Harry Potter se réveilla en sursaut. Qui était ce visage ? Il lui avait paru étrangement connu... Mais ce n'avait seulement été un rêve, un rêve très réaliste mais un rêve tout de même. Il s'assit dans son lit et mit ses lunettes. Son cousin Dudley descendit déjà les escaliers tel un éléphant en surpoids. La poussière tombait dans le placard de ce pauvre Harry.
- Harry, prépare-nous le petit-déjeuner, cria l'Oncle Vernon depuis la cuisine.
Harry sortit rapidement de son placard à balais et se mit au travail. D'ailleurs :
- J'ai rêvé de balais volants et d'écharpes qui bougent.
Ce n'était peut-être pas très intelligent de dire cela. Au bout de dix ans, il aurait dû avoir appris à se taire, non ? Aurait dû... Le déluge attendu s'abattit sur Harry.
- Mes œufs brouillés, Harry. Les balais ne volent pas ! grogna l'oncle Vernon.
- Et les écharpes ne bougent pas, compléta la tante Pétunia.
- LA MAGIE N'EXISTE PAS ! finirent-ils en chœur.
- Ce n'était qu'un rêve.
Harry haussa les épaules et s'assit à côté de Dudley qui s'empiffrait, les yeux fixés sur l'écran de la télévision qu'il avait reçu pour son anniversaire un mois auparavant.
- Va chercher le courrier, Harry, ordonna l'oncle Vernon en tournant une page de son journal.
Harry attrapa une tartine sur l'assiette de Dudley et fila à la porte d'entrée sous les cris de protestation de son gros cousin. Trois lettres l'attendaient devant la porte. Une pour chacun des Dursley. Lui ne recevait jamais de courrier. Le jeune garçon les regarda. Une carte postale de la tante Marge adressée à son oncle, une enveloppe assez lourde pour Dudley. Ça devait être la carte d'anniversaire qu'il n'avait pas encore reçu jusqu'à présent, accompagnée de quelques billets qui faisaient rêver Harry. La dernière lettre était adressée à Tante Pétunia. Son enveloppe était en parchemin et l'adresse y était inscrite en encre violette. C'était pour le moins incongru. Qui pouvait bien écrire une telle lettre de nos jours ?
- Bouge-toi, cria l'oncle Vernon.
Harry rejoignit la cuisine et déposa les lettres sur la table.
- Tu ne peux pas nous les donner ?! aboya le père Dursley.
Harry faillit soupirer de désespoir. Mais obéissant il tendit les lettres à leurs destinataires. Dudley lui arracha la sienne et en tira aussitôt l'argent attendu. Vernon posa la carte postale sur la table.
- Marge vous envoie le bonjour : Dudley tu es absolument parfait. Elle t'a trouvé un beau cadeau sur l'île de Wight. Pétunia, elle te passe le bonjour et prépare les gâteaux qu'elle aime tant la prochaine fois qu'elle vient. Et Harry... Tu n'es qu'un ingrat et un voleur. On devrait te faire payer pour le logement.
- Pour le placard ? ne put s'empêcher de demander Harry.
- NE FAIS PAS LE MALIN, ESPECE DE...
- C'est une lettre de ma demi-sœur, les interrompit la tante Pétunia, complètement absorbée par son courrier. Elle écrit qu'elle passe un de ces jours pour nous rendre visite.
Pétunia leva un regard réjoui. Harry eut un mouvement de recul. Ça devait être quelqu'un comme Tante Marge. Quelqu'un de la famille qui le détestait à cause de ses parents et des événements étranges qui se produisaient parfois autour de lui. Bref quelqu'un de désagréable qu'il préférait ne jamais croiser.
- Je ne l'ai pas vu depuis longtemps... soupira Pétunia.
L'oncle Vernon se leva en grognant, tapota l'épaule de son fils, embrassa sa femme et partit au travail. Il avait l'air de ne pas s'intéresser outre mesure pour sa belle-sœur. Incompréhensible pour Harry. Il adorerait rencontrer quelqu'un de la famille de son père. Pétunia sortit une liste d'une enveloppe marquée de l'emblème de Smeltings.
