5 février 1626, hôtel de Coulanges, n°1 bis de la place royale, Paris.
Les cris d’un nourrisson se faisaient entendre, venant à peine de naitre et montrant déjà au monde qu’elle était un tout petit bout de femme haut en couleur.
Les domestiques s’empressèrent de baigner l’enfant et de la présenter à une Marie de Coulanges pantelante qui essayait tant bien que mal de reprendre ses esprits ; vautrée dans des draps tachés de son sang. Ennuyée par les pleurs de l’enfant la baronne chassa les domestiques d’une main agacée avant d’attraper une baguette en bois de cerisier, posée à ses côtés et de nettoyer d’un geste fluide ses draps de soie. Elle lança un regard courroucé à une petite blonde et prit la parole d’une voix cassante
-Votre seule responsabilité était de garder cette maison propre, j’ai dû m’abaisser à nettoyer mes draps moi-même je vous prie donc de quitter cette demeure sur-le-champ et d’aller partager votre incompétence ailleurs !
Elle lança un regard agacé au bébé avant de reprendre la parole
-Veuillez faire taire cette enfant ou la faire sortir cette pièce je suis rompue !
Le domestique qui tenait la fillette dans ses bras s’empressa de quitter la chambre. Il se dirigea vers le salon où Celse-Bénigne de Rabutin baron de Chantal attendait en Compagnie de ses parents, Marie née de Bèze et Phillippe 1erde Coulange, des tasses de thé voletant à leurs côtés.
À l’arrivée du domestique tous se tournèrent vers lui, l’homme s’inclinât et désignât l’enfant
-Votre fille Baron
La théière s’écrasa au sol.
-Pie-grièche ! Cette foutue femme incapable de m’offrir un héritier, cette mégère n’est bonne qu’à dilapider sa dot et babiller sur les derniers modes !
Outré par ses grossières paroles sa mère prit la parole en réparant l’objet brisé d’un coup de baguette.
-Il ne me semble pas vous avoir si mal enseignée les bonnes manières mon fils, soyez bien aise vous bien mieux lotis que le Marquis de Saluces, le pauvre homme avait une femme frigide qui la laisser sans enfants, depuis le marquisat n’a cessé de changer de mains et il est depuis peu au duc de Savoie, vous vous imaginez la famille est tombée si bas que les terres appartiennent à des sorciers ayant mélangé leur sang avec des sorciers venant des états italiens !
-Vous avez raison ma chère notre bru a au moins était capable de préserver notre baronnie des barbares étrangers ! Vous n’auriez qu’à l’engrosser de nouveau à la prochaine lune mon fils !
-Encore faudrait-il qu’elle cesse de jouer les ingénues ! Je n’ai pu poser la main sur elle durant toute la grossesse
-Mon fils il me semblait avoir été clair sur ces choses-là quand je vous ai amené vous faire déniaiser, quand il est question d’héritier les femmes n’ont pas leurs mots à dire !
Le bébé qui était calme jusqu'à présent se remit à pleurer, le baron déjà exaspéré par les cris de l’enfant pris de nouveau la parole
-Veuillez mener cette enfant en nourrice et annoncer aux bonnes gens que Marie de Rabutin-Chantal vient de venir au monde en parfaite santé !
Le domestique s’inclinât une dernière fois avant de s’exécuter.