelques années l'un des meilleurs amis de Robin Serpentard lors de leur scolarité à Poudlard.
~*~
Anno domini 1009, 23 août, Garioch, Ecosse.
- Mère, voyons ! s'exclama Helga, j'ai trente-six années. Je ne suis qu'à quelques heures de Poudlard à cheval.
Sous son regard dépité et celui amusé de son père, Alazais Poufsouffle vérifiait que ses sacs de voyages étaient bien attachés à sa jument. Les larmes aux yeux, sa génitrice vint l'enlacer avec fermeté contre sa poitrine. Plus loin, se trouvait Léon, resté en retrait, et était accompagné du petit Pavel qu'il tenait fermement par-dessous son épaule. Le petit garçon avait tenu à remercier la sorcière pour l'avoir guéri de son mal en lui disant au revoir pendant que sa mère se reposait finalement un peu au sein de la chaumière de son ami.
- Je me contre fiche de qui vous êtes aujourd'hui Helga Alazais Poufsouffle. Vous serez à jamais ma petite fille. Faites-en sorte de nous amener notre petit-fils dès que vous le pourrez. Et prenez soin de Selwina, je l'ai senti d'humeur maussade lors de sa visite surprise hier.
- Venez plutôt au château après le tournoi international des nations sorcières. Comme d'habitude, je ferai en sorte que vous puissiez voir l'école. Rowena a d'ailleurs décidé de renforcer les sortilèges Repousse Moldus depuis votre dernière visite des lieux.
- C'est une merveilleuse idée, mon petit chevalier, le château doit avoir encore tant évolué ! Faites-moi plaisir, montrez à tous ces hommes ce que vous savez faire lors de ce tournoi !
- Je n'y manquerai pas, père.
La sorcière tomba alors à son tour dans les bras de son géniteur qui, de nouveau en pleine forme depuis sa guérison, s'exclama à grands cris :
- Par tous les Dieux, votre mère a raison, vous pourriez nous briser en deux avec vos bras si musclés, exagéra-t-il en la taquinant. Faites un bon voyage.
Après les derniers au revoir de ses parents et les recommandations de sa mère, Helga monta alors habillement sur sa jument et tira légèrement les rênes attachées à son destrier afin de se retrouver devant Léon et le petit garçon dont Selwina avait sauvé la vie.
- Dis à Godric que j'attends toujours ma revanche pour un éventuel combat à l'épée, déclara simplement son ami d'un air penaud.
- Je n'y manquerai pas, Léon. Nous comptons sur toi pour veiller sur ce beau petit garçon et sa mère que tu as accepté d'héberger plus longtemps que prévu. Le temps que tout cela se tasse, lâcha-t-elle en lançant un clin d'œil complice à l'enfant. Et merci d'avoir...
Elle vérifia qu'aucun éventuel passant n'écoutait.
- ... accepté que j'effectue le sortilège du Fidelitas autour de ton petit chez toi. Ce traître ne trouvera pas Pavel. Je sais que Selwina va vouloir le traquer. Et je vais devoir la tempérer.
- Tu sais que je ferais tout pour toi, lança-il en posant une main sur son genou dont le pied était attaché à la sangle de la monture du cheval.
- Je sais, Léon, tu es notre premier ami et le plus fidèle que nous n'ayons jamais eu, Godric et moi-même, et tu seras toujours mon ami, toujours. C'est réciproque pour nous, on sera toujours là quand tu en auras besoin. Quant à toi mon garçon, écoute bien nos conseils, on se reverra bientôt.
- Oui, professeur Poufsouffle, encore merci ! clama gaiement l'enfant. Et, oh, vous avez étrangement les mains toutes vertes, termina-t-il d'un air malicieux.
Nul doute que Poudlard serait bien plus mouvementé avec ce petit garçon qui avait imbibé les rênes de son cheval d'une sorte de poudre verdâtre qu'il avait certainement dû trouver dans le bric-à-brac qu'était les affaires de Léon.