- Aujourd'hui nous allons acheter l'uniforme scolaire de mon grand Dudlynouchet adoré, annonça-t-elle. Harry, que va-t-on faire de toi ? Il est hors de question que tu nous accompagnes. Tu nous gâcherais la journée. Je ne peux pas t'envoyer chez Mrs Figg malheureusement.
Le jeune garçon savait que la voisine s'était cassée une jambe en trébuchant par-dessus un de ses nombreux chats. Il n'en était pas triste. Les maisons à odeur de choux ne l'attiraient pas outre mesure. Pétunia se leva d'un bond et chercha dans une des armoires de la cuisine. Elle en tira un gâteau au chocolat d'apparence vieux.
- Tu pourras le manger et regarder la télé. Mais si un seul meuble aura bougé à notre retour... Vernon saura te punir, renifla Tante Pétunia, méprisante.
Ce n'était pas comme s'il avait l'habitude de ce type de menaces.
Deux heures plus tard Harry était le plus heureux des garçons de presque onze ans. Seul au 4, Privet Drive il regarda un reportage sur les hiboux et attendait avec impatience le midi pour pouvoir manger son gâteau.
Il laissa glisser son regard dans le salon. Sur tous les murs étaient accrochées des photos de Dudley ou des Dursley au complet. Harry se leva et observa les différentes images à la recherche de sa famille maternelle. Il n'avait pas grand espoir d'en trouver mais après tout où d'autre pouvait-il chercher cette mystérieuse tante ? Non, il n'était pas curieux. Pas du tout.
Tante Pétunia était la grande sœur de sa mère, Lily. Celle-ci était morte dans un accident de voiture avec son mari, James Potter. Ni l'une ni l'autre n'était visible sur les photos du Privet Drive. Harry lui-même non plus d'ailleurs. Cela ne l'étonnait même pas : sa famille n'était pas assez bonne pour les Dursley. En effet Pétunia avait épousé Vernon Dursley. Les parents et la sœur de celui-ci venaient assez régulièrement au grand dam du jeune garçon. C'était d'eux que Dudley tenait sa corpulence. Harry secoua la tête. Aucune photo ne semblait indiquer que sa tante avait une famille.
Mais il y avait encore un autre endroit. Harry s'approcha courageusement de la commode dans laquelle sa tante rangeait toutes les photos qu'elle ne pouvait pas accrocher. Le premier tiroir ne contenait que des photos des derniers cinq ans. Harry remercia sa tante pour être si ordonnée et passa au second tiroir. Là les dates indiquaient les années entre la naissance de Dudley jusqu'à sa rentrée en primaire. Harry commença par les plus récents et fut surpris de constater qu'il y avait aussi quelques photos de lui. Par hasard sûrement mais se voir le jour de sa rentrée au côté de Dudley lui rappelait à quel point il était petit et maigrichon. Il regarda sans succès les photos jusqu'en août 1981. Là, il vivait chez ses parents encore en vie.
Il ouvrit une nouvelle pochette. La première photo lui fit ouvrir grand les yeux. Dessus une femme inconnue portait le petit Dudley dans les bras et souriait à Pétunia. Elle devait avoir près de la trentaine et avait les mêmes cheveux blonds et lisses que la tante d'Harry. Elle avait par contre deux têtes de moins et des yeux d'un bleu pâle tirant sur le gris. Harry lui trouvait un air gentil, peut-être qu'elle rassemblait davantage à sa mère qu'à Tante Pétunia. Était-ce bien elle ? Il savait bien que ce n'était pas sa mère, Pétunia lui avait bien dit qu'il avait les mêmes yeux verts qu'elle. Une des seules informations qu'il n'avait jamais reçues. En tout cas, elle ne ressemblait pas du tout à ce qu'il avait craint. Pouvait-il espérer quelque chose de sa visite ?
