— Qu’est-ce que tu fais là ? demanda Rose en s’installant à côté de lui.
James releva son visage vers sa cousine dont la robe de sorcier pendait au creux de son coude. Le mois d’avril était déjà particulièrement chaud et même seulement vêtue d’une chemise et d’une jupe, la pauvre semblait cuire.
— Je prends l’air et toi ?
— Je me suis dit que l’air du lac me rafraîchirait, répondit-elle. Je pense que c’est raté.
— Tu pourrais te baigner, proposa-t-il.
— Je n’ai pas de maillot de bain, répliqua-t-elle en cueillant un brin d’herbe.
— Tu pourrais juste tremper tes pieds, remarqua-t-il.
— Je pourrais, dit-elle, pensive.
Le silence s’installa entre eux. James ne comprenait pas trop pourquoi sa cousine avait décidé de s’asseoir à côté de lui. Même s’ils s’appréciaient, les deux adolescents n’avaient jamais été particulièrement proches.
— Qu’est-ce que tu fais là en vrai, Rose ? finit-il par demander.
— Je te l’ai déjà dit : je prends l’air, répondit-elle.
— Non ce que je veux dire c’est qu’est-ce que tu fais ici avec moi !
Une ombre passa sur le visage de Rose et James sut qu’il l’avait blessée. Le jeune homme grimaça et se passa la main dans les cheveux. Il n’avait pas voulu lui faire de la peine, mais avait du mal à comprendre pourquoi elle avait décidé de venir le voir ce jour plus que tous les autres. Après sa dispute avec Liam, il devait avouer qu’il n’était pas sûr de vouloir passer du temps en compagnie de sa cousine pleurnicheuse.
— Désolée de t’avoir ennuyé, James Potter, cracha-t-elle en commençant à se lever.
— Attends ! C’est pas ce que je voulais dire ! lança-t-il en l’attrapant par le poignet.
— Et qu’est-ce que tu voulais dire exactement ? demanda-t-elle alors que ses yeux brillaient.
Il se retint de pousser un soupir en la voyant au bord des larmes. Il était certain que s’il le voulait, il pourrait la faire pleurer. Il secoua la tête. Ce n’était pas parce qu’il était malheureux qu’il devait chercher à faire de la peine aux autres. Rose était certes profondément casse-pied et une pleureuse dans l’âme, mais elle ne méritait pas qu’il s’en prenne à elle sans raison.
— Je suis sûr les nerfs en ce moment, c’est tout ! Je suis désolé, répliqua-t-il.
Rose le fixa plusieurs secondes et elle dut deviner sa sincérité, car elle reprit sa place à sa droite. James esquissa un sourire en réalisant qu’il savait faire preuve de maturité, contrairement à ce que son soi-disant meilleur ami avait pu dire.
— C’est à cause de Liam ? demanda-t-elle en essuyant sa joue.
— Connais pas de Liam, rétorqua-t-il avec précipitation.
— Si tu le dis, déclara Rose en continuant à jouer avec l’herbe.
— Pourquoi Molly n’est pas avec toi ?
— Oh ! Elle voulait passer du temps avec son petit ami, souffla-t-elle.
James n’eut aucun mal à deviner la tristesse dans le son de sa voix.
— Ils passent de plus en plus de temps ensemble, ces derniers temps, continua-t-elle d’une voix qu’elle espérait sans doute neutre.
— Et ça te rend malheureuse ?
— Non ! répliqua-t-elle avec véhémence. Non ! Pas du tout !
— Oh la ! Oh la ! Calme-toi ! Je voulais pas te vexer, répondit James.
— Je ne suis pas vexée, répliqua-t-elle, les bras croisés sur sa poitrine.
— D’accord ! Tu n’es pas vexée.
Le silence s’installa de nouveau entre eux. La Poufsouffle fixait l’horizon d’un air maussade tandis que James jetait de temps à autre des regards dans sa direction.
— Tu sais, Rose. Tu n’as pas à t’en vouloir de te sentir laissée de côté dans ce genre de moment.
— Je ne veux pas que Molly croie que je suis jalouse.
— Et tu l’es ? tenta-t-il timidement.
— Non ! Bien sûr que non ! C’est juste que… Ça me manque de passer du temps avec elle, mais je comprends qu’elle ait besoin de moments seul à seule avec Jordan, dit-elle en continuant d’arracher des brins d’herbes. Et toi ?
— Quoi moi ?
— J’ai toujours pas compris pourquoi Liam et toi vous vous faisiez la tronche !
— On ne se fait pas la tronche ! répliqua James sur la défensive.
— Ça m’en a tout l’air pourtant, remarqua-t-elle l’air de rien. Vous vous êtes disputés à cause de Vanessa, n’est-ce pas ?
James lui jeta un regard surpris.
— Comment… Je vois pas de quoi tu parles, se reprit-il au dernier moment.
— Si tu le dis, se contenta de répliquer Rose en levant les yeux au ciel.
— Pas d’insolence, petite peste ! fit mine de s’outrer James.
Il donna un léger coup d’épaule, qu’elle lui rendit presque aussitôt.
— C’est toi la peste ! rétorqua sa cousine en souriant.
— Très mature ! remarqua-t-il.
— Et c’est toi qui me dis ça ! s’exclama Rose avant d’éclater de rire.
— Je ne vois ce que tu veux dire !
— Si tu le dis, répéta simplement la jeune fille.
Les deux cousins retombèrent dans un silence apaisé alors que le vent commençait à se lever. Du coin de l’œil, James vit Rose fermer les yeux et jeter sa tête en arrière afin de profiter de la brise.
— Vous venez chez Papy et Mamie cet été, Hugo et toi ?
— Comme tous les ans, répondit-elle sans le regarder. Pourquoi ?
— Pour savoir ! En juillet ?
— Mmh, marmonna-t-elle en hochant légèrement la tête.
— Je suis content de partager ces deux semaines avec vous et pas avec Victoire ! Elle est insupportable ces derniers temps.
— Elle est amoureuse, répliqua Rose d’un air rêveur.
— Ça, je pense qu’on l’a tous compris, dit-il d’un ton amer.
Autour de lui, tout le monde se mettait en couple et James avait l’impression d’être en retard. Il était en cinquième année et, malgré quelques flirts et deux ou trois baisers, n’avait toujours pas eu de petite amie.
— Chaque chose vient à point à qui sait attendre, déclara soudainement Rose d’une voix sage.
— Ça vient d’où ça ?
— C’est un dicton moldu. Papy Richard me le dit souvent quand je veux aller trop vite.
James esquissa un sourire en pensant au vieil homme. Bien qu’il ne soit pas leur petit-fils, les Granger les avaient amenés plus d’une fois sa sœur et lui au cinéma. Il les avait toujours bien aimés.
— On devrait y aller ! C’est bientôt l’heure de dîner, dit Rose en se levant.
Elle épousseta sa jupe et lui demanda s’il venait quand elle constata qu’il ne bougeait pas.
— Pars devant ! J’arrive, répliqua James en fixant le lac.
Il esquissa un sourire. Il était temps qu’il prenne son courage à deux mains et qu’il discute avec Liam. Ils ne pouvaient pas rester éternellement ainsi, ils étaient amis après tout.
Ce recueil d'OS contiendra les textes mettant en scène des moments de vie entre Rose Weasley et James Sirius Potter.(oui, je sais qu'ils sont cousins !) :)
Merci à LookCatMe pour son aide dans la correction des textes de ce recueil.
Thèmes de 21 h : "Rien n'est peut-être plus égoïste que le pardon" de André Chamson et son image