- Bienvenue au Chemin de Traverse.
Bluebell lui laissa le temps d'admirer le peu qu'il arrivait à voir puis l'entraina dans la rue. Harry aurait aimé avoir une centaine de yeux supplémentaires.
Un étalage de chaudrons brillait de mille feux alors qu'une pancarte annonçait : « Chaudrons - toutes tailles - tous matériaux - touillage automatique - modèles pliables. » A côté, un apothicaire exposait des récipients contenant des choses qu'Harry préféra ne pas identifier.
- * Dix-sept Mornilles pour trente grammes de foie de dragon, c'est de la folie, marmonna * une femme qui s'y tenait, un panier de courses sous le bras.
Un ululement s'éleva d'une boutique dont l'enseigne indiquait : * « Au Royaume du Hibou - hulottes, chouettes effraies, grands ducs, chouettes lapones ». Quelques garçons de l'âge de Harry avaient le nez collé contre une vitrine dans laquelle étaient exposés des balais volants.
- Regarde, dit l'un d'eux. Le nouveau Nimbus 2000. Encore plus rapide.*
Plein d'autres choses attiraient l'attention de Harry. Les robes de sorcier, les télescopes, les ailes de chauve-souris séchées, les livres, les plumes multicolores, les potions, les objets qu'il ne parvenait pas à identifier. Mais Bluebell avança dans la foule sans voir tous ces trucs magiques.
Enfin elle s'arrêta devant un grand bâtiment en marbre, qui dominait les boutiques alentour. Le portail en bronze étincelant était gardé par un...
- Voici Gringotts, la banque des sorciers. Tenu par les gobelins, déclara Bluebell.
* Le gobelin avait environ une tête de moins qu'Harry. Il avait le teint sombre, un visage intelligent, une barbe en pointe, des pieds et des doigts longs et fins. Lorsqu'ils pénétrèrent à l'intérieur du bâtiment, le gobelin s'inclina sur leur passage. Ils se retrouvèrent devant une autre porte, en argent cette fois, sur laquelle étaient gravés ces mots :
Entre ici étranger si tel est ton désir
Mais à l'appât du gain, renonce à obéir,
Car celui qui veut prendre et ne veut pas gagner,
De sa cupidité, le prix devra payer.
Si tu veux t'emparer, en ce lieu souterrain,
D'un trésor convoité qui jamais fut tien,
Voleur, tu trouveras, en guise de richesse,
Le juste châtiment de ta folle hardiesse.*
Harry n'eut tout juste le temps de lire la mise en garde avant que sa tante ne poussât déjà la porte et se plaça dans une file d'un comptoir. Harry en profita pour admirer la banque. Le hall était tout en marbre et de hautes colonnes s'élevaient sous un toit en verre. Des gobelins s'affairaient et étaient occupés avec d'autres clients ou alors à peser de grandes pièces d'or sur une vieille balance en cuivre ou encore à examiner des pierres précieuses.
- Bonjour, Hagrid, salua Bluebell lorsqu'un géant passa près d'eux.
- Bonjour, professeur Roberts. Donc c'est lui le petit Harry Potter ? Bonjour, Harry. Je suis Rubeus Hagrid, gardien des Clés et des Lieux à Poudlard. Aujourd'hui je suis en mission pour Dumbledore. Je dois récupérer quelque chose dans le coffre 713. Bon à plus.
- Il parle trop, marmonna Bluebell dans sa barbe inexistante, pendant qu'Harry clignait encore des yeux, surpris - qu'il était grand !
Mais déjà c'était à leur tour. Le gobelin les observait du haut de son comptoir.
- Bonjour. Nous voulons prendre de l'argent dans le coffre de Mr Potter, annonça Bluebell.
- Vous avez la clé ? demanda le gobelin.
Il examina celle que lui tendait Bluebell et acquiesça.
- Très bien, dit-il, je vais vous faire accompagner dans la salle des coffres. Gripsec !
Un autre gobelin apparut et les conduisit aussitôt vers l'une des portes du hall.
- Pourquoi Hagrid t'a-t-il appelée professeur ? demanda Harry à sa tante.
Celle-ci ne répondit qu'avec un reniflement méprisant. Le garçon avait comme l'impression qu'elle n'allait pas répondre à beaucoup de questions... Dommage.
Gripsec les avait menés dans un passage étroit en pente raide. Lorsque Gripsec siffla un wagonnet s'approcha sur une voie ferrée qui courait en son milieu. Gripsec leur aida de monter puis s'installa lui aussi. Aussitôt le wagonnet commença une course folle qui les mena vers les profondeurs de la banque.