L'inconnue n'apparaissait sur aucune autre image. Il ouvrit alors, le cœur battant, le troisième et dernier tiroir. Tante Pétunia avait interdit aux deux enfants de s'en approcher. Le tiroir était divisé en trois parties. La plus à droite portait l'inscription Pétunia et Vernon. Harry l'ignora et se tourna vers celle du milieu. Il reconnut Pétunia jeune entourée de ses amies et de ses parents. Et là revenait parfois la femme blonde de l'autre image. Son sourire semblait plus spontané, plus naturel. Sur beaucoup d'image sur lesquelles on la voyait se trouvait aussi un homme autre que papy Evans qui semblait plutôt mal à l'aise et qui portait toujours un costume et une cravate rayée. Ça devait être son père, le premier mari de mamie Evans. Et surtout, il y avait aussi sa mère. Rayonnante sur toutes les images, elle semblait être la joie de vivre incarnée. Elle était vraiment belle, Lily Potter.
C'était maintenant qu'Harry ouvrait la troisième division. La première chose qu'il vit était une image de la famille Evans au complet : la mère tenait dans ses bras un petit bébé enroulé dans une couverture rose aux cheveux roux. Le père souriant avait passé un bras autour des épaules de sa femme et il portait une petite fillette blonde d'environ un an. Sur une chaise à côté de lui une fille de six ans en robe argentée tenait un bouquet de fleurs qui lui cachait la moitié du visage. Ils semblaient tous heureux. Harry se demandait ce qui avait pu séparer cette famille. Les prochaines photos certes en noir et blanc montraient les trois fillettes qui grandissaient.
Dès que Lily avait cinq ans, l'ainée disparaissait des photos pour laisser sa place à un garçon aux cheveux gras qui semblait être le meilleur ami de Lily. Il y avait aussi de nombreux portraits d'une seule fille Evans. Une image colorée plut particulièrement à Harry. Sa mère était dessus, les cheveux roux brillants au soleil, un bouquet de lys à la main. Elle souriait largement et tenait la main de son ami. Peut-être pouvait-il retrouver cet ami quand il sera plus grand, songea Harry. Il empocha discrètement la photographie et continua sa fouille. Noël en famille. Chasse aux œufs de Pâques. Un anniversaire. Toujours sans cette demi-sœur qui le fascinait maintenant. Et puis la rentrée des onze ans de Lily : une nouvelle image en couleurs. Les trois filles devaient être dans une gare qu'Harry ne reconnut pas. Pétunia avait croisé les bras et semblait bouder pendant que la rousse souriait comme démente et devait être immortalisée en plein saut de joie. La deuxième blonde avait pris un air moqueur en regardant la benjamine...
La porte de la voiture claqua devant le garage. Ça ne pouvait qu'être Tante Pétunia et Dudley. Harry rangea rapidement les photos et s'assit devant la télé. Il changea de programme en la série préférée de Dudley et se dépêcha de manger la moitié du gâteau. Il n'était pas délicieux mais avec les découvertes qu'il avait faites, il lui semblait que c'était le meilleur qu'il n'ait jamais mangé.
Il avait découvert à quoi ressemblaient sa mère et une demi-tante - est-ce que ça se disait demi-tante ? - dont il ne savait même pas qu'elle existait. C'était surtout le premier qui le réjouissait : il avait vu sa mère sur des photos en couleurs et elle était belle pas comme dans les histoires rabaissantes de l'Oncle Vernon et de la Tante Pétunia. Il était maintenant sûr que son père devait aussi être quelqu'un de bien. C'était les deux autres qui avaient tort. Une fois de plus il fut attristé de ne pas les connaître.
