Remus sortit de la Bibliothèque seul. Il voulait faire une pose dans ses révisions. Il avait besoin de respirer un peu, de s'aérer. Il commençait à peine à avancer dans le couloir quand il la vit. Il soupira. Il n'avait pas besoin de ça. Vraiment pas.
Et pourtant, elle était là, juste avant les escaliers. Impossible qu'ils ne se croisent pas. Remus se sentait comme traqué, comme un vif d'or. Il fallait dire qu'elle était douée pour ça puisque c'était l'attrapeuse de Gryffondor. Emma Hurd l'attendait, les pieds ancrés dans le sol, poings sur les hanches.
- Il faut qu'on parle.
- Maintenant ? demanda Remus, ennuyé.
- Pour une fois que tu es sans tes amis. Oui. Maintenant.
Il la regarda et elle n'avait pas l'air de plaisanter. Le Préfet comprit qu'il n'avait pas le choix. Il s'adossa alors contre le mur et fit un signe de tête pour lui dire qu'elle pouvait commencer.
- J'ai réfléchi. Et je ne veux plus attendre. je veux être avec toi.
A ces mots, le visage de Remus se ferma et se crispa. Il avait l'impression que cette scène se répétait inlassablement, et trop souvent à son goût.
- On en a déjà parlé Emma. Je ne peux pas être avec toi.
- Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?
Remus leva les yeux au ciel. Ils y étaient. Elle connaissait la réponse mais elle continuait à le persécuter. Il articula finalement dans un souffle qu'il ne pouvait pas.
- Alors, tu en as envie, reprit Emma qui ne décolérait pas et qui tapait du pied de colère. Pourquoi tu ne peux pas ? Evidemment que tu peux ! Toi et moi, on sait très bien ce que tu ressens, Remus.
Elle s'approchait de plus en plus de Remus. Il la fixait dans les yeux jusqu'à ce que son regard ne dérive sur ses lèvres fines qui laissaient entrevoir ses dents blanches. Il tressaillit quand elle posa ses mains sur ses épaules. Il ferma les yeux pour tenter de soustraire à ce qui se produisait. En vain. Il avait chaud. Il appréciait son contact.
De ses lèvres, Emma effleura la bouche de Remus, elle remonta le long de sa mâchoire pour finir vers son oreille. A présent plus rien ne les séparait. Et Remus aurait voulu que tout cela dure indéfiniment.
- On en a envie tous les deux, lui chuchota-t-elle. Tu en rêves comme j'en rêve.
Tout aurait dû être plus facile pour Remus. Rien n'aurait dû l'arrêter et l'empêcher d'embrasser Emma. Mais ce n'était pas le cas. Il s'extirpa de sa léthargie et la repoussa du plat de ses mains plus loin.
- On croit que les rêves, c'est fait pour se réaliser. C'est ça le problème des rêves : c'est que c'est fait pour être rêvé.
Presque immédiatement, il regretta ces paroles. Il l'avait blessé. Il lui faisait du mal. Une lueur de douleur passa dans les yeux clairs d'Emma.
- Arrête de dire n'importe quoi Lupin ! Arrête avec ces phrases philosophiques à deux Mornilles ! Tu es ridicule ! Arrête ! Arrête de m'ignorer et de me rejeter après tout ce qui s'est passé !
Sa voix était montée dans les aigus alors qu'elle s'était affalée sur le sol froid, contre le mur opposé.
- Ne me dis pas que ce qu'il s'est passé après le match de Quidditch, pendant la dernière sortie à Préaulard ou au bord du Lac, c'était faux !
Soudainement, elle se releva, le menton haut. Emma ôta à l'aide de sa manche les traces de larmes sur son visage.
- Je crois qu'on s'est tout dit, Lupin. Je t'aime. Je t'aime mais je ne te courrais pas après.
Elle tourna les talons, laissant Remus seul dans le couloir désert. Lui qui rêvait simplement de s'alléger les idées entre deux révisions ! Il soupira.