Harry crut voir un jet de flammes provenant d'un dragon puis put admirer un lac souterrain bordé de stalactites et de stalagmites. Il se tourna vers sa tante.
- Tu as vu ça ?! J'oublie toujours quelle est la différence entre eux, cria-t-il pour couvrir le bruit du wagonnet.
- Exprime-toi correctement. La différence entre quoi ?
- Stalagmites et stalactites. Ne me dis pas que tu les as ratées !
- Les stalactites sont au plafond, les stalagmites au sol.
Sans commentaire.
*Enfin, le wagonnet s'arrêta devant une petite porte.* Ils sortirent et Gripsec ouvrit la porte. Dans la lumière de la torche, Harry put voir des tas de pièces d'or, d'argent et de cuivre.
- Je suis riche ! s'exclama Harry, incrédule.
Cela lui semblait inimaginable après tant d'années que Pétunia et Vernon s'était plaint qu'il leur coûtait trop cher. Et là, une fortune l'attendait !
- C'est l'héritage que t'ont laissé tes parents. Pétunia ne peut pas le récupérer et... Prends en un sac plein.
Elle lui tendit une bourse en cuir qu'il remplit avec soin.
- Celles en or sont des Gallions, celles en argent des Mornilles et en bronze des Noises, expliqua Bluebell. Vingt-neuf Noises sont une Mornille et un Gallion fait dix-sept Mornilles. Voilà ça suffira pour l'année scolaire.
Ils repartirent avec le wagonnet et quand ils furent à nouveau dans le hall, même Harry se sentait un peu mal. Ils croisèrent Hagrid qui avait pris une jolie teinte verdâtre et sortirent dans le soleil éclatant.
Harry avait hâte de dépenser son argent - il n'en avait jamais eu - mais sa tante avait d'autres projets.
- D'abord on va manger une glace pour que je te parle de tes parents et pour récupérer des wagonnets de Gringotts. Ensuite on verra.
Harry ne put qu'acquiescer surtout que son estomac le trahissait. Et puis il était curieux par rapport à ses parents. Il ne savait rien d'eux, maintenant qu'il avait appris que tout était faux.
Bluebell le dirigea vers un café nommé Glaces Florian Fortarôme. Ils s'installèrent à une table munie d'un parasol bleu et jaune. Un homme leur apporta les cartes. Harry se plongea aussitôt dedans et découvrit des glaces aux goûts dont il n'aurait jamais rêvé qu'ils puissent exister.
- Vanille - caramel fondant, Pistache - Noix de pipaillons ? Fraise des bois - coquelicots ? Branche de Botruc - vert de cactus ? Tu as vu tous ces goûts ? Choux de Bruxelles - gingembre ?
- Choisis plutôt au lieu de t'enthousiasmer. Et prends au moins un parfum dont tu sais que tu l'aimes.
Harry leva le regard sur sa tante. Elle observait un point au-dessus de son épaule et avait reposé sa carte bien qu'elle avait gardé ses doigts renfermés dessus. Ceux-ci semblaient trembler légèrement. Mais il n'allait pas le lui faire remarquer, merci bien.
- Tu prends quoi ? demanda Harry.
- Vanille - morceau de noisette et framboise de lune.
- C'est quoi framboise de lune ? Ce n'est pas sur la carte en tout cas.
- Bon. La dernière fois ils en avaient encore, fit sa tante avec une mauvaise foi évidente.
- Il y a framboise tout court par contre ou alors framboise à la crème de potiron... quoi ?!
- Merci, Harry. Tu sais le potiron est très apprécié chez les sorciers. On en retrouve partout. C'est navrant.
Harry réfléchit à toute vitesse. Ça voulait dire qu'il allait tôt ou tard devoir y goûter et si possible aimer. Autant essayer tout de suite.
- Dans ce cas je vais essayer le potiron et chocolat - éclats d'amande.
- Très bien.
Presque instantanément un serveur apparut à leur côté, ils commandèrent et reçurent leurs glaces. Pendant que Harry se jeta sur la sienne, sa tante goûta prudemment. Puis elle prit la parole.