C'était le dernier jour du mois qu'Harry avait anniversaire. Les Dursley avait pris l'habitude de l'ignorer complètement ou même de le rendre insupportable à Harry. Mais aujourd'hui, alors qu'il fêtait ses onze ans, Harry avait un bon pressentiment pour la journée. Cela commençait par le fait qu'il se réveilla avant tout le monde et qu'il put se féliciter et même se chanter une chanson improvisée.
- Joyeux anniversaire, Harry, encore une année passée, il n'en reste plus que sept chez les Dursley et puis tu es libre. Joyeux anniversaire à toi, Harry. Fais un vœu et regarde le s'exaucer.
D'accord, il n'était pas excessivement doué... Mais ensuite il constata que l'oncle Vernon avait oublié de verrouiller son placard et il sortit s'habiller dans la salle de bain avant de commencer à préparer le petit-déjeuner pour son cousin auquel il chipa des petits morceaux. En conclusion, les Dursley étaient donc de bonne humeur et le laissaient plutôt tranquille. A croire qu'ils ne savaient pas ce qu'ils voulaient : l'enfermer ou manger ? Pas le manger heureusement.
La sonnerie de la maison retentit alors que l'Oncle Vernon venait de partir au bureau. Improbable qu'il ait oublié ses clés. Tante Pétunia se leva précipitamment et regarda Harry et Dudley qui était absorbé par une pub de biscuits.
- Harry, va voir qui c'est.
Harry se dirigea vers la porte d'entrée et l'ouvrit. Dehors, une femme d'une quarantaine d'années attendait, les yeux dans le vague. Elle ne devait avoir qu'une tête de plus que lui malgré sa stature de jeune garçon maigrichon. Ses cheveux blonds étaient rassemblés en une natte et elle portait un pantalon de costume noir et une blouse à carreaux. Plutôt chic pour une visite de famille... Elle ne lui adressa pas un regard quand il prit enfin la parole.
- Bonjour ?
- Bonjour. Tu dois être Harry, non ? Je suis la demi-sœur de ta mère.
- Entrez.
Elle l'impressionnait fortement. Harry s'effaça puis demanda à sa tante d'attendre et courut prévenir son autre tante. Pétunia alla aussitôt rejoindre sa demi-sœur au salon. Celle-ci n'avait pas bougé depuis qu'Harry était parti et semblait fixer un point derrière eux lorsqu'ils revinrent. Elle adressa un léger sourire à Mrs Dursley.
- Bonjour, Pétunia. J'espère que tu as reçu ma lettre et que je ne suis pas malvenue.
- Bonjour, Bell. Tu ne peux pas t'imaginer quel plaisir c'est pour moi de te revoir.
Harry pouvait entendre que la tante Pétunia était vraiment heureuse. Il fut d'autant plus surpris que la voix de son autre tante semblait sèche et peut-être même ironique. Qu'est-ce qui pouvait bien s'être passé entre elles ? Avait-ce un rapport avec sa mère ?
- C'est un plaisir partagé.
Harry observa les deux femmes un instant puis s'éclipsa derrière la porte pour ne pas être vu. Tante Pétunia invitait justement l'autre de s'asseoir et lui proposait quelque chose à boire. De sa place, Harry put même voir sa demi-tante avancer prudemment jusqu'au canapé puis tâter la hauteur avant de s'y installer. Pétunia lui prit la main, ce qui la faisait sursauter légèrement. C'était quand même étrange. Bizarrement ça devait aussi être ce que se disait sa tante Pétunia.
- Tu vas bien, Bell ? Qu'as-tu fait depuis la dernière fois qu'on s'est vue ? Si je me souviens bien tu es, tu fais... de l'escrime de façon professionnelle ?
Harry put voir une moue mécontente passer sur le visage de la dénommée Bell avant qu'elle n'offre un sourire hypocrite à sa demi-sœur. Toute cette histoire lui paraissait quand même louche. Elle n'avait pas la tête à l'emploi, mais après il n'avait jamais rencontré de sportif professionnel...
- Tout va bien chez moi, merci. Et toi comment vas-tu ? Ton fils doit avoir onze ans maintenant, non ? Il ira à Smeltings comme son père ?
