À la fin de la guerre, alors que tous se réjouirent avec intensité de leur victoire, une amertume prit place dans le cœur des sorciers épuisés. Dans les jours qui suivirent, au milieu du nettoyage des débris de Poudlard et du dénichage des corps, tous réalisèrent qu'il était temps de pleurer leurs défunts.
Dès lors, à la vue des lignes des cadavres disposées dans la cour du château, une flamme s'alluma dans le cœur d'une survivante qui, non moins fatiguée que les autres, s'élança à travers les vestiges de son école, avec la seule force de sa volonté, dans ce qu'elle semblait reconnaître comme le bureau du professeur McGonagall.
Essoufflée, elle fouilla avec empressement les tiroirs abîmés de chaque étagère du bureau professoral, murmurant pour elle-même.
"C'est pas possible... il doit être par là... ça ne devrait pas finir comme ça... C'est injuste !"
Dans un élan de colère, elle donna un vif coup de genou dans le bureau de bois, ce qui lui coûta un gémissement de douleur instantané. Elle tue cependant son exclamation en entendant un léger *click* alors qu'un panneau de bois s'ouvrait devant ses yeux.
Dans ce panneau se trouvait un rangement caché, abritant une boîte qu'elle saisit au plus vite. En l'ouvrant, son visage se décrispa, alors qu'elle vit son ancien instrument d'étude, installé au milieu de babioles toutes plus intrigantes les unes que les autres...
Hermione se saisit de son ancien retourneur de temps, vérifia dans son sac infiniment encombré, qu'elle avait toutes les potions qu'il lui fallait, puis entoura son cou de l'objet de sa recherche avant de faire tourner plusieurs heures sur le cadran doré.
Un frisson de peur la traversa alors qu'elle revit les dernières images de ses amis lui sourire, se disant que peut-être elle ne les reverrait jamais.
Le ciel se retourna alors que les heures rembobinaient à une vitesse folle. Il faisait nuit, à nouveau.
Elle n'eût pas besoin de lever la tête sur le paysage qui s'agitait sous sa fenêtre qu'elle entendait déjà les sorts fuser d'un camp à l'autre et les grosses pierres de la bâtisse s'effondrer. Il fallait qu'elle se rende sur les lieux du meurtre avant que l'histoire ne se répète.
Tout en esquivant les combats et les sorciers alentours, Hermione se dirigeait vers la cabane hurlante lorsqu'elle croisa une victime qu'elle ne put se résoudre à laisser de côté.
Elle se positionna derrière un pylône de pierre et pointa Fred Weasley de sa baguette alors que celui-ci déambulait au rythme des sorts jetés. Elle marmonna avec attention, une incantation qu'elle n'avait encore jamais essayée sur quelqu'un puis acheva d'un mouvement de baguette appliqué.
"Corpus... replicaris."
À peine eut-elle prononcé son sort qu’un Avada Kedavra raisonna dans le couloir de l'entrée secrète de Poudlard, frappant la silhouette du jeune homme de plein fouet. Hermione retint son souffle sous le choc et Percy accourut prendre le corps de Fred dans ses bras, avant qu'il ne percute le sol de pierres. George d'un coup de baguette rageur, expulsa le mangemort du couloir avant de s'asseoir aux côtés de ses frères.
Ceux-ci ne virent qu'un début de rire enjoué traverser le visage de leur Fred avant qu'il ne s'éteigne.
Hermione observait la scène, aussi affligée que la première fois par son incapacité à sauver ses amis.
Une voix qu’elle ne connaissait que trop bien retentit derrière elle, la faisant sursauter.
“Qu'est-ce que je fais là ?"
Elle se retourna et plaça immédiatement sa main sur la bouche de Fred, cachant sa joie de le retrouver vivant. Dans un soupir de soulagement, elle chuchota.
"Fred, tu dois me faire confiance, aujourd'hui, tout le monde te croira mort mais dès demain je remettrai tout en ordre. Tu m'as comprise ?"
Celui-ci resta immobile, les yeux plongés dans le regard grave de la jeune fille, puis, la main d’Hermione toujours posée sur sa bouche, il hocha vivement la tête.
Rassurée, elle lâcha sa prise sur le garçon.
"Bien, puisque tu es là et que la bataille se passera sans toi, tu vas m'aider."
Sur ces mots, elle reprit sa marche en direction du saule cogneur, laissant le garçon perplexe.