- Il y a environ quarante ans, un sorcier doué est passé du côté obscur. Le problème était qu'il voulait le pouvoir pour éradiquer les moldus et les sorciers d'origine moldue comme ta mère. Il a gagné en influence et deux groupes se sont cristallisés : ceux qui le soutenaient et ceux qui le combattaient. Tes parents faisaient partis des seconds. Et un jour le mage noir a décidé de les tuer. Et de te tuer toi, Harry. Mais il n'a pas réussi. Son sort a rebondi sur toi et il a disparu. Toi, tu n'en as gardé qu'une cicatrice sur le front.
- Et il est mort lui ?
- Personne ne le sait. Il a disparu. Dumbledore pense qu'il est encore quelque part dehors à attendre le bon moment pour revenir.
- Il a un nom ?
- Communément on l'appelle Tu-Sais-Qui mais lui se nomme Lord V... - personne n'aime prononcer son nom, il fait toujours peur même si ça fait dix ans qu'il a disparu - son nom est Voldemort.
- Voldemort ?
- Oui.
Harry eut l'impression que malgré le soleil qui brillait fort il faisait plus froid. Alors c'était comme ça que ses parents étaient morts... L'accident de voiture semblait être bien plus sympathique maintenant.
- Bon, fit sa tante pendant qu'ils finissaient leurs glaces. Tu as ta liste de fournitures sur toi ?
Harry acquiesça et la sortit de la poche de son jean. Il la lut à voix haute :
* « COLLÈGE POUDLARD - ECOLE DE SORCELLERIE
Uniforme
Liste des vêtements dont les élèves de première année devront obligatoirement être équipés :
1) Trois robes de travail (noires), modèle normal
2) Un chapeau pointu (noir)
3) Une paire de gants protecteurs (en cuir de dragon ou autre matière semblable)
4) Une cape d'hiver (noire avec attachés d'argent)
Chaque vêtement devra porter une étiquette indiquant le nom de l'élève.
Livrés et manuels
Chaque élève devra se procurer un exemplaire des ouvrages suivants :
Le Livre des sorts et enchantements (niveau 1) de Miranda Fauconnette
Histoire de la magie de Bathilda Tourdesac
Magie théorique de Adalbert Lasornette
Manuel de métamorphose à l'usage des débutants de Emeric G. Changé
Mille herbes et champignons magiques de Phyllida Augirolle
Potions magiques de Arsenius Beaulitron
Vie et habitat des animaux fantastiques de Norbert Dragonneau
Forces obscures : comment s'en protéger de Quentin Jentremble.
Fournitures
1 baguette magique
1 chaudron (modèle standard en étain, taille 2)
1 boîte de fioles en verre ou cristal
1 télescope
1 balance en cuivre
Les élèves peuvent également emporter un hibou OU un chat OU un crapaud.
IL EST RAPPELÉ AUX PARENTS QUE LES ÉLÈVES DE PREMIÈRE ANNÉE NE SONT PAS AUTORISÉS À POSSÉDER LEUR PROPRE BALAIS. » *
- Par quoi commence-t-on ?
- Je te propose les uniformes. Il y a toujours un monde fou en fin de la journée.
Harry acquiesça et se retrouva sur un tabouret de Madame Guipure en moins de temps qu'il ne l'aurait cru. La sorcière replète et souriante était en train d'épingler l'ourlet de sa robe de sorcier quand le garçon blond sur le tabouret d'à côté lui adressa la parole.
- * Salut. Toi aussi tu vas à Poudlard ?
- Oui, répondit Harry.
- Mon père est en train de m'acheter mes livres dans le magasin d'à côté et ma mère est allée chercher ma baguette magique à l'autre bout de la rue, dit le garçon d'une voix traînante. Ensuite, je compte les emmener faire un tour du côté des balais de course. Je ne vois pas pourquoi les élèves de première année n'auraient pas le droit d'avoir leur propre balai. J'arriverai bien à convaincre mon père de m'en acheter un et je m'arrangerai pour le faire passer en douce au collège.
En l'écoutant parler, Harry ne pouvait pas s'empêcher de penser à Dudley.
- Et toi, tu as un balai ? poursuivit-il.
- Non, dit Harry.
- Tu joues au Quidditch ?
- Non, répéta Harry en se demandant ce que pouvait bien être le « Quidditch ».
- Moi, oui. Mon père dit que ce serait un scandale si je n'étais pas sélectionné dans l'équipe. Tu sais dans quelle maison tu seras ?
- Aucune idée, répondit Harry, de plus en plus déconcerté.