- Très bien, s'il n'y avait pas Harry... Tu sais comment était Lily et son mari... Je crains qu'il le soit aussi...
- Certainement, acquiesça Bell.
- Mais mon Dudley est parfait, lui. Un beau jeune homme avec un bel avenir devant lui. Et oui il va déjà à Smeltings, que le temps passe vite... Je me souviens encore quand...
- Je m'en voudrais de te couper mais je n'ai pas une infinité de temps à ma disposition. En fait je suis venue t'emprunter Harry pour l'emmener faire ses courses de rentrée. Je suppose que tu sais qu'il va aller dans la même école que Lily, non ?
- Quoi ?! s'exclama Pétunia, incrédule. Après tout ce qu'on a essayé pour l'en dissuader...
Sa nouvelle tante eut un léger mouvement de recul mais se reprit immédiatement.
- D'ailleurs, Harry, qu'est-ce que tu sais sur tes parents et sur la magie ?
Harry jeta un regard étonné autour de lui. Qu'est-ce qui l'avait trahi ? Avait-il bougé la porte ou dépassait-il ? Ses cheveux indomptables peut-être ? Sa tante Pétunia était tout aussi surprise que lui.
- Mais il n'est même pas là ! s'étonna-t-elle.
- Alors il écoute à la porte, Bell haussa les épaules.
- Écouter à la porte ?! s'étrangla Tante Pétunia. Harry, qu'est-ce que sont ces manières ?! Si Bluebell n'était pas là tu finirais ta journée dans... non rien.
Harry était entré dans le salon, la tête baissée. Il n'avait plus pensé aux règles. Malgré tout, il fut soulagé quand sa demi-tante balaya ça d'un coup de main et lui redemanda sèchement :
- Alors ?
Harry haussa les épaules. Il ne pouvait réellement pas avouer toutes les choses bizarres dont il rêvait. Pas devant Tante Pétunia !
- La magie n'existe pas ?
- Merlin ! Bon, la magie existe réellement, et tu es un sorcier qui doit apprendre à s'en servir. Le reste, tu le verras.
D'accord. Plutôt incroyable mais pourquoi pas.
- Moi sorcier ? Mais je suis juste Harry.
- Eh bien, tu as le choix. Ecole de magie ou collège du quartier. A toi de voir.
- C'est bon, je viens, assura rapidement Harry - qui refuserait une telle occasion ? Mais... Et toi ?
- Quoi moi ?
Harry fixa ses pieds. Elle lui faisait un peu peur quand même, sa demi-tante. Si elle connaissait la magie, peut-être qu'elle allait même le transformer en crapaud, s'il lui déplaisait ! Tante Pétunia lui arriva cependant en aide.
- C'est vrai. Comment tu connais assez bien le monde de la magie pour lui faire faire ses courses ? Et pourquoi tu viens après dix ans de silence ?
Harry osa lever le regard vers sa demi-tante. Celle-ci avait levé un sourcil vers eux, ce qui avait l'air comique car elle continuait à fixer le vide mais l'effrayait surtout.
- Je pense que je te dois des explications, Tunie. Par contre, toi, Harry, prends cette lettre et lit la dans ton placard. Et prépare-toi à partir dans dix minutes.
Harry ne demanda pas son reste et fit comme demander. La lettre en question était écrite en encre vert émeraude sur du parchemin. C'était peut-être typique chez les sorciers ? Un sceau rouge la tenait fermée. Et Harry prit garde de l'ouvrir par le haut pour ne pas le casser. La première feuille qui était à l'intérieur était en fait la liste des fournitures dont il avait besoin. Il la mit de côté pour le moment. La deuxième partie était une lettre l'informant qu'il était inscrit au collège Poudlard pour magie et sorcellerie. Poudlard, c'était quand même un drôle de nom. Il releva deux noms qui semblaient importants : le directeur s'appelait Albus Dumbledore et son adjoint Minerva McGonagall. Des noms qui sonnaient déjà magiques d'après lui.
