Tu sais Daphné, je t’ai aimé. Je pense que tu ne l’as jamais su, mais je t’ai aimé, à en crever. Chaque jour, un peu plus. À chaque battement de cœur un peu plus fort. Je t’ai aimé Daphné à ne plus pouvoir respirer. À en mourir.
Je sais que si jamais un jour ce parchemin arrivait entre tes doigts, tu n’en croirais pas un mot. Car c’est connu, Théodore Nott n’aime pas. Théodore Nott n’a pas de sentiments. L’âme aussi roide que le métal, le cœur glacé. Une pierre froide aussi lisse que les traits de son visage.
Je suis un bon camarade, pas le meilleur certes, mais un bon ami. Mais jamais on ne m’a vu comme un potentiel amant et toi encore moins que les autres.
Mais tu sais Daphné, je t’ai aimé, à m’en noyer. Pourtant, ça n’a pas toujours été le cas.
Petits, nous jouions toujours ensemble toi, moi et Astoria. Nos mères étaient si proches que nous avons été presque élevés ensemble. Je sais que tu te souviens de tout ça, tu évoques souvent notre enfance avec nostalgie.
Mais tu sais, tu n’as pas été mon premier amour Daph. Ce fut Astoria, notre chère petite Astoria. On lui passait tout, moi plus que toi. Elle savait comment s’y prendre et entre ses mains je devenais aussi malléable que de la pâte à pain. Pour elle, je me transformais en prince charmant pour aller combattre je ne sais quel dragon ou bien, je devenais mage pour luire construire des châteaux magnifiques avec quelques draps que nous donnaient l’elfe de ta mère. Alors, quand elle m’a demandé d’être son amoureux, j’ai dit oui. Je l’aimais Astoria, mais avec cette innocence d’enfant. Alors que toi, je t’ai aimé avec toutes mes tripes d’adolescents. Avec tout mon cœur d’adulte, Daph.
Nos parents avaient décidé que lorsque je serais grand, je pourrais choisir l’une de vous deux. C’était une façon d’unir nos deux familles. Une promesse que mon père avait faite à ma mère et qu’il n’a jamais brisée. L’autre irait au Malefoy.
Ça avait été décidé il y a si longtemps, alors qu’Astoria était encore au berceau. Pour moi ça avait toujours été acquis que je finirais avec une de vous deux.
On a grandi ensemble, inséparables. Vous étiez mes sœurs, et j’étais heureux de savoir que je ne me marierais pas à une inconnue.
J’avais tellement de mal à me lier aux autres que cette idée me rassurait, surtout quand je voyais le visage des autres gosses comme nous qui se demandaient bien avec qui ils allaient se retrouver. J’étais conscient d’avoir de la chance, contrairement à eux, je pourrais choisir laquelle de vous deux, j’épouserais le tout en ayant l’assurance de connaître ma fiancée.
Le temps est passé et il a fallu partir à Poudlard. Nous avons laissé notre si têtue et rêveuse Astoria derrière nous.
Je me souviens de la rentrée. J’étais tétanisée, j’avais si peur de rencontre tous ces inconnus. Je n’avais jamais été doué pour parler aux gens.
Et depuis que ma mère avait disparu, je me sentais si seul. Si isolé.
Tu m’avais rejoint sur les quais et m’avais souri, avec ce sourire si doux qui te caractérise toujours. Rassuré, j’avais glissé ma main dans la tienne comme on le faisait depuis toujours et j’étais monté dans le train sans un au revoir à mon père.
Quelque part, j’avais envie qu’il me serre dans ses bras une dernière fois comme ces parents autour de nous, mais je savais qu’il ne le ferait pas. Alors, je n’ai pas regardé derrière moi, j’ai pris ma lourde valise et je suis monté dans ce train sur tes talons. Avec comme ultime vision de ce départ l’uniforme que tu avais déjà revêtu.
À Poudlard ça a été longtemps toi et moi Daph.
Je n’ai jamais été doué pour parler aux gens. J’étais l’éternel solitaire, l’homme derrière le rideau. Je tirais les ficelles et laissés les autres en récupérés les lauriers.
À Drago les honneurs et le trône, moi je ne voulais que la paix. Qu’on me laisse faire ce que je souhaite, à ma guise, sans qu’on me prête attention.
Quant à toi, tu étais si lumineuse, si gracile que tu attirais les regards sur toi. La parfaite sang-pur, certains voyaient en toi une future reine, comme Narcissa l’avait été autrefois, mais ils ne savaient pas que tu étais plus que des grands yeux ourlés de cils noir et tes boucles blondes qui ruisselaient sur tes épaules. Aussi loyale qu’une Poufsouffle, aussi déterminée qu’une Gryffondor, curieuse comme une Serdaigle, mais Serpentarde avant tout.