- En fait, on ne peut pas vraiment savoir avant d'être sur place. Mais moi, je suis sûr d'aller à Serpentard, toute ma famille y a toujours été. Tu t'imagines, se retrouver à Poufsouffle ? Je préférerais m'en aller tout de suite.*
Harry ne répondit pas. Il ne savait plus quoi dire de toute façon. Il venait de voir Bluebell qui l'attendait patiemment debout près de la porte. Il l'avait presque oublié dans sa hâte d'avoir ses robes de sorcier. Il lui demandera des explications après. Le garçon blond l'avait lui aussi remarquée.
- Non ! s'exclama-t-il. Mais c'est Lady Roberts !
- Pardon ? s'étonna Harry.
Il en apprenait de plus en plus sur celle qui prétendait être sa tante.
- Tu ne connais pas Ann Roberts ? Elle était championne nationale de duel pendant huit ans. Je regrette seulement que je n'ai jamais pu regarder un de ses combats. Elle a arrêté peu après ma naissance.
- Je sais juste qu'elle enseigne à Poudlard, expliqua Harry. Elle m'accompagne faire mes achats de rentrée.
- Oh. Mais tes parents ?
- * Ils sont morts, dit Harry qui n'avait pas envie d'aborder le sujet.
- Oh, désolé, dit l'autre qui n'avait pas l'air désolé du tout. Mais ils étaient de notre monde, non ?
- Ils étaient sorciers, si c'est ça que tu veux dire.
- A mon avis, Poudlard devrait leur être réservé. Ceux qui viennent d'autres familles ne sont pas comme nous, ils n'ont eu la même éducation. Certains d'entre eux n'avaient jamais entendu parler de Poudlard avant de recevoir leur lettre, tu te rends compte ? Je pense que l'école ne devrait accepter que les enfants issus de vieilles familles de sorciers. Au fait, comment tu t'appelles ?
- Et voilà, c'est fait, mon petit, interrompit Madame Guipure avant qu'il ait eu le temps de répondre.
Saisissant l'occasion pour mettre un terme à sa conversation avec le garçon, Harry sauta du tabouret.
- Nous nous reverrons à Poudlard, dit l'autre de sa voix traînante.*
Harry rejoignit sa tante et paya ses achats. Il insista pour porter lui-même les paquets puis ils sortirent du magasin.
Dans le magasin d'à côté, ils trouvèrent les manuels dont avait besoin Harry et Bluebell salua d'un hochement de tête le père de l'arrogant blond. Harry décida d'interroger sa tante dès qu'ils furent sortis de la librairie. Il suffisait d'espérer qu'elle réponde...
- Tu les connais ?
- Qui ça ?
- Le blond qui était à côté de moi chez Madame Guipure et son père que tu viens de saluer, expliqua Harry.
- Lucius Malefoy et son fils Draco. Tout le monde connaît les Malefoy. Ils font toujours de grands dons au Ministère et à Sainte Mangouste, l'hôpital des sorciers. C'est une famille influente.
- D'accord, c'est quoi le Quidditch ?
- Tu verras.
- Et cette histoire de maisons à Poudlard ?
- Je vois que tu as bien profité de ta conversation avec le jeune Draco.
Ils passaient dans une papeterie pour prendre du parchemin, de l'encre et des plumes d'oie. Harry se vit même accorder le droit de prendre un flacon d'encre qui changeait de couleur en écrivant.
- Poudlard est divisé en quatre maisons. Les dortoirs et les cours sont ordonnés par maison, expliqua Bluebell lorsqu'ils ressortirent du magasin. Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard.
- Draco a dit qu'il irait dans la même maison que ses parents. Où étaient les miens ?
- A Gryffondor. Mais ce n'est pas la famille qui décide de ta maison.
- Et toi, tu étais dans laquelle ?
- Serpentard.
- C'est aussi là où veut être Draco. Et il a dit que les enfants de moldus ne devraient pas avoir le droit d'aller à Poudlard.
- Et ?
- Il n'y a pas de rapport ?
Bluebell soupirait :
- Serpentard est la maison de l'ambition. Il y a donc beaucoup de vieilles familles qui la préfèrent et ceux-là dénigrent aussi les nés-moldus.
- D'accord. Les autres maisons ont aussi des caractéristiques ?
- Oui, mais tu verras.
Harry ne réussit pas, à son grand malheur, de tirer davantage d'informations de Bluebell.
Ils achetèrent un chaudron en étain et non en or - l'or a d'autres propriétés que l'étain -, un télescope pliable et une jolie balance. Maintenant Harry acceptait joyeusement que sa tante l'aide à tout porter. La prochaine chose qu'il acheta était une énorme valise où il déposa directement toutes ses affaires.