"T'aider à quoi ?" demanda-t-il trop enthousiaste.
"Suis-moi et ne te fais pas remarquer !" ordonna-t-elle sans un regard.
Arrivés dans le jardin qui faisait face au saule cogneur, les deux sorciers se dirigèrent vers le bois.
"Mais enfin Hermione, où est-ce qu'on va comme ça ?"
Elle le tira soudainement par le col pour l'inciter à se cacher derrière un buisson.
"Pas un bruit, surtout ne pense à rien. Compte jusqu'à 100 dans ta tête." dit-elle impérative.
Fred, perdu dans cette situation, obéit sans discuter.
Alors qu'il comptait 21, il vit à sa plus grande surprise, Voldemort sortir des racines du saule et traverser la plaine à grands pas, suivi de son serpent. Pieds nus, il ne marchait pas moins fièrement en direction du château.
Fred paniqua et fut rattrapé par les mains et le regard d’Hermione, qui, stricte, lui fit signe des doigts de continuer à compter. Il se fit violence pour se calmer, regardant leur ennemi quitter leur champ de vision. Celui-ci fut bientôt suivi d'Harry, Ron et, sous l'incompréhension du frère Weasley, Hermione elle-même !
"Qu'est-ce que l'on fait ici Hermione ? demanda-t-il avec gravité.
-La même chose que j'ai faite pour toi. On sauve un innocent d’une mort douloureuse." Répondit-elle avec une détermination rageuse.
Le regard enflammé d’Hermione suffit à convaincre le garçon de la suivre dans sa mission même s'il ne connaissait pas encore la victime.
"Suis-moi !" lança-t-elle en se précipitant vers l'arbre fraîchement déserté.
"Immobulus"
Marmonna la sorcière au pied de l'arbre, celui-ci s'arrêta et ils entrèrent dans le passage secret menant à la cabane hurlante. Hermione s'arrêta devant la porte, tentant de calmer ses nerfs en feu. Elle se retourna ensuite vers son acolyte.
"Vers la fin de la nuit, des mangemorts viendront se réfugier ici, j'ai besoin que tu protèges mes arrières pendant que je procède, peux-tu faire ça pour moi ?"
-Oui ! répondit le garçon, peu sûr de ce qui allait se passer.
-Autre chose, je vais aider une personne que tu hais. J'ai besoin que tu me fasses confiance encore une fois.
Fred songeait à son regard implorant avec préoccupation, puis mit fin à son hésitation.
"D'accord, alors dis-moi, qui va-t-on sauver ?
-Le professeur Rogue. Dépêchons-nous ou il sera trop tard !"
Sur ces mots, Hermione disparut derrière une porte d'où l’on entendait de l'eau clapoter. Remis de cette nouvelle troublante, Fred se précipita à sa suite, prêt à voir un ennemi recevoir son soutien.
Il maintint son attention vers l'extérieur, jetant de temps à autres des regards sur les doigts tremblants de la jeune fille appliquant sur l'homme agonisant, des potions et onguents en tous genres.
Où avait-elle appris tout cela ? se demanda-t-il. Elle semblait réaliser un procédé complexe de médicomagie.
Au bout d’une attente trop longue, du bruit se fit entendre depuis l'entrée de la cabane, des hommes criaient de colère et de frustration. Fred s'agrippa à sa baguette alors qu'Hermione stressait davantage. Le temps pressait. Elle passa une énième noisette de son baume vert sur le cou de l'homme de plus en plus froid, marmonna des sorts faisant raisonner des coups de jus dans la pièce et usa du bout de sa baguette pour défibriller le professeur. Le bruit attira les mangemorts.
"Il y a quelqu'un là-bas ! s'écria l'un à l'adresse de son allié"
Deux mangemorts arrivèrent dans le couloir face à Fred qui se contenta de parer les sorts. Entre deux défibrillations, Hermiones abandonna deux décharges à l'adresse de leurs adversaires sans y prêter grande attention. Fred se sentait étrangement en sécurité dans cette situation périlleuse et il devait ce sentiment au sang froid de la jeune fille.
Lorsqu'une forte toux paniquée ranima le corps du professeur, Hermione se leva et se tourna en direction des deux mangemorts que Fred retenait avec difficulté. Sans broncher, elle les pétrifia, se saisit des deux mains de Fred et du professeur et parla.
“C’est bon !” s’écria-t-elle avant de les faire transplaner.