- Plus jamais ça ! Lançait-il d'une voix enflammée lors des rassemblements qu'il organisait partout. Plus jamais cette boucherie !
Car au cours de ce conflit, parmi les centaines de morts recensés beaucoup étaient des sorciers envoyés sur le front par leurs gouvernements. Gouvernements qui les avaient contraints à se battre aux côtés des Moldus, clandestinement et sans obtenir la moindre reconnaissance ensuite, alors que le conflit avait été déclenché par ces derniers. Une injustice, selon le Mage Noir, qui ne pouvait durer plus longtemps. Pire encore ! Le caractère de destruction extraordinaire qu'eut cette guerre n'était qu'un avant-goût.
Une prédiction. Un avertissement.
Après tout, si la communauté magique devait se plier au Code du Secret Magique International, comme elle le faisait depuis des siècles, qu'est-ce qui empêcherait les Moldus de dominer le monde ? De devenir plus puissants qu'eux ? D'autant qu'avec le fulgurant développement de la technologie et de leurs sciences auquel ils assistaient impuissants, cette sombre possibilité ne paraissait pas si invraisemblable.
C'est avec ces arguments funestes que Gellert Grindelwald commença sa réelle ascension, rassemblant toujours plus de monde lors de ses apparitions.
Il était convainquant. Osant dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Affirmant sans cesse que s'il accédait à un pouvoir plus grand ce ne serait pas pour son bénéfice personnel mais pour celui de la communauté.
Pourtant, en parallèle, il n'oubliait pas son objectif premier et ne reculait devant rien pour faire entendre raison aux réfractaires. Il n'avait pas de temps à perdre pour essayer de les ramener sur le droit chemin de sa vérité. Il fallait faire vite et réduire au silence ces quelques voix dissonantes en usant de la méthode la plus rapide et la plus sûre qui soit. Le meurtre, principalement. Ces assassinats étaient couverts par de sombres affaires de disparitions mystérieuses dont le jeune homme ne se préoccupait pas réellement. Il consentait d'ailleurs au versement de quelques litres du précieux sang sorcier si cela pouvait permettre d'accéder à cette totale liberté dont ils avaient été privés si longtemps et injustement.
Cependant pour ne pas perdre son auditoire il se devait d'afficher une image de façade sans tache. Une solution devait être trouvée au plus vite, car les journaux commençaient un peu partout à se rendre compte que de plus en plus de gens semblaient s'évaporer sans raison de la surface de la Terre.
Paris, France, Jour 18 du mois de d'Août 1914
Gellert se promenait dans les rues de Paris jusqu'à ce qu'au détour d'une artère il aperçoive les gros titres des journaux moldus, qui se posaient des questions sur des disparitions de personnes isolées voire de familles entières. Inquiet, il s'empressa de rejoindre le Paris sorcier pour y acheter la Baguette, équivalent français de la Gazette du Sorcier.
DISPARITIONS, MEURTRES ET MAGIE NOIRE
Y-a-t-il un lien avec Gellert Grindelwald ?
La communauté magique vit depuis plusieurs mois au rythme de sombres nouvelles. Partout, sorcières et sorciers rapportent d'étranges cas de disparitions, d'homicides et même de pratiques de magie noire.
Qui est, ou qui sont les personnes à l'origine de ce règne de terreur qui semble s'installer parmi nous ? On se le demande, mais pour certains la réponse est claire d'évidence. La faute en revient à Gellert Grindelwald, un jeune mage né en Norvège, et dont les liens avec le tout aussi jeune et célèbre Albus Dumbledore ne sont plus à démontrer, comme l'ont fait nos confrères de Londres dans un article de la Gazette du Sorcier.
Nul doute que ces lignes étaient inquiétantes.
Mais doit-on réellement se défier uniquement de Grindelwald ? Ce jeune homme à l'avenir prometteur et à la puissance certaine, dont la côte de popularité ne cesse de croître.
Rien n'est moins sûr.
- Sales scribouillards sans vergogne ! Fulmina-t-il. Comment osent-ils ?! Ces rapaces ne cesseront donc jamais de se mêler des affaires des autres ? Fouines qu'ils sont !
Furieux, Gellert repartit à grandes enjambées, maugréant dans sa barbe contre toutes ces feuilles de choux. Il ne se laisserait pas faire, et prouverait au monde entier qu'il avait raison. Il devait réfléchir et s'isoler pour agir comme il le fallait.
Rien ne servait d'être trop hâtif.
Revigoré par cette nouvelle assurance, il releva la tête pour observer le ciel puis transplana.
Une idée lui était venue.