Dans la rue, sa tante sortit sa baguette et lança deux sorts sur la valise. Si Harry vit ses initiales apparaître en lettre argentées sous l'effet du premier, il se demandait à quoi servait le second jusqu'à ce qu'il la soulève. Elle était devenue toute légère ! Il remercia sa tante les yeux brillants et se laissa entraîner vers l'apothicaire où il reçut un set d'ingrédients de base.
Bluebell sortit une longue liste d'une poche et la déposa devant l'apothicaire.
- Le professeur Rogue a besoin de ces ingrédients. Il viendra les chercher la semaine prochaine.
Harry avait aperçu des yeux de scarabées dans un bocal et les observa avec intérêt. Mais déjà Bluebell l'emmena dans le prochain magasin. Elle n'avait décidément pas le regard pour les belles choses.
Ils achetèrent encore une paire de gants en cuir de dragon qui étaient bruns et non pas verts ou rouges comme s'y était attendu Harry, et des fioles en verre beaucoup moins chères que celles en cristal. Et elles avaient un autre avantage qu'Harry ne comprenait pas. Finalement il ne manquait plus que la baguette magique. C'était un rêve pour Harry.
- Il faut aller chez Ollivander. C'est le meilleur fabricant de baguettes.
C'était une boutique étroite et délabrée dans laquelle ils entraient. Des lettres d'or indiquaient : *« Ollivander - Fabricants de baguettes magiques depuis 382 avant J.-C. »* Une clochette appelait le vendeur. Bluebell s'était arrêtée incertaine. Lorsque la porte se referma derrière eux, Harry eut la sensation d'être entré dans une bibliothèque particulièrement austère ou bien dans une église. Des boîtes s'entassaient par milliers sur les étagères. La poussière et le silence du magasin semblaient munis d'une magie secrète.
- * Bonjour, dit une voix douce.*
Harry sursauta mais ce ne fut rien comparé à sa tante qui avait sorti sa baguette dans un geste défensif. Un vieil homme se tenait devant eux. Deux grands yeux pâles brillaient dans la pénombre de la boutique.
- Bonjour, fit Harry incertain.
Il jeta un regard de biais à sa tante qui avait à nouveau rangé sa baguette mais qui semblait rester sur ces gardes.
- * Ah, oui, oui, bien sûr, dit l'homme. Je pensais bien que j'allais vous voir bientôt. Harry Potter. Vous avez les yeux de votre mère. Je me souviens quand elle est venue acheter sa première baguette, j'ai l'impression que c'était hier, 25,6 centimètres, souple et rapide, bois de saule. Excellente baguette pour les enchantements.
Mr Ollivander s'approcha de Harry. Les yeux argentés du vieil homme avaient quelque chose d'angoissant.
- Votre père, en revanche, avait préféré une baguette d'acajou, 27,5 centimètres. Flexible. Un peu plus puissante et remarquablement efficace pour les métamorphoses. Enfin, quand je vous dis que votre père l'avait préférée... en réalité, c'est bien entendu la baguette qui choisit son maître.
Mr Ollivander était si près de Harry à présent que leurs nez se touchaient presque. Harry distinguait son reflet dans les yeux couleur brume du vieil homme.
- Ah, c'est ici que...
D'un doigt long et blanc, Mr Ollivander toucha la cicatrice en forme d'éclair sur le front de Harry.
- J'en suis désolé, mais c'est moi qui ai vendu la baguette responsable de cette cicatrice, dit-il d'une voix douce, 33,75 centimètres. En bois d'if. Une baguette puissante, très puissante, et entre des mains maléfiques... Si j'avais su ce que cette baguette allait faire en sortant d'ici...
Il hocha la tête puis, au grand soulagement de Harry, il se tourna vers* Bluebell.
- Bluebell Ann Roberts ! s'exclama-t-il faisant sursauter la concernée. Quel plaisir de vous revoir... Tilleul argentée, 23 centimètres, ni souple ni rigide, n'est-ce pas ?
La sorcière acquiesça, tendue.
- Tenez, asseyez-vous ici, l'invita Mr Ollivander en la guidant jusqu'à la seule chaise. Et maintenant à nous, jeune homme.
Harry ressortit du magasin une demi-heure après avec une belle baguette entre les doigts. *Bois de houx et plume de phénix, 27,5 centimètres. Facile à manier, très souple.* Que Voldemort eût une baguette avec le même cœur l'inquiétait un peu mais il était tellement heureux d'être un sorcier que ça éclipsait tout le reste.