Avec Drago, vous étiez devenu le roi et la reine de notre maison. Si beaux, si blonds, si royaux vous étiez si assortis. Mais contrairement à lui, tu n’avais jamais voulu briller. On était un peu bête. Après tout, nous n’étions alors que des adolescents. J’étais le seul à savoir que tu n’avais voulut de cette couronne.
Malgré tout, tu es restée la même. Toujours fidèle à toi-même. Et moi, je suis resté à tes côtés, comme avant, comme toujours. Aux autres, tu montrais ton parfait visage de sang-pur, pas par peur, ni par devoir, mais parce que tu ne voulais pas leur céder ton humanité. Tu gardais pour notre cercle ton vrai visage.
Nous étions quatre. Il y avait Pansy, notre chère Pansy qui était désespérément amoureuse de Drago alors qu’elle savait qu’il était pour toi ou ta sœur. Il y avait Blaise qui te mangeait du regard. À s’en user les yeux. Et enfin, il y avait moi, je m’étais retrouvé mêlé à cette petite bande par ta faute. Par la suite Astoria nous à rejoint, du moins par intermittence du fait de son jeune âge, qui à l’époque était un problème pour nous. On était un peu bête à cette époque. Nous étions alors que des adolescents.
Plus le temps passait et plus je te regardais au détour des pages d’un des livres que je lisais dans le fauteuil de la salle commune qui m’était attitré.
Je te voyais chuchoter avec Pansy, vous vous confiez vos secrets et parliez sans doute des garçons qui vous faisaient chavirer. Tu riais avec Blaise aux éclats. En y repensant, je n’avais pas tord de penser à cette époque que si il faisait plus souvent que d’habitude le pitre ce n’était que pour le plaisir de te voir sourire.
Au bout d’un moment, tu t’approchais toujours doucement de moi pour me sortir de mes lectures et m’inviter à me joindre à vous. Je te laissais glisser ta main dans la mienne comme d’habitude, mais pour moi tout était maintenant différent Daph.
Je venais m’asseoir avec vous sur les sofas de notre salle commune et on parlait de tout et de rien. Blaise me taquinait et je le laissais faire en me laissant porter par sa jovialité si contagieuse. Avec Pansy, on parlait de tout et de rien. Au départ, j’avais été surpris de voir qu’elle n’avait rien de la poupée sans cervelle que j’imaginais à la voir minauder devant Drago. On avait tous les deux des goûts similaires en lecture et j’aimais sa franchise désarmante, avec elle pas de langue de bois.
Je chéris encore maintenant ces six années passées à Poudlard. Je n’avais, à l’époque, pas d’autres tourments que de me torturer sur les différences que je voyais entre moi et les autres Serpentards.
Je savais qu’à ma sortie de Poudlard, je demanderai ta main à tes parents, que je succéderais à mon père et que je bâtirais moi aussi ma pièce dans le manoir familiale comme le voulait la tradition, ça aurait été une bibliothèque sans doute, la plus grande et la plus fournie de toutes les familles sang-pur.
Mais la guerre en avait décidé autrement.
Je devais maintenant tout faire pour éviter de rejoindre les rangs du Lord Noir. Je savais que j’avais le temps contrairement à Drago, je n’avais pas la conduite de ma famille à racheter ni une tante folle qui me poussait à servir son maître. Je restais obstinément campé dans ma neutralité. Et j’espérais que la guerre ne changerait rien de mes projets personnels.
Je sais, cette pensée était égoïste, et bien utopique, mais nous n’avions pas tous l’âme d’un courageux chevalier en armure. Je sais que nous étions nombreux à vouloir traverser cette guerre sans trop nous mouiller. On n'était pas des Serpentards pour rien.
Dans cette guerre, je t’ai vu t'abimer, t’user les mains à essayer de rester neutre et surtout à sauver Blaise de ses démons. J’avais bien vu que cette guerre, vous aviez rapproché. Pour lui, tu faisais encore l’effort de sourire. De l’extérieur, tu étais inchangée et les vicissitudes de la magie noire semblaient couler sur toi s’en attacher ta lumière, mais pourtant ton sourire c’était fané. Sauf avec Blaise.
Tu sais Daph, j’ai honte de le dire maintenant, mais c’est ce qui m’a fait le plus mal durant cette période. Tu étais toujours là pour moi, ta main au creux de la mienne, comme autrefois. Mais ton cœur, tu l’avais déjà donné à Blaise.