- Harry, on y va.
Harry sortit de son placard, sa lettre à la main. Ses deux tantes l'attendaient devant la porte d'entrée. Harry sentit le regard critique de Tante Pétunia sur lui et se tourna vers l'autre. Son expression sévère n'avait rien à envier à sa demi-sœur.
- Je te le ramène ce soir. Bonne journée.
- A ce soir, Tante Pétunia, la salua Harry et suivit sa tante Bluebell.
Harry réussit à ne pas poser de questions jusqu'au prochain croisement de routes. Puis il attrapa la manche de sa tante et la sentit se tendre.
- Lâche, Harry. Merci.
Harry prit son courage à deux mains et se lança dans les questions.
- Comment t'appelles-tu ? Tu es sorcière toi aussi ? Pourquoi tu m'accompagne ? Tu peux me parler de mes parents ? Comment ils étaient, pourquoi ils sont morts ? Tu sais d'où vient ma cicatrice ? J'ai du mal à croire à l'accident de voiture...
Sa demi-tante renifla dédaigneusement.
- Ta tante et ton oncle t'ont parlé d'un accident de voiture. Il en aurait fallu plus pour tuer tes parents. Ils étaient des sorciers très doués. Même si Lily était une donneuse de leçons et que ton père un farceur de première classe. Enfin je t'assure, ses amis et lui étaient les seuls à trouver leurs blagues drôles. Je te raconterai plus tard, pas en plein monde moldu.
- D'accord, acquiesça Harry. Et les autres questions ?
- C'est bien, ne te laisse pas distraire. Bon.
Harry essaya de rester à la même hauteur que la femme mais celle-ci semblait accélérer le pas.
- Bluebell Ann Roberts. Oui. Et je suis là parce que Dumbledore voulait t'envoyer des lettres et ensuite un homme de trois mètres. Hagrid est gentil comme tout mais il risquait de faire peur à ta famille.
Harry acquiesça en silence. Sa tante lui adressa un demi-sourire :
- Je suis certaine que tu as encore des questions.
- Oui, Tante Bluebell. Pourquoi tu n'es jamais venue avant aujourd'hui ? Qu'est-ce que tu travailles ? D'ailleurs est-ce qu'il y a des métiers chez les sorciers ? Et comment c'est Poudlard ? Qu'est-ce qu'on y apprend ?
- Ne m'appelle pas Tante ni Bluebell. Ne m'appelle pas tout simplement pour l'instant. Oui les sorciers travaillent. Il y a beaucoup qui ont un poste divers et varié au Ministère de la Magie. Par exemple les aurors sont les gendarmes ou soldats sorciers, le ministre de la magie est le chef du gouvernement, les oubliators sont chargés de faire oublier la magie aux moldus. Parce que les sorciers préfèrent vivre séparer des moldus. Il y a bien sûr aussi des médecins et des professeurs.
- Et toi, tu fais quoi ?
- Tu verras. Bon. Il n'y a personne. Tu préfères transplaner ou prendre le magicobus ?
- ...
Harry ne savait ni ce qu'était l'un ni l'autre. Comment aurait-il pu ? Il allait découvrir un nouveau monde ! C'était excitant ! Il fixa sa demi-tante avec de grands yeux. Elle avait gardé les yeux rivés sur la maison d'en face et semblait attendre sa décision.
- D'accord, on transplane. Prends mon bras.
Harry s'accrocha sans savoir ce qui l'attendait. C'était plus désagréable que tout ce qu'il avait imaginé. Cela devait être un moyen de transport rapide, un peu comme de la téléportation.
- Peut-être que pour rentrer on peut prendre le bus...