- Je suis un vrai sorcier maintenant ! s'écria-t-il en brandissant sa baguette qui laissa échapper quelques étincelles.
Sa tante se retourna vers lui avec un sourire moqueur.
- Que dirait le vrai sorcier, si on lui trouve un animal de compagnie ?
Harry eut les yeux brillants. Il n'avait jamais eu un animal à lui tout seul, s'il ne comptait pas les araignées qui vivaient dans son placard. C'était un rêve devenu réalité.
- Oh oui !
- Allons-y alors. Direction Ménagerie Magique.
Harry se plaça à côté de sa tante et lui demanda :
- Qu'est-ce qu'il y a comme animaux ?
- Officiellement Poudlard n'autorise que les crapauds, les chats et les hiboux. Mais il y a toute une colonie de rats et souris, de perruches, de tortues, d'hamsters, de cochons d'inde, quelques chiens même, et quelques reptiliens.
- Et qu'est-ce qu'est le mieux ?
- A toi de voir ce qu'il te plaît.
- Tu peux me parler des différents animaux, s'il-te-plaît ?
- Les crapauds sont sortis de mode, donc plus personne n'en veut, mais ce sont des compagnons fidèles et non encombrants. Et tu n'auras plus de mouches autour de toi. Les chats ne sont pas si faciles, déjà ils ont leur caractère et puis ta tante ne t'autorisera jamais à avoir un chat. Tout le monde veut un hibou en ce moment parce qu'il t'amène ton courrier mais ils ne sont pas très présents à tes côtés donc si tu veux un animal à câliner ou pour te tenir compagnie, évite. Après les chiens demandent de sortir chaque jour donc ce n'est pas bien pratique à l'école. Les souris et surtout les rats sont appréciés, tu peux tout faire avec eux. Par contre, il faut alors se méfier des chats. Sinon les serpents et les iguanes, c'est quelque chose pour se vanter...
Harry hocha de la tête. Il aurait adoré avoir une chouette mais il n'avait de toute façon personne à qui écrire, ça le lui rappellerait juste. Ou un chat façon sorcier cliché mais avec les Dursley...
Ensembles ils entrèrent dans la Ménagerie. Harry fit le tour tandis que sa tante le suivait. Il vit des chouettes de toutes les couleurs, des chats qui miaulaient en jouant avec des souris en plastique, des rats qui couraient dans leur cage, des crapauds qui croassaient, et des lapins qui mangeaient des carottes. Quand Harry passa devant un d'eux leva la tête et s'approcha des barreaux. Son pelage était soyeux et étincelait dans toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.
- Tu as vu ça ? C'est moi ou il change de couleur ? Harry se tourna vers sa tante.
Celle-ci haussa les épaules sans même accorder un regard à l'animal. C'est alors qu'Harry comprit. Elle était aveugle ! Comment avait-il fait pour ne pas s'en rendre compte plus tôt ? Il se sentit terriblement stupide. La magie ne pouvait-elle pas tout guérir ?
- Je peux vous aider ? demanda le vendeur.
Harry acquiesça, soulagé de pouvoir laisser de côté ces pensées sombres.
- Qu'est-ce comme lapin ? Il change de couleur, non ?
- C'est un lapin changeur, oui. Celui-ci est encore jeune, c'est pourquoi il a les couleurs de l'arc-en-ciel. Lorsqu'il atteindra les deux ans il ne gardera que deux ou trois couleurs qu'il pourra changer à volonté. Attends, je te le sors de la cage.
Le lapin se laissa déposer dans les bras d'Harry et s'y installa. Il le renifla et jouait avec ses oreilles qui chatouillaient Harry sous le menton.
- Je pense qu'il t'a adopté, sourit le vendeur.
Harry resserra les bras autour de l'animal multicolore. Il leva des yeux pleins d'étoiles vers sa tante qui lui offrit un demi-sourire. Harry choisit encore une cage de transport et un récipient pour de l'eau tandis que sa tante tenait le lapin qui ne quittait pas Harry des yeux. Finalement le vendeur lui tendit une collection de colliers de toutes les couleurs et le jeune garçon en choisit un turquoise. Le vendeur inscrivit son nom après lui avoir serré la main et lui donna quelques explications supplémentaires. Ainsi la couleur définitive dépendait de la nourriture et c'était bien un lapin plus intelligent que ceux des moldus. Aux yeux de ceux-ci, il était d'ailleurs censé paraître blanc ou du moins tacheté. Pratique et réellement magique.