— Tout ça, vraiment ? Tu vois les choses en grand, dis donc.
Rowena Serdaigle avait déposé son roman et s’était approchée du canevas qu’était en train de peindre sa jeune amie.
Helga et Rowena s’étaient rencontrées plusieurs années auparavant. Cette dernière était la femme d’un cousin éloigné de la mère d’Helga, et elle était venue passer quelque temps chez les Poufsouffle un été. Helga lui avait raconté son rêve d’une école de sorcellerie, et l’idée avait aussitôt plu à son esprit aiguisé. Son mari n’avait pas été aussi enthousiasmé, mais ce n’était pas grave. Elle n’avait pas besoin de lui.
— Pourquoi pas ? répondit Helga en reculant d’un pas pour admirer son œuvre. Il faut de la place pour accueillir tous les jeunes sorciers du royaume d’Angleterre ! Et une cuisine, une salle à manger, des bureaux, des dortoirs, des salles de cours…
— Et une bibliothèque, j’espère !
— Et des grands jardins pour pouvoir profiter du soleil. Des serres pour faire pousser tout ce dont on aura besoin…
Soudain, la porte s’ouvrit à toute volée.
— On a trouvé !
Le nouvel arrivé, un grand barbu blond, se laissa bruyamment tomber sur une chaise et tira à lui une chope de bière.
Godric Gryffondor avait été recruté par Rowena. Il venait de son village de naissance, et avait adhéré à l’idée d’une école de magie avec enthousiasme. Il amenait toute son énergie au projet, et celui-ci avançait à grands pas depuis qu’il s’y était joint. Parfois il n’avançait pas tout à fait dans la bonne direction, devait avouer Helga, mais c’était toujours mieux que faire du sur-place.
— J’ai trouvé, surtout. Tu as été plutôt inutile, comme toujours.
Un second homme, le plus vieux des quatre collègues, se joignit à Godric à la table. Salazar Serpentard avait été le dernier à se joindre à leur groupe. Un soir où Godric avait un peu trop bu au pub et s’était mis à parler de leur projet à qui voulait l’entendre, Salazar l’avait entendu et avait demandé à en faire partie. Helga ne parvenait pas à lui faire tout à fait confiance, mais ne pouvait nier que sa débrouillardise et sa perspicacité ne pouvaient que faire du bien.
— Vous avez trouvé ? répéta Rowena. Un endroit comme on veut, beau et grand ? Assez grand pour ça ?
Elle indiqua le canevas d’Helga de la tête. Les deux hommes se tournèrent vers celui-ci, Godric avec un large sourire et Salazar avec un regard approbateur. Avec un geste de sa baguette, il fit venir à lui sa Pensine, tira une pensée de son esprit et l’ajouta au liquide argenté, qu’il présenta ensuite à ses collègues.
— Voyez par vous-mêmes.
Rowena fut la première à plonger dans la Pensine, suivie d’Helga. Les deux femmes repérèrent rapidement Godric et Salazar de quelques heures auparavant qui déambulaient sur une plaine d’herbe verte qui s’étendait à perte de vue. Au loin, une forêt sombre. À gauche, un lac étincelant.
Helga voyait tout. Ici, le château de son imagination, même plus grand s’il le fallait ! Là, des serres où elle pourrait faire pousser tout ce qu’elle voulait. Entre les rochers, en bas, c’était parfait pour mettre une grille et créer l’entrée. Un quai sur le lac pour que les enfants puissent s’amuser, peut-être même une petite plage…
Après à peine quelques minutes, les deux jeunes femmes sortirent du souvenir. Godric et Salazar les attendaient toujours à table, des airs impatients identiques sur le visage.
— C’est parfait, trancha Rowena.
Helga hocha la tête avec enthousiasme pour marquer son approbation, avant de se lever pour aller à son canevas. Maintenant que l’école n’était plus que le fruit de son imagination, il y avait quelque chose à ajouter.
Elle plongea son pinceau dans la peinture bleue et ajouta le lac.