Il ravala difficilement son petit-déjeuner qui voulait ressortir et vit que sa tante se dirigeait déjà vers un bar miteux. Cela ne semblait pas être un endroit où l'on emmène des enfants de onze ans. Cependant elle l'appelait sans prendre la peine de se retourner ou de l'attendre. Harry se dépêcha de la rejoindre et ensemble ils entrèrent dans le bar : Le Chaudron Baveur, d'après ce qu'avait pu voir Harry sur le panneau délabré.
L'intérieur était poussiéreux et donnait envie à Harry de ressortir aussitôt. Il faisait sombre et seuls quelques clients s'y trouvaient. De vieilles femmes buvaient de petits verres dans un coin et un petit homme parlait au barman. Celui-ci était chauve et adressa un sourire de dents miteux à Bluebell lorsqu'il les vit. Lentement les conversations s'interrompirent et les regards confluèrent vers Harry.
- Vous nous amenez un nouveau ? tonna le barman derrière son comptoir.
Bluebell le gratifia d'un hochement de tête sec.
- Merlin, mais c'est ... c'est Harry Potter ! s'écria le barman.
Les clients du Chaudron Baveur étaient soudain totalement silencieux. Puis le vieux barman contourna * le comptoir et se précipita sur Harry pour lui serrer la main. Il avait les larmes aux yeux.
- Soyez le bienvenu, Mr Potter. Bienvenue parmi nous.*
Harry resta bouche-bée. Qu'est-ce qu'il pouvait bien y répondre ? Sa tante semblait plus sombre que jamais. Les clients se précipitaient vers lui et Harry se trouva entouré de sorciers qui tenaient à tout prix à lui serrer la main. Pas un seul client n'était resté assis.
- * Je suis Doris Crockford, Mr Potter, c'est extraordinaire de vous voir enfin.
- Je suis très fier de faire votre connaissance, Mr Potter, dit quelqu'un d'autre.
- J'ai toujours rêvé de vous serrer la main, assura un troisième. Je suis si ému.
- Je suis si honoré de faire votre connaissance, Mr Potter, dit un quatrième. Je m'appelle Diggle, Dedalus Diggle.
- Je vous ai déjà vu, répondit Harry tandis que le chapeau haut de forme de Dedalus Diggle tombait sous le coup de l'émotion. Vous m'avez salué un jour dans un magasin.
- Il s'en souvient ! s'écria Diggle en regardant tout le monde autour de lui. Vous avez entendu ? Il s'en souvient !
Harry continuait à saluer tout le monde tandis que Doris Crockford ne cessait de lui tendre la main. Un jeune homme au teint pâle s'avança, visiblement nerveux. L'une de ses paupières était agitée de tics.*
- Professeur Quirrell, grogna Bluebell. Harry, voici l'un des professeurs de Poudlard.
- *P...P...Potter... balbutia le professeur en saisissant la main de Harry. V...V...Vous ne pou...pouvez pas savoir à...à quel point je suis heu...heu...heureux de vous rencontrer.
- Quelle matière enseignez-vous, professeur ? demanda Harry.*
- L'ét...l'étude des mol...moldus, marmonna le professeur Quirrell comme s'il regrettait ce poste.
* Les autres clients n'avaient pas l'intention de laisser le professeur accaparer Harry * et Bluebell dût le tirer hors des griffes des sorciers pour l'entraîner dans une petite cour fermée où il n'y avait que des poubelles et des mauvaises herbes.
- Pourquoi me connaissent-ils tous ?
- C'est lié à ta cicatrice et à la mort de tes parents. Plus tard. Tu es célèbre chez les sorciers. Mais ce Quirrell... Tout est bon pour s'approcher de toi. Il voulait même enseigner la Défense mais Dumbledore lui a redonner son vieux poste. L'autre tremblant se disait mieux qualifier pour t'enseigner.
Bluebell renifla dédaigneusement. Puis elle sortit une baguette magique et tapota trois fois un endroit précis du mur. La brique commença alors à trembloter et un petit trou apparut en son milieu. Il s'agrandit pour finalement former une arcade leur permettant de passer. Une rue pavée s'étendait devant leurs yeux.