Avec espoir, et égoïsme, je me disais qu’une fois tout cela terminé tout reviendrait comme avant. Il y aura nos discussions enflammées avec Pansy, les rires de Blaise et ton sourire lumineux qui réchaufferait mon cœur. Et puis à tes doigts une bague, la vieille bague de Nott.
Mais j’avais tort.
Et alors parce que je t’aimais, j’ai demandé ta main, pour mieux te rendre ta liberté.
Ta mère était si heureuse que son ainée se marie au fils de sa meilleure amie qu’elle a accepté sans soucis les conditions que je lui demandais. Je te laissais trois ans, trois ans de liberté avant qu’on annonce officiellement nos fiançailles à toute la population sorcière. Un an pour que les murs de Poudlard servent, à toi et Blaise, d’abris a votre amour. Peut-être qu’au fond de moi, j’espérais que ces douze mois te fassent voir que ce n’était qu’une amourette. Mais toi et Blaise vous aviez cette flamme, cet amour dévorant qui ne vous a jamais quitté. Quand on vous voyait, Pansy et moi, on avait l’impression que tout était possible, que l’amour était le plus grand pouvoir qui puisse.
Une fois la guerre finie, il était clair que tu ne pouvais vivre sans Blaise. Tu étais son phare dans les jours sombres, et lui étais ton rocher dans la tourmente. Vous étiez jeune, vous vous aimiez. Impuissant, je n’avais pu que me retirer. Jamais je ne pourrais devenir pour toi ce que Blaise était déjà.
J’ai attendu, espéré. J’ai continué à me faire passer pour le futur gendre idéal auprès de tes parents tandis que chaque soir, tu te coulais dans les bras de Blaise. Et puis un jour, alors que sur ton visage, naissait ce sourire amoureux qui te magnifiait, je t’ai laissé partir. Je t’aimais Daphné, à ne plus pouvoir en respirer alors j’ai fait la seule et dernière chose que je pouvais pour toi.
J’ai rompu nos fiançailles.
J’ai jeté l’opprobre sur ta famille, je t’ai marqué du sceau de la délaissée pour que tu puisses épouser celui que tu aimais. Pour que tes parents effrayés acceptent que Blaise demande ta main. Mais tu n’en avais cure.
Tu étais enfin libre, libre de toute chaîne. Tu en as profité pour faire tes valises, louer un appartement à pré au lard et vivre enfin ta vie. Tes parents en avaient fait des gorges chaudes en sachant que tu vivais avec un homme avec qui tu n’étais pas marié. Pourtant, il ne t’avait jamais fermé la porte, ils se contentaient d’attendre que tu rentres dans le droit chemin en reportant toutes leurs idées désuètes sur notre si douce Astoria.
Astoria, qui avait vu ses désirs être brimés par des idées d’un autre temps. Toi, tu continuais ton chemin, tu affrontais tes démons avec courage et tentais de sortir Blaise des bras des siens. Je savais que tu attendais cette bague, celle qui ne ressemblerait en rien à celle que je t’avais un jour offerte.
Mais elle n’est jamais venue cette bague. Et peut-être quelle ne viendra jamais. Il s’est enfui Daph. Et avec lui tous tes espoirs. L’alcool et ses tourments ont eu raison de lui, et jamais tes bras aussi doux soient-ils, ton sourire le plus éclatant n’aurait pu le sauver. Tu n’es en rien responsable, ce n’est que cette guerre qui a eut sa peau comme tant d’autre avant lui.
Il est parti, Daphné, il a fui le pays, et avec lui la bague qu’il t’avait un jour promise.
Tu sais Daphné, je l’ai encore cette bague. La bague de nos fiançailles. J’ai à un moment envisagé de te la donner, de renouveler ma demande. Je t’ai aimé Daph, à en crever, mais je ne peux rien faire de plus. Je ne peux pas te sauver. Ce n’est pas à moi de le faire, mais à Blaise.
Encore et toujours, c’est à lui que revient ce devoir.
Je ne peux pas te donner cette bague et une vie que tu n’as jamais voulue, même pour te sortir de là. Alors que je te vois t’éteindre, t’étioler et sombrer chaque jour un peu plus dans l’abysse, je ne peux qu’attendre le retour de Blaise, comme toi. Ça me brise le cœur de voir mon amie se laisser mourir, mais je ne peux pas te donner mon cœur pour soigner le tien.
Je t’ai aimé Daphné, et c’est pour ça que je ne peux que te regarder mourir sans pouvoir rien faire.
Sans rien faire d’autre qu’attendre, comme toi, le retour de ton prince charmant.
Un gros merci Roxane pour tous tes encouragements et tes mots adorables. Comme je sais que tu aimes bien mon Théodore voici un petit cadeau pour te remercier ♥